samedi 31 décembre 2022

Sur les pas des prophètes

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« Il n'en reste pas moins que [ malgré les impératifs de l'économie cyclique auxquels Chodkiewicz refuse de céder ] ont doit considérer l'époque d'ibn Arabî comme le début d'une ère nouvelle. »

[ Chodkiewicz s'oppose ici à ce que nous appelons « les impératifs de l'économie cyclique » qu'il qualifie de « périodisations » [ sic ] en refusant de céder à « un goût pervers » !

Ère nouvelle – celle du « tasawwuf » akbarien – qu'il à néanmoins l'intelligence de mettre en relation avec « la prise de Bagdad par les Mongols en 1258 et l'effondrement du califat abbasside ».

Tandis que « Muyi'd-Dîn abû Abdallâh Muammad ibn Alî ibn Muammad ibn Arabî al-Hâtimî at-Tâ'î nait à Murcie le 27 Ramadân 560 / le 7 août 1165 » [ ... ] « Gengis Khân voit le jour ; ...

« ... moins d'un siècle plus tard, son petit fils Hûllâgû détruira Bagdad et fera mettre à mort le dernier calife abbasside. » ]

« Mes deux [ « nâsir » ] se tiennent devant le Seigneur de la Terre. »

Apocalypse XI 3 et 4

« ... l’œuvre d'ibn Arabî [ ... ] deviendra dès lors – de manière avouée ou non – chez ses disciples comme chez ses adversaires [ ibn Taymiyya en particulier ] un repère obligatoire et une féconde matrice de vocabulaire technique. »

[ Ibn Taymiyya (+ 728 / 1328) lui oppose une distinction entre « awliya ar-Ramân » et « awliya ash-Shaytân » – les amis du Miséricordieux et les amis de Satan – reprise par la « salafiyya » qui s'y réfère aux pieux anciens – les compagnons du prophète.

La distinction coranique – S 10 V 62 et S 4 V 76 – entre « awliya Allâh » – les amis de Dieu – et « awliya ash-Shaytân » – suggère « une sainteté à rebours » qui a sa propre hiérarchie et son propre pôle – le « dajjâl ».

L'antéchrist ne serait que « l'ultime titulaire » d'une fonction – celle de l'imposteur – dont les détenteurs – d'après un « hadîth » du prophète – seraient « près de trente » ou vingt-sept « dont quatre femme ».

C'est le nombre des Sagesses – « 1 + 24 + 2 » – dans les « Fusûs al-Hikam » que le Sceau des prophètes inspire à ibn Arabi vers la fin de son existence à la suite d'une vision – « 24 » étant ici celui des prophètes et par ailleurs celui des avatars de Vishnu.

Celui des femmes qui sont ici impossible à inclure est celui des saintes qu'on retrouve avec Marie dans la première généalogie du Christ – celle de Mathieu – et dans les fonctions anthropologiques qu'elles occupent auprès du pharaon. ]

Mais on peut remplacer la femme du pharaon qui est sa sœur à laquelle il est fait mention dans le « hadîth » du prophète qui les concerne par sa mère où il apparaît alors comme « l'Amin d'Amina » et Marie comme une sœur semblable à celle de Moïse :
   

  Tamar  

  Rahab  

  Ruth  

  Marie  

  Amina  

  Maryam  

  Khadija  

  Fatima  

  Mère  

  Sœur  

  Épouse  

  Fille  

   
« ... les « ahl al-suffia » de Médine sont des gueux [ ... ] de ceux qu'Asin Palacios – traduisant le « Rûh al-Quds » – appellera des « santons » et qui sont d'admirables hommes de Dieu. »

[ « Ibn Arabî passe sa jeunesse à Séville, où sa famille s'établit en 568 / 1172. Vers sa vingtième année il commence à fréquenter les maîtres spirituels andalous – il décrira plus tard dans son « Rûh al-Quds » une cinquantaine d'entre-eux. » ]

« Awliyâ alâ aqdâm al-anbiyâ. »

« Les saints marchent sur les pas des prophètes. »

« Et de fait, par convictions personnelles où par calcul, les Ayyûbides, les Mamlûks, les Mongols et les Ottomans seront régulièrement les protecteurs des saints, vivants ou défunts, et encourageront les dévotions qui les entourent. »

«  ... [ le mausolée ] qui se trouve sur la tombe d'ibn Arabî a été édifié sur l'ordre de Salîm Ier après la conquête de Damas en 972 / 1516 ».

Et ce sont les Ottomans qui qualifie Muyi'd-Dîn de « Sheykh al-Akbar » – le Vivificateur du « Dîn » [ Spiritualité et Religion ] comme le Plus Grand des Sheykh.

« Qaddasa Llâhu sirrahu »

« Que Dieu sanctifie son secret »

Cf. Michel Chodkiewicz – Le Sceau des saints. Prophétie et sainteté dans la doctrine d'Ibn Arabî – Avant-propos [ et ] Un nom partagé (2012)

   

    

vendredi 30 décembre 2022

La quatrième quête

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« Dans cette perspective ... [ la « seconde quête » des « trois époques » dans la recherche d'un « point de vue historique » :

- Celles de David Friedrich Strauss (1836) et d'Ernest Renan (1863)

- Celles d'Albert Schweitzer (1906) et de Rudolf Bultmann (1926)

- Celles à laquelle Jean-Christian Petifils emprunte son dogme et son credo :

« Un juif nommé Ieschoua [ ... ] a vécu en Palestine au Ier siècle » [ de l'ère chrétienne. ]

[ « C'est une certitude » ] [ que rien n'atteste hormis le siècle où il la situe. ]

« Prédicateur itinérant, parcourant la Galilée et la Judée, il a été arrêté à l'instigation du haut sacerdoce de Jérusalem, les grands prêtres Hanne et Joseph dit Caïphe, son gendre.

« Après un bref procès, il a été condamné à mort et crucifié aux portes de Ville sainte par ordre du gouverneur romain Ponce Pilate, sous le règne de Tibère. »

« Voilà les faits avérés. »

Dans les faits, son itinéraire déborde sur la Samarie, l'Iturée, la Phénicie et le Pérée. ]

« ... différents critères d'historicité ont été mis au point [ par la « seconde quête » ] dont l'utilisation est parfois [ ... ] délicate » [ pour « la troisième quête du Jésus historique » : ]

1° « Le critère de discontinuité ou de dissemblance [ avec le judaïsme ]

2° « Le critère d'attestation multiple [ des sources littéraires ]

3° « Le critère de cohérence [ avec l'enseignement de Jésus ]

4° « Le critère d'embarras ecclésiastique [ qui soulève des objections morales ou des difficultés théologiques ]

5° «  Le critère de plausibilité historique ou d'explication suffisante

« L'utilisation de ces postulats méthodologiques a ses limites [ qui sont forcément celles de la troisième quête quand elle cherche à les transcender : ]

« Quelle est la valeur du critère d'attestation multiple si les sources ne sont pas indépendantes, si les [ trois ] évangiles [ synoptiques ] remontent à un proto-évangile [ ... ] araméen [ qui n'existe pas ] ...

