samedi 8 mars 2025

L'arbre séphirothique

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Pour la septième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« On pourrait objecter [ à la concordance entre les centres de l'être humain et les Sephiroth de la Kabbale ] que les Sephiroth sont au nombre de dix tandis que les six chakras et « sahasrata » [ le lotus à mille pétales ] ne forment qu'un total de sept ; ...

« ... mais cette objection tombe si l'on observe que dans la disposition de l'arbre séphirothique, il y a trois couples placés symétriquement sur les colonnes de droite et de gauche de sorte que l'ensemble [ ... ] se répartit à sept niveaux différents seulement ; ...

« ... en envisageant leurs projections sur l'axe central ou colonne du milieu [ ... ] on se trouve donc bien ramené au septénaire. »

[ Guénon note « la similitude du symbolisme de l'arbre séphirothique avec celui du caducée » et avec les « nâdis » – « idâ » et « pîngalâ » – qui relient entre-eux les différents chakras sur l'axe cérébro-spinal – « sushumnâ » – de leur colonne vertébrale.

Il faut toutefois noter que les six chakras supposent cinq radiants hélicoïdaux dans l’entrelacement de ces canaux tandis que les colonnes latérales de l'arbre séphirothique n'en suggèrent que trois en induisant la présence d'une onzième sephira – « Da'ath ».

Les trois radiants de l'arbre séphirothique sont alors en rapport avec ceux du caducée et avec leurs triades comme on peut supposer qu'ils se trouvent à la base de l'axe cérébro-spinal où ils rejoignent le siège de l'Ishwara au centre du septénaire.

L'arbre séphirothique laisse néanmoins supposer une inversion de la perspective où les trois radiants descendent depuis la Couronne de « Kether » jusqu'au Fondement de « Yesod » en passant par la Connaissance de « Da'ath » et la Beauté de « Tiphereth ». ]

« En commençant par le haut, il n'y a tout d'abord aucune difficulté en ce qui concerne l'assimilation de « sahasrâra » [ le lotus à mille pétales ] localisé [ pour ] la couronne de la tête à la Sephira suprême, « Kether » dont le nom signifie précisément la Couronne.

« Ensuite vient l'ensemble de « Hokmah » et « Binah » qui doit correspondre à « âjnâ » et dont la dualité pourrait même être représentée par les deux pétales de ce lotus ; ...

« ... d'ailleurs elles ont pour résultante « Da'ath », c'est-à-dire la Connaissance et nous avons vu que la localisation de « âjnâ » se réfère aussi à l’œil de la connaissance [ tandis que « Hokmah » et « Binah » sont mis en relation avec le Soleil et la Lune. ]

« Le couple suivant – « Hesed » et « Geburah » – peut selon un symbolisme très général concernant les attributs de « Miséricorde » et de « Justice » être mis dans l'homme en rapport avec ses deux bras ; ...

« ... ces deux Sephiroth se placeront donc aux deux épaules et par conséquent au niveau de la région gutturale correspondant ainsi à « vishuddha ».

« Quant à « Tiphereth » sa position centrale se réfère manifestement au cœur, ce qui entraîne immédiatement sa correspondance avec « anâhata ».

« Le couple de « Netsah » et [ de ] « Hod » se placera aux hanches – point d'attache des membres inférieurs – comme celui de « Hesed » et [ de ] « Geburah » aux épaules, points d'attache supérieurs ; ...

« ... or, les hanches sont au niveau de la région ombilicale donc de « manipûra ».

« Enfin pour ce qui est des deux dernières Sephiroth, il semble qu'il y ait lieu d'envisager une interversion car « Yesod » – d'après la signification même de son nom – est le fondement – ce qui répond exactement à « mûladhâra ».

« Il faudrait alors assimiler « Malkuth » à « swâdhisthâna », ce que la signification des noms semble d'ailleurs justifier car « Malkuth » est le royaume ...

« ... et « swâdhishthâna » signifie littéralement la « propre demeure » de la « Shakti » [ que Guénon met en rapport dans « le Roi du Monde » avec la « Shekinah » hébraïque – la Présence divine. ]

Cf. René Guénon – Études sur l'hindouisme (1970) – Kundalini-Yoga (publié dans le Voile d'Isis en octobre 1933 puis en novembre de la même année)

Nous devons sans doute prendre en compte cette « interversion » pour identifier le siège de l'Ishwara au centre du septénaire avec la demeure du royaume – même si cette identification réintroduit l'hétérogénéité des modèles.

