mercredi 30 octobre 2024

L'ordre d'Avalon

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la quatrième sphère
parmi les neuf sphères célestes de la vingt-et-unième lettre :

« Sîn »

« Les druides [ ont ] réalisé que le christianisme dans un futur prévisible allait dominer le monde.

« L'étendue de leur intelligence et de leur prévoyance leur a fait comprendre qu'il ne fallait pas s'engager dans une lutte impossible à gagner.

« À la place, les druides ont préparé le terrain de la victoire des moines et ils les aidèrent à accéder au pouvoir.

« En retour, ils exigèrent que les moines perpétuent l'héritage des Celtes jusqu'au jour où le christianisme dépérirait et disparaîtrait.

« Pourquoi sinon les moines auraient-ils consacré tant de force à copier et à préserver les contes païens irlandais ?

« Le premier évêque d'Irlande – Fiacc – consacré par saint Patrick était druide. Nous le savons.

« Beaucoup prétendent – bien sûr – que les druides rejetèrent leur sagesse infinie et devinrent chrétiens. Cela ne sait pas passé ainsi.

« Les druides – dont certains devinrent évêques – servaient de garants pour que leur foi continue à vivre dans les recoins secrets du christianisme de génération en génération jusqu'au jour où un peuple celtique pourrait à nouveau y prétendre.

« Il y a toujours eu des prêtres qui étaient druides en même temps. Le 27 juin 1970, l'archevêque de l’Église celtique – Itlund – a ordonné le premier moine de l'ordre d'Avalon.

« Il a dit l'avoir fait au nom d'un legs hérité et transmis des premiers druides de l’Église. Mais Itlund commit une grosse erreur.

« Il a essayé trop tôt de ressusciter les druides. Une telle faute ne se reproduira plus. »

Cf. Björn Larsson – Le Cercle celtique (1992)

Je suis d'Irlande
et de la Terre Sainte d'Irlande.

Beau Sire – Je te prie
par la Sainte Charité
Viens !
Danse avec moi en Irlande...

L'île [ de Saint Alban ] était séparée du monde.
La mince digue qui la reliait à l'Irlande ne la reliait pas à la réalité.

[ ... ]

Mais les jours du monde ne ressemblent pas à l'île du matin...

René Barjavel et Olenka de Veer

Les dames à la Licorne [ & ] Les jours du Monde

1974 – 1977

1979 pour La troisième Licorne

« Olenka de Veer a appris par sa mère [ dans son enfance ] tout ce qu'elle sait de l'histoire de sa famille : ...

« ... des souvenirs personnels, une tradition orale soutenue par un arbre généalogique et une légende étiologique – celle de la licorne qui pendant sept ans fut l'épouse de Foulque le Roux [ qui fut ] l'ancêtre des Plantagenêt.

« C'est le sang de la licorne mêlé à celui des comtes d'Anjou qui de génération en génération est apparu comme la source de la passion d'indépendance qui n'a cessé de brûler chez toutes ces femmes. »

[ Légende assurément cyclique que la licorne met en rapport avec deux des trois animaux primordiaux de son légendaire qui tient à la fois du cerf et du narval et par conséquent avec le Graal contenant le saumon, le brochet ou le lamproie primordial.

Les sept ans qui unirent Foulque le Roux dit le Sors et la Licorne de Saint Alban sont à entendre comme autant de siècles qui sont ceux du septénaire de la prophétie cathare augmentant les cinq cors du Cerf blanc pendant l'âge de fer. ]

« Au XIVe et au XVe siècle [ nous éludons le légendaire féodal où elle change de genre ] la licorne endormie sur le sein de la vierge devient par contiguïté un symbole de la vierge elle-même, une réincarnation [ métamorphique ] de la déesse Diane [ et de Mélusine.

Le changement de genre entre le cerf et la licorne serait donc concomitant à celui des luminaires déjà noté dans l'hymne au Créateur franciscain et confirmé par l'iconographie alchimique qui inverse ceux des hymnes homériques. ]

« Dans la célèbre tapisserie de la Dame à la licorne elle est opposée au lion, incarnation du désir masculin et de la force des armes.

« Cette conjonction est souvent reprise par l'héraldique notamment dans les armes d’Écosse qui l'ont léguée sous Jacques Ier aux armes du Royaume-Uni.

« Pour une femme se placer sous le signe de la licorne, c'est revendiquer la pureté, la pudeur, la chasteté farouche et intransigeante. [ ... ]

« Une famille équilibrée, ce serait une famille où les hommes seraient des lions et les femmes des licornes. Ce qui ne veut pas dire que tout s'y passerait bien. »

[ « Le lion d'Anjou avait planté ses griffes [ en ] l'Irlande [ dès 1170 ] mais sa compagne blanche – la licorne – allait se prendre d'amour pour cette terre de vent et d'eau et confondre son rêve avec les siens. » ]

« Et nous passons de la légende à l'histoire. Olenka de Veer nous a aimablement fourni une copie de sa généalogie.