« ... [ et ] si l'évangile de Luc s'est nourri pour partie de la prédication [ universelle ] de Jean ? [ Que Petitfils fait reposer sur une tradition orale qui renverse l'ordre canonique en identifiant sa source au « disciple bien-aimé ». ]

« L'application systématique du critère de discontinuité – chère à Ernst Käzemann – conduirait par ailleurs à exclure tout trait juif du Jésus historique... [ Effet paradoxal et absurde de la théorie qui identifie le judaïsme à « sa propre tradition ». ]

« Quant au critère de la cohérence, il n'est pas simple à préciser.

« Bref, cette approche, pour intéressante qu'elle soit, présente l'inconvénient de jeter le doute sur tout ce qui n'entre pas dans un moule préétabli. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Prologue (2011)

Reconnaissons toutefois qu'en inversant les sources de l'ordre canonique, le moule de la troisième quête rend compte de la façon dont le quatrième évangile élargit le cadre où s'accomplit le parcours d'un Christ profondément païen :

« Dès 1968, l'Anglais Archibald Macbride Hunter avait écrit un « Saint Jean – Témoin du Jésus de l'Histoire ». [ ... ] Ce pourrait être le début de la quatrième quête de Jésus. »

   

    

mardi 27 décembre 2022

Le domaine hérodien

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« L'historien ibn al-Athîr fait du mont Liban la troisième des cinq montagnes dont Adam [ qu'al-Azraqî met en relation avec Abraham ] utilisa les pierres pour édifier la Ka'ba, ...

« ... les autres étant le mont Sinaï [ « at-Ṭûr » que nous avions identifié aux Taurus anatoliens ], le mont des Oliviers à Jérusalem, « al-Jûdî » où le Coran (S 11 V 44) dit que l'Arche de Noé se posa [ à la fin du déluge ] et le mont Ḥirâ [ à ] La Mecque.

[ al-Azraqî donne aussi pour variante : « Ḥirâ », « Thabîr », le mont Liban, « at-Ṭûr » et le mont Rouge – « al-jabal al-Aḥmar » – les deux variables se trouvant également situé vers La Mecque. ]

« Ce dont certains pourraient déduire que la Ka'ba concentre en elle la sacralité de cinq montagnes d'autant plus éminentes que chacune d'elles peut être reliée à un prophète ...

« – respectivement Moïse, Jésus, Salomon – qui utilisa les cèdres du Liban pour construire le Temple de Jérusalem – Noé et Muḥammad. »

Cf. Yaḥya Michot pour l'introduction aux « fetwas » d'ibn Taymiyya à propos des saints du mont Liban qui seraient au nombre de quarante (1428 / 2007)

Dans tous les cas de figure, on voit se confirmer la place centrale du mont Liban qu'il faut plutôt relier à Jésus, celle de Salomon étant induite par une historiographie juive où le « Thabîr » renvoi vers Abraham non sans rappeler le « Thabor » de Galilée.

Jésus et le mont Liban sont au centre de cette sacralité comme 'Isâ ibn Maryam est au centre de la Semaine dans les « awrâd » du Sheykh al-Akbar.

Quand « at-Ṭûr » et le mont Ḥirâ renvoient respectivement vers Moïse et vers Muḥammad, c'est le mont Rouge qui renvoi vers Adam à l'Occident et « al-Jûdî » vers Noé sur les cimes du massif arménien d'Ararat.

« C'est chez les peuples sémitiques que l'adoration des montagnes conserve le plus de développement et le plus d'importance aux temps de la grande civilisation.

« Là nous voyons en Palestine, en Phénicie et en Syrie, rendre un culte à toutes les montagnes considérables par leur masse : le Casius voisin de l'Oronte et celui de la frontière d’Égypte [ qui délimitent le littoral syro-palestinien, ] ...

« ... le Liban, l'Anti-Liban, l'Hermon à qui son caractère divin valait le nom de Baal-Hermon, le Thabor, le Carmel. [ ... ]

« Il est à remarquer que toutes ces montagnes divinisées des pays syro-palestiniens sont des pics isolés qui affectent plus ou moins régulièrement la forme du cône.

« C'est qu'en effet dans la religion de ces contrées le culte du dieu-montagne se liait d'une manière étroite à celui de la pierre conique, aérolithe ou façonnée de main d'homme [ Bætylia ] qui était comme le diminutif de la montagne. »

Cf. Yaḥya Michot citant le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines d'après les Textes et les Monuments de Daremberg et Saglio (1877-1919)

L'article mentionne aussi le mont Arafah à La Mecque décrit comme « une ancienne montagne divine » qui sort ici de son cadre syro-palestinien mais dont l'absence est pour le moins étrange dans les configurations sacrées de la Ka'ba.

« Ibn Baṭṭûṭa [ qui parle d'ascètes et de dévots dont il ignore le nom ] confirme la présence de soufis dans la montagne libanaise à l'époque d'ibn Taymiyya » (+ 728 / 1328) estime Michot dans son historiographie du mont Liban.

Et l'absence du mont Arafah au centre du dispositif est d'autant plus mystérieuse que la légende libanaise parle à propos de ces saints de translations miraculeuses qui communiquent avec lui.

Ces translations sont à mettre en relation avec les quatre angles de la Ka'ba consacrés aux Yémen, à l'Irak et à la Syrie – son « Cham » – mais qui n'en avait que deux quand ceux du Yémen et de la Pierre Noire étaient prolongés par son « Hijr ».

C'est l'angle de l'aérolithe qui est en relation avec Arafah tandis que l'angle du Yémen reste établi sur un monolithe dont les pèlerins salue l'origine.

Le maqâm d'Ibrâhîm qui fait face à la porte de l'édifice est marqué par une emprunte de pas semblable à celle de Jésus sur la Via Appia de Rome en Italie et à celle de Yuz Asaf – Dhû al-Kifl ou Saint Josaphat – dans le Roza Bal de Srinagar au Cachemire.

« Prenant sa source au Liban – au lieu-dit « Hâsbeiya » – sur les flancs du Grand Hermon, le Jourdain rejoint le lac Houlé et le lac de Tibériade en s'enfonçant dans la plus profonde et la plus abrupte faille tellurique de la planète, ...

