lundi 28 novembre 2022

Théurgie et Prédications

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« Située au Nord-Est de l'enceinte du Temple [ de Jérusalem ] près de la porte des Brebis, là où se rassemblaient les troupeaux d'ovins destinés aux sacrifices, ...

« ... [ la piscine Probatique de Béthesda ] datait du IIIe siècle avant [ l'ère chrétienne ] et était alimentée par les eaux de pluie.

« Les fouilles menées à partir de 1871 sur la propriété des pères blancs, au-delà du parvis de l'église Sainte-Anne de Jérusalem, ont permis d'identifier les restes de cet ensemble architectural au milieu d'un enchevêtrement de grottes, d'escaliers et d'arches : ...

« ... deux grands bassins de forme trapézoïdale, profonds de treize mètres, en partie creusés dans le roc – on les appelait les piscines jumelles – séparés par une digue médiane supportant une belle colonnade ; ...

« ... c'était l'endroit décrit au Ve siècle par l'évêque de Jérusalem – Cyrille.

« Les guérisons miraculeuses avaient lieu tout à côté, dans de petites piscines alimentées par des canaux et facilement accessibles par quelques marches. On a trouvé leurs vestiges sous l'église byzantine.

« Il y avait là un sanctuaire païen dédié à Asclépios – Sérapis Esculape – le dieu guérisseur, représenté entouré de serpents, qu'on honorait également à Épidaure, Pergame, Delphes, Corinthe, Athènes et Rome. »

[ « Des offrandes votives retrouvées à cet endroit montrent que le culte se poursuivait au deuxième siècle de [ l'ère chrétienne ] lorsque Jérusalem s'appelait Aelia Capitolina. » ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – De Jérusalem [ 31 ] au ministère postgaliléen [ 32 ] – Le miracle de Béthesda (2011)

Au miracle thérapeutique de Béthesda succède la multiplication des pains et des poissons que nous interprétons comme le signe des prédications galiléenne et judéo-samaritaine où Jésus se désigne ensuite comme le « pain de Vie ».

Désignation qui anticipe bien évidement la Cène eucharistique qui précède sa comparution devant le Sanhédrin et et son procès.

Il n'y a donc pas de « doublon littéraire » chez Matthieu et chez Marc comme le théorise Petitfils mais bien deux miracles qui mettent en scène les deux prédications qui n'en font plus qu'une chez Luc et chez Jean.

Il faut considérer ici les restes de ces multiplications – « douze » et « sept » – qui indique la prédication suivante : celle des douze tributs d'Israël pour la prédication galiléenne et celle des nations hellénisées pour la prédication judéo-samaritaine.

Nous somme ici dans le domaine de la représentation narrative comme pour le procès qui oppose Jésus à Barrabas sous le prétexte d'une grâce préfectorale où le nom du malfaiteur indique un autre aspect du même personnage – Jésus bar Abba.

Petifils ne s’intéresse pas qu'aux restes de ces multiplications mais aussi aux nombres des provisions :

« On connaît le rôle symbolique des chiffres dans la littérature juive : douze couffins, comme les douze apôtres ; cinq pains, comme les cinq livres de la Torah, auxquels s'ajoutent les deux poissons, les Prophètes et les Psaumes.

« Le chiffre douze signifie la plénitude d'Israël, à qui Jésus est venu offrir le salut. Le signe des pains et des poissons se veut la préfiguration du grand banquet eschatologique de la Cène.

« Il est en quelque sorte une réplique de Cana, où Jésus serait – cette fois – le maître de la noce. » [ Cette fois ou une fois encore si on sait la lire dans son contexte cananéen. ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. – Le signe des pains et des poissons (2011)

Seuls les sept couffins – les corbeilles dans lesquelles on ramasse les restes « pour que rien ne se perde » – disparaissent avec la « coloration hellénistico-chrétienne » du doublon littéraire sous la teinture « judéo-chrétienne » de son interprétation.

Ce que Petitfils appelle le « ministère postgaliléen » – sa retraite en Phénicie et dans l'arrière-pays – montre que le passage entre la prédication initiale et son extension universelle passe par celle qui s'était déjà engagée en Samarie.