   

    

vendredi 7 mars 2025

La théorie des éléments

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Pour la sixième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« ... en ce qui concerne le nombre des éléments et leur ordre de dérivation ainsi que leurs correspondances avec les qualités sensibles [ nous pouvons ] faire remarquer certaines différences importantes avec les théories [ des ] « philosophes physiciens » grecs [ ... ]

[ « Nous rappellerons que les cinq éléments reconnus par la doctrine hindoue sont les suivants : « âkâsha » – l'éther ; « vâyu » – l'air ; « têjas » – le feu ; « ap » – l'eau ; « prithvî » – la terre.

« Cet ordre est celui de leur développement ou de leur différenciation à partir de l'éther qui est l'élément primordial ; ...

« ... c'est toujours dans cet ordre qu'ils sont énumérés dans tous les textes du Véda où il en est fait mention, notamment dans [ certaines ] Upaniṣad où leur genèse est décrite ; ...

« ... et leur ordre de résorption ou de retour à l'état indifférencié est naturellement inverse de celui là. » ]

« D'abord la plupart [ des physiciens grecs ] n'ont admis que quatre éléments ne reconnaissant pas l'éther comme un élément distinct ; ...

« ... et en cela – fait assez curieux – ils s'accordent avec les Jaïnas et les Bouddhistes qui sont en opposition sur ce point comme sur bien d'autres avec la doctrine hindoue orthodoxe.

« Cependant il faut faire quelques exceptions notamment pour Empédocle qui admettait les cinq éléments mais développés dans l'ordre suivant : l'éther, le feu, la terre, l'eau et l'air – ce qui parait difficilement justifiable ; ...

« ... et encore selon [ Carolus Ludwig Struve (1805) ] ce philosophe n'aurait admis lui aussi que quatre éléments : la terre, l'eau, l'air et le feu.

« Ce dernier ordre est exactement l'inverse de celui qu'on trouve chez Platon ; ...

« ... aussi faut-il peut-être y voir non plus l'ordre de production des éléments mais au contraire leur ordre de résorption les uns dans les autres.

[ Cette résorption dans la nuit de feu est alors métaphoriquement semblable à une mystique chrétienne comme celle de Blaise Pascal au XVIIe siècle. ]

« D'après divers témoignages, les Orphiques et les Pythagoriciens reconnaissaient les cinq éléments – ce qui est parfaitement normal étant donné le caractère proprement traditionnel de leurs doctrines ; ...

« ... plus tard d'ailleurs Aristote les admit également ; ...

Sec

Feu

Chaud

Terre

[ Quintessence ]

Air

Froid

Eau

Humide

[ Guénon note pour « la terminologie latine médiévale » une confusion entre « l'essence » et « la substance » – c'est-à-dire entre la monade du « Lâhût » et le cinquième élément des quatre quintes du « Malakût » – le monde des présences.

Pour ces vingt « tattwas », « Prakriti » et « Purusha » se situent au niveau intermédiaire du « Jabarût » – le monde de la Contrainte – avec la dyade. Et leurs trois monades avec l'Intellect – la Buddhi – dans les mondes inférieures des formes et des présences.

Pour la doctrine chinoise à laquelle la dyade du Taï-ki fait référence, la confusion porte sur les « éléments » et les « agents » où deux éléments – l'eau et le feu – s'opposent autour de la terre avec le métal et le bois qui en dépendent. ]

« ... mais quoi qu'il en soit, le rôle de l'éther n'a jamais été aussi important ni aussi nettement défini chez les Grecs – tout au moins dans leurs écoles exotériques – que chez les Hindous.

« Malgré certains textes du « Phédon » et du « Timée » qui sont sans doute d'inspiration pythagoricienne, Platon n'envisage généralement que quatre éléments : ...

« ... pour lui le feu et la terre sont les éléments extrêmes, l'air et l'eau sont les éléments moyens et cet ordre diffère de l'ordre traditionnel des Hindou en ce que l'air et le feu y sont intervertis ; ...