« ... avant de se perdre à près de 400 [ mètres ] au-dessous du niveau des océans dans les eaux turquoises et opaques de la mer Morte.

« D'abord tumultueux, il s'assagit peu à peu et s'étire en méandres paresseux, s'avançant dans des plaines ornées de jasmins, de mimosas et de lauriers-roses, ...

« ... serpentant à travers les marnes blanches des plateaux effondrés du Ghor, charriant des herbes boueuses et des branchages.

« Il s'écoule ensuite dans des régions arides et des terres craquelées, au milieu des broussailles épineuses, des roseaux à plumeaux et des tamariniers à fleurs roses.

« Parfois, comme épuisé, il se repose en des paliers nonchalants, où se repèrent les gués autrefois connus des caravaniers.

« Dans sa basse vallée, le paysage devient plus sauvage, avec ses collines fauves au croupes pelées. Ici commence le désert de Juda aux roches calcinées par le soleil. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Jean le Baptiste – Le Jourdain, acteur de l'Histoire [ et ] L'an quinze du principat de Tibère [ pour le royaume d'Hérode ] (2011)

À la mort d'Hérode-le-Grand en l'an 4 de l'ère chrétienne, son royaume fut divisé en quatre parts inégales pour sa descendance :

- La Judée et la Samarie furent confiées à Archélaos avec le rang d'ethnarque [ 1 ]

- La Galilée et le Pérée furent confiées à Hérode Antipas avec le rang de tétrarque [ 1/4 ]

- L'Iturée, la Gaulanitide, la Batanée, la Trachonitide et l'Auranitide situées au Nord et à l'Est du lac de Génésareth furent confiées à Philippe avec le rang de tétrarque [ 1/4 ]

- Deux petits territoires situés au Nord d'Absalon et de Jéricho furent remis à Salomé

Après la déposition d'Archélaos en l'an 6 de l'ère chrétienne, la Judée et la Samarie furent placées en administration directe sous le gouvernance d'un préfet romain.

L'Abilène de Lysanias – principicule du Liban au Nord de l'Iturée – qui ne faisait pas partie du royaume d'Hérode-le-Grand fut incorporé par la suite à la tétrarchie d'Hérode Agrippa.

   

    

dimanche 25 décembre 2022

Les attentes messianiques

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« Du VIe au IIIe siècle avant [ l'ère chrétienne ] des auteurs Juifs mystiques et apocalyptiques avaient nourri l'espérance d'un messie qui établirait le triomphe d'Israël sur les nations.

« Cette attente – incertaine et polymorphe – était donc très ancienne, même si elle n'était pas toujours inscrite au cœur de la foi juive.

« Le mot [ « messie » ] vient de l'araméen « meshiḥa », de l'hébreux « mashiah », c'est à dire celui qui a reçu l'onction divine, l'huile sacrant le roi ou le grand prêtre.

« La traduction grecque donne « christos » – de « chrein », oindre – Christ en français.

« Le prophète Isaïe et bien d'autres attendaient l'avènement d'un rejeton de Jessé – [ le ] père de David – qui ferait renaître dans toute sa splendeur le messianisme royal – cf. Isaïe XI 1 :

« Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. »

« David et ses descendants, qui avaient régné [ au Yémen ] sur le pays de Juda [ sur les Âd de pays de Hûd ] de 1000 environ à 587 avant [ l'ère chrétienne ] étaient considérés comme les élus [ d'Adonaï ] – « YaHWeH » – les sauveurs du peuple.

« Malgré la déception causée par quelques mauvais rois au VIIIe siècle avant [ l'ère chrétienne ] on gardait la nostalgie des temps antérieurs [ aux déportations assyrienne et babylonienne que Petitfils qualifie d'exil ] ...

« ... et on attendait l'avènement d'un héritier de la prestigieuse dynastie, qui devait faire régner la justice et la paix.

« Le livre de Samuel disait qu'il serait traité par Dieu comme un fils. [ Cf. 2 S VII 14 a :

« Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils. » ]

« Le psaume II [ 7 ] laissait même entendre qu'il serait engendré par Lui. [ Sur le mode du prototype adamique repris par le verset 59 de la troisième sourate du Noble Coran :

« Le Seigneur m'a dit : « Tu es mon fils, Moi – aujourd'hui – Je t'ai engendré ! »

« Pour Dieu, l'origine de Jésus est similaire à celle d'Adam.
Il l'a créé d'argile puis lui a dit :
« Sois ! » [ « Kâf » et « Nûn » ] et il fut. »

Ce qui inscrit sa théophanie dionysiaque dans sa filiation à Zeus sur un argumentaire sémitique plutôt étroit mais réel contrairement à ce que nous lui avons d'abord opposé. ]

« À l'origine, ces textes [ devaient faire ] référence à un roi historique, voire à une figure collective [ ? ] mais on [ aurait ] fini par par les inerpréter comme désignant une personne future.

« Cependant, l'attente du règne de ce « merveilleux Conseiller » [ se serait ] elle-même estompée, et l'on [ aurait ] repoussé sa venue dans un avenir indéfini. [ Cf. Isaïe IX 5 :

« Un enfant nous est né. Un fils nous est donné.
La Domination repose sur ses épaules.
On l'appellera Conseiller merveilleux
[ et ]
Prince de la Paix. »

Mais comme il porte aussi les insignes d'un « Dieu fort » et d'un « Père éternel », ces titres reviennent plutôt à la Domination qui le recouvre. ]

« Bien des Juifs n'y croyaient plus. » [ Ce qui reste à démonter. ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Crise politique et attente messianique – L’effervescence messianique [ avec ] Le succès et l'inquiétude (2011) :

« Il n'y a pas eu de prophète depuis cinq cents ans, [ c'est-à-dire ] depuis Zacharie. »

Petitfils trace ici entre Zacharie et Jean le cycle du Phénix aux six mille lunaisons que le Sénat romain établit entre Auguste et la République neuf ans avant l'ère chrétienne, reliant son ère à celle de la royauté qui s’achève sous le second Tarquin – le Superbe (- 509).

Ce qui montre que les quatre cohortes de six cents ans induites pour le kali yuga dès le calendrier julien par une extension du Janus – de cinquante à soixante jours – ne seront prises en compte à posteriori qu'avec le Phénix phénicien auquel s'identifie le Christ.

Pour les dénégations que le Baptiste oppose aux émissaires de Jérusalem que le quatrième évangile qualifie de Pharisiens, Petitfils fait correspondre au Prophète qu'ils évoquent à la suite d’Élie un nouveau Moïse « attendu à la fin des temps ».