   

    

samedi 26 novembre 2022

La reine du Carmel et la mère du Christ

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« La pécheresse anonyme de Luc est évidemment à identifier avec Marie de Béthanie.

« Que lui reprochait-on dans le village depuis la résurrection de son frère [ Lazare ] et le départ de Jésus ? Mystère.

« En tout cas, elle n'a rien à voir avec Marie de Magdala que Jésus à exorcisée autrefois de sept démons, qui elle même n'a jamais été présentée dans les évangiles comme une pécheresse et encore moins comme une prostituée.

« Bien des confusions ont été faites, soit que l'on ait distingué trois femmes au lieux de deux – Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, [ Jean ] Chrysostome, Ambroise [ de Milan ], Jérôme [ de Stridon ] – ...

« ... soit qu'on ait voulu n'en voir qu'une – le pape Grégoire le Grand. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Du dernier hiver [ 32 ] au dernier printemps [ 33 ] – L'onction de Béthanie (2011)

Nous ne suivons que le Souverain Pontife en supposant que le grand exorcisme – celui des sept démons – n'a rien à voir chez le Grand Monarque avec l'état d'impureté d'une pécheresse mais au contraire avec celui de la sainteté d'une reine.

L'onction de Jésus par Marie à Béthanie aurait eu lieu chez Simon le pieux que le texte de Marc et de Matthieu désigne comme un lépreux mais que Petitfils nous présente comme un membre de la confrérie des pharisiens.

Présentation qui nous rappelle l'action de Gamaliel II – « docteur de la Loi » et « maître pharisien » – en faveur de Pierre et de Jean qui obtiendra auprès du Sanhédrin la libération des apôtres quelques mois après la mort du Galiléen.

Mais rien n'est clair autour de cette mort où s'enchevêtre l'enthousiasme du didyme qui voudrait mourir avec lui et la résurrection de Lazare qu'on cherche à faire mourir depuis que celle du Christ laisse Thomas incrédule.

Qui meurt et qui ressuscite dans ce drame où Lazare nous apparaît comme le disciple que Jésus aimait et l'apôtre Jean comme celui qui repose sur la poitrine du Seigneur avant que le Théologien du quatrième évangile ne les identifie à l'auteur de l'Apocalypse ?

Petitfils transpose ce nouvel évangile dans son étude historique à partir des reliques byzantines tout en imaginant une source araméenne inconnue qui déploie les fragments synoptiques en-deçà d'un récit qui remonte vers son horizon téléologique.

De cette mort et de la résurrection du Seigneur, Marc ou l'Ancien – donc Pierre – lui aussi comme Jude – le didyme  ne sait rien ou pas grand chose et il en est de même sans doute pour la plupart des Judéo-chrétiens :

« Le livret [ de l'évangile de Marc ] se terminait par la découverte du tombeau vide, comme en témoignent certains manuscrits. [ Cf. Marc XVI 8 ]

« Il a été complété à une date ultérieure par une finale courte [ cf. Codex Sinaïticus et Vaticanus ] et une finale longue, synthétisant les apparitions mentionnées dans les trois autres évangiles. »

[ Ce qui n'en fait pas le texte destiné aux « pagano-chrétiens » de Rome théorisé par Petitfils dans son annexe sur les évangiles synoptiques. ]

La résurrection du Seigneur n'est pas pour autant une interprétation ultérieure élaborée dans la seconde moitié du premier siècle de l'ère chrétienne avec l'évangile de Luc et la prédication paulinienne en Asie mineure.

Elle s'énonce dès l'origine chez Matthieu dans une communauté galiléenne et samaritaine qui bien qu'elle ait des points de contacts avec la source hassidique des réfractaires chez les Pharisiens les plus radicaux reste en marge de la communauté judéenne.

En ce sens, la synthèse johannique ne fait que reprendre le message originel de Matthieu comme l'avait déjà fait Luc avant elle mais en l'inscrivant dans une recomposition du judaïsme semblable au rabbinisme pharisien après les événements de 70.

