dimanche 5 avril 2020

La bienheureuse lumière d'Irlande

Pour la cinquante-et-unième semaine sidérale :
  
Quand nous fûmes dans les embruns de Walsor
Guidé par la contemplation de l’orante
Pourquoi te fis-tu si ténébreuse
Oh bienheureuse lumière d'Irlande ?
  
Étendons les métamorphoses des deux derniers avatars de Vishnu à partir du neuvième d'entre-eux : celui du Bouddha dans le ciel de Budha qui est le Mercure oriental et qui correspond au génie de la Médecine.
  
La Médecine est personnifiée par Esculape dans la mythologie grecque et se présente parfois comme un art libéral qui la mettent en rapport avec la Musique dans la sphère de Mercure qui correspond au Mercredi pour ce fils d'Apollon.
  
Par rapport à la décade du damier qui est aussi celle des avatars de Vishnu, la Tour est une représentation de cet avatar qui correspond à l'arcane du Jugement et le Roi, une représentation de l'arcane du Fou – celle de Sri Matsya pour le fou du Roi.
  
Le Sheykh al-Akbar met en correspondance 'Isâ ibn Maryam (sws) avec le ciel diurne de Mercure qui est aussi le jour de la Lumière – yawm an-Nûr – au centre de la semaine par rapport au premier d'entre-eux sur le pôle dominical.
  
Le pôle dominical qui est aussi le huitième jour de la semaine pour la tradition irlandaise est le jour de l'Unique – yawm al-Aad – dans la sphère du Soleil dont le ciel diurne est investi par Idrîs – une représentation sapientiale du Trismégiste.
  
Le Trismégiste apparaît comme le Trois fois Grand pour la tradition égyptienne que nous faisons correspondre avec ses hypostases dans le panthéon de ses divinités au Thot égyptien, à l'Hermès grec et au Mercure romain pour le même avatar.
  
Par rapport au plérôme des sagesses prophétiques de l'Imâm du Tawîd qui sont celles du Noble Coran, les trois hypostases du Trismégistes sont celles du Thot égyptien, de l'Hénoch biblique et de l'Idrîs coranique pour la Très-Sainte Sagesse de son Verbe.
  
Ces triades sont celles de la résurrection du Christ qui correspondent pour la Semaine Sainte avec les trois jours du Phénix aux six mille lunaisons qui ressuscite tous les cinq cents ans et avec les trois premiers jours du neuvième mois de la décade.
  
Les trois jours qui s'ouvrent avec le Sabbat au crépuscule du sixième jour de la semaine – le soir du yawm al-Jumu'a – aboutissent dès l'aurore au Lundi de la Catabase qui préfigure avec sa descente au royaume des morts la résurrection du cycle estival.
  
Ces trois jours ne comprennent que cinq phases – trois phases nocturnes et deux phases diurnes – qui sont en correspondances avec les cinq jours complémentaires du Solstice d'hivers qui se trouvent en dehors des douze mois de trente jours.
  
On ne distingue pas pour eux le régime biphasé – nocturne et diurne – qui est celui de la décade aux six cents phases durant trois cents jours et le régime monophasé qui est celui des nuits du Janus de janvier pendant ses soixante jours.
  
Les soixante jours qui précèdent le Solstice d'hivers préfigurent d'une certaine façon les soixante nuits du Janus et les trente-six jours qui précèdent l'Équinoxe du printemps, les trente-six semaines du cycle estival.
  
De même, les deux jours complémentaires qui se trouvent entre le Solstice d'hivers et la première nuit du Janus préfigurent-ils à leur manière les deux jours bissextiles qui apparaissent avec l'Équinoxe du printemps dans le cycle du Phénix.
  
Son règne interne qui irradie au centre de la nature ne nous apparaît pas comme celui d'Esculape ou de Quetzalcóatl dans l'espoir de lui être exhaustif mais pour indiquer le caractère universel de ses métamorphoses que nous reproduisons sur son axe.
  
