vendredi 28 février 2025

Prakriti et Purusha

...

Pour la première des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Se plaçant au point de vue de la manifestation, le « Sânkhya » ...

[ le troisième des six « darshana » qui peut « se résumer tout entier dans la distinction et la considération de vingt-cinq « tattwas » ou principes et éléments vrais correspondant [ aux ] degrés [ de l'être manifesté ] hiérarchisés » ]

« ... prend pour point de départ « Prakriti » [ ... ] qui est la substance universelle indifférenciée et non-manifestée en soi mais dont toutes choses procèdent par modification ; ...

« ... ce premier « tattwa » est la racine ou « mûla » de la manifestation et les « tattwas » suivants représentent ses modifications à divers degrés.

« Au premier degré est « Buddhi » qui est aussi appelée « Mahat » ou le « Grand Principe » et qui est l'Intellect pur transcendant par rapport aux individus ; ...

« ... ici nous sommes déjà dans la manifestation mais nous sommes encore dans l'ordre universel.

« Au degré suivant au contraire nous trouvons la conscience individuelle – « Ahankâra » – qui procède du Principe intellectuel par une détermination particulariste et qui produit à son tour les [ 10 ] éléments suivants.

« Ceux-ci sont tout d'abord les cinq « tanmâtras », déterminations élémentaires incorporelles et non-perceptibles qui seront les principes respectifs des cinq « bhûtas » ou éléments corporelles ; ...

« ... le « Vaishêshika » [ le deuxième des six « darshana » ] n'avait à considérer que ces derniers [ les cinq « bhûtas » ] et non les [ 5 ] « tanmâtras » ...

« ... dont la conception n'est nécessaire que lorsqu'on veut rapporter la notion des éléments ou des conditions de la modalité corporelle aux principes de l'existence universelle.

« Ensuite viennent les facultés individuelles produites par différentiation de la conscience dont elles sont comme autant de fonctions et qui sont regardées comme étant au nombre de onze – dix externes et une interne : ...

« ... les dix facultés externes comprenant cinq facultés de connaissance qui dans le domaine corporel sont des facultés de sensation et cinq facultés d'action ; ...

« ... la faculté interne est le « Manas », à la fois faculté de connaissance et faculté d'action qui est uni directement à la conscience individuelle.

« Enfin nous retrouvons les cinq éléments corporels énumérés cette fois dans l'ordre de leur production ou de leur manifestation : l'éther, l'air, le feu, l'eau et la terre ; ...

et l'on a ainsi vingt-quatre « tattwas » comprenant « Prakriti » et toutes ses modifications. »

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Le Sânkhya (1930)

On en recense vingt-quatre sur le même principe et vingt-trois si on considère que « Prakriti » – la substance universelle – ne peut être comprise parmi ses modifications.

« Buddhi », « Ahankâra » et « Manas » doivent sans doute faire l'objet de la même considération. Ce qui en laisse alors vingt regroupés par quatre groupes de cinq.

Ce nombre (5) peut être mis en relation avec les cinq périodes du Bouddhisme équivalentes aux cinq cents ans du Cycle du Phœnix ponant ou du Cerf blanc et avec leur période résiduelle de 250 ans qui s'étend entre 1780 et 2030.

On peut aussi les mettre en rapport avec les cinq périodes de formation qui couvrent l'enfance et ses prolongements – maternelle, primaire, secondaire, tertiaire et terminale – coïncidant avec l'initiation des classes d'âge, l'apprentissage et le compagnonnage.

Et enfin avec les cinq éléments graphiques de la syllabe germe du Véda en Sanskrit qui sont mit en rapport avec quatre états de conscience et avec la « Maya » : « Jagrat », « Swapna », « Sushupti » et « Turiya ».

« Purusha » [ ... ] considérée comme l'essence d'un « principe complémentaire » de « l'autre pôle de la manifestation » ne peut donc pas non plus être considéré comme le vingt-cinquième « tattwa » du « Sânkhya ».

À plus forte raison si ce principe est « entièrement indépendant des précédents » : ...

« ... toutes les choses manifestées sont produites par « Prakriti » mais sans la présence de « Purusha » ces productions n'auraient qu'une existence illusoire.