Compte-tenu de son horizon téléologique, Petitfils reste cohérent en situant la tombe de la mère du Christ à Jérusalem et en la faisant mourir peu de temps après son fils ; mais sans trop s'interroger sur les théophanies de la tradition éphésienne :

« On tiendra pour une légende – malgré les visions mystiques de Catherine Emmerich – le fait que Marie ait suivi Jean l'évangéliste en Asie mineure.

« On montre aux touristes non loin d'Éphèse, au sommet de la colline de Panhaya Kapulu, la maison dite de Marie. Mais chronologiquement, cet exode ne paraît guère concevable.

« Jean n'a quitté Jérusalem que tardivement, peu avant le départ des chrétiens de Jérusalem pour Pella en 66.

« Marie qui n'a fait – selon les Actes – qu'une brève apparition en compagnie des apôtres, était disparue depuis longtemps. On peut supposer qu'elle a survécu de peu à sa mort.

« Le lieu de sa « dormition » est l'église de Gethsémani, d'architecture croisée, au pied du mont des Oliviers.

« Là, les archéologues ont dégagé une crypte au bas d'un escalier de quarante-hui marches.

« À droite se trouve une minuscule chambre funéraire, avec une seule banquette en marbre en marbre, qui semble avoir été particulièrement vénérée depuis le IIe siècle au moins. Elle a été restaurée en 1972. » [ ... ]

« Pour les catholiques, rappelons que le dogme de l'Assomption signifie que Marie est montée corps et âme au Ciel [ à travers les hiérarchies dionysiaques des douze cieux ] sans connaître la corruption.

« Cela ne l'a pas empêchée de passer par la mort comme le pense maints théologiens. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. – La Cène (2011)

   

    

mardi 22 novembre 2022

Jésus bar Abba (s)

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« ... Pontius Pilatus, de l'ordre équestre – c'est-à-dire membre de la petite aristocratie romaine (par opposition à la [ démocratie ] sénatoriale) – préfet de Judée de 26 à 36.

« Son « nomen », Pontius – nom de sa « gens » (son clos) – était d'origine sammite (branche des Sabins habitant les Abbruzes) [ et le Pilat du Massif central. ]

« Son « cognomen » – surnom – représentant sa famille [ qui ne peut avoir qu'un rapport très secondaire avec le javelot des légionnaires ] était un dérivé de « Pilum » [ par référence à sa région d'origine. ] [ ... ]

« En revanche son « prænomen » est inconnu (d'aucuns ont avancé Lucius, sans preuve). »

« Selon certaines sources, il venait de Séville et avait épousée – avec l'assentiment de Tibère – Claudia – fille de Julia et petite fille de l'empereur Auguste.

« L'évangile apocryphe de Nicodème la nome Claudia Procula. » [ Elle venait de Narbonne en Septimanie.

Plutôt que de lui prêter une psychologie peu avenante – « Un homme brutal et maladroit » – ou d'imaginer sa collusion avec un malfaiteur – « Une créature de Séjan » – l'embarras du préfet dans l'instruction du procès Jésus peut s'expliquer tout autrement

Par une imbrication ethnique et culturelle entre la Galilée cananéenne du Christ et les origines gallo-romaines de Ponce Pilate et de son épouse ; compte tenu de sa parenté avec la famille impériale. ]

« Il quitta [ ... ] la Judée vers la fin de l'année 36 ou le début de 37 [ et ] arriva à Rome pour apprendre la mort de Tibère, survenue le 17 mars 37. [ ... ]

« ... il serait mort [ ... ] à Vienne, dans le Dauphiné [ où on ne peut pas dire qu'il fut « en exil » puisqu'il terminait sa carrière dans son pays. ]

« Sa conversion au christianisme [ n'est pas tout à fait ] une légende » [ puisque ] « Tertulien en fera [ ... ] un chrétien de cœur. » ]

[ Certains disent qu'il s'est suicidé – comme Judas – ou que l'empereur Caligula l'aurait fait décapiter en le qualifiant de martyre. ]

« L’Église grecque ira jusqu'à honorer la femme de Pilate [ qui fit un songe en faveur du Christ qu'elle qualifie de Juste ] comme une sainte, fixant sa fête au 27 octobre. » [ – cf. Mt XXVII 19 :