Ce qui est vrai pour le neuvième avatar l'est aussi pour le suivant qui apparaît à la fois comme le Sceau des prophètes et comme le Cheval blanc – le Premier des quatre pour l'Apocalypse de Jean et Celui des quatre pour les fils émondés.
  
Le dernier avatar doit apparaître ici comme la monture du premier que les quatre fils Aymon identifient à la demeure du Soleil dans la chambre d'ambre qui est aussi le gîte du Lion et le maqâm du Christ ressuscité dans la sphère dominicale.
  
Les deux cavaliers qui chevauchent le cheval Bayar pour la milice du Temple ne sont pas seulement les récipiendaires de la tonsure et de l'épée qu'on leurs attribue dans les ordres chevaleresque et religieux mais aussi les figures du dernier avatar qui scelle leur décade.
  
D'autant que l'iconographie sigillaire ne confirme pas vraiment notre première interprétation : les deux cavaliers apparaissent identiques, parés de piques, d'heaumes et d'écus croisés avec parfois une épée qui se confond à l'étrier.
  
Les dix avatars ont aussi quatorze éons secondaires dont les nombres sont alors semblables aux vingt-quatre prophètes coraniques auxquels on ajoute un premier calife et deux autres prophètes qui scellent leurs vingt-sept sagesses.
  
Quand Sri Kalki s'identifie à sa monture, le chevalier Bayar se dédouble dans ces deux cavaliers qu'on représente ici par Khâlid et par Muammad (sws) dont le premier eut été prophète comme le second si son peuple ne l'avait pas rejeté.
  
Ce qui donne à la milice du Temple cet aspect eschatologique qui compense quelque peu son anomalie avec la confusion des genres du soldat et du religieux qu'on reproche aussi parfois à l'islam comme celle du spirituel et du temporel.
  
À tort en principe parce qu'il y a bien un ordre qui les distingue et qui les ordonne en son sein mais non sans une certaine réalité cependant et toujours plus pesante au fur et à mesure que le temps s'accomplit dans la décente du cycle où tout s’appesantit.
  
C'est le propre de cet avatar et de son soutien universel que de mêler dans son breuvage la douceur du lait qui est une image maternelle de sa grâce incomparable et la force du miel qui est celle d'un Soleil précipité dans la mer.
  
Certes, la milice du Temple ne fut jamais mahométane et sur le même Cheval elle a pu voir Jésus et Jean passant du Précurseur au Théologien, le Christ se faisant l'axe de ce roque johannique qui s'opère entre les solstices.
  
Or, le Théologien est d'une certaine façon un prophète qui annonce Mahomet à la suite du Christ comme un second témoin ; et comme le Précurseur annonce le Messie d'Israël, ce témoin introduit dans son témoignage celui de sa parousie.
  
  
  
  

mercredi 1 avril 2020

Le théâtre de la mémoire

Pour la cinquantième semaine sidérale :
  
« Voilà ce qui fit de l'image de Rome au XVIe siècle une arme pour la Contre-Réforme grâce à laquelle les papes maintenaient leur emprise sur la ville dans ses deux dimensions : l'euphorie de l'horizontal et les enjeux du vertical.
  
« La première dimension est celle des fêtes, des processions et des cortèges qui, à l'occasion des grandes canonisations notamment, produisent une discipline de l'espace.
  
« Les papes entreprennent toutefois un double déchiffrage simultané de Rome : par la surface, donc, mais aussi par les profondeurs. Au XVIe siècle, c'est l’Église qui entreprend d'investir et de fouiller l'infra-Rome.
  
« Elle ouvre la grande bataille des origines, inventant – [ ... ] – les catacombes pour y faire l'inventaire des persécutions. Une épaisse couche de martyrs – [ 10.202 aux thermes de Dioclétien ] – fonde le socle géologique d'une histoire sédimenté.
  
« Les églises se construisent sur et dans les temples. Ainsi la Contre-Réforme met-elle en scène ce dispositif visuelle par lequel se manifeste la chirurgie spatiale de Sixte Quint :
  
« Rome doit cesser d'être cet amas étouffé dans la boucle du tigre pour déferler sur les espaces vides et s'étaler à l'air libre. Mais elle doit aussi partir à la conquête des airs, dominés par ces poteaux cosmiques que sont les colonnes de Trajan ou de Marc Aurèle.
  