« Contrairement à ce que pensent certains, la considération de ces deux principes ne présentent pas le moindre caractère dualiste : ...

« ... ils ne dérivent pas l'un de l'autre et ne sont pas réductibles l'un à l'autre mais ils procèdent tous deux de l’Être universel dans lequel ils constituent la première de toutes les distinctions.

« D'ailleurs le « Sânkhya » n'a pas à aller au-delà de cette distinction [ ... ] et la considération de l’Être pur ne rentre pas dans son point de vue ; ...

« ... mais n'étant point systématique, il laisse possible tout ce qui le dépasse et c'est pourquoi il n'est nullement dualiste. »

Ces principes complémentaires s'épousent mais ne s'opposent pas :

« Treize » est le nombre médian des vingt-cinq et « sept » le nombre médian des treize, ce qui donne au septième jour de la Semaine et à la treizième semaine de la Saison leur caractère sabbatique.

   

    

jeudi 27 février 2025

L'Isâ wa Râ de la Trimûrti

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du quatrième jour qui succède à la nuit
au premier mois de la décade :

« La confrérie des Sanusis a été fondée au début du XIXe siècle par Muḥammad ibn 'Alî as-Sinusi né en 1791 aux environs de Mostaganem.

« Très jeune, il fut initié à la mystique et partit pour Fès. Il fut initié successivement à deux confréries : la Qâdiriya et la Tayibiya.

« Il fit le pèlerinage rituel de La Mecque où il séjourna de 1830 à 1843.

« C'est en 1837 que Muḥammad as-Sinusi créa sa propre confrérie installant sa première zaouïa sur une montagne voisine de La Mecque. »

« Il parcourut ensuite la Cyrénaïque où il fonda plusieurs zaouïas.

« Maître de l'oasis de Djaraboul aux confins de l’Égypte et de la Tripolitaine, il la rendit prospère en la peuplant d'esclaves affranchis. »

« Il mourut en 1859 [ mais ] son œuvre fut continuée par son fils Aḥmad al-Mahdi qui fit de Djaraboul [ le centre ] de la confrérie de plus en plus prospère.

« Il mourut en 1910. Son neveu, Aḥmad ash-Sherif lui succéda. Organisés d'une façon militaire, ses [ disciples ] résistèrent à l'occupation française du Tibesti. »

« Durant la première guerre mondiale, les Sinusis luttèrent contre l'Angleterre aux frontières de l’Égypte et contre la France au Sahara.

« On les tient pour responsables de l'assassinat du Père de Foucauld. Vaincus près d'Agadès (1913-1917) ils se retirèrent en Libye. »

« En 1917, leur Sheykh était Idris ibn Muḥammad. En 1920, il fut attaqué par les Italiens.

« En 1931, l'occupation de Koufra mit fin à la puissance officielle des Sinusis dont les biens furent confisqués mais n'en continuèrent pas moins d'exister. » [ ... ]

« Après la seconde guerre mondiale, la Libye fut constituée en royaume indépendante sous l'autorité spirituelle et temporelle [ du Sheykh ] Idris (1951).

« Alors la confrérie reparut au grand jour plus prospère, plus dynamique que jamais.

« Depuis la Libye a connu des événements mouvementés parfois d'apparence contradictoire mais qui ne s'expliquent que par l'action des véritables maîtres du royaume : les Senusis. »

Cf. Pierre Mariel – Les sociétés secrètes mènent le monde – Les confréries, sociétés secrètes de l'Islam (1973)

« 'Isâ wa Râ » [ nous l'épelons pour le mettre en rapport avec « 'Isâ Râ-El » ] est envisagé sous [ un triple ] aspect [ ... ] qui [ constitue ] la « Trimûrti » ou « triple manifestation » [ des aspects principaux ] ...

« ... et [ duquel dérive ] d'autres aspects plus secondaires par rapport à ceux-là.

« Brahmâ » est « Ishwara » en tant que principe producteur des êtres manifestés ; ...

« ... il est ainsi appelé parce qu'il est considéré comme le reflet direct dans l'ordre de la manifestation de « Brahma », le Principe suprême.