« Pendant que [ Pilate ] siégeait sur l'estrade [ du prétoire ] sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste ! Car aujourd'hui j'ai été tourmentée en rêve à cause de lui. » ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Le procès romain [ et sa fin ] – Pontius Pilatus [ et ] Ecce homo (2011) :

« Pilate n'entre pas dans [ les ] arguties juridiques [ des grands prêtres qui lui réclament sa mort. ] Jean remarque que, lorsqu'il entend que Jésus s'est déclaré « Fils de Dieu », il est « de plus en plus effrayé » – cf. Jean XIX 7 et 8.

« Cette incursion brutale du divin l'assombrit. Pourquoi ? A-t-il le sentiment d'être dépassé par quelque chose de surhumain ? Peut-être, mais évidemment pas dans le sens de la transcendance juive.

« Comme l'a bien vu le père Étienne Nodet, faire allusion au Fils de Dieu, c'est évoquer l'empereur et l'aura de surnaturel qui l'entoure dans la religion romaine. Tibère est un être sacré – un dieu – un fils de dieu, auquel on doit rendre un culte. »

   

   

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mercredi 16 novembre 2022

Les reliques byzantines

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Nous avons constaté que l'imagerie du Linceul confirme largement le récit néotestamentaire de la Passion du Christ mais que ce récit ne mentionne pas l'existence d'image sur les reliques assez précisément décrite pas l'évangile de Jean.

Or, Petitfils mentionne l'existence d'un texte de la liturgie mozarabe qui en fait mention :

« Pierre courant au sépulcre avec Jean
vit les traces récemment mises sur les linges du mort qui avait ressuscité. »

Mais ce texte ne daterait que du VIIe siècle et ne fait que confirmer l'époque de leur invention quand on en prit connaissance.

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – La Résurrection – Le tombeau vide (2011)

En évoquant l'analyse contestée du Linceul au carbone 14, Petitfils mentionne aussi la datation du Suaire que le laboratoire de Tucson aurait daté entre 642 et 769 et celui de Toronto entre 653 et 786.

Certes, ce mode de datation n'est pas toujours fiable mais le plus vraisemblable c'est que les laboratoires d'Oxford, de Zurich et de Tucson n'ont daté d'une façon somme doute assez précise que les lisières médiévales du Linceul – entre 1260 et 1390.

Petitfils mentionne également la Mentonnière mais l'écarte d'une façon quelque peu arbitraire en faveur du Suaire qu'il qualifie de « sudarium » dans son évocation du récit johannique où les « othonia » ne désignent que les linges funéraires.

Il nous semble qu'il se focalise sur le Linceul, le Suaire et la Tunique pour y trouver une confirmation sur l'identité d'un groupe sanguin qui devrait se trouver aussi sur la Mentonnière et que le sépulcre rend plus proche du Linceul que les armes de la Passion.

Reste le témoignage de saint Cyrille que Petitfils date de 340 en évoquant la Résurrection et le Linceul où l'image négative à peine estompée n'est pourtant qu'une illustration du supplicié comme absent à lui-même ou profondément serein.

Raison pour laquelle cette Résurrection suggère plutôt l'image du Voile où l'expression du visage a quelque chose de facétieux et que le roi d'Édesse aurait reçu de Thadée ou d'Addaï à l'époque où le didyme de Jésus – Jude Thomas – part vers Srinagar.

Que le Linceul fut plié en quatre pour ne montrer que son visage ne nous révèle pas la nature du Mandylion et nous supposons que le Voile de Rome retrouvé à Manoppello est celui d'Édesse où par ce chemin il proviendrait de cette origine.

C'est le Voile iconique apporté à Rome vers 705 par le pape Jean VII que Petitfils identifie à une copie « du visage de l'homme du Linceul » dont il ignore le prototype mais qu'il reconnaît comme celui conservé à Édesse sous le nom du Mandylion.