« Nous ne sommes pas en mesure de la vérifier jusque dans les détails mais nous avons eu l'impression en la parcourant de feuilleter quelques pages de l'histoire des îles britanniques.

« La lignée est d'origine royale ; au XIVe et au XVe siècle, elle est mêlée de près à la grande histoire.

Elle s'oppose à plusieurs reprises aux Lancastres et l'ascension de la famille de la maison d'York au temps de la Guerre des deux Roses marque l'apogée de sa fortune.

« L’avènement des Tudor y est sans doute mal vécu ; une cadette de la famille est donnée en mariage au comte de Kildare qui gouverne l'Irlande yorkiste sous la suzeraineté lointaine du roi d'Angleterre.

« L'alliance ne mène à rien : en 1537, Henri VIII décime les Kildare et l'Irlande refusant la Réforme entame un long cycle de révoltes et de répressions.

« La lignée s'installe à Longford conquise au temps d’Élisabeth et s'y maintient pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle apparemment fidèle au roi et récompensée par de riches mariages.

« C'est encore de l'histoire locale. Puis vient l'ère des révolutions. La généalogie suit alors très brièvement le destin d'une branche cadette.

« Noble déclin sans doute. Mais grand passé sûrement qui a dû fournir des rêves à d'innombrables êtres humains éparpillés sur vingt-trois générations. » [ ...]

Cf. Jacques Goimard – Postface au Roman merveilleux de Barjavel avec Olenka de Veer – La Licorne (1995)

« 23 x 30 = 690 »

« 69 » est le nombre d'années qui séparait les échéances d'un temps apocalyptique consacré au Sacré-Cœur de celles de la Rose-Croix.

360 = 3 x 120

1673

1793

1913

2033

Rappelons que les échéances du Sacré-Cœur furent rétrogradées d'un an par le calendrier révolutionnaire de 1792.

« Je ne sais pas comment il avait appris l'existence du Cercle celtique. Ce sont des choses qui arrive.

« C'était un érudit et toute sa vie il avait été fasciné par les sociétés plus ou moins occultes.

« Il savait tout sur les ordres druidiques, les loges maçonniques et les ordres templiers.

« Il avait peut-être seulement deviné, suivi une trace et ensuite – grâce à son imagination – il avait correctement assemblé les pièces du puzzle. »

Cf. Björn Larsson – Le Cercle celtique (1992)

Nous ne savons rien de l'ordre d'Avalon qui officie déjà de l'autre côté de la digue qui nous mène vers l'île du matin mais nous connaissons l'Ordre druide qui rompit dès 1723 avec le projet maçonnique de la Rose-Croix.

360 = 3 x 120

1604

1724

1844

1964

La pierre de Destin conservée à l'abbaye de Westminster depuis 1296 a bien été restituée à l’Écosse en 1996 – ce qui compte tenu des quatre ans imputés au calendrier d'Armagh par James Ussher (+ 1656) correspond bien à la fin du cycle de l’écliptique en 1992.

Les variables de la destiné cyclique connaît ici des variantes : des cinq cors du Cerf blanc à l'ætte de l'ordre d'Avalon (1170 – 1970) en passant par les cohortes de l'âge de Fer et les septénaires écossais (1296 – 1996) ou cathare (1244 – 1944).

Le septénaire cathare permet de rétrocéder son sabbat sur l'échéance adventiste de 1844 qu'on retrouve dans l'organisation périodique des temps de la Rose-Croix où l'enchaînement mythique de ses anneaux à la même origine (1244) autour 1604.

Cette rétrocession sabbatique ne produit rien de comparable sur le septénaire écossais qu'il faut distinguer ici de son légendaire irlandais.

   

    

dimanche 27 octobre 2024

La demeure du Mahdi

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la troisième sphère
parmi les neuf sphères célestes de la vingt-et-unième lettre :

« Sîn »

Ils sont au nombre de seize compte tenu des deux branches du tronc ja'farite avec l'Imam asan qui renonça au Califat dans la Maison du Sceau des prophètes dont Fatima Zohra fut le Pôle et l'isthme entre la prophétie et la sainteté dans la maqâm de la Proximité.

C'est l'Imam Ḥasan qui fut le Pôle caché des fatimides pour qui le Vivificateur et le Sceau des saints furent manifestés comme héritiers du Sceau des prophètes et de son Messie qui est leur Mahdi – « Σ 6 = 21 ».

C'est Muḥammad al-Maktum qui fut alors le septième de la branche où Ḥasan fut caché dans celle d’Ismaël.