« ... on peut se demander s'il n'y a pas là une confusion entre l'ordre de production – si toutefois c'est bien réellement ainsi que Platon lui-même a voulu l'entendre – et une répartition suivant ce qu'on pourrait appeler des degrés de subtilité. [ ... ]

« ... [ de même ] il semble assez difficile de trouver chez les Grecs une correspondance rigoureusement établie entre les éléments et les qualités sensibles ; ...

« ... et l'on comprend sans peine qu'il en soit ainsi car en ne considérant que quatre éléments on devrait s'apercevoir immédiatement d'une lacune dans cette correspondance, ...

« ... le nombre cinq étant par ailleurs admis partout uniformément en ce qui concerne les sens. »

Cf. René Guénon – Études sur l'hindouisme (1970) – La théorie hindoue des cinq éléments (publié dans le Voile d'Isis en Août 1935)

Guénon si prompt à excommunier le jaïnisme, le bouddhisme et le mazdéisme pour des raisons somme toute obscures compte-tenu du caractère primordial des premières et eschatologique de cette dernière inclut l'orphisme et le pythagorisme dans sa communion.

Cette inclusion est déjà celle de Saint-Yves d'Alveydre dans sa « Mission de l'Inde » à laquelle Guénon reste ici fidèle comme pour « le Roi du Monde » à propos de Numa Pompilius – le deuxième roi de Rome – identifié au « Manu » hindou.

Le christianisme subit la même excommunication à la suite des gnoses mazdéennes dès lors qu'il sort des orthodoxies rabbinique ou judéo-chrétienne quand Guénon s'évertue de mettre la Kabbale hébraïque en rapport avec la Kundalini-Yoga.

Par primordial nous entendons le domaine adamique de la perfection du corps et par eschatologique celui de l'esprit muḥammadien entre lesquels s'inscrit celle de l'âme avec le messianisme chrétien des gnoses mazdéenne et israélite qui est celui de l'Ishwara.

   

    

jeudi 6 mars 2025

L'orthodoxie traditionnelle

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Pour la cinquième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Ici [ pour « Les religions et les philosophies dans l'Asie centrale » ] ce n'est pas tant de théorie qu'il s'agit que d'un exposé de faits que l'auteur [ le compte de Gobineau ] a pu connaître assez directement pendant les séjours qu'il fit en Perse.

« Le titre pourrait induire en erreur sur le contenu de l'ouvrage : il n'y est nullement question des régions assez variées que l'on réunit habituellement sous le nom d'Asie centrale mais uniquement de la Perse ; ...

« ... et les religions et philosophies dont il est traité se réduisent en somme aux formes plus ou moins spéciales prises par l'Islam dans ce pays.

« La partie principale et centrale du livre est constituée par l'histoire de cette hérésie musulmane que fut le Bâbisme ; ...

« .. et il est bon de lire cette histoire pour voir combien ce Bâbisme ressemblait peu à sa prétendue continuation, ...

« ... nous voulons dire à l'adaptation sentimentale et humanitaire qu'on en a faite sous le nom de Béhaïsme à l'usage des Occidentaux et particulièrement des Anglo-Saxons. »

[ Ce qui permet de la réintégrer dans la perspective d'un adventisme oriental qui coïncidait en 1844 avec un millénarisme imâmite puisqu'elle remémorait en années lunaires de 355 jours – « (12 x 29,5) + 1 » – la petite occultation de 872 / 260 ► 1260 = 1844. ]

Cf. René Guénon – Compte-rendu de livres [ pour la ] Bibliothèque des Lettrés (1929) :

« Quant aux considérations générales [ de l'ouvrage ] nous devons nous borner à signaler quelques-uns des points les plus importants.

« Une vues des plus contestables est celle qui consiste à expliquer les particularités de l'Islam en Perse par une sorte de survivance du Mazdéisme ; ...

« ... nous ne voyons pour notre part aucune trace un peu précise d'une telle influence qui demeure purement hypothétique et même assez peu vraisemblable.

[ Le caractère gnostique attenant à cette survivance est pourtant prégnant. ]

« Ces particularités s'expliquent suffisamment par les différences ethniques et mentales qui existent entre les Persans et les Arabes comme celles qu'on peut remarquer [ en ] Afrique du Nord s'expliquent par les caractères propres aux races berbères ; ...

« ... l'Islam – beaucoup plus « universaliste » qu'on ne le croit communément – porte en lui-même la possibilité de telles adaptations sans qu'il y ait lieu de faire appel à des infiltrations étrangères.

