dimanche 5 mai 2024

La légende d'Abgar et la doctrine d'Addaï

...

Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la septième sphère
parmi les sept sphères célestes de la première lettre :

« Alif »

« Dans la tradition précédente [ qui précède l'expédition organisée en 944 par le général Curcuas pour aller récupérer à Édesse le « mandylion » ] ...

« ... le « mandylion » était généralement décrit comme une petite pièce de lin de la taille d'un essuie-mains comme le dit son nom qui ne portait que l'empreinte du visage de Jésus.

« L'homélie [ de Grégoire le Référendaire, archidiacre de la basilique Sainte-Sophie à Constantinople qui participe à l'expédition de 944 ] ...

« ... le décrit au contraire comme une empreinte où apparaît le thorax avec la marque laissée par la lance et le flot de sang jailli de la blessure. On y voit donc l'image du corps, du moins de la tête jusqu'à la taille.

« Selon la tradition la plus ancienne [ celle de la légende d'Abgar qui précède la doctrine d'Addaï ] le « mandylion » n'avait rien à voir avec la mort du Christ : il s'agissait seulement d'un portrait du Christ vivant.

« Les premières mentions de cette légende parlaient d'un échange de lettres entre Jésus et Agbar d'Édesse, un personnage identifié comme étant le roi Abgar V le Noir : ...

« ... ce souverain avait entendu parler de Jésus et de sa grande réputation de guérisseur et sachant qu'on le recherchait pour le tuer, il lui avait envoyé un messager pour lui proposer de se réfugier dans sa ville. » [ ... ]

« Vers 400 [ de l'ère chrétienne ] une nouvelle version de la légende d'Abgar fit son apparition dans un texte d'un auteur inconnu sous le titre de « Doctrine d'Addaï » : ...

« ... selon ce récit, le roi Abgar avait bien écrit une lettre à Jésus, mais il lui avait aussi envoyé un peintre qui fit de lui un portrait très fidèle « rehaussé de couleurs merveilleuses ».

« Cent ans plus tard environ, l'historien arménien Moïse de Khorène parla du « mandylion » comme d'une image peinte sur un drap de soie.

« Au cour du VIe siècle et en particulier au moment où Édesse fut conquise par les Perses, on commença à parler du « mandylion » non plus comme d'un portrait exécuté par un peintre mais comme d'une image « acheropita », ...

« ... c'est-à-dire produite par un miracle et non faite de main d'homme [ à laquelle les iconographes orthodoxes font référence pour prototype tandis que celui de la Vierge est réalisé à partir de l'évangile de Luc ] :

« ... selon l'historien byzantin Évagre qui vécut à cette époque, les habitants d'Édesse le considéraient comme une relique dotée d'un très grand pouvoir et ils l'avaient utilisé au cours de certaines cérémonies qui leur avaient permis d'échapper à leurs ennemis. »

Cf. Barbara Frale – Les Templiers et le suaire du Christ – « Ecce Homo ! » – De chair et de sang (2011)

« En 944, un intellectuel anonyme qui résidait à la cour de Constantin VII ou peut-être l'empereur lui-même qui était un fin lettré, rédigea une nouvelle version de la légende d'Abgar.

« Le récit ancien était conservé mais cette fois l'empreinte miraculeuse se formait durant la Passion : il n'y avait donc pas à s'étonner si l'on voyait sur le tissu de lin du « mandylion » d'importante taches de sang.

« Dans cette nouvelle version, Abgar – gravement malade – décidait d'envoyer à Jésus un messager appelé Ananie qui [ est ] aussi un peintre.

« Jésus ne peux pas se rendre à Édesse car sa mission à Jérusalem est sur le point de s'accomplir. Aussi décide-t-il de demander à Ananie de faire son portrait pour qu'il puisse le faire parvenir au roi.

« Le peintre tente désespérément de reproduire ses traits mais il n'y parvient pas car – mystérieusement – le visage de Jésus semble changer en permanence ; ...

« ... alors Jésus ému et désireux d'aider le roi malade pendant le trajet menant au Golgotha applique sur son visage un morceau d'étoffe où de façon prodigieuse viennent s'imprimer ses traits. » [ ... ]

« Ian Wilson a noté que dans la « Doctrine d'Addaï », le « mandylion » était qualifié par un curieux adjectif – « tetradiplon » – qui signifie « plié quatre fois en double ».

« Cet adjectif ne peut absolument pas s'appliquer à un « mandylion » qui est un tissu de lin de la taille d'un foulard ou d'un essuie-mains.

« Celui-ci en effet – une fois plié en huit – devient plus petit qu'un cahier d'écolier si bien qu'il devient impossible d'y distinguer quoi que ce soit.

« Quand le [ Linceul ] de Turin [ que Frale qualifie toujours de « Suaire » à la suite de la nouvelle légende d'Abgar ] est plié en huit, c'est-à-dire exactement comme les sources anciennes disent qu'était plié le « mandylion », ...

« ... il prend exactement la forme [ ou la dimension ] d'un essuie-mains et ne laisse voir que l'empreinte du visage.

« Et si le tissu reste pendant quelque temps plié d'une certaine façon, le lin subit au niveau des pliures de nombreuses et légères déformations parfaitement visibles à la lumière rasante ; ...

« ... et effectivement le [ Linceul ] garde les marques d'anciennes pliures dont certaines correspondent à un pliage du tissu en huit.

« Or ce pliage – exactement comme dans les anciennes représentations du « mandylion » – ne laisse voir que le visage. »

Cf. Barbara Frale – Les Templiers et le suaire du Christ – « Ecce Homo ! » – Quatre fois en double (2011)

Comment le témoin d'Édesse peut-il être à la fois le « mandylion » et le « tetradiplon » synthétisant à lui seul un suaire, un linceul et un voile reste un mystère.

À priori, le « tetradiplon » est une invention byzantine du dixième siècle, le « mandylion » étant alors à lui seul susceptible de ruiner sa théologie.

Le « mandylion » est le premier témoin – au sens iconographique comme au sens apocalyptique :

Iconographie orthodoxe

IC - XC

MP - ΘY

IHCOYC - XRICTOC

MHTHP - ΘEOY

JÉSUS - CHRIST

MÈRE [ de ] DIEU

Le « C » cyrillique a ici la valeur du Sigma grec : « Ʃ » (200)

   

    

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