Ḥasan al-Mujtabâ, Muḥammad al-Maktum, Muḥyi'd-Dîn ibn Arabî et Aḥmad at-Tijanî – qu'Allâh préserve leur précieux secret – sont les quatre Piliers dans la demeure du Mahdi :

« lâ Madhi illa 'Isâ ibn Maryam »

« al-Ḥaqq » wa « al-Ḥayy »

« Les enseignements du Bardo-Thödol sont attribués [ à ] Padmasambhava. Au milieu du huitième siècle de [ l'ère chrétienne ] sur l'invitation du roi Ti-song-de-tsen (755 – 797), il apporta le bouddhisme au Tibet et fonda [ son ] premier monastère [ samye ]. »

« (5 x 500 = 2.500) + (1/10 = 250) »

-720

-220

280

780

1280

1780

1780 – 2030

[ C'est Nâgârjuna qui introduit au troisième siècle de l'ère chrétienne cette perspective téléologique dans la Mahâsâṃghika reprise ensuite par le Daï Shonin Nichiren pour le Mahâyâna définitif. ]

« Les vers de dédicace au commencement de l'ouvrage nous indiquent que les idées essentielles et peut-être même une version primitive du Bardo-Thödol comme elle nous est conservée dans la partie métrique de l’œuvre sont à attribué à Padmasambhava.

[ « ... les vers racines des Six Bardo – « Bar-do-rnam drug-rta tsig » – constituent le noyau originel de l’œuvre » : le bardo de la vie (1), le bardo du rêve (2), le bardo de la méditation (3), le bardo de la mort (4), le bardo de la réalité (5), le bardo de la renaissance (6).

Le « bardo » à ici la même signification que le « barzakh » dans la terminologie islamique où il désigne un isthme semblable à celui qui existe entre la sainteté et la prophétie. ]

« C'est vers nous permettent d'identifier l'auteur. Ils nous présentent en tout cas les fondements spirituels sur lesquels l’œuvre repose :

« Oh ! Amitabha – Lumière infinie du Corps de Vacuité [ Dharmakaya ]

[ Dont nous identifions la source à Vajradhara comme Adhy Bouddha dans l'esprit du Bouddha Sakyamuni. ]

« Oh ! Apparitions paisibles et courroucées

[ Celles des Devas dans les régions célestes, celles des Djinns [ Jinas ] dans les régions infernales et celles des huit Boddhisattvas de l'espace intermédiaire où ils apparaissent avec les quatre Dhyani Bouddhas. ]

« Oh ! Ordre du Lotus [ du ] Corps de Jouissance [ Sambhogakaya ]

« Oh ! Padmasambava – Sauveur de tous les êtres [ dans son ] incarnation terrestre

[ Sotériologie que nous étendons ici au second boddhisattva du Nirmanakaya – le Daï Shonin Nichiren. ]

« Vénération [ aux ] Trois Corps [ du ] Bouddha ! »

« Ces vers font appel à la connaissance des mandalas, à la symbolique des images et surtout à l'enseignement des trois corps [ trikaya ] qui concerne la nature des réalisations spirituelles d'un Bouddha.

« Nous retrouvons la représentation de ces trois corps [ du ] Bouddha dans le « Mahayana-Shrad-dhotpada-Shastra ».

« Ces notions sont fondamentales pour la compréhension du Bardo-Thödol. L'explication de ces vers d'introduction est donc la clef du Bado-Thödol.

« La nature de notre être profond n'est pas différente de celle [ du ] Bouddha. La différence tient au fait que [ le ] Bouddha est conscient de cette nature [ originelle ] tandis que l'homme attaché à [ l'illusion de l'ego ] ne l'est pas.

« Cette nature profonde de l'être s'appelle « sunhyata » – pure potentialité [ ou ] pure vacuité du « non encore formé » que présuppose cette forme ; ...

« ... ce sera pour la conscience de l'esprit illuminé, le Dharma – la plus haute vérité [ ou ] la loi de vertu immanente.

« Elle représente l'état spirituel d'un Bouddha. Le Dharmakaya ou Corps de Vacuité – Corps du Dharma en Soi – est le plu haut principe de la Bouddhéité. » [ Sic ]

« Le Sambhogakaya [ ou ] Corps de Jouissance spirituelle bienheureuse est le fruit du Dharmakaya au niveau de la vision intuitive.

« Ici l'indicible devient vision créatrice, forme symbolique spirituelle, expérience de félicité bienheureuse. C'est l'héritage que nous ont laissé par leur actions dans les âmes ayant atteint l'illumination.

« Elles-mêmes furent l'incarnation visible de cette expérience que connaît tout homme rempli d'un tel esprit et dont lentement la forme corporelle se métamorphose à l'image de la vie intérieure.

« Selon la conception bouddhique, le corps est ainsi une conscience devenue visible en « Corps de Métamorphose » appelé Nirmanakaya qui est la description du corps de tout être humain passé par la voie d'une métamorphose spirituelle. »

[ Le lama ne reconnaît pas cette métamorphose comme étant d'abord celle des deux boddhisattvas du Bouddha dans son Nirmanakaya en l'étendant à l'ensemble de la communauté des âmes illuminées :

« Les formes des symboles de [ la vision intérieure où les principes et les qualités de l'illumination se trouve séparés [ du Bouddha ] comme les rayons du soleil par un prisme ] ne sont pas des créations arbitraires ...

« ... mais [ ... ] les traces lumineuses laissées par l'expérience millénaire de la spiritualité dans l'âme humaine : ce sont les corps lumineux de tous les esprits de l'éveil qui nous ont précédés sur cette terre ...