[ Mais elles n'ont pas besoin de s'infiltrer dès lors que l'Islam s'installe sur leurs territoires en les intégrant à sa propre universalité. ]

« Du reste, la division des Musulmans en Sunnites et Shiites est fort loin d'avoir la rigueur que lui attribuent les conceptions simplistes qui ont cours en Occident ; ...

« ... le Shiisme a bien des degrés et il est si loin d'être exclusivement propre à la Perse qu'on pourrait dire [ qu'en ] un certain sens tous les musulmans sont plus ou moins shiites ; [ ... ]

« Pour ce qui est du Soufisme – c'est-à-dire de l'ésotérisme musulman, il existe tout aussi bien chez les Arabes que chez les Persans et en dépit de toutes les assertions des « critiques » européens, il se rattache aux origines même de l'Islam : ...

« ... il est dit en effet que le Prophète enseigna la « science secrète » à 'Abû-Bakr [ as-Saddiq ] et à 'Alî [ ibn 'Abû Ṭâlib ] et c'est de ceux-ci que procèdent les différentes écoles.

« D'une façon générale, les écoles arabes se recommandent surtout d'Abû Bakr et les écoles persanes d'Alî ; ... [ généralité ici plutôt formelle en l’occurrence ]

« ... et la principale différence est que dans celles-ci l'ésotérisme revêt une forme plus « mystique » au sens que ce mot a pris en Occident tandis que dans les premières, il demeure plus purement intellectuel et métaphysique ; ...

« ... ici encore, les tendances de chacune des races suffisent à rendre compte d'une telle différence qui d'ailleurs est beaucoup plus dans la forme que dans le fond même de l'enseignement ...

« ... du moins tant que celui-ci demeure conforme à l'orthodoxie traditionnelle. »

   

    

mercredi 5 mars 2025

Le commandement du mandat céleste

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Pour la quatrième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Les éléments ou principes [ de la production – « srishti » – ou du développement – « prapancha » – de la manifestation individuelle ] sont les « tattwas » que les « Sânkhya » énumère comme production de « Prakriti » sous l'influence de « Purusha » :

« Le sens interne, c'est-à-dire le mental – « Manas » – joint à la conscience individuelle – « Ahankâra » – et par l'intermédiaire de celle-ci à l'intellect – « Buddhi » ou « Mahat » ; ...

« ... les cinq « tanmâtras » ou essences élémentaires subtiles ; ...

« ... les cinq facultés de sensation – « jnânêndriyas » – et les cinq facultés d'action  « karmêndriyas » ; ...

[ « ... « indriya » désigne à la fois une faculté et l'organisme correspondant [ avec une ] « prééminence de la manifestation subtile [ du pouvoir de la faculté ] par rapport à la manifestation grossière [ de l'organe corporel ]. » ]

« ... enfin, les cinq « bhûtas » ou éléments corporels [ qui sont ceux de la « physique ancienne ». ] [ Ce qui en fait vingt et cinq avec Prakriti et Purusha. ]

« Chaque « bhûta » avec le « tanmâtra » auquel il correspond et les facultés de sensation et d'action qui procèdent de celui-ci est résorbé dans celui qui le précède immédiatement selon l'ordre de production de telle sorte que l'ordre de résorption ...

[ qui est l'inverse à celui de leur production ou de leur développement ] est le suivant :

1. la terre – « prithvî » – avec la qualité olfactive – « gandha » – le sens de l'odorat – « ghrâna » – et la faculté de locomotion – « pâda » ; ...

2. l'eau – « ap » – avec la qualité sapide – « rasa » – le sens du goût – « rasana » – et la faculté de préhension – « pâni » ; ...

3. le feu – « têjas » – avec la qualité visuelle – « rûpa » – le sens de la vue – « chakshus » – et la faculté d'excrétion – « pâyu » ; ...

4. l'air – « vâyu » – avec la qualité tactile – « sparsha » – le sens du toucher – « twach » – et la faculté de génération – « upastha » ; ...

5. l'éther – « âkâsha » – avec la qualité sonore – « shabda » – le sens de l'ouïe – « shrotra » – et la faculté de parole – « vâch » ; ...

« ... et enfin (6) au dernier stade, le tout est résorbé dans le sens interne – « Manas » – toute la manifestation individuelle se trouvant ainsi réduite à son premier terme et comme concentrée en un point au-delà duquel l'être passe dans un autre domaine.