Dans ce cas, Élie et Moïse tels qu'ils apparaissent pour la Transfiguration du Christ sur le Mont Hermon peuvent être identifiés au Baptiste et au Sceau des prophètes dans la succession des temps apocalyptiques accordés à leurs deux témoins.

C'est la raison pour laquelle on peut raisonnablement faire précéder le baptême du Christ avec les noces inaugurales qui ouvrent l'évangile johannique par cette Préfiguration transfigurée que les synoptiques ont placé au centre de leur récit.

Et c'est précisément le sens que nous donnons au « Baphomet » des Templiers : toutes les autres figures – le messie d'Israël et celui d'Aaron ou Melkisedeq et l’Élu – s'inscrivent avec le Christ entre ces deux là. Il n'y en a pas d'autre.

   

    

mercredi 21 décembre 2022

Le pays biblique

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« Ce nom [ Palestine ] d'abord utilisé par les grecs pour désigner de façon restreinte le « Pays des Philistins » – « Peleshet » en hébreu – puis repris par les Romains, n'apparaît pas dans l’Écriture [ la Septante grecque du IIe siècle avant l'ère chrétienne ] ...

« ... mais désigne habituellement à partir de la seconde moitié du Ier siècle de [ l'ère chrétienne ] le pays biblique au sens large, de part et d'autre du Jourdain.

« Au IIe siècle, la région deviendra la province romaine de Syria-Palestina. [ Le littoral syro-philistin qui s'étendait entre Sidon et Gaza de part et d'autre du Mont Carmel. ]

« Dans son extension maximale, elle ne faisait pas plus de 20 000 km². »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Crise politique et attente messianique Les Juifs et le monde grec (2011)

Ce que Petitfils désigne comme « le pays biblique au sens large » circonscrit les territoires que l'entité sioniste revendique depuis la fin du XIXe siècle pour fonder un État qui est sans rapport avec l'antique royaume d'Israël.

On y retrouve quatre entités distinctes :

- La Palestine proprement dite – celle des Philistins – autour de Gaza

- La Judée iduméenne – celle des Hasmonéens – entre Jaffa, Jérusalem et Akaba

- La Samarie cisjordanienne – celle de l'empire assyrien – autour de Naplouse depuis Césarée jusqu'aux monts Ebal, Garizim et Qarantal – voir jusqu'au Mont Nebo pour le Pérée transjordanien

- La Galilée cananéenne – celle des Goyim – comprenant le Gaulan jusqu'en Iturée entre les monts Carmel, Thabor et Hermon

Petitfils fait incidemment mention de la nécropole de Léontopolis à Tell el-Yehoudieh que nous relions à la fuite de la Sainte Famille en Égypte dans le décompte des cinq Temples d’Adonaï comme le lieu de la dissidence pour les Sadducéens les plus réfractaires.

Cf. Op. Cit. – Jésus et le Précurseur – Le clan de Jésus (2011)

« Au Sud [ du pays biblique ] l'âpre Judée [ que Petitfils identifie à « l'ancien royaume de Juda » qu'il croit « homogène » au Nord de l'Idumée. ] [ ... ]

« Au Centre, la Samarie était une zone ethniquement hétérogène, depuis les transferts massifs de populations organisés au VIIIe siècle avant [ l'ère chrétienne ] par le roi d'Assyrie Sargon II. » [ cf. les cinq époux de la Samaritaine et 2 Rois XVII 24 à 41 ]

« Au Nord, la Galilée – dont le nom [ viendrait ] de l'hébreu « guelil al-Goyim » ( le Cercle des païens ou [ la ] Galilée des nations) [ mais qui pourrait avoir une étymologie « gauloise » ] avait connu elle aussi une histoire mouvementée.

« Les populations y étaient [ judéenne – idéenne ou iduméenne – ituréenne, assyrienne, babylonienne et grecque – ou gallo-romaine – où Petitfils les attribue au mouvement de l'histoire et à l'hétérogénéité du « sang mêlé ». ]

Mais la souche des populations aborigènes dans la vallée du Jourdain que Petitfils qualifie d'inhospitalière devrait être qualifiée de cananéenne.

Quant aux Philistins qui donnent leur nom à la région dans l'historiographie gréco-romaine, ils disparaissent d'un pays biblique qui relève du récit fabuleux : celui d'un retour des Juifs sur leur terre promise – la « Terre Sainte » des croisades médiévales.

« Bien que les opérations fussent longues et difficiles, les Juifs parvinrent à conquérir progressivement leur indépendance [ en Judée. ]

« Jonathan [ le successeur de Judas ] s'installa à Jérusalem au plus tard en 152 [ avant l'ère chrétienne. ] En 142, Simon chassait les dernières troupes grecques de Jérusalem.

« Avec Jean Hyrcan – [ le ] fils de Simon – apparut clairement la dimension dynastique de cette succession – [ celle des ] Hasmonéens – souverains expansionnistes qui étendirent leur domination sur les contrées avoisinantes, ...

« ... imposant aux populations locales la circoncision – notamment aux Bédouins de l'Idumée, aux marges des steppes du Néguev. [ ... ]

« ... les pharisiens [ à la suite des Hassidim de Qumrân et de la dissidence de Léontopolis ] leur reprochaient leur impiété, leur immoralité et leur violence.

« Un grand prêtre hasmonéen, l'autoritaire et fastueux Alexandre Jannée [ au début du siècle suivant ] fit exécuter des milliers d'entre eux. [ ... ] Hyrcan II et Aristobule II dévastèrent le pays. »

Cf. Op. Cit. – Crise politique et attente messianique – Les Juifs et le monde grec (2011)

   

    

dimanche 18 décembre 2022

Le Précurseur

...

« Vous savez ce qui passé dans toute la Judée : Jésus de Nazareth, après ses débuts en Galilée [ et ] après le baptême proclamé par Jean – comment Dieu l'a oint d'Esprit-Saint et de Puissance. »

Cf. Actes X 37 et 38 [ « Ce discours de Pierre – de facture très ancienne – témoigne [ nous dit Petitfils ] de la foi des apôtres et des tout premiers chrétiens. » ]

Ce témoignage fait précéder ce qui s'est passé en Judée par le ministère de Galilée que Luc fait précéder dans son itinéraire par la campagne de Samarie auxquels succèdent la Transfiguration en Iturée et les Noces à Cana qu'Eusèbe situe en Phénicie.