Des inscriptions paléographiques retrouvées en surimpression sur le visage de l'homme du Linceul indiquent en grec son identité avec en latin son acte de décès :

ΙΗΣΟΥΣ   ΝΝΑΖΑΡΗΝΝΟΣ

ΙΝ ΝΕϹΕM   ΡΕΖѠ

Le redoublement des consonnes grecques est la translittération d'un phonème araméen mais ce qu'on nous présente en latin comme un archaïsme est répertorié comme un « Ot » cyrillique pour la forme glagolitique d'un Oméga grec.

Là aussi une datation antérieure à celle du Suaire est très improbable !

Comme l'authenticité des reliques byzantines restait problématique, on a cru trouver des objets témoins – deux pièces de monnaie estampillées sous l'empereur Tibère imprimées sur les paupières du macchabée – qui seraient « au mieux » des « illusions d'optique ».

Signalons enfin qu'à la disparition du Voile de Rome pour lequel on aurait détruit le domaine de saint Pierre afin d'y édifier la basilique qui devait lui servir de reliquaire on l'aurait remplacé par une copie assez grossière encore très à l'honneur à Palmar de Troya.

De même, la Sainte Face de Tours dont le culte avait marqué la vocation religieuse de Thérèse de l'Enfant Jésus à Lisieux n'est qu'une interprétation du Linceul sur ce modèle antérieur à celle révélée par la photographie de Secondo Pia le 28 mai 1898.

   

    

vendredi 11 novembre 2022

Le cinquième évangile

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« Les recherches scientifiques se poursuivirent en 1969, 1973 et surtout 1978. C'est alors que se créa le [ Projet de Recherche sur le Linceul de Turin ] composé de trente-trois chercheurs multidisciplinaires, en majorité américains. [ ... ]

« Les multiples concordances entre le linge et les textes évangéliques, les études iconographiques et les recherches pluridisciplinaires de 1978 [ ... ] constituaient de solides et fermes témoignages en faveur de l'authenticité »

Cf. Jean-Christian Peritfils – Jésus – Les reliques de la Passion [ Le Linceul, le Suaire et la Tunique ] (2011)

Bien que la nature du Mandylion d'Édesse nous reste inconnue et bien qu'on confonde communément le Linceul, le Suaire et le Voile, il faut bien reconnaître que leurs images nous restituent fidèlement les récits de la Passion et de la Résurrection du Christ.

Ils nous les restituent si bien qu'il est difficile de ne pas croire qu'on les aient forgé d'une façon ou d'une autre pour les confirmer à l'époque de leurs inventions au début VIe siècle pour le Mandylion (544) ou au début du VIIe siècle pour le Suaire (615).

Il existe des témoignages antérieures – celui de Cyrille de Jérusalem en 340 et celle d'un anonyme en 570 – mais qui ne permettent pas d'en connaître la teneur puisque celui de la résurrection évoqué par Cyrille en mentionnant le Linceul évoque plutôt l'image du Voile.

Pourtant nous y avons cru à propos de la Mentonnière qui évoque le credo de Jean au huitième verset du vingtième chapitre de son Évangile : « Il vit [ « le drap * qui était posé là » et la Coiffe * « qui avait recouvert la tête » de Jésus ] et il crut » [ à sa résurrection. ]

* « Othonia » : la pièce de lin de son Linceul qu'on identifie à tort à des bandelettes et le linge qui sur sa tête lui sert de Mentonnière. C'est « le linge qui avait recouvert la tête » qui « n'était pas avec le drap mais enroulé dans un endroit à part ».

Ni le Suaire ni le Voile qui aurait recouvert son visage n'auraient été « roulé » d'une façon si remarquable et on retrouve en effet sur certaines icônes les deux pièces qui évoquent ce qui pourrait être le Linceul et la Mentonnière.

Nous disons qu'il s'agit du credo de Jean mais les versets qui l'évoque ne mentionnent que « l'autre disciple » qui était avec Pierre après qu'ils l'aient présenté comme celui « que Jésus aimait » – cf. Jean XX 2. Il n'y est pas fait mention des images.
   