« Tels seront donc les six degrés préparatoires que devra traverser successivement celui qui suit cette voie de « dissolution » s’affranchissant ainsi graduellement des différentes conditions limitatives de l'individualité ...

« ... avant d'atteindre l'état supra-individuel où pourra être réalisée dans la Conscience pure – « Chit » – totale et informelle, l'union effective avec le Soi suprême – « Paramâtmâ » – union dont résulte immédiatement la Délivrance – « Moksa ». [ ... ]

« ... dans l'être humain [ il y a ] [ en vertu de l'analogie constitutive du « Macrocosme » et du « Microcosme » ] des centres correspondant respectivement à chaque groupes de « tattwas » que nous avons énumérés [ avec leur « dernier stade » ] ...

« ... et que ces centres bien qu'appartenant essentiellement à la forme subtile [ ... ] puissent en un certain sens être localisés dans la forme corporelle ou grossière [ ... ] ou pour mieux dire par rapport aux différentes parties de celle-ci, ...

« ... ces localisations n'étant en réalité rien d'autre qu'une façon d'exprimer des correspondances telles que celles [ qui précèdent, ] ...

« ... correspondances qui impliquent d'ailleurs très réellement un lien spécial entre tel centre subtil et telle portion déterminée de l'organisme corporel.

« C'est ainsi que les six centres dont il s'agit sont rapportés aux divisions de la colonne vertébrale appelée « Méru-danta » parce qu'elle constitue l'axe du corps humain, de même qu'au point de vue macrocosmique le « Méru » est l'axe du monde : ...

« ... les cinq premiers dans le sens ascendant correspondent respectivement aux régions coccygienne, sacrée, lombaire, dorsale et cervicale, ...

« ... et le sixième à la partie encéphalique du système nerveux central ; ... »

« ... mais [ c'est ] seulement d'une relation entre deux ordres distinct de manifestation [ dont il est question ]. » [ ... ]

« Ces centres sont appelés « roues » – « chakras » – et son décrits aussi comme des lotus – « padmas » – dont chacun à un nombre déterminé de pétales [ ... ] :

1. « mûlâdhâra » à la base de la colonne vertébrale ; ...

2. « swâdhishthâna » [ dans ] la région abdominale ; ...

3. « manipûra » [ dans ] la région ombilicale ; ...

4. « anâhata » [ dans ] la région du cœur ; ...

5. « vishuddha » [ dans ] la région de la gorge ; ...

6. « âjnâ »[ dans ] la région [ du « troisième œil » ] située entre les deux yeux ; ...

« ... [ et ] enfin (7) au sommet de la tête autour du « Brahma-randhra » [ se trouve ] le « lotus à mille pétales » [ « sahasrâra » ] qui n'est pas compté au nombre des « chakras » ...

« ... parce [ qu'il ] se rapporte en tant que centre de la conscience à un état qui est au-delà des limites de l'individualité. »

[ Les nombres des pétales sont : « 4 + 6 + 10 + 12 + 16 + 2 ». Ce qui est aussi le nombre des lettres de l'alphabet sanskrit (50) qui se retrouve autour du lotus sommital multiplié par le nombre des « tattwas » : « 50 x 20 = 1.000 ».

Ces « chakras » où réside des déités – « dêvatâ » – sont ensuite mis en rapport avec des symboles géométriques – « yantras » – et des paroles sacrées – « mantras » – qui leurs correspondent dans les mondes – « lokas » – où ils se situent :

1. « Brahmâ » dans la demeure du « Bhûrloka »

2. « Vishnu » dans la demeure du « Bhuvarloka »

3. « Rudra » dans la demeure du « Swarloka »

4. « Isha » dans la demeure du « Janaloka »

5. « Sadâchiva » dans la demeure du « Tapoloka »

6. « Shambhu » dans la demeure du « Maharloka »

« ... [ et ] à « Sahasrâra » [ le lotus à mille pétales ] préside « Paramashiva » dont la demeure est le « Satyaloka » ; ...