Ce qui nous donne un récit qui anticipe l'Année de grâce prophétisée par Isaïe en se plaçant avant le baptême du Christ qui suit les Noces et la Transfiguration du Seigneur :

 Samarie 

 ► 

 Galilée 

 ► 

 Phénicie 

 ► 

 Judée 

 ► 

 Galilée 

« Mais voici encore une autre étrangeté.

« Aux abords de la quarantaine ... [ puisque la référence néotestamentaire au règne d'Hérode le Grand fait naître le Christ au moins quatre ans avant la date que Denys le Petit fixe au VIe siècle en 754 après la fondation de Rome. ]

« ... son père [ Joseph ] mort, Jésus demeure célibataire, bien qu'il ne soit pas un « nazir » comme Jean le Baptiste. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Jésus et le Précurseur – Le baptême de Jésus [ et ] Un juif de son temps [ avec ] Ses curieux Nazôréens (2011)

Mais un tel déplacement ne devrait pas altéré les motifs symboliques de la trentaine à laquelle s'ajoute les complémentaires de la décade pour la Parousie du « Ta'eb » :

« Aleph » – « Lâm » – « Beth »
=
« 1 » + « 30 » + « 2 »
+
« 8 »
=
« 2024 – 2032 »

Rien à voir donc avec le village de « Nazareth » qui s'écrit au IVe siècle avec un « Tsadé » et qui permet « d'écarter l'une des explications faisant du surnom de Nazaréen un « nazir ».

« C'est bien la racine « netzer » – « bourgeon » ou « rejeton » – qui l'emporte » et qui sert de justification généalogique à l'ascendance davidique du rameau de Jessé.

Le Talmud de Babylone dira de Jésus qu'il a été jeté hors de son sépulcre comme un rejeton « méprisé », « horrible » ou « dégouttant », une « ordure » ou un « avorton » en citant Isaïe – cf. Isaïe XIV 19.

Le rameau des « Jesséens » permet d'expliquer le Nom du messie par une étymologie plus convaincante que le « Ieschoua » de Petitfils qu'il nous présente comme la contraction de « Yehôshoua » pour Josué – « le successeur de Moïse ».

« I H Σ O Y Σ »
=
« 8 8 8 »
=
« 1144 – 2032 »

La signification matthéenne de ce nom est « Emmanuel » pour « Dieu avec nous » et non « YaHWeH sauve » pour « Dieu est le Salut » qui ne renvoi ni aux Juifs ni au Seigneur mais au prophète Isaïe – cf. Mt I 23 + Isaïe VII 14 et VIII 8

Nous qualifions de « Nâzir » les deux témoins de l'Apocalypse – « Nâsiri al-Ḥaqq bi Ḥaqq » pour la prière de l'Ouverture sur le Sceau des prophètes – avec un « Zaïn » ; mais pas le Précurseur – Yaḥya le Vivant – comme le propose Petitfils quand il s'en écarte.

« Plusieurs édifices religieux revendiquent la possession du chef de Jean : en France l'église Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-d'Angély et Notre-Dame d'Amiens, la grande mosquée des Omeyyades à Damas.

« Son corps aurait été retrouvé en 1976 sous le mur Nord de la grande église Saint-Macaire d'Alexandrie. »

Cf. Op. Cit. – Le signe de contradiction – La décollation de Jean le Baptiste (2011)

Cette dissémination induit le « Baphomet » des Templiers décrit comme un biface et que John Charpentier voyait en 1977 comme la charnière du Baptiste et de Mahomet dans une sorte de christianisme quelque peu mahométan.

Pour l'âge du Christ auquel Petitfils attribue allègrement les abords de la quarantaine, il reprend l'évangile de Jean où les Pharisiens lui reproche de n'avoir pas cinquante ans tout en notant qu'il n'est pas né un 25 décembre :

« Dans la liturgie latine, la fête de la Nativité a été fixée conventionnellement à cette date en 354 par le pape Libère, afin de christianiser la fête païenne du solstice d'hiver, ...

« ... celle du Sol Invictus – [ le ] Soleil invaincu – divinité païenne magnifiée par l'empereur Aurélien (270-275), et celle de la renaissance annuelle du dieu indo-iranien Mithra. »

Petitfils qui n'y voit aucune valeur historique ne signale pas le rôle de l'empereur Constantin dans cette convention ni l'origine de son déplacement fixée avec le baptême du Seigneur pour l’Épiphanie du 6 janvier qui caractérise une fête dionysiaque.

Clément d'Alexandrie qui réprouve ce genre d'élaboration situe la naissance du Christ un 17 novembre que le Sanctoral du Missel Romain consacre en 1962 à Saint Grégoire le Thaumaturge – pour mémoire.

   

    

vendredi 16 décembre 2022

Le Phénix en Phénicie

...

« Si Jésus a décidé de rallier rapidement la Galilée, c'est pour assister à un mariage à Cana [ que Petitfils situe ] dans l'ancien territoire de la tribu septentrionale de Nephtali.

« Situé sur la route reliant Sépphoris au lac de Génésareth, ce village fortifié s'étendait sur le versant d'une colline ronde et dénudée, dominant les terres agricoles de la fertile vallée de Beit Netofa, au Wadi Yodefat.

« Le lieu s'appelle aujourd'hui Khirbet Qana [ les Ruines ] et a été vénéré [ ? ] jusqu'au temps des croisés, avant de disparaître. [ ... ] Il faut une puissante imagination pour réaliser qu'une petite communauté juive a vécu là au Ier siècle de [ l'ère chrétienne. ] »

« Deux autres localités sont en compétition pour cette identification : ...

« Qana al-Jalîl [ la Majestueuse ] au Liban, à une quinzaine de kilomètres au Sud-Est de Tyr, qui avait les faveurs de l'historien Eusèbe de Césarée [ que Petitfils ne considère pas comme ] un guide très fiable sur le plan géographique.

« C'est l'antique Qana de la tribu d'Azer. On y a retrouvé des vestiges d'une résidence, avec des tessons et des fragments de jarre.

« Un curieux bas-relief – maladroitement sculpté sur un rocher des environs – représente douze personnages entourant un autre de plus grande taille. Il s'agit vraisemblablement d'une représentation symbolique de la Cène, avec le Christ et ses apôtres.

« C'est assurément la preuve que des chrétiens ont vécu très tôt en ce lieu [ ... ] mais cela ne démontre pas pour autant que ce soit le lieu du miracle [ des noces de Cana. ]

« Jean l'évangéliste – pour sa part – est formel. Il parle de Cana « en Galilée .

« Or, cette région méridionale de Phénicie – le pays de Béchara – n'a rien à voir avec la Galilée [ cananéenne ] [ que Petitfils qualifie de juive ] dont les frontières étaient situées plus au Sud.

