Pour la trente-deuxième semaine sidérale :
En
relisant l'étude que le Sheykh abd al-Razzâq Yaḥyâ consacre au
bouddhisme et au christianisme dans l’œuvre de René Guénon, il
nous apparaît qu'on ne peut pas considérer le bouddhisme comme une
forme de l'hindouisme.
Que
ce soit sous la forme d'une adaptation cyclique ou comme une
dégradation générale de la tradition primordiale à l'approche du
kali yuga, le bouddhisme apparaît comme une expression orientale de
la tradition hermétique.
C'est
la raison pour laquelle, Guénon n'a jamais pu l'intégrer comme
telle en partant du Vedanta et pour laquelle il a fini par l'aborder
en la comparant avec le christianisme comme le fait remarquer le
Sheykh abd al-Razzâq.
Certes,
le plérôme des dix avatars de Vishnu permet le cas échéant
d'intégrer le Bouddha, le Sceau des prophètes et le Christ de la
Parousie à la suite de Sri Krishna en vue d'un renouvellement du
manvantara dans la trame du kalpa.
Mais
c'est aux avatars du Trismégiste qu'il faut comparer le Bouddha ;
que ce soit sous la forme originelle de ses divinités – Thot /
Hermes / Mercure – ou du point de vue des sagesses prophétiques –
Thot / Hénoch / Idrîs.
Ou
encore sous la forme de ses manifestations successives dont Esculape, le Bouddha ou Quetzalcóatl sont les représentations les plus évidentes pour les
deux continents – en Occident comme à l'Orient.
C'est
à ses triades que nous devons probablement celles du kali yuga –
pythagoricienne / chrétienne / akbarienne / aḥmadienne
/ orientale – où nous retrouvons deux témoins – le Messie et le
Sceau des prophètes – parmi les onze sceaux qui les accompagnent.
Rappelons
que ces deux témoins sont ceux de l'Apocalypse Saint-Jean et que les
cinq triades du kali yuga ont ce nombre de sceaux parce que quatre
d'entre-eux – Grégoire le Grand / Jésus / Muḥammad / le Sheykh
al-Akbar – occupent deux d'entre-elles.
Nous
avons fragmenté le prisme de leur figure originelle pour chacune des
quatre parties du Sous Continent – Pythagore / Zoroastre / Bouddha
/ Lao-Tseu – mais nous ne l'avons pas établie en dehors de sa
première triade – celle de Pythagore.
Ces
fragments de la figure originelle du kali yuga appartiennent en effet
au dvapara yuga où le Bouddha apparaît comme le dernier de ses deux
avatars – avec Sri Krishna – dans le plérôme des dix avatars de
Vishnu.
Ce
que nous avons théorisé pour la triade orientale a prit l'apparence
du bouddhisme mahâyâna et garde à bien des égards la forme
originelle de cette fragmentation ; mais il serait tout fait
injuste de ne pas y retrouver les gemmes du mazdéisme et du taoïsme.
Il
est sans doute impossible de déterminer les manifestations
successives du Trismégiste dans son foisonnement originelle
et Guénon ne se trompe pas quand il sollicite la figure du Christ
pour y retrouver celle du Bouddha.
Nous
y avons vu des dioscrures – celles de Rimbaud [ et ] Baudelaire pour
l'homme aux semelles de vent – là où le Sheykh al-Akbar voit
venir vers lui les poètes comme la lumière d'un Soleil qui peut
être celle d'Hermès ou celui du Christ.
Et
d'autres – comme la Pucelle de Domrémy dont les prérogatives ont été mentionnées par Michel Valsan – ce sont saisis d'un
bâton pour en faire leur sceptre et leur caducée en admonestant
l'impie pour administrer la Justice.
Le
Sheykh abd al-Razzâq cite à la fin de son étude sur le bouddhisme et le christianisme une note de René
Guénon qui résume de notre point de vue tout ce qui précède :
« Peut-être
faut-il voir là l'origine de la méprise que commettent certains en
considérant Buddha comme le neuvième avatâra de Vishnu ; il
s'agirait en réalité d'une manifestation en rapport avec le
principe désigné comme le Budha planétaire [ Mercure ] ;
[ ... ]
« [
... ] en ce cas, le Christ solaire [ le Soleil de Justice ] serait
proprement le Christ glorieux, c'est-à-dire le dixième avatâra [
Sri Kalkî ], celui qui doit venir à la fin du cycle. »
Curieusement,
le Sheykh abd al-Wâḥid omet le Sceau des prophètes dans son plérôme et sa considération désigne pour le Sheykh abd al-Razzâq le Christ
historique qu'ils mettent à la place du Bouddha Shakyamuni.
Cette
omission et cette substitution ne peuvent s'expliquer que par la
loyauté de René Guénon à l'égard du Védanta dans un contexte
inédit dont Charles-André Gilis fait état dans son opuscule sur la
Maison du Prophète :
« La
pierre d'achoppement est, comme toujours, la multiplicité et la
coexistence actuelle des diverses religions et formes
traditionnelles, qui est sans précédent. »
Pour
nous, le Christ historique n'a pas sa place dans la triade orientale
et le Sceau des prophètes qui se trouve au centre de la triade
akbarienne et à l'origine de la triade aḥmadienne
apparaît « à la fin du cycle ».
Le
Christ historique est à l'origine de la triade chrétienne et de la
triade akbarienne ; mais le Soleil de Justice n'est pas le
dernier avatar de Vishnu. C'est le retour du premier au début du
manvantara – le Mat de Sri Matsya.
Le
bodhisattva Maitreya qui caractérise le perpétuel devenir du
Bouddha, ne correspond pas non plus au « Bouddha du cycle
futur » qui désigne le bouddha Amithaba dans la Lumière
infinie de Vajradhara – son Esprit / Rûh min Huwa.
« L'hermétisme
est une tradition d'origine égyptienne, revêtue d'une forme
grecque,
et
qui fut transmise au monde chrétien par l'intermédiaire des
Arabes. »
Denys
Roman cité par Charles-André Gilis
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