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Retour vers la demeure des haltes
Pour
la demeure sabbatique du premier jour complémentaire
qui apparaît
avant le Jour de la détermination
avec les portes solsticiales
antérieures
entre la décade des mois synodiques et les soixante
jours du Janus :
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« Quant aux Yézidis, on en aura une idée passablement différente de celle que donnait la conférence dont nous avons parlé dernièrement dans nos comptes rendus des revues [ en ] novembre : ...
« ... ici, il n’est plus question de « Mazdéisme » à leur propos et sous ce rapport du moins, c’est sûrement plus exact ; ...
« ... mais « l’adoration du diable » pourrait susciter des discussions plus difficiles à trancher et la vraie nature du « Malak Tâwûs » demeure encore un mystère.
« Ce qui est peut-être le plus digne d’intérêt à l’insu de l’auteur qui malgré ce qu’il a vu se refuse à y croire, c’est ce qui concerne les « sept tours du diable » centres de projection des influences sataniques à travers le monde ; ...
« ... qu’une de ces tours soit située chez les Yézidis, cela ne prouve d’ailleurs point que ceux-ci soient eux-mêmes des « satanistes » mais seulement que comme beaucoup de sectes hétérodoxes, ils peuvent être utilisés pour faciliter l’action de forces qu’ils ignorent.
[ Hétérodoxie qui était le propre des Jaïnas, des Bouddhistes et des Mazdéens que les Druzes et les Yézidis viennent rejoindre ici dans cette catégorie. ]
« Il est significatif à cet égard que les prêtres réguliers yézidis s’abstiennent d’aller accomplir des rites quelconques dans cette tour tandis que des sortes de magiciens errants viennent souvent y passer plusieurs jours ; ...
« ... que représentent au juste ces derniers personnages ?
[ C'est une pratique à laquelle le Sheykh al-Akbar allait lui-même se consacrer au cimetière de Séville où sont enterrés les derniers disciples de Priscilien (+ 385). ]
« En tout cas, il n’est point nécessaire que la tour soit habitée d’une façon permanente si elle n’est autre chose que le support tangible et « localisé » d’un des centres de la « contre-initiation » auxquels président les « awliyâ ash-Shaytân » ; ...
« ... et ceux-ci par la constitution de ces sept centres prétendent s’opposer à l’influence des sept « Aqtâb » ou « Pôles » terrestres subordonnés au « Pôle » suprême bien que cette opposition ne puisse d’ailleurs être qu’illusoire, ...
« ... le domaine spirituel étant nécessairement fermé à la « contre-initiation ».
Cf. Compte-rendu de René Guénon du livre de William Buehler Seabrook sur ses « Aventures en Arabie » (1927) sous le Voile d’Isis de janvier 1935
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« À propos de la contre-initiation, je pense que vous avez vu ce que j’ai écrit l’an dernier sur les « sept tours du diable » dans le compte rendu du livre de Seabrook où il est question de celle qui se trouverait chez les Yezidis – c’est à dire [ en ] Irak.
« Pour les autres, on parle de certaines régions situées vers les confins de la Sibérie et du Turkestan ; ...
« ... il y a aussi la Syrie avec les Ismaéliens de l’Agha-Khan et quelques autres sectes assez suspectes ; ...
« ... puis le Soudan où il existe dans une région montagneuse une population « lycanthrope » d’une vingtaine de mille individus – je le sais par des témoins oculaires ; ...
« ... plus au centre de l’Afrique du côté du Niger se trouve la région d’où venaient déjà tous les sorciers et magiciens de l’ancienne Égypte – y compris ceux qui luttèrent contre Moïse ; ...
« ...il semble qu’avec tout cela on pourrait tracer une sorte de ligne continue, allant d’abord du Nord au Sud puis de l’Est à l’Ouest et dont le côté concave enserre le monde occidental.
« Naturellement, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’autres centres plus ou moins importants en dehors de ces lignes ; ...
« ... vous parliez de Lyon et il y a sûrement aussi quelque chose en Belgique. »
Cf. Lettre de René Guénon à Vasile Luvinescu du 19 mai 1936
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« [ Les tours ] semblent plutôt disposées suivant une sorte d’arc de cercle entourant l’Europe à une certaine distance : ...
« ... une dans la région du Niger d’où l’on disait déjà au temps de l’Égypte ancienne que venaient les sorciers les plus redoutables ; ...
« ... une au Soudan dans une région montagneuse habitée par une population « lycanthrope » d’environs 20.000 individus – je connais ici des témoins oculaires de la chose ; ...
« ... deux en Asie Mineure, l’une en Syrie et l’autre en Mésopotamie ; ...
« ... puis une du côté du Turkestan où il y a des choses aussi « mêlées » qu’en Syrie en bon et en mauvais ; ...
« ... il devrait donc y avoir encore deux plus au Nord vers l’Oural ou la partie occidentale de la Sibérie mais je dois dire que jusqu’ici je n’arrive pas à les situer exactement. »
Cf. Lettre de René Guénon à Marcel Clavelle du 25 mars 1937
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Les Yézidis doivent bien avoir un rapport avec les gnoses mazdéennes – ce qui les rapproche plus des « ahl al-Ḥaqq » que des Druzes – et les vestiges de leur tour pouvaient bien exister en 1924 plus ou moins conservés.
Ces tours recelaient la dépouille des défunts offerte aux vautours, ce qui devait sûrement leur valoir une réputation funeste que certains gnostiques affrontaient dans leurs mortifications méritant au moins pour ça le nom désobligeant des « Malâmatis ».
Que les gens du Blâme qui désigne chez l'Imâm du Tawḥid la catégorie initiatique la plus éminente soient qualifiés ici de « magiciens » ne manque pas d'une certaine saveur, le reste relevant de l'imagination fertile et paranoïde de l'inquisiteur.
Rappelons à ce propos que l'écorce, la pulpe et le noyau du fruit correspondent à la « sharîya », à la « tarîqa » et à la « ḥaqîqa » du « tasawwûf » et que seule la « ḥaqîqa » est le domaine réservé d'une élite initiatique – celle de la « khalwa ».
Le fait de fréquenter les « turuq » pour approfondir une spiritualité dans le cadre des règles religieuses n'a rien d'extraordinaire. C'est plutôt s'en tenir à la seule apparence juridique de ces règles qui ne serait être tenue pour une norme religieuse.