« La seconde localité est le village arabe de Kafr Cana [ la Mécréante ] à neuf kilomètres au Nord-Est de Nazareth : entouré d'un joli vallon, où poussent les palmiers, les grenadiers et les lauriers-roses, ...

« ... c'est le Cana des touristes, avec ses deux églises – latines et orthodoxe – ses fausses jarres du XIXe siècle, sa prétendue salle du festin et sa table des noces.

« Au temps de Jésus ce village certes existait. C'était l'ancien Itta Hazim ou Isanna. Il était situé plus à l'Ouest, dans une oliveraie où l'on a trouvé les restes d'une synagogue très ancienne.

« Au IVe siècle [ de l'ère chrétienne ] saint Jérôme [ de Stridon ] n'émet aucun doute sur les lieux qu'on lui montre : « Nous nous rendons à Nazareth... et à peu de distance nous visiterons Cana où l'eau fut changée en vin. »

« L'ennui est que cet endroit semble avoir été choisi lorsque la ville de Tibériade supplanta Sépphoris et que les pèlerins se rendant au lac de Génésareth modifièrent leur itinéraire pour passer par ce village. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Les débuts du ministère public – Cana, en Galilée (2011) [ rendant compte de la thèse de R. Mackowski sur les ruines de Cana ]

Que Jérôme se soit laissé abusé au IVe siècle ou qu'il ait concédé son hypothèse au folklore local, c'est concevable ; mais qu'Eusèbe ne soit pas fiable ne l'est pas.

Quant à la thèse de Mackowski qui flatte le sens commun des théories les plus récentes, elle n'est sans doute que le fruit de cet imaginaire puissant auquel Petitfils se rallie.

« La fête a commencé un mardi – le troisième jour de la semaine – contrairement à l'usage du mercredi, auquel il arrive aux Galiléens de déroger. »

Cf. Idem pour la « Semaine inaugurale » fondée sur la chronologie du quatrième évangile « commençant par le baptême de Jean et se terminant par les noces de Cana. »

Dans ce cas, la coïncidence avec le troisième jour de la Résurrection et avec celui que le Sheykh al-Akbar consacre pour le centre de la Semaine au fils de Marie est patente.

Petitfils note aussi le nombre des jarres – « six » – et leurs contenances – « deux ou trois mesures, soit 360 à 540 [ litres ] en tout » – sur la nature desquels il précise : « des énormes jarres de pierre réservées aux purifications [ ... ] ».

Ce qui reste en rapport avec les jours de la Semaine (6) et avec la durée des temps (360) qui caractérisent le témoignage des deux témoins (3,5) dans les décades (540) d'un cycle de 64.800 lunaisons semblables aux unités de la matrice arithmétique du temps :

« 360 x 3,5 = 1.260 » et « 64.800 / 12 = 5.400 »

Il s'agit du cycle adamantin que nous identifions aux six jours de la Création et à la décade du Phénix aux six mille lunaisons qui s'étend ensuite aux quatre cohortes de six cents ans qui organisent le kali yuga – 64.800 lunaisons sur 5.400 ans pour douze lunaisons par an :

« (36.000 / 12) + (4 x 600) » ou « (2.400 x 12) + (6 x 6.000) »
   

    

mardi 13 décembre 2022

Le puits de Ya'qûb

...

« Pour les Samaritains, la figure de l'Oint du Seigneur est différente de celle attendue en Judée ou en Galilée : ce « Ta'eb » – « Celui qui doit revenir » – ou [ ce ] Restaurateur n'est nullement un messie royal ou guerrier ...

« ... plutôt un prophète ou un docteur, un nouveau Moïse. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – De Samarie en Galilée – Le puits de Jacob (2011) [ où il est question de l'entretient de Jésus avec la Samaritaine ]

Le retour du « Ta'eb » n'est pas celui d'un prophète qui devrait revenir comme aurait pu le croire les Juifs qui interrogent le Baptiste à propos d’Élie mais implique dès l'origine sa Parousie et son eschatologie – cf. Jean I 19 à 28.

Ses dénégations à propos du messie et du prophète qui accompagne cette réfutation en citant le prophète Isaïe qui le désigne comme leur précurseur sont pour l'attente du « Ta'eb » celle des deux témoins dans l'apocalypse de Jean – cf. Ap XI 1 à 4.

« Bientôt les [ Samaritains ] se rendent en grand nombre au puits [ de Jacob ] et, après avoir conservé avec Jésus, le prient de lui faire l'honneur de demeurer chez eux.

« Lui et ses disciples y restent deux jours, le temps pour les Samaritains de se convertir à leur tour. [ ... ] Ainsi ces hérétiques * ont-ils cru [ au Sauveur du monde ] avant les habitants de Judée ! » – Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. (2011)

* Laissons l'anathème à ceux qui le proclament et notons la succession des prédications dans la conversion où les Samaritains précèdent les Juifs.

On trouve chez Luc des indications sur les déplacements du Christ dont l'incongruité pourrait traduire une telle succession – Samarie / Galilée / Judée :

« Or, comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa à travers la Samarie et la Galilée » – cf. Luc XVII 11.

Mais Jean dans son entretien avec la Samaritaine corrige ensuite cette incongruité en replaçant son itinéraire dans sa géographie – cf. Jean IV 3 et 4 :

« [ Jésus ] quitta la Judée et regagna la Galilée. Or il lui fallait traverser la Samarie. »

Puis dans la diatribe qui s'engage avec les Juifs, on lui adresse ce reproche :

« Les Juifs lui répondirent : N'avons nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé ? » – Cf. Jean VIII 48.

Si Jésus s'empresse de répliquer par une dénégation à propos de sa possession démoniaque en se prévalant de sa filiation avec le Père, il ne fait aucune réfutation à propos des Samaritains auxquels on l'associe.

Mais pour Jean – d'après Petitfils – « Il s'agit d'abord de condamner la compromission des habitants de cette région schismatique avec les croyances païennes. »

Or Jésus ne prononce aucune condamnation à l'encontre de la Samaritaine, fut-elle adultère qui renvoie au contraire à la responsabilité d'une telle condamnation vers celui qui par hypothèse n'aurait jamais péché – cf. Jean VIII 3 à 8.

Et Jésus qui se présente aux Juifs comme celui-là qui se croit juste, lui non plus ne la condamne pas – cf. Jean VIII 11.

Il faut comprendre que la Samaritaine et la femme adultère ne sont ici qu'une seule et même personne qui personnifie avec les cinq époux qu'elle délaisse pour son amant la nation toute entière qui réside en Samarie.