[ Guénon distingue ici la forme neutre du « Brahma » et sa forme déterminé au masculin de « Brahmâ » en rejetant la forme indéterminée du « Brahman » qui accepte les deux genres. ]

« Les deux autres aspects constitutifs de la « Trimûrti » qui sont complémentaires l'un de l'autre sont « Vishnu » qui est « Ishwara » en tant que principe animateur et conservateur des êtres ...

« ... et « Shiva » qui est « Ishwara » en tant que principe non pas destructeur comme on le dit communément mais plus exactement transformateur ; ...

« ... ce sont donc bien là des « fonctions universelles » et non des entités séparées et plus ou moins individualisées. » [ ... ]

« Chacun des « aspects divins » est regardé comme doué d'une puissance ou énergie propre qui est appelée « shakti » et qui est représentée symboliquement sous une forme féminine : ...

- « la « shakti » de « Brahmâ » est « Saraswatî », ...

- « ... celle de « Vishnu » est « Lakshmî », ...

- « ... celle de « Shiva » est « Pârvatî ».

« Soit parmi les « Shaivas » soit parmi les « Vaishnavas » certains s'attachent plus particulièrement à la considération des « shaktis » et sont pour cette raison appelés « shaktas ».

« De plus, chacun des principes [ féminins ] peut être encore envisagé sous une pluralité d'aspect plus particularisés et de chacun d'eux dérivent aussi d'autres aspects secondaires, ...

« ... dérivation qui est [ la ] plus souvent décrite comme une filiation symbolique. »

[ « Kalî » étant pour Ramakrishna et pour Ma Ananda Mayi une représentation secondaire de « Pârvatî ». ]

« Les six « darshanas » sont le « Nyâya » et le « Vaishêshika », le « Sânkhva » et le « Yoga », la « Mîmânsâ » et le « Vêdânta » ; ...

« ... on les énumère habituellement dans cet ordre et par couple afin de marquer leurs affinités [ ... ] dès lors qu'il s'agit de points de vue qui dès l'origine étaient implicitement contenu en parfaite simultanéité dans la doctrine primordiale.

[ Les dons théologaux du Saint Esprit s'énoncent de la même façon (3 x 2) pour la même raison, le septième – la crainte de Dieu – étant leur condition de réception comme l'Amour du prochain conditionne l'expression des quatre vertus cardinales. ]

« On peut dire pour les caractériser sommairement que les deux premiers de ces points de vue sont analytiques tandis que les quatre autres sont synthétiques ; ...

« ... d'autre part, les deux derniers se distinguent des autres en ce qu'ils sont d'une façon directe et immédiate des interprétations du « Vêda » lui-même dont tout le reste n'est dérivé que plus lointainement ; ...

« ... aussi les opinions hétérodoxes même partiellement n'y ont-elles aucune prise tandis qu'il a pu s'en produire quelques-unes dans les écoles consacrées à l'étude des quatre premiers « darshanas ».

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Shivaïsme et Vishnuïsme [ pour ] Les points de vue de la doctrine (1930)

   

    

mercredi 26 février 2025

Nuées d'inconnaissance

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du quatorzième jour qui succède à la nuit
au troisième mois de la décade :

« Ces remarques [ sur l'Homme universel ] suffisent pour permettre de comprendre sans difficulté la description symbolique de l'origine des castes telle quelle se rencontre en de nombreux textes et tout d'abord dans le « Purusha-sûkta » du « Rig-Vêda (X 90) : ...

« De « Purusha » [ le Manu ] le « Brâhmana » fut la bouche, le « Kshatriya » les bras, le « Vaishya » les hanches ; le « Shûdra » naquit sous ses pieds ».

[ Cette description suffit à démontrer qu'il s'agit en réalité d'un ternaire : « Oratores » / « Belatores » / « Laboratores » où le « Shudra » reste un élément hétérogène d'origine dravidienne. ]

« On trouve ici l'énumération des quatre castes dont la distinction est le fondement de l'ordre social et qui sont d'ailleurs susceptibles de subdivisions secondaires plus ou moins nombreuses : ...

- « les « Brâhmanas » représentent essentiellement l'autorité spirituelle et intellectuelle ; ...

- « les « Kshatriyas », le pouvoir administratif comportant à la fois les attributions judiciaires et militaires et dont la fonction royale n'est que le degré le plus élevé ; ...