« ... les corps créés par leurs mérites – corps de récompenses de tous les [ Dhyani ] Bouddhas appelé également Sambhogakaya – nouveau corps que nous élaborons par notre état de vénération. » ]

« Notre vers signifie donc que Padmasambhava est le maître et le protecteur de tous ceux qui se confient à lui et le vénèrent dans ces Trois Corps [ du ] Bouddha [ comme ] principe de l'ordre du Lotus – à savoir :

- sur le plan de la loi universelle [ du ] Dharmakaya en tant que lumière illimitée d'Amitabha ;

- sur le plan de l'apparition corporelle [ du ] Nirmanakaya dans sa forme humaine qui n'est autre que l'incarnation des formes précitées.

« Ce 'est donc pas la personnalité historique qui est vénérée sous sa forme humaine mais bien la forme [ d'un ] principe intérieur impérissable qui s'exprime en elle. »

Cf. Lama Anagarika Govinda – Bardo-Thödol – Préface au Livre tibétain des morts (1977)

   

    

vendredi 25 octobre 2024

Le pèlerinage immobile

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la deuxième sphère
parmi les neuf sphères célestes de la vingt-et-unième lettre :

« Sîn »

Toute prière dans son acception la plus universelle qui unit la louange à la supplication est entièrement comprise par la prosternation.

Elle n'a que six sortes de mouvement : celui des genoux, celui du tronc, celui du torse, celui du cou, celui des yeux et celui du front.

La prosternation du front est la plus complète car elle nécessite les six appuis alors que les autres n'en demandent que deux si on est debout ou quatre si on est assis.

Les six appuis sont ceux des pieds, ceux des genoux et ceux des mains.

La prière immobile est comme une prosternation sans appui bien qu'elle nécessite toujours une assise.

Elle se pratique aussi en mouvement dans le ralentissement et la résorption des sens ou au contraire dans l'accélération et l'évitement.

La prosternation des yeux est la plus intime car elle est la plus proche du cœur où s'unissent les flux de la Terre et du Ciel.

Le Prieur du val d'Or nous a enseigné la prosternation du tronc qui nous a toujours paru suffisante si elle est suffisamment profonde.

Celle des genoux reste incomplète quand elle n'invite pas à la prosternation du front sauf quand l'assise se fait sur un siège où le fléchissement de la nuque s'impose.

Le Prieur du val d'Or pratiquait la prosternation des yeux d'une façon très particulière en les levant vers le Ciel.

Ce regard posé au-dessus des choses accomplissait la prosternation de Celui qui la contemple.

Son humilité extrême est une participation rendue nécessaire à toute oblation par la prosternation.

Les prosternations les plus manifestes sont caduques en l'absence du cœur qui sanctifie les salutations les plus ténues.

C'est en effet le cœur de l'âme qui participe au mouvement des réalités les plus subtiles vers lesquelles l'entraîne celui du corps qui se prosterne.

Tout rite n'est que la disposition de ce mouvement des êtres vers leur Source profonde.

Le Sheykh al-Akbar décrit toute pérégrination comme une prière en mouvement et la prière comme un pèlerinage immobile.

« L'après-midi en compagnie de Gille Guay et de Sorrensen, nous allons rendre visite [ en 1959 ] à Lama Govinda qui habite non loin de là avec sa femme, la photographe parsie Li Gotami. Sorrensen me raconte son histoire :

« Lama Govinda est un érudit qui a appris le pali de façon à étudier les écrits bouddhistes dans le texte.

« Il est d'abord moine bouddhiste à Ceylan puis il est envoyé à Calcuta pour représenter le bouddhisme Hinâyana dans un Congrès international.

« Mais il se convertit au bouddhisme Mahayana. C'est à cette époque que [ Sorrensen ] le rencontre à Shantiniketan.

« Il se fait appeler alors Brahmâcari Govinda. Il part au Tibet vers 1936, est initié au tantrisme et devient lama.

« À son retour, il se marie avec une femme parsie – ce qui est admis en tant que lama mais c'est très mal vu des indiens.

« Il habite la maison du Dr Evans Wentz (+ 1965) [ le rédacteur de la traduction du « Bardo Thödol » de Padmasambhava par le lama Kazi Dawa Samdup ] qui désirait la louer mais à condition qu'aucune femme n'y habite... »

« Lama Govinda nous reçoit assis sur une sorte d'estrade couverte de tapis rouge. Les traits du visage fin, un long bouc bien taillé, les pommettes saillantes, les yeux petits et bridés.

« Il n'est pas très grand et s'exprime en anglais avec un fort accent allemand. La vue sur l'Himalaya est superbe.

« De l'autre côté de la montagne, c'est le Tibet » – me dit-il :

« Autrefois une route très fréquentée y allait mais elle a été fermée depuis l'occupation [ du pays ] par les Chinois. »

« Sa femme – Li Gotami – est une matrone imposante à la voix forte qui intervient à tout propos pour donner son opinion. Elle semble avoir du mal à supporter qu'on ne lui prête pas une attention exclusive.

« Les murs sont couverts de livres. Lama Govinda donne une impression de grande érudition. Il a tout lu, s'intéresse à tout.