Il se peut donc que la pécheresse que Luc associe manifestement à Marie de Béthanie et que Grégoire-le-Grand identifie par conséquent à Marie de Magdala doive être identifiée chez Jean à la Samaritaine – cf. Luc VII 36 à 50 + Jean VIII 3 à 11 et XII 1 à 11.

Contre l'avis du pontife qui en réunis trois et contre la patristique antérieure qui les distingue les unes par rapport aux autres, Petitfils considère au contraire que la pécheresse de Luc est à Béthanie mais qu'elle n'a rien à voir avec la Madeleine.
   

 La pécheresse 

 Marie de Béthanie 

 La reine du Carmel 

 Marie de Magdala 

 La Samaritaine 

   
Si Luc prévaut sur Jean dans l'ordre des prédications et si l'on suit l'avis du Souverain Pontife qui pour nous l'emporte sur toute autre appréhension, toutes ces figures renvoient à la même effigie johannique – celle d'Israël en Samarie :

« En 751 avant [ l'ère chrétienne ] Sargon II avait déporté les Juifs de Samarie et les avait remplacés par des colons venus de cinq villes : Babylone, Kuta, Avva, Hamat et Sepharvayim. » – Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. (2011)

Nous ne croyons guère à un tel remplacement mais il retrace avec le deuxième livre des Rois vétérotestamentaire la déportation des tribus perdues issues de la maison d'Israël par les Assyriens dès le VIIIe siècle avant l'ère chrétienne – cf. 2 R XVII 24-41.

Celles-là mêmes que le prophète Amos récrimine pour leurs infidélités au Dieu d'Israël – cf. Amos V 26 et VIII 14.

Vient ensuite ce que le Christ est supposé dire à la Samaritaine – « le salut vient des Juifs » – et qui reste incompréhensible si on ne l'entend pas comme un engagement du récit johannique dans la prédication judéo-chrétienne qui le précède – cf. Jean IV 22.

D'abord parce qu'on ne saurait dire que les Juifs furent salutaires dans la suite des événements et enfin parce que le salut de toute évidence ne vient que du Sauveur que les Samaritains furent les premiers à reconnaître comme leur premier témoin.

La nuit de Ya'qûb est celle du Jour dominical où aṣ-Ṣakûr – Plein de reconnaissance et de mansuétude / d'indulgence et de gratitude – règne sur la décade en dédommageant les prêteurs dont Il décuple les dons dans Son monde et dans l'autre :

« Acquitte nos dettes – Abba – comme nous acquittons nos débiteurs. »
   

    

vendredi 9 décembre 2022

Le canon de Muratori

...

« Un document capital, le canon de Muratori, datant du IIe siècle [ de l'ère chrétienne ] – comme semblent bien le montrer les dernières recherches – explique les conditions dans lesquelles Jean – « l'un des disciple » – conçut son texte :

« Quand ses condisciples et évêques l'encouragèrent, Jean [ leur ] dit : Jeûnez avec moi trois jours à partir d'aujourd'hui et ce qui sera révélé à chacun de nous, nous le raconterons.

« Cette nuit-là, il fut révélé à André – l'un des apôtres – que tous devraient [ ... ] réviser [ le texte ], mais que Jean – en son nom propre – devrait tout écrire...

« [ Jean * ] affirme être non seulement un témoin oculaire et un auditeur, mais aussi celui qui a écrit dans l'ordre toutes les merveilles que fit le Seigneur. »

* C'est Petitfils qui interprète en attribuant au disciple ce qui appartient au locuteur.

[ « Parfois daté du IVe siècle en Orient, ce document daterait en réalité du IIe siècle et aurait été composé en Occident. » ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Prologue (2011)

« Avant d'être d'être incorporés dans le canon de l’Église au IVe siècle – concile de Laodicée vers 360, lettre d'Athanase en 367, concile d'Hippone en 396 – ...

« ... [ les « quatre livrets évangéliques » ] étaient considérés comme des textes sûrs dès le IIe siècle par le canon de Muratori (vers 150-170) et par Irénée * – évêque de Lyon – mort martyr [ et ] auteur de « Contre les hérésies » (vers 180). »

* Qui les mentionne dans leur ordres canoniques : Jean après les trois synoptiques.

Cf. Op. Cit. – Les sources extérieures – Les évangiles apocryphes (2011)

« Des textes anciens jettent un éclairage sur la façon dont Jean a composé son texte. Le premier est le canon de Muratori, du nom de ce savant italien du XVIIIe siècle – Ludovico Antonio Muratori – qui l'a découvert.

« Rédigé en latin au VIIe siècle, les chercheurs ont établi que c'était la traduction d'un original – malheureusement tronqué – datant des environs de l'an 150 :

« [ ... ] Le quatrième évangile – celui de Jean – l'un des disciples. » [ Idem au Prologue ]

« Clément d'Alexandrie rejoint le canon de Muratori : « Voyant que les autres avaient seulement relaté les faits matériels, Jean – le dernier [ des quatre ] encouragé par ses amis et divinement inspiré par le Saint-Esprit, écrit l'évangile spirituel. » [ ... ]

« Semblable écho se retrouve chez Épiphane, un contemporain de saint Jérôme : Jean refusa d'abord de l'écrire, mais fut contraint de la faire par le Saint-Esprit. Tout cela tend à prouver que le quatrième évangile est une œuvre à la fois individuelle et collective. » [ ... ]

« Le canon de Muratori – observe John A. T. Robinson, décrivant l'origine de l'évangile – ne suggère aucune date, mais présuppose que les « compagnons-disciples » de Jean – y compris André – sont toujours en vie et avec lui ; il s'oppose donc à une date tardive. »

[ Petitfils le situe entre 65 – « la mort de Pierre, supplicié par ordre de Néron » – et 94 – Jean « fut exilé dans l'île de Patmos » où il rédige ou achève son apocalypse – mais l'imagine à une époque où le rédacteur se confond avec le Presbytre de Papias – Marc : ]

« Ce qui précède [ ... ] n'est qu'une hypothèse. De nombreux auteurs assignent à l'évangile de Jean une date plus tardive [ après 70 ou vers 65 ] et un lieu de composition à Éphèse [ dont Petitfils suppose l'ébauche à Jérusalem avant 65. ]

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Jean l'évangéliste, témoin de l'Histoire – Date et origine de l'évangile de Jean [ et ] Les deux éditions d’Éphèse (2011)

Nous proposons la huitième décennie – après l'apocalypse de l'Apôtre dont les dédicaces introduisent un antagonisme entre Judéo-chrétiens et Hellèno-chrétiens pour leur proposer sa théologie comme synthèse avant l'exil à Patmos du Théologien.