- « les « Vaishyas », l'ensemble des diverses fonctions économiques, commerciales et financières ; ...

- « quant aux « Shudra », ils accomplissent tous les travaux nécessaires pour assurer la subsistance purement matérielle de la collectivité.

[ Ces catégories sont identifiables dans la généalogie noachique à « Cham » pour l'élément hétérogène, à « Sem » pour les fonctions des « Vaishyas » et à la « Japhet » pour celles des « Kshatriyas » ; ...

... les prophètes assurant celles des « Brâhmanas » à la suite d'Abba Râ-Amon. ]

« Pour les même raisons, les déviations de la doctrine apparaissent généralement comme liées à une subversion de la hiérarchie sociale : ...

« ... ainsi des schismes comme ceux des Jaïnas et des Bouddhistes ont eu pour point de départ les tentatives faites à diverses reprises par les « Kshatriyas » pour rejeter la suprématie des « Brâhmanas », ...

« ... suprématie dont la raison d'être apparaît nettement par tout ce que nous avons dit sur la vraie nature de la civilisation hindoue. »

[ Il s'agit bien au contraire d'une tradition dravidienne à part entière inscrite par la suite dans la perspective hindoue à partir de la mystique vishnuïte des dix « avataras » où elle occupe la neuvième place de la décade en s'identifiant au Mercure hermétique. ]

« La participation à la tradition [ hindoue ] n'est pleinement effective que pour les membres des trois premières castes ; ...

« ... c'est ce qu'expriment les diverses désignations qui leur sont exclusivement réservées comme celles « d'arya » que nous avons déjà mentionnée et de « dwija » ou [ de ] « deux fois né » [ au sens initiatique de cette renaissance. ]

[ Ce qui confirme le ternaire de la tradition « aryenne ». ]

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Principe de l'institution des castes (1930)

   

    

lundi 24 février 2025

La Maison dorée

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du quatorzième jour qui succède à la nuit
au premier mois de la décade :

« C'était les cartes de sa patrie cosaque ou plutôt de son odyssée à la recherche de celle-ci.

« La main de Krasnov traçait sur ces cartes avec le geste vigoureux d'un général qui dessine le plan de l'offensive, les lignes d'une fuite perpétuelle : ...

« ... depuis Nowogrudok à cent verstes de Minsk où les cosaques s'étaient établis en 1944 dans un Kazakhstan assiégé par les Allemands – avec l'espoir de pouvoir y rester pour toujours – ...

« ... puis toujours plus à l'Ouest et au Sud à travers la Pologne, l'Allemagne, l'Autriche jusqu'à ce dernier voyage en Carnie – de Villaco à Tolmezzo – [ sur un ] parcours que Krasnov allait bientôt refaire en sens inverse.

« Les Allemands leur avaient promis une patrie – un Kosakenland – [ mais ] au fur et à mesure que la guerre progressait, ce Kosakenland était déplacé sur les cartes des états-majors allemands vers l'Occident et la Méditerranée ...

«... et le peuple cosaque se mettait en marche pour le rejoindre avec ses carrioles et ses chevaux, ses femmes et ses enfants, ses armes et ses chameaux, ses vieux drapeaux et ses meubles.

« Ils étaient désormais en Carnie – ayant atteint ce port qu'ils croyaient ultime et qui devait l'être pour de bon mais dans un sens bien différent – installés dans ces villages transformés en Stanitz du Don [ Sièges administratifs des communes cosaques ] ...

« ... et rebaptisés avec des noms cosaques. »

« Quand il se mit à tracer sur ces cartes [ ... ] les lignes réelles de ces retraites parcourues et les traces imaginaires de ses avancées projetées, il me sembla [ ... ] avoir déjà vu cette scène.

« Et tandis que je la voyais se superposer avec la scène réelle que j'avais sous les yeux, je m'aperçus que je donnais un visage à une page [ de son roman ] que j'avais lue auparavant.

[ « De l'aigle impérial au drapeau rouge » ]

« Krasnov y décrivait Kornilos – le général blanc de la guerre civile : il le décrivait occupé à étudier à la lumière d'une chandelle dans une cabane cosaque les cartes de la Russie et les plans stratégiques contre les Bolchevicks.