« Il m'interroge sur les chances de De Gaulle de rétablir la paix en Algérie. Il raconte beaucoup d'histoire et d'anecdotes. Il a séjourné en Tunisie autrefois et y a étudié les transports mystiques de la secte des « Aïnou Laoussa »... [ ... ]

« La conversation continue sur Guénon pour lequel Lama Govinda a beaucoup d'admiration. Je promets en prenant congé de lui envoyer des livres de Guénon qui l’intéressent et qu'il ne peut se procurer en Inde. »

Cf. Daniels Roumanoff – Candide au pays des Gourous – A la recherche d'un maître – Almora : la colonie des européens – Lama Govinda : un bouddhiste érudit (1990)

   

    

jeudi 24 octobre 2024

La déesse noire de la Mélancolie

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la première sphère
parmi les neuf sphères célestes de la vingt-et-unième lettre :

« Sîn »

« Nirmalâ Sundarî connue plus tard sous le nom d'Ananda Mayee Mâ [ Mâ Anandamayi ou Ananda Moyî ] Mère Remplie de Félicitée ou Matâji est née dans le petit village de Kheora dans le district de Tripurah au Bengale oriental le 30 avril 1896 – ...

« ... le dix-neuvième jour du mois de Baisack de l'année 1303 [ après l'hégire ] selon le calendrier bengali – d'une famille de Vaiṣṇava orthodoxe adorateur de Sri Kṛiṣhṇa.

« Son père Bipinbihârî Bhattacâya était un brahmane originaire du village de Vidyakut et grand amateur de kîrtana. Sa mère Mokṣadâ Sundarî connue sous le nom de Didimâ venait d'une famille de pandits. »

« La maison où elle est née était entourée de maisons habitées par des musulmans pour la plupart des paysans illettrés. Ses parents étaient pauvres.

« Elle n'a pas fréquenté l'école plus de deux ans et n'a jamais su véritablement ni lire ni écrire. Plus tard quand lui demandait de mettre son autographe, elle signait en faisant un point. »

« À treize ans, elle fut mariée à Ramanimohan Chakravarti – un brahmane du village Atpara près de Daca. Connu sous le nom de Bholanâtha, c'était un Śakta.

« Ce mariage n'a jamais été consommé physiquement. Bholanâtha considéra rapidement sa femme comme son guru et lui laissa une grande liberté. Il mourut en 1938. »

« Après son mariage, Ananda Mayee vécut à Atpara où son mari avait trouvé un emploi dans le département de la police. Elle s'occupait de tâches ménagères.

« Puis son mari trouva un emploi à Astagrama dans les services départementaux de l'Agriculture puis à Bhajitpur. »

« En 1922, Ananda Mayee se confère l'initiation à elle-même d'abord à elle-même puis à son mari. C'est la seule fois où elle donna l'initiation à quelqu'un. Car elle a toujours dit qu'elle n'était pas un guru et a toujours refusé d'initier des disciples. »

« En 1924, Bholanâtha trouve un emploi comme directeur des jardins Shah-bag du Nawab de Dacca. C'est durant cette période qu'Ananda Mayee se nourrit pendant trois ans avec trois grains de riz par jour. Elle passe de nombreux mois dans un silence total. »

« En 1926 pendant la pûjâ de Kali, elle place des fleurs et de la pâte de santal sur sa propre tête et non sur la la statue de la déesse.

« Elle rencontre [ alors ] Gurupriyâ Devi qui ne la quittera plus et Jyotis Candra Ray connu sous le nom de Bahaiji. Ce dernier construisit le premier ahsram de Matâji à Dacca en 1929. »

« Depuis 1929, elle n'arrête pas de voyager. Partout où elle va, elle est le centre d'une intense activé sirituelle : kîrtana, méditation, récitations à haute voix de la Gitâ, des Upaniṣad, de Pûraṇa, discours de mahâtma ou d'érudits en visite.

« Toutes les fêtes hindoues sont célébrées et parfois même des sacrifices védiques. »

« Sa notoriété devient alors nationale. Elle reçoit la visite de Gandhi, de Nehru, d'Indira Gandhi, de l'industriel Birla, d'Uday Shankar le danseur ; et même international.

« Le premier occidental à rejoindre son ashram en 1943 est une pianiste autrichienne – Blanca Schlamm – qui devient saṃnyâsinî sous le nom de Vijayânanda.

« Le photographe anglais Richard Lannoy, le réalisateur à la télévision française Arnaud Desjardins, la romancière allemande Melita Mashmann ont parlé d'elle dans leurs livres.

« Ananda Mayee Mâ est morte en août 1982. » (1402)

Cf. Daniel Roumanoff – Candide au pays des Gourous – Biographie sommaire d'Ananda Mayee Mâ (1990)

« Mais en 1858 à la date des faits que je raconte ici, Ramakrishna n'en est pas encore à ce point de maîtrise. »

Cf. Romain Rolland – La vie de Ramakrishna – Kali la Mère (1929)

   

    

dimanche 20 octobre 2024

Le langage symbolique

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la huitième sphère
parmi les huit sphères célestes de la dix-huitième lettre :

« âd »

C . S . P . B

CRUX SANCTI PATRIS BENEDICTI

La Croix du Saint Père Benoît identifie le Dragon à Satan, lesquels s'identifient au Serpent et à Lucifer ainsi qu'au diable et au démon dans la prière de l'Exorcisme de Léon XIII.