   

    

mercredi 7 décembre 2022

Le signe de Jonas

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« Au cours du séjour de Jésus en Galilée [ en 31 ] une délégation de sadducéens et de pharisiens est venue à sa rencontre, comme une autre naguère avait été envoyée à Jean le Baptiste. Ils lui demandent d'accomplir devant eux un signe du Ciel.

« Jésus leur répond sévèrement qu'à cette génération mauvaise et adultère il ne sera donné d'autre signe que celui de Jonas, ...

« ... avant de leur tourner le dos et de recommander à ses disciples de se méfier du « levain des pharisiens et des sadducéens » – cf. Mt XVI 1 à 6.

« Le livre de Jonas – du nom d'un petit prophète de royaume du Nord [ qui aurait ] vécu au temps de Jéroboam II [ ... ] – est habituellement daté du Ve siècle avant [ l'ère chrétienne. ]

« C'est un un conte populaire, inspiré d'une fable grecque mettant en scène Héraclès [ Hercule ] : ayant désobéi à l'ordre divin d'aller prêcher le repentir aux habitants de Ninive, capitale de l'empire assyrien, Jonas s'est enfui sur un vaisseau.

« Mais une tempête survient. Pour l'apaiser, l'équipage jette Jonas par-dessus bord. Il est avalé par un monstre marin, dans les entrailles duquel il passe trois jours et trois nuits à prier et chanter les louanges du Seigneur.

« Le gros poisson finit par le régurgiter. Il gagne la terre ferme et part cette fois porter la Parole de Dieu à la grande cité païenne.

« Jésus utilise l'anecdote pour évoquer sa mort et sa résurrection « au troisième jour », signe de la toute-puissance de Dieu et de sa sollicitude envers son envoyé. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Le signe de contradiction – Les sadducéens (2011)

« Un autre dieu aussi [ autre que Baal et Achera ] a son temple à Tyr, Melkart – autrement dit Héraclès – en l'honneur duquel on célèbre des jeux quinquennaux. »

Cf. Op. Cit. – De Jérusalem au ministère postgaliléen – Jésus en Phénicie (2011)

« ... le tétradrachme de Tyr [ en usage à Jérusalem ] était gravée d'une figure du dieu syrien Melkart – Héraclès. »

[ « Tout israélite de sexe masculin âgé de trente ans et plus devait payer entre le 15 d'Adar et le 1er de Nisan (mars-avril) un demi-shekel au titre d'impôt du Temple.

« Le versement se faisait impérativement en ancienne monnaie tyrienne, qui n'avait plus cours depuis l'occupation romaine... » ]

Cf. Op. Cit. – Jérusalem et le ministère judéen – Les marchand du Temple (2011)

Hercule et ses douze travaux étaient déjà en rapport avec les coordonnées spatio-temporelles de la méditerranée dont les repères géomythiques étaient centrés sur l'oasis d'Amon dans le désert libyen. Et il en va de même pour la fable de Jonas.

Le monstre marin est mis en rapport avec la bête du treizième chapitre de l'Apocalypse du corpus johannique et le séjour de Jonas dans ses entrailles avec son chiffre (666) et avec la Sagesse du dénombrement – cf. Ap XIII 17 et 18.

Certes, la durée de ce séjour fut mis en relation avec celui de Jésus au tombeau et avec la Résurrection du troisième jour dans son microcosme qui entretient un rapport symbolique avec sa Parousie dans le macrocosme.

Mais il faut noter que c'est le nombre des phases (3) qui s'étendent de la veille du Sabbat à l'aurore du Jour dominicale en correspondant au nombre des jours (3) et à celui des nuits (3) tandis que le troisième jour de la Semaine est celui du Mardi.

C'est donc bien le nombre des phases (6) caractérisées par l'alternance des jours et des nuits qui est ici en rapport avec celui les jours de la Semaine et de la Création (6) entre deux Sabbats, semblables aux branches d'un chandelier (6) autour d'un tabernacle.

Et c'est le nombre de ces phases (6) qui correspond alors à ceux du chiffre de la bête (666) dans les dénombrements de la Sagesse comme étant ceux des deux témoins et du Seigneurs de la Terre qui est le Roi du Monde pour la tradition orientale – cf. Ap XI 4 :

« ... car c'est un chiffre d'homme et son chiffre est Six cents Soixante [ et ] Six. »

« Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent
devant le Seigneur de la Terre. »

Apocalypse XIII 18 et XI 4

Cette imagerie biblique se heurte toutefois à sa précision : leurs témoignages font deux fois « 630 » qui s'expriment en nombre de jours (1.260), en nombre de mois de trente jours (42) ou en nombre de temps de douze mois (3,5) comme autant d'années :

« 630 x 2 = 1.260 = 42 x 30 = 12 x 30 x 3,5 = 3,5 x 360 »

Et le règne du Seigneur de la Terre n'est de Six cents ans (1260-1860) qu'à deux unités près (1858-1860) déplacées soixante ans plus tard (1920-1922) avec Ungern-Sternberg (1920-1921) et Enver Pacha (1921-1922) – deux étoiles vers l'Orient.

La suite de la prophétie appartient à la fin des temps apocalyptiques et aux temps de la fin pour l'Orient que la Rose+Croix des rosicruciens (1244-1964) et le Sacré-Cœur des jésuites (1313-2033) enchaînent au XVIIe siècle entre 1604 et 1673 :

« 2 x 360 = 720 » [ et ] « 3 x 120 = 360 »

Les sceaux de nos deux témoins se succèdent à partir de la naissance du Christ jusqu'en 1800 sur la même périodicité (600) que le règne du Seigneur de la Terre rend conforme au signe de Jonas à l'exception notable de la Conformation de l'Alter-Christus en 1224.

Slimane Rezki signale dans son étude sur l’œuvre de René Guénon que la fin du califat ottoman et celle du Bogdo Khan à Urga coïncident sept cents ans plus tard d'une façon étrange mais non sans rapport avec la chute du sultanat moghol en 1858.

La période qui sépare ces événements remarquables (1858-1924) est alors de Soixante et Six ans. C'est ici la Sagesse : que celui qui écoute et qui entend dénombre le siècle de la bête à la fin du kali yuga (2.592) et le retranche de la quarantaine de Seth (1992-2032).

Car ce que la Rose+Croix et le Sacré-Cœur de Jésus comptent par groupe de « 120 » dans leurs miroirs magiques pour les temps de la fin, la bête le compte par siècle (100) et celui-là lui appartient.