Pour
le trentième cycle du neuvième mois de la décade
comprenant la
nuit et le jour :
Dans
le chapitre qu'il consacre en 1961 au jour de la Pentecôte dans les
Actes des apôtres, Van Goudoever évoque la généalogie du Christ
dans l’Évangile de Luc.
Nous
avons déjà décrypté celle de Matthieu du point de vue des nombres
qu'il récapitule dans le dix-septième verset de son premier
chapitre – (3 x 14 = 42) :
« Quatorze
générations depuis Abraham jusqu'à David,
quatorze générations
depuis David jusqu'à la déportation à Babylone,
quatorze
générations depuis la déportation à Babylone jusqu'au Christ. »
Nous
avons établi qu'il y a autant d'années par génération que de
jours par mois (30) et que la somme de ce triptyque – « 42 x
30 = 1.260 » – préfigure les temps accordés aux deux
témoins de l'Apocalypse – « 1.260 = 3,5 x 360 » et « 1.260
/ 2 = 630 ».
Le
nombre des générations dans l’Évangile de Luc (77) est un nombre
de septénaires (11) qui rappelle l'importance de ce nombre par
rapport à la décade – « 10 + 1 » – et celui du
sabbat par rapport aux jours de la semaine – « 6 + 1 ».
Ces
facteurs – « 11 » et « 7 » – ne font
l'objet d'aucune démonstration ; mais leur produit (77) ne
permet pas d'autre combinaison puisse qu'il s'agit de deux nombres
premiers.
Par
contre, l'introduction à la généalogie du Christ chez Luc est bien
celle du règne de David – cf. Luc III 23 et 2 S V 4 :
« Jésus
avait environ trente ans lorsqu'il commença son ministère ... »
« David
était âgé de trente ans lorsqu'il devint roi ... »
« ...
quelques remarques peuvent être faites [ ... ] au sujet de la
généalogie [ du Christ ] dans l’Évangile de Luc. [ Cf. Luc III
23-38 ]
« Tandis
que Matthieu commence [ sa ] généalogie [ avec ] Abraham, Luc la
donne dans l'ordre inverse et finit par Adam et Dieu [ en passant par
Seth dont c'est la seule mention néotestamentaire. ]
« Décrire
Jésus comme un fils d'Adam signifie que sa venue a une signification
universelle. Dans la généalogie de Luc, le fils de David n'est pas
Salomon – comme dans Matthieu – mais Nathan, le prophète.
« Luc
ne mentionne pas les Rois de Juda, comme le fait Matthieu ; à
leur place, il donne une liste de noms qui ne nous sont connus par
aucune source.
« Si
vraiment Luc veut que son évangile soit prêché à la fois aux Juifs et aux Samaritains, il lui faut une généalogie du Christ qui
ne soit pas anti-samaritaine comme celle de Matthieu mentionnant tous
les Rois de Juda.
« Que
Salomon ne soit pas cité dans la généalogie de Luc peut être dû
au fait qu'il a bâti le Temple à Jérusalem et fut ainsi [ la ]
cause de nombreux troubles entre les douze tribus.
« Le
discours d'Étienne, dans les Actes [ des apôtres ], témoigne de la
même attitude à l'égard de Salomon : « Ce fut Salomon
toutefois qui lui bâtit une maison. Mais le Très-Haut n'habite pas
dans des demeures faite de main d'homme. » [ Cf. Actes VII
47-48 ]
« Au
lieu d'une liste des Roi de Juda, Luc donne une liste contenant des
noms de prophètes et des noms provenant des dix tribus – [ celles
] du Nord. » [ ... ]
Cf.
J. Van Goudoever – Fêtes et Calendriers Bibliques – Les
Fêtes dans les Évangiles et les Actes – Le jour de la
Pentecôte dans les Actes (1961)
Il
ne peut s'agir que du Temple d'Hérode et l'argument d’Étienne à
l'encontre de Salomon ne peut être que très secondaire ; mais la
remarque sur les rois de Juda reste pertinente.
Le
seul fait qu'il y ait deux généalogies démontre qu'il y a au
moins deux prédications que les
fragments de Pierre dans les Stromates de Clément
met dans la bouche du Seigneur :
« Si
donc quelqu'un d'Israël veut se convertir et croire en Dieu par mon
nom,
ses
péchés lui seront remis.
Après
douze ans, sortez dans le monde, afin que personne ne dise :
Nous
n'avons pas entendu. »
Stromates
VI 5 / 43
Si
cette recommandation est bien celle du Ressuscité et si sa
résurrection a bien lieu en 32 après sa Passion, cette nouvelle
orientation dans la prédication commence en 44.