N . D . S . M . D

NON DRAGO SIT MIHI DUX

VADE RETRO SATANA

U . R . S

Mais ces imprécations dont les initiales évoquent l'Ours des baronnies carolingiennes quand elle s'adressent à Satan ne peuvent guère provenir du Saint Père Benoît de Nursie (+ 547) ou de son hagiographe – Grégoire-le-Grand (+ 604).

Leur médaille jubilaire qui les a répandu en dehors de l'ordre ne date que de 1880. On la reconnaît par les trois lettres qui remplacent celles du Saint Nom de Jésus (IS) avec le monogramme de leur ligature (H).

P . A . X

I . H . S

Celle du Saint Nom lui est antérieure puisque l'Ordinaire de 1742 recommandé par Benoît XIV et bénéficiaire de ses indulgences reprend celle des Filles de la Charité de 1664 et celle des Sœurs de l'Immaculée Conception de 1578 remplacées depuis par celle 1830.

Le Dragon contre lequel elle servait de talisman prophylactique tient plus alors du Léviathan dans les terreurs des traversées transatlantiques que de l'antique constellation du Serpent.

Les formules qui correspondent aux initiales proviennent d'une gravure de la Bible de l'abbaye de Metten en Bavière qui date de 1415 où la transcription du « M » de Marie sur la médaille de 1830 est d'ailleurs fort étrange.

Rien ne nous empêche dès lors de percevoir cette démonologie diffuse comme un sous produit des catégories dialectiques de l’aristotélisme du XIV siècle – celui que Clément V allait promouvoir sur le siège pontifical d'Avignon.

Les devises de la croix et et du phylactère de 1415 sont les suivantes :

CRUX SACRA SIT MIHI LUX  +  NON DRAGO SIT MIHI DUX

[ que la ] Sainte Croix Soit Ma Lumière  +  Non [ le ] Dragon [ ne ] Soit [ pas ] Mon Duc

C . S . S . M . L   +   N . D . S . M . D

VADE RETRO SATANA NUNQUAM SUADE MIHI VANA

Arrière Satan Ne Séduit [ pas ] Ma Vanité

V . R . S . N . S . M . V

SUNT MALA QUÆ LIBAS IPSE VENENA BIBAS

[ Que ] Sont Malsaines [ les ] Libations Vénéneuses [ Que vous ] Buvez

S . M . Q . L . I . V . B

« [ Les formes architecturales ] ont une signification symbolique, bien sûr. Mais attention aux interprétations farfelues !

« À partir des années 40, un Schwaller par exemple a trouvé des lecteurs assez candides pour gober toutes ses explications sans le moindre recul.

« Pour écrire le Temple de l'homme, il a glané à droite et à gauche toutes sortes de bribes d'information et il en a tiré des allégations intelligentes mais totalement fausses et pernicieuses, voire dangereuses.

« Il faut vous dire que j'ai souvent pourfendu les théories de Schwaller. »

« ... il s'appelait simplement Schwaller mais racontait que O. V. Milosz von Lubicz – le fameux poète de langue française et diplomate balte – avait fait avec lui un pacte d'amitié en mélangeant leur sangs.

« Il avait créé une secte où l'on n'était admis qu'après une longue initiation qui consistait en fait à plumer les gogos en quête de pierre philosophale.

« Et il en plumé plus d'un. Schwaller s'était passionné pour la Kabbale et il avait même proposé en 1913 au cousin du philosophe Bergson – le banquier Lionel Hauser, un ami de son père – de l'aider a trouver la pierre philosophale.

« Le banquier lui a versé une rente en franc-or pendant la Première Guerre mondiale et en retour Schwaller qui n'avait rien trouvé de tout l'a aidé à constituer sa bibliothèque kabbalistique.

« Quoi qu'il en soit, c'était un imposteur comme ceux qui ont propagé des élucubrations fantaisistes sur la vengeance des pharaons [ assez semblable à celle des templiers dans son grade maçonnique. ]

« C'est en partie pour démonter ces malhonnêtetés intellectuelles que je me suis penchée sur l'étude du langage symbolique » [ dans une démarche assez semblable à celle de René Guénon à l'encontre du théosophisme et du spiritisme. ]

Cf. Christiane Desroches Noblecourt – Sous le regard des dieux – La terre des mystères (2003)

« On a trouvé dans les premiers monastères au Ouadi Natroum et dans les Kellia au Sud d'Alexandie [ une ] figure du poisson [ ... ] traversé par une croix avec cette inscription :

« Je suis la Vie – Je suis l'Espoir – Je suis la Résurrection »

« On peut voir au Louvre l'une de ces images trouvées dans une chapelle des Kellia par l'équipe de François Daumas.