« ... ainsi tous ces mondes ont leur correspondance dans les centres de conscience de l'être humain suivant le principe analogique [ du « Macrocosme » et du « Microcosme ». ]

Cf. René Guénon – Études sur l'hindouisme (1970) – Kundalini-Yoga (publié dans le Voile d'Isis en octobre 1933 puis en novembre de la même année :)

« Ishwara » – la personnalité divine – se retrouve ici dans la demeure du cœur – la quatrième qui est au centre des sept comme la septième est au centre des treize et la treizième au centre des vingt-cinq – les vingt et les cinq avec « Prakriti » et « Purusha ».

C'est là que s'unissent la force du Serpent identifiée à la « Kundalini » et la force de la Colombe identifiée au « Logos éternel » :

« En dernier lieu vient « âjnâ chakra » où sont les [ cinq ] « tattwas » subtils [ dans ] l'ordre du « mental » et dans le péricarpe duquel est le monosyllabe sacré « Om » ; ...

« ... ce centre est ainsi appelé parce que c'est là qu'est reçu d'en-haut – c'est-à-dire du domaine supra-individuel – le commandement – « âjnâ » – du « Guru » intérieur qui est « Paramashiva » auquel le « Soi » est identique en réalité. »

   

    

lundi 3 mars 2025

L'esprit de l'Inde

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Pour la troisième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« On peut se demander pourquoi [ « nous sommes à une époque où [ le ] désordre paraît triompher » ] et la doctrine hindoue avec la théorie des cycles cosmiques fournit une réponse à cette question.

« Nous sommes dans le « Kali-Yuga » – dans l'âge sombre – où la spiritualité est réduite à son minimum par les lois même du développement du cycle humain amenant une sorte de matérialisation progressive à travers ses diverses périodes dont celle-ci est la dernière ; ...

« ... par cycle humain, nous entendons ici uniquement la durée d'un « Manvantara ».

« Vers la fin de cet âge tout est confondu, les castes sont mélangées, la famille même n'existe plus ; ...

« ... n'est-ce pas là exactement ce que nous voyons autour de nous ?

« Faut-il en conclure que le cycle actuel touche effectivement à sa fin et que bientôt nous verrons poindre l'aurore d'un nouveau « Manvantara » ?

« On pourrait être tenté de la croire, surtout si l'on songe à la vitesse croissante avec laquelle les événements se précipitent ; ...

« ... mais peut-être le désordre n'a-t-il pas encore atteint son point le plus extrême [ en 1930 ], peut-être l'humanité doit-elle descendre encore plus bas dans les excès d'une civilisation toute matérielle ...

« ... avant de pouvoir remonter vers le principe et vers les réalités spirituelles et divines.

« Peu importe d'ailleurs : que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard, ce développement descendant que les Occidentaux modernes appellent « progrès » trouvera sa limite et alors « l'âge noir » prendra fin ; ....

« ... alors paraîtra le « Kalkin-avatâra », celui qui est monté sur le cheval blanc qui porte sur sa tête un triple diadème, signe de la souveraineté dans les trois mondes et qui tient dans sa main un glaive flamboyant comme la queue d'une comète ; ...

« ... alors le monde du désordre et de l'erreur sera détruit et par la puissance purificatrice et régénératrice de « Agni », toutes choses seront rétablies et restaurées dans l'intégralité de leur état primordial, ...

« ... la fin du cycle présent étant en même temps le commencement du cycle futur. » [ ... ]

Cf. René Guénon – Études sur l'Hindouisme (1970) – L'esprit de l'Inde (publié dans le Monde Nouveau en juin 1930)

René Guénon se trompe d'avatar : Sri Kalki s'identifie au « Kali-Yuga » et vient au trois quart de la Nuit là où la Nuit est la plus profonde. Ce qui correspond au début du treizième siècle de l'ère chrétienne et au règne de Gengis Khan.

L'avatâra qui s'identifie au renouvellement cyclique dans la succession des « Manvantaras », c'est Sri Matsya – le premier des dix dans la théorie des cycles cosmiques.

Cette erreur en instruit une seconde : si l'avatâra du « Kali Yuga » apparaît à l'Orient qui s'identifie ici à la Mongolie, celui du « Krita-Yuga » dans le renouvellement cyclique apparaît à l'Occident là où le Phœnix ponant se couche.

Mais ce renversement dans la perspective cyclique se prête à l'un des paragraphes les plus lyriques que le Supérieur Inconnu ait produit :

« L'inde véritable pour nous, ce n'est pas cette Inde plus ou moins modernisée, c'est-à-dire occidentalisée que rêvent quelques jeunes gens élevés dans les Universités d'Europe ou d'Amérique ...