La
prédication aux Hébreux – celle de Matthieu – s'adresse avant
tout aux Juifs ; la prédication aux Païens – celle de Luc –
inclut les Samaritains.
Les
Samaritains sont « dans le monde » parmi les nations et
les Juifs, parmi les tribus dont il ne reste plus que ce reliquat et
les yéménites – ceux de Benjamin.
La
prédication de Pierre dont les Stromates de Clément nous donne
connaissance s'adresse aux Israélites.
C'est
celle de Marc que les Actes des apôtres identifient à Jean
l'Ancien, l'auteur de deux épîtres qu'on distingue du
Théologien – cf. Actes XII 12 :
« ...
[ Pierre ] se rendit à la maison de Marie, la mère de Jean,
surnommé Marc,
où
une assemblée s'était réunie et priait. »
C'est celui qu'on retrouve dans la première épître de Pierre depuis
Babylone et à Jérusalem auprès de Pierre et Jacques dans
l'épître de Paul aux Galates – cf. 1 P V 13 et Ga II 9 où
Pierre se fait appeler Céphas :
« [
la vraie grâce de Dieu ] qui est à Babylone, élue comme vous, vous
salue,
ainsi que Marc, mon fils. »
« ...
reconnaissant la grâce qui m'avait été départie,
Jacques,
Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes
nous tendirent la
main, à moi et à Barnabé, en signe de communion ... »
Paul
évoque un partage des tâches : à lui, la conversion des
Païens – les « non circoncis » – à Pierre, celle de
la Circoncision – les « circoncis ».
Mais
Pierre dans les Stromates de Clément évoque plutôt un passage
entre deux époques ; si bien qu'il est probable qui faille
supposer que ce passage ait succédé à un tel partage et au séjour
de Pierre à Babylone.
Par
circoncis, il faut donc entendre les Israélites en général et en
particulier ceux de l'arrière pays avec toutefois un sens moins
général que celui qui nous adressons aux Hébreux par référence à
l'usage d'un dialecte araméen de culture hébraïque.
Si
les Samaritains n'entrent dans l'équation qu'avec Luc à l'occasion
d'une parabole qui leur doit son nom – celle du bon Samaritain –
sa résultante chez Jean est considérable et caractérise
l'universalité du message – cf. Luc X 30-37 et Jean IV 7-29.
À
tel point que « les Juifs » chez
Jean le reproche au Christ en l'accusant même d'être l'un d'entre eux, habité par un démon – cf.
Jean VIII 48.
Nous
suivons l'ordre canonique des évangiles – la Bonne Nouvelle
d'Isaïe :
1 -
la prédication de Matthieu aux Hébreux – celle des Ébonites et
des Nazaréens
2 -
la prédication de Marc aux Israélites – celle de Pierre 1 et de
Jean l'Ancien
3 -
la prédication de Luc aux Païens – celle de Paul dans les Actes
des apôtres
4 -
la prédication universelle de Jean – celle du Théologien qui
inclut les Samaritains
Il
semble toutefois que le Théologien réécrit l'évangile du disciple
que Jésus aimait en l'attribuant à Jean – l'Apôtre à qui ont
attribue aussi l'Apocalypse des deux témoins.
De
même, on devrait aux Samaritains la reconnaissance des deux témoins
sous le titre de Nazir qui qualifie leurs disciples de Nazaréens par
ailleurs fort peu « judéo-chrétiens ».
Le
Noble Coran qui s'en prévaut réfute en partie l'apport du
Théologien pour ne citer que Jésus – 'Isâ ibn Maryam – Jean le
Vivant – Yaḥyâ qui désigne
le Baptiste – et Jude Thomas – Dhû'l-Kifl qui désigne le didyme
du Christ sous de multiples noms en Orient.
L'imbroglio
est total en ce qui concerne l'identité du disciple que Jésus
aimait – Lazare le ressuscité ou l'apôtre Jean fort
probablement ; si ce n'est Jésus lui-même ou ce didyme
particulièrement incrédule.
Les
deux épîtres de Pierre nous montre ce que les Stromates de Clément
nous démontre : le passage du Prince des apôtres d'une
prédication à l'autre autour de l'évangile de Marc tels que nous
les présentent les deux généalogies – celle de Matthieu et celle
de Luc.
Quant
aux Pharisiens, on ne trouve nul part leur hostilité à la royauté
du Christ sur Canaan mais leur réserve quant à l'identité d'un
second témoin qu'ils se représentent comme un dernier prophète par
ailleurs rigoureusement annoncé par l'Apocalypse.