« C'est bien là – nous en avons la certitude – l'origine du monogramme « ICTUS », emblème des premiers chrétiens d’Égypte – autrement dit :

« Iesous Christos Theo Uios Sôter »

« Jésus Christ Fils [ du ] Dieu Sauveur »

 ●

I . X . Θ . Y . Σ

« C'est ainsi sur notre compréhension de la symbolique funéraire égyptienne nous permet aujourd'hui d'éclairer le premier christianisme [ à travers « le symbole ésotérique des premiers chrétiens ». ]

« Si nous pouvons affirmer que les scènes agricoles représentées sur les murs des chapelles funéraires ont une signification symbolique, ...

« ... c'est que pour les Égyptiens tout ce qui est mort participe d'un travail obscur sans lequel « l'âme » des défunts [ leur « Ba » ] ne pourrait revenir à la Vie.

« C'est dans l'humus que se fait la germination des plantes futures. Les travaux agricoles symbolisent ce travail souterrain, invisible qui s'enclenche chaque année après l'arrivée de l'inondation.

« Les morts participes donc de ce cycle, ils enrichissent l’Égypte [ « pour l'éternité » ] de leur maturation secrète [ « au sein du cycle qui anime le Grand Tout ». ]

« L'eau de l'inondation qui revient est chargée des « âmes » à renaître. Une formule le dit très bien : « ses pères qui sont dans l'inondation » [ c'est la patrie. ]

« On ne peut pas ne pas évoquer à ce sujet la grande question de la transformation, c'est-à-dire de l'alchimie. D'ailleurs l'origine du mot « alchimie » serait égyptienne : « al-Kemit » signifie la Terre noire, autrement dit l’Égypte.

« Je pense plutôt que les Grecs [ lorsqu'ils ] sont arrivé en Égypte ont été émerveillés parmi tant de splendeurs par la science des pigments, l'art de la céramique [ et ] la technique permettant de reconstituer de l'électrum ...

« ... [ cet alliage ] provenant du pays de Pount fait [ ... ] d'or, de cuivre, et d'argent qui donnait un or fin et pâle [ quand ] ils ont découvert de véritables usines chimiques.

« Ils ont appelé cette science « l'égyptienne » qui se dit « kémi » en égyptien et les arabes en ont fait « al-kémi » – l'alchimie. »

Cf. Christiane Desroches Noblecourt – Sous le regard des dieux – Petits poissons en mal d'éternité (2003)

   

    

samedi 19 octobre 2024

À l'ombre l'Ambre

...

Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la septième sphère
parmi les huit sphères célestes de la dix-huitième lettre :

« âd »

Pour des mois synodiques de trente jours, le Phœnix aux six mille lunaisons nécessite 2.621 jours complémentaires comprenant leurs jours complémentaires (5 x 500) et leurs jours bissextiles : « (500 / 4 ) - 4 = 121 ».

Ces 2.621 jours complémentaires font 88 lunaisons de trente jours (2.640) auxquelles il manque 19 jours à une lunaison de 11 jours où les 261 sphères des vingt-huit mansions sidérales correspondent au dixième (1/10) du reste (2.610).

Pour des lunaisons alternant entre 29 et 30 jours où il manque encore un douzième (1/12) à une année de 355 jours, on ajoute cinq jours par an (5 x 500) soit 84 lunaisons de trente jours (2.520) auxquelles il manque 20 jours à une lunaison de 10 jours.

Pour ces 84 lunaisons, on ajoute encore trente-cinq jours « (84 / 12) x 5 » ou deux lunaisons de trente jours auxquelles il manque 25 jours à une lunaison de 5 jours.

Et en additionnant les soixante-quatre jours manquants (19 + 20 + 25) on soustrait deux lunaisons de trente jours et on en laisse une à laquelle il manque encore quatre jours. Ce qui fait alors un total de 172 lunaisons (88 + 84).

Si on additionne des soldes au lieu de soustraire des différences, on ne trouve que 171 lunaisons (87 + 83 + 1) avec un solde de vingt-six jours (11 + 10 + 5) pour un mois de trente jours (26 + 4).

Le nombre des lunaisons est en réalité « 6.173,1111 » pour un mois de 29,5833 jours à la quatrième décimale – celle de la myriade – avec un cycle de 182.621 jours pour une année de 365,242 jours à la troisième décimale :

« 182.621 / 365,242 = 500 » et « (59 / 2) + (1 / 12) = 29,5833... »

« 182.621 / 29,5833 = 6.173,1111... »

C'est l'émeraude aux 6.173 facettes que la treizième constellation sidérale a enfoui dans la sphère sublunaire en entrant dans l'ordre synodique de ses lunaisons.

Elle se trouve sur la couronne qui orne le diadème de la Vierge vénérée sur le Belloy sous le vocable de Notre-Dame de Paix et de Concorde au Solstice d'été et sous celui de Notre-Dame du Refuge quand il désigne la Reine des anges.

« Donne toujours plus que tu ne peux reprendre.

Et oublie.

