...
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vers la demeure des haltes
Pour
la demeure du premier jour qui succède à la nuit
au premier
mois de la décade :
●
Message
du Maître des abeilles
I
I . I
I . I . I
I I I I
Le
centre de la décade laisse apparaître trois loges hexagonales
[
dans le monde des formes – elles ne sont que trois ]
Des alvéoles émanent trois rais de
lumière
sous l'arche des étoiles
[ dans le monde des présences –
elles sont quatre ]
Aux portes solsticiales de la première
triade
se tient Notre-Dame
●
Zeus
[
le Voyant qui gronde fort ]
accepta
que sa fille
[
la belle Perséphone ]
de
chaque année qui tourne
passe
la troisième partie dans la brume obscure
[
au séjour d'Hadès le Maître du large accueil ]
et
les deux autres près de sa mère
[
Déméter aux fines chevilles ]
[
auprès ] des dieux qui ne meurent pas.
●
Hymne
homérique (II) pour Déméter
– Maîtresse des saisons –
de
quatre cent nonante cinq vers
dont nous n'en citons que trois
(445
– 447)
pour les trois saisons de l'année
Justice
Paix &
Concorde
mais un autre (XIII) en fabrique trois
à partir des
deux premiers vers et de l'antépénultième
(493)
●
Je
chante d'abord Déméter
déesse
aux beaux cheveux
On
la craint
Je
chante [ aussi ] sa fille
la
belle Perséphone
Réjouis-toi
déesse
Sauve
cette ville [ Éleusis ] et guide mon chant
●
« Jean
de Bernières (+ 1659) naît [ en 1602 ] dans une grande famille
normande fort pieuse : son père, trésorier général des
finances fonde pour sa fille Jourdaine le couvent des Ursulines de
Caen. »
« Jean
s'engage dans la Compagnie du Saint-Sacrement de Caen fondée en 1644
par Gaston de Renty (+ 1649) : Ce grand seigneur était passé
des armes et des sciences à l'oraison et à l'exercice de la
charité.
« La
Compagnie avait pour but de rassembler les chrétiens pour s'aider
les uns les autres vers la perfection et travailler ensemble au
service des pauvres. Devenu le bras droit de Renty, Bernières lui
succède en 1649. »
Mais
surtout, il fait partie du Tiers Ordre franciscain laïc : il
reste engagé dans le monde tout en menant une vie consacrée à
l'oraison. »
« Il
soulage la misère autour de lui par une pratique intense de la
charité. » [ ... ]
« Il
contribue toute sa vie à la fondation d'hôpitaux, de couvents, de
missions et de séminaires.
« Avec
le prêtre Jacques Garnier, il fonde à Caen l'Hôpital des Pauvres
Renfermez pour élever les enfants abandonnés ; ...
« ...
avec saint Jean Eudes, une maison pour les femmes repenties. »
« Il
s'associe au projet de Marie de l'Incarnation et de Madame de la
Peltrie qui veulent partir en 1639 en mission de conversion
auprès des Iroquois du Canada : il aide Madame de la Peltrie
dans son procès avec sa famille ; ...
« ...
puis malgré son envie de partir, il reste gérer les ressources pour
les missions du Canada.
« Il
restera en correspondance avec Marie de l'Incarnation pour qui il
éprouve une grande vénération. »
« Même
s'il en fait bon usage, sa fortune lui pèse. Rempli de l'idéal
franciscain transmis par son père spirituel du Tiers Ordre Régulier
Jean Chrysostome de Saint-Lô (+ 1646) il se sent coupable. [ ... ]
« Quand
il veut faire donation de ses biens, sa famille résiste. » [
... ]
« Il
y parvient cependant et passe ses dernières années dans un simple
logis mangeant du pain noir dans de la vaisselle en terre !
« Il
ne vit plus que de ce que lui donne sa famille. » [ ... ]
[
Dans la grande famille des gnostiques, les frères restent des amis,
les amis des compagnons et les compagnons des camarades manifestant
par là des liens d'élection et de solidarité communautaire.