« Il s'agit d'unifier verticalement l'espace sacré en redressant des obélisques aux endroits clefs de la ville. Comme l'écrit Gérard Labrot [ en 1987 ] Sixte Quint construit littéralement le ciel de Rome.
  
« Ce discours ascensionnel s'exprime aussi dans les églises, des catacombes aux coupoles : une apothéose. »
  
Cf. Patrick Boucheron (2019) – La Trace et l'Aura. Vies posthumes d'Ambroise de Milan Anamnèses ambrosiennes – Ministère de la gloire. Le dernier des nouveaux AmbroiseUn nom historié, Charles Borromée
  
« Sans doute était-il désormais illusoire, à l'heure de la diffusion imprimée des livres, de prétendre maîtriser le corpus des écrits et des références ambrosiens.
  
« Au même moment paraissaient les premiers volumes des œuvres complètes d'Ambroise de Milan [ 1579 – 1587 ] [ six tomes en trois volumes ].
  
« Mais ils étaient imprimés à Rome, et leur maître-d'œuvre était Felice Peretti, cardinal de Monte Alto, qui à la fin de cette grande entreprise érudite et éditoriale devint pape sous le nom de Sixte Quint [ 1585 – 1590 ]
  
« [ Celui là-même qui ] entreprit de réaliser la grande scénographie urbaine dont Gérard Labrot fut l'historien » – cf. L'image de Rome. Une arme pour la Contre-Réforme [ 1534 – 1677 ].
  
Cf. Patrick Boucheron (2019) – op. cit. ibidem – Souviens-toi : la ville est le théâtre baroque de la mémoire
  
« En 1580, le cardinal Felice Peretti demande à Charles Borromée qu'il lui envoie à Rome un portrait d'Ambroise afin que sa « vraie effigie » puisse orner le frontispice du premier tome de ses œuvres complètes, qui était alors sous presse.
  
« Il insiste pour qu'on lui trouve une représentation équestre. L'archevêque de Milan résiste : il n'existe pas de représentation « authentique » d'un Ambroise à cheval.
  
« Il lui en envoya une autre, que le futur Sixte Quint jugea « vraie » et « authentique », parce qu'il y reconnaissait les traits d'Ambroise, « de son vivant ».
  
« Mais à quoi ou à qui ressemble un portrait que l'on dit ressemblant alors qu'on n'a jamais vu le visage de celui qu'il représente ? » – cf. Hans Beling. Blason et portrait. Deux médiums du corps. Pour une anthropologie des images (2004).

[ « Au nom de quoi peut-on dire d'un portrait qu'il est ressemblant, alors que l'on ne connaît pas le visage de celui qu'il représente ? » ]

Cf. Patrick Boucheron (2019) – op. cit. ibidem – La cathédrale, l'empereur chassé du chœur et la barbe d'Ambroise Ce qui rend Ambroise vivant ]
  
« La seule contribution milanaise à la publication des Opera omnia du Père de l’Église universelle fut donc l'envoi en 1580 de la « vrai effigie » d'Ambroise au cardinal Peretti, insérée en frontispice de tous les volumes imprimés.
  
« En la recevant, Felice Peretti écrivit à Charles Borromée pour lui faire part de son enthousiasme : Il me semble qu'Ambroise ne pouvait être autrement qu'ainsi, visage redoutable et vénérable, effrayant pour les Rois et les Empereurs.
  
« Je l'ai fait voir à de nombreux seigneurs, tous en furent très édifiés, et pensent qu'il ne peut y avoir d'autre effigie que celle-ci.
  
« Dans cette lettre, le cardinal décrivait parfaitement l'image que Charles Borromée se faisait d'Ambroise – une image qui était, là aussi, une arme pour la Contre-Réforme. »
  
Cf. Patrick Boucheron (2019) – op. cit. Ibidem – Voir enfin son vrai visage