« J'avais sous les yeux Krasnov – fièrement naïf et borné – tel qu'il avait vu Kornilov dans son souvenir avec ses moustaches tombantes et ses yeux mongols penché sur les cartes.

« Et don Caffaro prit le livre et se mit à lire avec un ton faussement ironique et en réalité assez ému : ...

« Il voyait ouvert devant lui – avait écrit Krasnov – la longue porte par où les nations asiatiques étaient entrées pour envahir l'Europe à l'époque de Gengis Khan et de Tamerlan.

« Il se souvenait des années de sa jeunesse et il revoyait les déserts et les montagnes de l'ardente ville de Tachkent envahie par une poétique mélancolie, Fergana – ce paradis terrestre – et l'Inde – songe fantasmagorique aux mille couleurs.

« Il connaissait ces régions depuis son enfance ! Il espérait pouvoir entrer en contact avec les Anglais pour former un nouveau front sur l'Orient qui irait de l'Oural à la Volga... »

Cf. Claudio Magris – Enquête sur un sabre (1987)

« [ En ] Inde, l'atomisme apparut tout d'abord dans l'école cosmologique de Kanâda ; ...

« ... il est à remarquer du reste que les conceptions hétérodoxes ne pouvaient guère se former dans les écoles adonnées à la spéculation purement métaphysique ...

« ... parce que sur le terrain des principes l'absurdité ressort beaucoup plus immédiatement que dans les applications secondaires.

« Cette théorie atomiste ne fut jamais chez les Hindous qu'une simple anomalie sans grande importance du moins tant qu'il ne vint pas s'y ajouter quelque chose de plus grave ; ...

« ... elle n'eut donc qu'une extension fort restreinte surtout si on la compare à celle qu'elle devait acquérir plus tard chez les Grecs où elle fut couramment acceptée par diverses écoles de « philosophie physique » ...

« ... parce que les principes traditionnels faisaient déjà défaut et ou l’Épicurisme surtout lui donna une diffusion considérable dont l'influence s'exerce encore sur les Occidentaux modernes [ dans la première moitié du XXe siècle. ]

« Pour en revenir à l'Inde, l'atomisme ne se présenta tout d'abord que comme une théorie cosmologique spéciale dont la portée comme telle était assez limitée ; ...

« ...mais pour ceux qui admettaient cette théorie, l'hétérodoxie sur ce point particulier devait logiquement entraîner l'hétérodoxie sur beaucoup d'autres points car tout se tient étroitement dans la doctrine traditionnel.

« Ainsi la conception conception des atomes comme éléments constitutifs des choses a pour corollaire celle du vide dans lequel ces atomes doivent se mouvoir ; ...

« ... de là devait sortir tôt ou tard une théorie du « vide universel » et c'est ce qui eut lieu en effet avec le Bouddhisme qui fut naturellement amené à identifier ce vide avec « l'âkâshâ » ou « éther », ...

« ... donc à nier l'existence de celui-ci comme élément corporel et à n'admettre plus que quatre éléments au lieu de cinq.

[ Ce qui n'est pas le cas pour la symbolique des Stupas qu'on retrouve étrangement dans l'église de Rennes-le-château où on les superpose du plus dense au plus subtile :

Terre (Asmodée) ► Eau (Bénitier) ► Feu (Salamandres) ► Air (Anges) ► ...

L'identité d'Asmodée est discutable mais se réfère clairement aux régions les plus basses de la sphère sublunaire tandis que les quatre anges qui tracent le signe de la Croix pour en conjurer l'influence se retrouvent sous le Pavois de saint Antoine de Padoue.

Le cinquième élément peut être identifié à l'Enfant Jésus dans le récit évangélique tandis que les lettres « B » et « S » qu'on identifie aux deux cours d'eaux qui portent ces initiales sont à mettre avec en rapport avec les deux Salamandres. ]

« Il faut encore noter à ce propos que la plupart des philosophes grecs n'ont admis que quatre éléments comme les Bouddhistes et que si quelques-uns ont cependant parlé de l'éther, ...

