lundi 3 mars 2025

L'esprit de l'Inde

...

Pour la troisième des vingt-huit mansions lunaires
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« On peut se demander pourquoi [ « nous sommes à une époque où [ le ] désordre paraît triompher » ] et la doctrine hindoue avec la théorie des cycles cosmiques fournit une réponse à cette question.

« Nous sommes dans le « Kali-Yuga » – dans l'âge sombre – où la spiritualité est réduite à son minimum par les lois même du développement du cycle humain amenant une sorte de matérialisation progressive à travers ses diverses périodes dont celle-ci est la dernière ; ...

« ... par cycle humain, nous entendons ici uniquement la durée d'un « Manvantara ».

« Vers la fin de cet âge tout est confondu, les castes sont mélangées, la famille même n'existe plus ; ...

« ... n'est-ce pas là exactement ce que nous voyons autour de nous ?

« Faut-il en conclure que le cycle actuel touche effectivement à sa fin et que bientôt nous verrons poindre l'aurore d'un nouveau « Manvantara » ?

« On pourrait être tenté de la croire, surtout si l'on songe à la vitesse croissante avec laquelle les événements se précipitent ; ...

« ... mais peut-être le désordre n'a-t-il pas encore atteint son point le plus extrême [ en 1930 ], peut-être l'humanité doit-elle descendre encore plus bas dans les excès d'une civilisation toute matérielle ...

« ... avant de pouvoir remonter vers le principe et vers les réalités spirituelles et divines.

« Peu importe d'ailleurs : que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard, ce développement descendant que les Occidentaux modernes appellent « progrès » trouvera sa limite et alors « l'âge noir » prendra fin ; ....

« ... alors paraîtra le « Kalkin-avatâra », celui qui est monté sur le cheval blanc qui porte sur sa tête un triple diadème, signe de la souveraineté dans les trois mondes et qui tient dans sa main un glaive flamboyant comme la queue d'une comète ; ...

« ... alors le monde du désordre et de l'erreur sera détruit et par la puissance purificatrice et régénératrice de « Agni », toutes choses seront rétablies et restaurées dans l'intégralité de leur état primordial, ...

« ... la fin du cycle présent étant en même temps le commencement du cycle futur. » [ ... ]

Cf. René Guénon – Études sur l'Hindouisme (1970) – L'esprit de l'Inde (publié dans le Monde Nouveau en juin 1930)

René Guénon se trompe d'avatar : Sri Kalki s'identifie au « Kali-Yuga » et vient au trois quart de la Nuit là où la Nuit est la plus profonde. Ce qui correspond au début du treizième siècle de l'ère chrétienne et au règne de Gengis Khan.

L'avatâra qui s'identifie au renouvellement cyclique dans la succession des « Manvantaras », c'est Sri Matsya – le premier des dix dans la théorie des cycles cosmiques.

Cette erreur en instruit une seconde : si l'avatâra du « Kali Yuga » apparaît à l'Orient qui s'identifie ici à la Mongolie, celui du « Krita-Yuga » dans le renouvellement cyclique apparaît à l'Occident là où le Phœnix ponant se couche.

Mais ce renversement dans la perspective cyclique se prête à l'un des paragraphes les plus lyriques que le Supérieur Inconnu ait produit :

« L'inde véritable pour nous, ce n'est pas cette Inde plus ou moins modernisée, c'est-à-dire occidentalisée que rêvent quelques jeunes gens élevés dans les Universités d'Europe ou d'Amérique ...

« ... et qui si fiers qu'ils soient du savoir tout extérieur qu'ils y ont acquis ne sont pourtant [ du ] point de vue oriental que de parfaits ignorants constituant en dépit de leurs prétentions tout le contraire d'une élite intellectuelle au sens où nous l'entendons.

« L'inde véritable, c'est celle qui demeure toujours fidèle à l'enseignement que son élite se transmet à travers les siècles, c'est celle qui conserve intégralement le dépôt d'une tradition dont la source remonte plus haut et plus loin que l'humanité ; ...

« ... c'est l'Inde de « Manu » et des « Rishis », l'Inde de Shri Rama et de Shri Krishna.

« Nous savons que ce ne fut pas toujours la contrée qu'on désigne aujourd'hui par ce nom ; ...

« ... sans doute même depuis le séjour arctique primitif dont parle le Vêda occupa-t-elle successivement bien des situations géographiques différentes ; ...

« ... peut-être en occupera-t-elle d'autres encore mais peu importe car elle est toujours là où est le siège de cette grande tradition ...

[ ... que la « Mission de l'Inde » de Saint-Yves d'Alveydre (1910) et le « Roi du Monde » d'Ossendowski (1924) comme le « Frabato » de Franz Bardon (1934) situe à Urga et ... ]

« ... dont le maintien parmi les hommes est sa mission et sa raison d'être.

« Par la chaîne ininterrompue de ses Sages, de ses « Gurus » et de ses Yogis, elle subsiste à travers toutes les vicissitudes du monde extérieur inébranlable comme le « Méru » ; ...

« ... elle durera autant que le « Sanâtana Dharma » [ la « Lex perennis » ] et jamais elle ne cessera de contempler toutes choses par l’œil frontal de Shiva dans la seraine immutabilité de l'éternel présent.

« Tous les efforts hostiles se briseront finalement contre la seule force de la vérité comme les nuages se dissipent devant le soleil même s'ils sont parvenus à l'obscurcir momentanément à nos regards.

« L'action destructrice du temps ne laisse subsister que ce est supérieur au temps : elle dévorera tous ceux qui ont borné leur horizon au monde du changement et placé toute réalité dans le devenir, ...

« ... ceux qui se sont fait une religion du contingent et du transitoire car « celui qui sacrifie à un dieu deviendra la nourriture de ce dieu » ; ...

« ... mais que pourrait-elle contre ceux qui portent en eux-mêmes la conscience de l'éternité ? »

    

     

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