Les six reliques majeures

Linceul

Constantinople ► Lirey ► Chambéry ► Turin

Mentonnière ou Coiffe

Constantinople ► Cahors

Suaire

Alexandrie ► Séville ► Tolède ► Oviedo

Tunique

Jaffa ► Constantinople ► Argenteuil

Voile iconique

Édesse ► Rome ► Manoppello

Perizonium ou Pagne

Constantinople ► Aix-la-Chapelle

   
Seuls le Voile et le Linceul sont dotés d'images. Le Linceul et la Mentonnière constituent le groupe des linges sépulcraux. Le Pagne, la Tunique et le Suaire font partie des armes de la Passion avec une multitude de reliques mineures généralement d'origines médiévales.

L'apothéose de 1978 donna lieu à cet étonnant reversement qui institue le scepticisme scientifique en témoin des saintes reliques de la chrétienté et relègue l’Église « en matière de foi » dans le seul domaine de la révélation pour « la parole de Dieu ».

Nous serions donc tenu de croire sur base de cette expertise « que le linceul de Turin est l'authentique linge funéraire d'un juif crucifié du premier siècle, flagellée à la romaine, couronné d'épines, enseveli dans une étoffe coûteuse. »

On demande aux prêtes du « Jésus de l'Histoire » de nous expliquer par quelle prouesse méthodologique peut être supputé de sa génétique qu'il fut « juif ».

À propos de 1260 qui d'un point de vue apocalyptique est aussi symbolique que 1978 qui s'inscrit avec le pontificat du pape Luciani dans une perspective eschatologique, Petitfils nous explique que les résultats des analyses au carbone 14 de 1988 ont été arrangés :

Les chiffre d'Oxford (1262 – 1312) ne correspondaient pas à ceux de Zurich et de Tucson (1353 – 1384) mais au lieu de conclure à l'hétérogénéité de la dispersion du carbone 14 on a préféré dater le Linceul entre 1260 et 1390.

   

    

mercredi 9 novembre 2022

Le Trône divin

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« Quand – en octobre 152 avant [ l'ère chrétienne ] – l'étole et la pourpre de grand prêtre du Temple furent confiées par le roi grec de Syrie Alexandre Balas à Jonathan [ ... ] – [ le ] frère de Judas Maccabée – d'une classe sacerdotale de la lignée d'Aaron, ...

« ... un certain nombre de Juifs pieux – [ les ] Hasîdîm – se retirèrent dans le désert avec le grand prêtre déposé – [ ... ] Simon [ le ] fils d'Onias III de la lignée légitime de Sadoq, grand prêtre du temps de Salomon – qu'ils appelaient le « Maître de Justice », ...

« ... et s'installèrent à Sokoka – l'actuel Qumrân. [ Mais le site aurait pu connaître une occupation hassidique plus récente – sous l'occupation romaine – et le Maître de Justice serait mort en exil à Damas. ]

« ... Jonathan [ ou son successeur ] l'usurpateur cupide et corrompu, l'orgueilleux « Prêtre impie », le « cracheur de mensonges » [ ... ] harcela les membres de la secte, persécuta le Maître de Justice et l'assiégea vainement avec les siens dans leur fortin du désert. »

« Les [ Hasîdîm ] [ nos Sadducéens réfractaire qui s'identifient aux « Fils de la Lumière » et que Petitfils qualifie d’esséniens tout en récusant le mythe des adeptes du New Age ] ne bougèrent pas de leur repère, ...

« ... tandis que la dynastie indépendante des Hasmonéens – issue de la révolte des Maccabées contre les séleucides de Syrie – se maintenait à Jérusalem [ ... ].

« Ils ne bougèrent pas non plus quand Pompée s'empara de la Ville sainte en 63 avant [ l'ère chrétienne ] faisant passer la région sous l'autorité de Rome.

« Ils ne se manifestèrent pas d'avantage quand Hérode le Grand – le fils du gouverneur Antipater nommé par César – obtint d'Octave et d'Antoine la couronne de Judée et entreprit de reconstruire le Temple. » [ ... ]

[ Petitfils fait naître les Pharisiens et le judaïsme rabbinique d'un courant hassidique modéré sous la dynastie hasmonéenne mais qui aurait pu s'y opposer sous l'occupation romaine à l'époque de Jean Hyrcan qui serait alors le Prêtre impie réprouvé par la secte.