Telle est la Voie sacrée. »

René Char

1971

« Dans le vestibule de la tombe de la grande épouse royale de Ramsès II – Nofrétari – au cœur de la des Reines, on trouve la représentation de la souveraine assise sous une petite tonnelle faite de papyrus [ ... ] qui évoquent les marécages où son trépas l'a plongé.

« La reine est en train de jouer à un jeu qu'on appelle le « sénèt ». Mais vous vous méprenez gravement si vous croyez qu'elle cherche simplement à tromper l'ennui du fond de son éternité.

« Non. La reine avance ses pions devant un adversaire invisible.

« Que fait-elle ? Elle joue son destin, son passage de l'autre côté.

« Pour cette raison, on a souvent trouvé des jeux de « sénèt » dans les tombes non loin de la momie. »

« Le « sénèt » est un jeu rectangulaire de trente cases dérivant d'un jeu qui évoquait un serpent enroulé dont les écailles étaient remplacées par des cases.

« Le corps du serpent se terminait par une tête d'oie parce que c'est l'oie solaire qui a craché l'astre du jour [ que la défunte cherche à rejoindre. ]

« Les joueurs devaient emprunter toutes les cases en prenant garde de ne pas tomber dans le puits – l'élément aquatique du Nord » [ au-delà du delta. ]

« [ C'est l'ancêtre du jeu de l'Oie. ] Il est passé par les Romains et par Byzance avant de parvenir jusqu'à nous.

Les Anglais connaissent le jeu de l'échelle qui est aussi le jeu du serpent.

Les labyrinthes sont tracés parfois sur le parvis ou dans la nef des cathédrales au Moyen Âge n'ont pas d'autre origine.

« On jouait à la paume le jour de la Pentecôte devant les labyrinthes : c'était aussi un souvenir de ce jeu très ancien. »

Cf. Christiane Desroches Noblecourt – Sous le regard des dieux – Tordre le cou aux idées reçues (2003)

L'hybride du serpent et de l'Oie fait plutôt penser à la forme primitive du Caducée hermétique où la tête de l'Oie est identifié au Soleil et le corps du serpent à un labyrinthe.

« I . I . I . I »

« L'adversaire pourra prendre la forme d'un animal démoniaque errant dans le désert ou bien celle d'un pion du jeu de l'Oie. [ ... ]

« Quand Malraux a vu la reine Nofrétari dans sa tombe jouant au jeu de « sénèt », il m'a demandé : « Mais que fait-elle ? »

« Vous voyez bien » ais-je répondu : « Elle joue. »

« Mais elle n'a pas d'adversaire » a-t-il remarqué.

« En effet, l'artiste n'avait pas voulu représenter l'adversaire de la reine au jeu de « sénèt » ; elle lute contre un génie invisible.

« Les démons représentent les obstacles sur le chemin de la renaissance [ dans un autre monde. ]

« Ils peuvent aussi être figurés par des animaux fantastiques [ tel le Minotaure ] qui incarnent tout ce qu'il y a d'agressif dans l'homme. »

Cf. Christiane Desroches Noblecourt – Sous le regard des dieux – Le Lac de Turquoise (2003)

Le cheminement dans le labyrinthe à la recherche du Soleil ne connaît pas d'adversaire si ce n'est l'ombre que le pèlerin projette sur son propre chemin.

« J’irai sous la terre et toi, tu marcheras dans le soleil »

Arthur à Isabelle Rimbaud

1891

« Les Égyptiens considèrent que l'individu est composé de plusieurs entités qui se dissocient au moment de la mort. [ ... ]

« Nous avons parlé du corps, la part matérielle qu'il faut protéger afin que les éléments spirituels vivent leur éternité.

« Il y a aussi l'ombre qui s'évanouit au moment du trépas. [ ... ]

« Le « Ka » peut-être en partie défini comme la puissance divine procréatrice de l'homme,

[ « ... le « Ka » ancrait l'être humain dans l'imaginaire, autrement dit dans le monde divin. C'était la part divine de l'homme. » ] [ « C'était son étincelle divine. » ]

« Seul le roi bénéficiait de son « Ka » sur terre – il existe d'ailleurs un lien entre le « Ka » royal et son épithète de « taureau puissant ».

« Quant à l'âme [ telle que nous la concevons ] elle est souvent assimilée à ce que les Égyptiens nomment le « Ba » et qu'ils représentent par un oiseau à tête humaine.

[ « ... le « Ba » était l'énergie de communication, la dynamique de l'être, ce qui donnait à la personne son souffle ... » ] [ « Le « Ba » était un concept matériel. » ]

« ... à côté du corps, de l'ombre, du « Ka » et du « Ba » vous aviez encore le Nom du mort et le « Akh » : la partie lumineuse de l'être qui se révèle quand il passe de l'autre côté, l'esprit glorieux » [ qui serait en quelque sorte l'antithèse de l'ombre. ]

Cf. [ Isabelle Franco interrogée et reprise par ] Christiane Desroches Noblecourt – Sous le regard des dieux – La Grande Avaleuse (2003)