« ... et qui si fiers qu'ils soient du savoir tout extérieur qu'ils y ont acquis ne sont pourtant [ du ] point de vue oriental que de parfaits ignorants constituant en dépit de leurs prétentions tout le contraire d'une élite intellectuelle au sens où nous l'entendons.

« L'inde véritable, c'est celle qui demeure toujours fidèle à l'enseignement que son élite se transmet à travers les siècles, c'est celle qui conserve intégralement le dépôt d'une tradition dont la source remonte plus haut et plus loin que l'humanité ; ...

« ... c'est l'Inde de « Manu » et des « Rishis », l'Inde de Shri Rama et de Shri Krishna.

« Nous savons que ce ne fut pas toujours la contrée qu'on désigne aujourd'hui par ce nom ; ...

« ... sans doute même depuis le séjour arctique primitif dont parle le Vêda occupa-t-elle successivement bien des situations géographiques différentes ; ...

« ... peut-être en occupera-t-elle d'autres encore mais peu importe car elle est toujours là où est le siège de cette grande tradition ...

[ ... que la « Mission de l'Inde » de Saint-Yves d'Alveydre (1910) et le « Roi du Monde » d'Ossendowski (1924) comme le « Frabato » de Franz Bardon (1934) situe à Urga et ... ]

« ... dont le maintien parmi les hommes est sa mission et sa raison d'être.

« Par la chaîne ininterrompue de ses Sages, de ses « Gurus » et de ses Yogis, elle subsiste à travers toutes les vicissitudes du monde extérieur inébranlable comme le « Méru » ; ...

« ... elle durera autant que le « Sanâtana Dharma » [ la « Lex perennis » ] et jamais elle ne cessera de contempler toutes choses par l’œil frontal de Shiva dans la seraine immutabilité de l'éternel présent.

« Tous les efforts hostiles se briseront finalement contre la seule force de la vérité comme les nuages se dissipent devant le soleil même s'ils sont parvenus à l'obscurcir momentanément à nos regards.

« L'action destructrice du temps ne laisse subsister que ce est supérieur au temps : elle dévorera tous ceux qui ont borné leur horizon au monde du changement et placé toute réalité dans le devenir, ...

« ... ceux qui se sont fait une religion du contingent et du transitoire car « celui qui sacrifie à un dieu deviendra la nourriture de ce dieu » ; ...

« ... mais que pourrait-elle contre ceux qui portent en eux-mêmes la conscience de l'éternité ? »

    

     

dimanche 2 mars 2025

Les états de l'existence universelle

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Pour la deuxième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Comme le « Nyâya » [ le premier des six « darshanas » ] le « Vaishêshika » [ le deuxième des six « darshanas » ] distingue un certain nombre de « padârthas » [ qui en compte seize pour le « Nyâya » ] ...

« ... mais [ ... ] en les déterminant d'un point de vue différent ; ...

[ « ... la logique comprend dans son point les choses considérées comme « objet de preuve », c'est-à-dire de connaissance raisonnée ou discursive : c'est là dans le « Nyâya » le sens du terme « padârtha » ...

« ... et malgré certaines différences, c'est aussi dans l'ancienne logique occidentale la véritable signification des « catégories » ou [ des ] « prédicats ». ]

« ... ces « padârthas » [ ceux du « Vaishêshika » ] ne coïncident donc point avec ceux du « Nyâya » et ils peuvent même rentrer tous dans les subdivisions du second de ceux-ci, « pramêya » ou « ce qui est l'objet de preuve ».

[ « ... le premier [ des seize « padârthas » du « Nyâya » ] est appelé « pramâna », mot qui a le sens habituel de « preuve » et qu'on traduit même souvent par « évidence » ; [ ... ]

« ... le second [ des seize « padârthas » du « Nyâya » ] est « pramêya » ou « ce qui est à prouver », c'est-à-dire ce qui est susceptible d'être connu par l'un ou l'autre des moyens [ « de connaissance ou de preuve fournit » par le premier « padârtha ». ]

« Le « Vaishêshika » envisage six « padârthas » dont le premier est appelé « dravya » ; ...

« ... on traduit ordinairement ce mot par « substance » et on peut le faire en effet à la condition d'entendre ce terme non point au sens métaphysique ou universel mais exclusivement au sens relatif où il désigne la fonction du sujet logique ...