Il signale « vers 88 avant [ l'ère chrétienne ] le cruel Alexandre Jannée – roi et grand prêtre hasmonéen – [ qui ] fit périr [ sur la croix ] en pleine Jérusalem huit cents rebelles pharisiens qui avaient fait appel au roi séleucide Démétrios III. » ]

[ « Vers la fin de juin 68 après [ l'ère chrétienne ] [ le monastère cénobitique de Sokoka ] connu une fin tragique » [ ... ] « devant l'avancée de la dixième légion [ ... ] conduite par Titus Flavius Vespassien » dont Josèphe reprendra le nom. ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Qumrân et les manuscrits de la mer morte (2011)

Petitfils mentionne un « vieux calendrier solaire sacerdotal de 364 jours qui donnait les fêtes religieuses à date fixe » et un « calendrier luni-solaire de 354 jours » pour les prêtres de Jérusalem.

L'année de 364 jours est celle des treize lunaisons sidérales de vingt-huit jours en cinquante-deux semaines. L'année de 354 jours est celle des douze lunaisons synodiques qui alternent entre vingt-neuf et trente jours.

Les sépultures de Sokoka sont orientées au Nord vers le Paradis de Justice et la Montagne du Trône divin ; séjour qui est celui du Christ pour l'eschatologie islamique où il reste avec le Haram de Yathrib à l’abri de l'emprise du dajjal et de l'antéchrist.

Une filiation hassidique chez son Précurseur – Yayâ le Vivant – pourrait expliquer l’hostilité proverbiale des premiers Chrétiens à l'encontre des Pharisiens ; hostilité qui semble ensuite déplacée dans le contexte d'une eschatologie judéo-chrétienne.

Du point de vue de cette eschatologie qui est aussi celle de l'Islam, ce n'est pas seulement le catholicisme romain qui aurait dilué les spécificités du judéo-christianisme mais ce dernier qui aurait forgé la perspective universelle de cette filiation islamique.

   

    

dimanche 6 novembre 2022

Continuité et ruptures

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« Les synoptiques [ ... ] ont bâti le procès de Jésus comme une fiction théologique, ramassant en une séance solennelle du Sanhédrin – le Grand Conseil d'Israël – les principaux thèmes d'opposition entre les autorités religieuses de son temps et lui.

« La lecture de l'évangile de Jean fait comprendre qu'il n'y a jamais eu de comparution de Jésus devant cette haute assemblée ni de condamnation légalement prononcée par elle.

« La controverse avec le judaïsme – dans sa version pharisienne ou sadducéenne – se déroule en continu. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Historicité des évangiles – Jean : Histoire et symbolisme (2011)

Une controverse en continu est une controverse sans rupture qui estompe la spécificité des uns et des autres : entre Pharisiens et Sadducéens d'abord ; entre judaïsme et christianisme ensuite.

Mais nous tenons là le lien nécessaire entre l'informateur et le narrateur – entre l'Apôtre et le Théologien – entre l'Apocalypse et le Nouvel Évangile du corpus johannique dont nous écartons les deux épîtres du Presbytre – celles de l' Ancien qu'on appelle Marc.

D'un côté le réquisitoire de l'Apôtre contre les sept églises d'Asie mineure fondées par Paul ; de l'autre la Passion du Christ sans comparution ni condamnation jusqu'à l'absurde avec la réhabilitation de Judas – le traître nécessaire à la rédemption.

La fracture originelle passe là où s'invite malgré nous l'auteur du deuxième évangile – celui du secrétaire de Pierre qu'on appelle l'Ancien – qui s'impose ici comme l'annonce primitive aux Judéo-chrétiens.

De l'autre côté du limes, les épîtres de Paul aux églises d'Asie mineure et à ses disciples avec l'évangile de Luc et les actes des deux apôtres bientôt condamné pour les marcionites quand le Nouvel Évangile devient catholique.

La frontière passe alors à l'intérieur même du corpus – entre l'Apocalypse de l'Apôtre et le Nouvel Évangile du Théologien – parce que c'est le propre du catholicisme de vouloir résorber la fracture quand vient le temps du pape Clément.