Ceux
là même que l'humanisme de la société des nations et la
citoyenneté de la civilisation veulent défaire en accomplissant
leur révolution. Cette nomenclature indiquent des tonalités dans
leurs filiations et des rivalités dans leurs acceptions. ]
« Sa
charité repose sur une vie spirituelle intense au milieu d'un groupe
d'amis qu'il finit par diriger. Ils ont le désir de se regrouper
dans une maison commune – l'Ermitage – où ils pourront vivre une
vie d'oraison et de charité hors de toute contrainte. »
« À
la porte du monastère [ des Ursulines ] Bernières fait construire
en 1648 une maison pour retraitants. [ ... ] Il parle avec
humour de cet hôpital un peu particulier qui accueille les « pauvre
spirituels. » [ ... ]
« Jean
y accueille ses amis avec simplicité et dans une grande liberté. »
[ ... ]
« Catherine
de Bar – Mère fondatrice des bénédictines du Saint-Sacrement –
témoigne de cette vie érémitique et de son admiration pour
Bernières. » [ ... ]
« Quant
à l'animateur, il reste bien conscient de n'être que l'intendant de
Dieu constatant simplement une communication inexplicable. » [
... ]
« Il
est insensible aux différences sociales. » [ ... ]
« Remplir
cette fonction de directeur lui est une charge. Plein de doutes sur
lui-même, il se demande s'il ne doit pas abandonner » [ cette
charge.]
« Il
suscite pourtant un tel respect qu'il dirige dans toutes les classes
sociales des laïcs et des prêtres, des supérieurs de monastères.
« Il
forme pendant quatre ans à l'Ermitage le futur premier évêque de
Québec – Mgr de Laval.
« Il
initie à l'oraison des dizaines de religieuses en faisant des
conférences au parloir du monastère » [ des Ursulines de
Caen. ]
« Ce
renouveau mystique s'étendra de Caen à Paris par l'intermédiaire
de monsieur Bertot (1681) son ami devenu confesseur de l'abbaye des
bénédictines de Montmartre ...
« ...
puis par [ l'intermédiaire de ] Madame Guyon (+ 1717) la dirigée
laïque de ce dernier qui lira Bernières avec admiration et
retrouvera la même absence de convention pour mener ses amis vers
l'oraison. »
[
Ce mélange de charité et d'oraison cache néanmoins de grandes
confusions entre ésotérisme et exotérisme, spiritualité et
religion, mystique et métaphysique qui conduiront à l'abandon de la
religion du fait de cet envahissement mystique. ]
« Nous
avons heureusement des témoignages écrits de cette vie mythique.
Bernières dictait sur ordre de son confesseur à un prêtre qui
vivait chez lui. Il écrivait aussi beaucoup à ses dirigés. »
[ ... ]
« Compilé
après sa mort, le Chrétien intérieur a été composé
principalement à partir des lettres précieuses pour son entourage :
il n'est donc pas un traité logique ou une méthode d'oraison. »
[ ... ]
« Bien
entendu, Bernières et ses amis sacrifient à la sévérité de la
spiritualité de leur temps : pour participer à la Passion de
Jésus-Christ on se livre à des pratiques que nous n'admirons plus.
[ ... ]
« Car
Bernières a été formé par [ le ] « bon père » Jean
Chrysostome avec une rigueur extrême : ...
« ...
celui-ci avait fondé une « Société de la Sainte Abjection »
dont les membres s'engageaient à être en communion avec la vie de
Jésus et à recevoir les mépris et les persécutions comme la
divine Providence.
« Sous
cette grande ombre, Bernières pourchasse ses imperfections dans les
moindres recoins et s'en angoisse au point de craindre d'être
damné ! »
« Aucune
satisfaction ne doit être donnée à la nature [ humaine ] : il
ne faut jamais la satisfaire si peu que ce soit.
« Mais
la raison de cette rigueur est beaucoup plus profonde que des
outrances ou un masochisme qui ne sont plus de notre époque :
...
« ...
[ c'est ] la grâce qui est pour lui la présence de Jésus-Christ
doit gouverner toutes les actions, jamais l'homme naturel. »
« Il
est tourmenté par ses manquements à l'union permanente. [ ... ]
« L'idéal
est de se laisser gouverner par la grâce. » [ ... ]
« La
charité en particulier ne doit s'appuyer que sur cette vie
intérieure profonde et dans ses dernières années, il se méfie de
toute action qui ne serait pas dictée par un mouvement de la
grâce. »
« C'est
dans ses lettres à l'Ami intime que Bernières se dévoile le plus :
bien que son ami soit plus jeune, il est visible qu'il le considère
comme son égal. Il peut lui parler à cœur ouvert des états les
plus profonds de ses dernières années. » [ ... ]
« On
est touché de voir que bien que parvenu à un haut degré d'union à
la fin de sa vie comme le montrent l'évolution de ses lettres et les
admirables derniers chapitre du Chrétien intérieur, ...
« ...
Bernières s'angoissait tellement de ses failles personnelles qu'il
pensait mérité l'enfer.
« Il
avait donc demandé à Dieu de mourir subitement et il fut exaucé. [
... ]
« On était le 3 mai 1659. »
Cf.
Préface au Chrétien intérieur de Jean de Bernières par Dominique
et Murielle Tronc (2009)