« ... et qui est celui qu'il a également dans la conception des catégories d'Aristote. [ On ne peut donc pas l'identifier au sens que nous donnons au Nom divin « aṣ-Ṣamad ». ]

« Le second « padârtha » [ du « Vaishêshika » ] est la qualité qui est appelé « guna » [ qu'on retrouve dans une autre application à propos du « Sânkhya », le troisième des six « darshanas » ] ; ...

« ... ici les qualités dont il s'agit sont les attributs des êtres manifestés, ce que la scolastique appelle « accidents » en l'envisageant par rapport à la substance ou au sujet qui en est le support dans l'ordre de la manifestation en mode individuel. [ ... ]

« Le troisième « padârtha » [ du « Vaishêshika » ] est [ ... ] « karma » ou l'action et l'action [ ... ] n'est rien d'autre qu'une « manière d'être » de la substance ; [ ... ]

« Le quatrième « padârtha » [ du « Vaishêshika » ] est « sâmânya », c'est-à-dire la communauté de qualités qui dans les degrés divers dont elle est susceptible constitue la superposition des genres ; ...

« ... le cinquième [ « padârtha » du « Vaishêshika » ] est la particularité ou la différence appelée plus spécialement « vishêsha » et qui est ce qui appartient en propre à une substance déterminée ce par quoi elle se différencie de toutes les autres ; ...

« ... enfin le sixième [ « padârtha » du « Vaishêshika » ] est « samavâya », l'agrégation – c'est-à-dire la relation intime d'inhérence qui unit la substance et ses attributs et qui est d'ailleurs elle-même un attribut de cette substance.

« L'ensemble de ces six « padârtha » comprenant ainsi les substances et tous leurs attributs constitue « bhâva » ou l'existence ; ...

« ... en opposition corrélative est « abhâva » ou la non-existence dont on fait quelquefois un septième « padârtha » mais dont la conception est purement négative : c'est proprement la « privation » entendue au sens aristotélicien. »

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Le Nyâya [ et ] le Vaishêshika (1930)

« ... « Prakriti » [ la substance universelle ] possède trois « gunas » ou qualités constitutives qui sont en parfait équilibre dans son indifférenciation primordiale ; ...

« ... toute manifestation ou modification de la substance représente une rupture de cet équilibre et les êtres dans leurs différents états de manifestation participent des trois « gunas » à des degrés divers ...

« ... et pour ainsi dire suivant des proportions indéfiniment variées.

« Ces « gunas » ne sont donc pas des états mais des conditions de l'existence universelle auxquelles sont soumis tous les êtres manifestés et qu'il faut avoir soin de distinguer des conditions spéciales qui déterminent tel ou tel état ou mode de la manifestation ...

« ... comme l'espace et le temps qui conditionnent l'état corporel à l'exclusion des autres.

« Les trois « gunas » sont : ...

- « ... « sattwa », la conformité à l'essence pure de l’Être ou « Sat » qui est identifiée à la lumière intelligible ou à la connaissance et représentée comme une tendance ascendante ; ...

- « ... « raja », l'impulsion expansive selon laquelle l'être se développe dans un certain état et en quelque sorte à un niveau déterminé de l'existence ; ...

- « ... enfin « tamas », l'obscurité, assimilée à l'ignorance et représentée comme une tendance descendante. »

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Le Sânkhya (1930)

Nous identifions les trois « gunas » du « Sânkhya » aux trois saisons antérieurs à celles qui sont distribués entre les solstices et les équinoxes de l'Année.

Les deux premières réparties autour du Solstice d'été s'étendent en 252 jours sur trente-six semaines entre les Prémices de la Parentelle au cinquantième jour du Janus et le Samain tritogène au troisième jour du neuvième mois de la décade.

La troisième saison s'étend en 112 jours sur seize semaine entre ces deux limites de l'autre côté des pôles solsticiaux. Ces trois saisons sont consacrées en Occident à la Paix et à la Concorde puis à la Justice.

« ... le « Sânkhya » est « nirishwara », c'est-à-dire qu'il ne fait pas intervenir la conception [ ... ] de la « personnalité divine » [ « Ishwara » ] ... pas plus qu'elle ne se rencontre dans le « Nyâya » et le « Vaishêshika ».