Vient aussi celui de l'épître aux Hébreux alors même que Josèphe fait entrer le judéo-christianisme dans ses Antiquités et que les Pharisiens organisent le judaïsme rabbinique ; comme s'il fallait se souvenir aussi de quelque chose de plus ancien.

Quelque chose de plus ancien que la prédication de Pierre aux Judéo-chrétiens dont sont faites celle de Jésus aux Nazaréens chez les Samaritains et le témoignage du disciple qu'il aimait dans la maison de Béthanie.

Cette chose, c'est l'Année de grâce promise aux Israélites chez Isaïe et le royaume de Canaan dont Jésus fut l'époux aux noces de Cana – et peu nous importe si ces événements s'inscrivent chez Jean sur une période d'un peu plus de deux ans.

   

    

vendredi 4 novembre 2022

La poitrine du Seigneur

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Dans l'annexe qu'il consacre à Jean l'évangéliste, Jean-Christian Petitfils rappelle que Papias au début du deuxième siècle parle encore de deux Jean :

- celui qu'il cite parmi les apôtres avec André, Pierre, Philippe, Thomas, Jacques et Matthieu entre ces deux derniers et que Petitfils identifie à l'un des deux fils de Zébédée ou à l'un des Douze

- et le Presbytre qu'il cite avec Ariston comme un témoin vivant que Petitfils identifie à l'Évangéliste avec Polycrate que l'évêque d’Éphèse signale au pape Victor à la fin du siècle comme celui « qui a reposé sur la poitrine du Seigneur »

Il est néanmoins probant que Celui qui repose sur la poitrine du Seigneur ne peut être que l'apôtre Jean que Petitfils imagine mort dès le début des années 40 pour s'autoriser à l'identifier au Presbytre tout en l'identifiant aussi à l’Évangéliste.

Le Presbytre ne peut être ni l'un ni l'autre si l'on accepte de les dissocier mais l'Ancien qui signe les deux dernières épîtres du corpus johannique et que Petitfils identifie à « l'un des membres de la première génération apostolique » qui ne fait pas partie des Douze.

Petitfils n'identifie pas ce membre au Presbytre de Papias ni à l'auteur du deuxième évangile qui appartiendrait pourtant d'après lui à « une génération légèrement postérieure » quand il nous rappelle que Marc lui aussi s'appelle Jean.

Si Petitfils ne voit pas les liens qui s'imposent entre le Presbytre, l'Ancien et Marc, il voit bien le style qui relie indubitablement la première épître du corpus johannique au prologue du quatrième évangile chez celui que la tradition asiatique qualifie de Théologien.

Mais ce dernier est-il pour autant le disciple que Jésus aimait ou Celui qui repose sur la poitrine du Seigneur et ceux-ci sont-ils seulement les mêmes tels qu'Irénée de Lyon ou Clément d'Alexandrie semble les confondre dès la fin du deuxième siècle ?

Si l'Apôtre qui repose sur la poitrine du Seigneur n'était pas l'auteur de l'Apocalypse qui sort ici du cadre que Petitfils donne à son annexe sur l’Évangéliste, il serait totalement absent du corpus johannique mais néanmoins présent dans la tradition éphésienne.

Où l'Apôtre et l’Évangéliste ne se confondent guère pour l'Apocalypse dans la stylistique de son évangile et de son épître qui ne serait être à la fois celle d'un Théologien et celle d'un disciple bien-aimé qui s'y superposent dans leur amplification théologique.

Donc, il nous en faut quatre : l'Apôtre, l'Ancien, le Théologien et le disciple que Jésus aimait qui ne saurait être Celui qui repose sur la poitrine du Seigneur dès lors qu'on identifie ce dernier au premier d'entre-eux – cf. Jean XIII 25 et XXIV 20.

Mais nous devons reconnaître que l'évangile du Théologien tend à les confondre et les confond – cf. Jean XIII 23 et 25 – sans nous expliquer pour quelle raison obscure ils ne sont jamais nommés comme tel dans son récit.