mercredi 26 juin 2024

La perle obscure

...

Retour vers les demeures du Sabbat

Pour la demeure de la dixième semaine sidérale
qui vient avec le Sabbat :

« L'empereur de la Mer du Sud s'appelait Chou [ « Par-ci » ] – celui de la Mer du Nord s'appelait Hou [ « Par-là » ] – celui du Milieu s'appelait Houn-Toun. [ « Tohu-Bohu » ]

« De temps à autre, Chou et Hou [ « Par-ci » et « Par-là » ] se rencontraient chez Houn-Toun [ « Tohu-Bohu » ] et celui-ci les recevait fort civilement.

« Ils se demandèrent comment lui rendre la pareille et se dirent : Tous les hommes ont sept trous pour voir, entendre, manger et respirer, lui n'en a pas un seul.

« Nous allons les lui percer. Ils lui en firent un chaque jour [ de la semaine ] et le septième jour, Houn-Toun [ « Tohu-Bohu » ] mourut. »

Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre VII – Rois et Empereurs – J. F. Billeter (2010)

« L'Empereur Jaune – Houang-Ti – se rendit un jour au Nord de la Rivière rouge, escalada le Mont K'oun-Loun et du regard embrassa le Sud.

« De retours chez lui, il s'aperçut qu'il avait perdu sa perle obscure [ « ad-durrat jawharat al-Kamal » ].

« Il chargea Connaissance d'aller la retrouver, mais ce fut en vain. Il envoya Vue Perçante, mais elle revint bredouille. Il envoya Dispute, qui ne la trouva pas plus.

« Il envoya finalement Sans Rien [ « al-Ḥaqq bi al-Ḥaqq » ] qui la retrouva. « Étrange – se dit-il – que ce soit Sans Rien qui l'ait retrouvée ! »

Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre XII – Ciel et Terre – J. F. Billeter (2010)

« Ne pas [ ... ] connaître [ la Voie ] est profond [ dit « Sans Commencement » ] la connaître est manquer de profondeur. Ne pas la connaître, c'est être dedans, la connaître, c'est être hors d'elle. » [ ... ]

« La Voie est inaudible, ce que tu entends n'est pas elle. Elle est invisible, ce que tu vois n'est pas elle. On ne peut pas parler d'elle, ce dont on parle n'est pas elle.

« Ce qui produit les formes n'a pas de forme. La Voie ne correspond à aucun nom. » [ ... ]

« Quelqu'un qui répond quand on lui demande ce qu'est la Voie, ne sait pas ce qu'elle est. On a beau lui poser des questions, on n'apprendra rien.

« Sur la Voie, il n'y a aucune question à poser, aucune réponse à donner. Celui qui pose malgré cela des questions pose des questions spécieuses et celui qui répond quand même se place hors d'elle.

« Quelqu'un qui se place en dehors pour répondre à des questions spécieuses, celui-là ne verra pas l'univers qui est autours de lui, il ne connaîtra pas la grande source qui est au-dedans.

« Il ne s'élèvera pas au-dessus du Mont K'oun-Loun, il n'évoluera jamais dans le grand vide. »

Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre XXII – Sagesse sans va-t-au Nord – J. F. Billeter (2010)

« Lorsque vers l'an 1440 un procédé utilisant des caractères mobiles fut mis au point en Europe, les savants juifs ne furent pas les derniers à en voir les possibilités.

« Dix ans seulement après cette grande découverte dans un atelier d'Avignon, des Juifs s'initiaient à ces nouvelles techniques et le premier livre en langue hébraïque connu parut en 1447.

« Dix années plus tard, les premières Bibles hébraïques [ ... ] sortaient des presses d'une famille d'imprimeurs juifs allemands qui s'était établie avec la permission du duc de Milan dans la petite ville de Soncino près de Crémone. [ ... ]

« En 1485 toujours dans ces ateliers de Soncino, on publia une Bible hébraïque de format réduit. » [ ... ]

« C'est pourtant de l'imprimerie d'un éditeur chrétien que sortit l'exemplaire de la Bible hébraïque qui allait être reconnu comme version courante.

« Expulsé de Tunis, le vénérable érudit Jacob ben Khayim avait réussi à trouver un emploi à Venise où selon ses propres termes « Dieu [ lui ] fit rencontrer un chrétien à l'esprit distingué et au cœur pieux ».

« Cet homme – Daniel Bomberg – était imprimeur et il avait demandé à ben Khayim de réviser l'édition d'une Bible en langue hébraïque qu'il avait publiée quelque temps auparavant ...

... « pour en corriger les erreurs et en examiner le contenu afin de lui donner le poli de l'argent le plus pur et l'éclat de l'or le plus fin ».

« En 1524, Bomberg sortit sa seconde édition de la Bible hébraïque réalisée sous la direction de Jacob ben Khayim qui fut adoptée comme la version faisant autorité pour le texte imprimé.

« Enfin, l'Occident allait pouvoir tenir en main le corpus des manuscrits rassemblés par les soins de la famille des ben Asher de Tibériade, le fruit du travail du rabbi Aqiba, la tradition de tout un lointain passé et cela dans un texte clair, minutieusement revu et corrigé. »

« C'est en Espagne à Alcala en 1552 que fut établi et publié le texte d'une première Bible multilingue qui serait suivie de beaucoup d'autres.

« Appelé « Computensian Polyglotte » – de « Computensis » : le nom latin de la ville Alcala – ce superbe ouvrage reproduisait l'Ancien Testament ...

« ... à la fois dans le texte grec de la version des Septante – imprimé pour la première fois – et dans le texte hébraïque de la Bible de Soncino qui encadraient le texte en latin [ de la Vulgate. ]

« Un commentaire expliquait que ce triptyque rappelait la scène de la Crucifixion où le Seigneur sur la Croix était flanqué des deux larrons. » [ !! ]

Cf. John Romer – La Bible et l'Histoire – Un ouvrage en chantier – Des scribes aux imprimeurs (2006)

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire