lundi 1 juillet 2024

La Sedes sapientiæ

...

Retour vers les demeures du Sabbat

Pour la demeure de la vingt-septième semaine sidérale
qui vient avec le Sabbat :

Adrien Prévost de Longpérier (+ 1882) aurait signalé dès 1846 dans une revue archéologique l'existence d'une inscription arabe en caractères coufiques sur la Porte de la cathédrale du Puy dans le Velay.

Dans un compte-rendu pour l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de 1938, l'orientaliste Georges Alfred Marçais (+ 1962) l’interprète comme une figure décorative que Longpérier n'aurait pas su interpréter correctement.

Mais il note que « ... l'inscription de la cathédrale du Puy, où nous trouvons une formule complète, apparaît en somme comme exceptionnelle.

« Plus certainement encore que pour les épigraphes fragmentaires, celle-ci est la copie relativement soigneuse d'un modèle musulman [ que Marçais situe à Kairouan et qu'il date du XIe siècle]. »

Cet épigraphe mémorielle reproduirait une eulogie sur la souveraineté d'Allâh que nous identifions plus volontiers avec celle du Christ dans une cathédrale où l'architecture accomplit la synthèse d'un style roman à l'oriental.

La destruction du domaine pétrinien à la Renaissance sous le pontificat de Jules II (1503-1513) à rendu cette synthèse invraisemblable mais néanmoins évidente d'un point de vue esthétique qui précède l'émergence de l'art gothique au XIIe siècle.

Longpérier et Marçais ignorent ce que Brejon nous met sous les yeux dès 1925 à propos des liens féodaux qui vassalisent le château de Lourdes, le comté de Bigorre, le royaume de Navarre puis la France sous la suzeraineté mariale de Notre-Dame d'Anis.

Cette souveraineté française de la Mère de Dieu sur la Mont d'Artémis est une conséquence de la confession des Maures du réduit lourdais à l'époque carolingienne qui rend l'eulogie tout fait improbable d'un simple point de vue décoratif.

Sa proclamation du roi de Dieu – « al-Mâliku'Llâh » – rappelle celle de la « Fâtiḥâ » (1) – la louange au Souverain comme Maître de l'univers pour le jour du Jugement – sur un lieu architectonique qui lui donne un sens :

« al-ḥamdu'li-Llâh ar-Rabbi'l-'âlamîn »

[ ... ]

« Mâliki yawm ad-Dîn »

Sens qui revient pour la dernière sourate du Noble Coran – « an-Nâs » (114) – dans ses trois premiers versets où le Souverain est le Seigneur et le Dieu des hommes :

« Rabbi » – « Mâliki » – « Ilâhi »

« an-Nâs »

[ « ar-Raḥmân ar-Raḥîm » ]

« En vérité, Je suis la Porte »

[ de la bergerie. ]

« Si quelqu'un entre, il sera sauvé. »

Jean X 7 et 9

« J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos

[ mais quand elles entendront Ma voix ]

il n'y aura plus qu'un seul troupeau pour un seul berger. »

Jean X 16

et « Voici !

Je me tiens à la Porte et Je frappe ! »

Apocalypse III 20

« ... pendant toute l'époque de la domination perse, la collection d'ouvrages qui avec quelques ajouts allait devenir l'Ancien Testament n'existait pas encore.

« Il y avait certes, une somme considérable de documents très anciens auxquels s'était adjoint un certain nombre d’œuvres de rédaction récente ;...

« ... d'autres allaient venir les compléter mais on était encore loin de l'opus magnus que constitue la Bible hébraïque.

« Les livres d'Esdras plus tard rangés par le judaïsme parmi les apocryphes confirment le fait. Ils ont la verdeur de style qui est la patte des anciens scribes et leur véritable antiquité apporte des témoignages du plus grand intérêt.

« Ainsi dans le [ quatrième ] livre d'Esdras au verset 23 du [ quatorzième ] chapitre, l'auteur révèle comment Esdras reçut de Yahvé [ ... ] le souffle de son inspiration ... » [ qu'il dicte à cinq scribes. ]

« Dans ce passage, l'auteur semble décrire un moment où soit un texte ancien soit un fragment provenant de la vieille tradition de l'oralité est repris pour en modifier le contenu et la formulation.

« Le respect des docteurs juifs pour Esdras était si grand qu'il lui prêtaient l'intelligence d'un sage, la ferveur d'un saint et le talent d'un écrivain qui sait faire passer dans sa prose sa faculté de création.

« L'un d'eux dans une glose très ancienne déclare : « Si Moïse n'avait pas vécu avant lui, c'est Esdras qui aurait reçu « la source de l'intelligence ».

« L'anecdote est bien dans le ton de cette période d'après l'exil et elle éclaire un peu cette époque quasi insaisissable par manque de vraie documentation et pourtant cruciale car c'est celle ou l'Ancien Testament connaissait sa propre genèse. »

Cf. John Romer – La Bible et l'Histoire – Un ouvrage en chantier – De multiples Yahvés... (2006)

« 'Uzayr » qui ne compte pas au nombre des vingt-quatre prophètes coraniques est néanmoins du nombre des détenteurs d'un verbe de Sagesse dans les « Fusûs al-Hikam » du Sheykh al-Akbar – le quatorzième au centre des vingt-sept.

Le trentième verset de la neuvième sourate du Repentir – « at-Tawba » – le cite en effet en le comparant au Messie – cf. S 9 V 30 et 31 :

« Les Juifs disent : « Uzayr est le fils de Dieu ! »

[ comme ]

les Chrétiens disent « le Messie est le fils de Dieu !

[ en s'écartant de la Vérité ]

La réprobation s'adresse aux Juifs et aux Chrétiens ; ni à Esdras ni au Christ :

« Ils ont élevé au rang de divinités en-dehors de Dieu leurs rabbins et leurs moines ainsi que le Messie – fils de Marie – alors qu'ils avaient reçu l'ordre de n'adorer que Dieu l'Unique en-dehors duquel il n'y a point de divinité.

« Gloire à Celui qui est infiniment au-dessus de ce qu'ils prétendent Lui associer. »

   

 

    

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