[ Comme il apparaît dans l'hymne homérique pour Arès (VIII 7) auquel Backès donne une origine plus récente que le recueil dont le nombre de pièces (33) est celui qu'indique Danielou pour les dieux du Polythéisme hindou dans les trois mondes.

Puisque nous avons constaté des strates dans la recomposition du recueil à partir des « Dioscures » (2) et des « Aetir » (8), nous pouvons imaginer que la huitième pièce fut recomposée dans le style orphique qui la caractérise. ]

« ... ils ne l'on jamais fait que d'une façon assez restreinte en lui donnant une acception beaucoup beaucoup plus spéciale que les Hindous et d'ailleurs beaucoup moins nette.

[ Ce qui ne veut absolument rien dire mais signale comme pour le zoroastrisme l'esprit sectaire de René Guénon qui ne conteste en-dehors de la Tradition primordiale que les tendances les plus discutables de ces traditions secondaires qu'il qualifie d'hétérodoxes. ]

« Nous avons déjà dit suffisamment de quel côté doivent être les emprunts quand on constate des concordances de ce genre et surtout quand ces emprunts sont faits d'une façon incomplète qui est peut-être leur marque la plus visible ; ...

« ... et qu'on aille pas objecter que les Hindous auraient « inventé » l'éther après coup pour des raisons plus ou moins plausibles analogues à celles qui le font accepter assez généralement par les physiciens modernes ; ...

« ... leurs raisons sont d'un tout autre ordre et ne sont point tirées de l'expérience ; ...

« ... il n'y a aucune « évolution » des conceptions traditionnelles ainsi que nous l'avons déjà expliqué et d'ailleurs le témoignage des textes védiques est formel aussi bien pour l'éther que pour les quatre autres éléments corporels.

« Il semble donc que les Grecs lorsqu'ils ont été en contact avec la pensée hindoue n'aient dans bien des cas recueilli cette pensée que déformée et mutilée et encore ne l'ont-ils pas toujours exposée fidèlement telle qu'ils l'avaient recueillie ; ...

« ... du reste, il est possible comme nous l'avons indiqué qu'ils se soient trouvés au cours de leur histoire en rapports plus directs et plus suivis avec le Bouddhisme. »

[ « ... la doctrine de Kanâda n'était que partiellement hétérodoxe mais il y en avait déjà d'autres qui l'étaient à peu près aussi complètement que le Bouddhisme, suffisamment en tout cas pour n'être plus hindoues : ...

« ... tel était surtout le Jaïnisme dont l'influence directe est d'autant moins niable que Shâkya-Muni eut pour précepteur Mahâvira que les Jaïnas regardent comme le dernier de leurs « Tîrthamkaras ». ]

[ Les vingt-quatre « tîrthaṅkaras » des Jaïnas dont Mahâvira est le dernier forment une chaîne aussi complète que les vingt-quatre « avâtarâs » de Vishnu dans le Mahâbhârata ou les vingt-quatre prophètes coraniques de l'Islam.

Mais le bouddha Shâkyamuni s'inscrit aussi dans un ensemble plus restreint qui correspond à la décade des quatre « Yugas » du « Manvantara » dans la Matrice arithmétique du « Kalpa » où il précède le dernier – Sri Kalkî – à la suite de Sri Krishna.

Shâkyamuni est le Sceau des « tîrthaṅkaras » comme Muḥammad est le Sceau des prophètes en vertu de la même énumération. ]

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Les doctrines hindoues – Orthodoxie et hétérodoxie [ et ] à propos du Bouddhisme (1930)

La cosmologie ne relève que du monde des formes (Σ 3 = 6) et des présences (Σ 4 = 10) tandis que l'unité de la quintessence apparaît dans les mondes supérieurs comme ...

- le cinq central de l'ennéade (9) au milieu des quatre paires de la décade (10)

- le cinq sommital de la décade (Σ 10 = 55) en contact avec l'Ipséité divine (Huwa)

- les cinq paires undécimales (11) de la Somme (55) en rapport avec la quintessence

dans les mondes du « Lam-Alif » (31), du « Yâ » (10) et du « Hâ » (5) de « Huwa » (11).

Le monde des formes n'accède à la négation – « Lâ » – qu'en passant par celui de la contrainte qui est caractérisé par la dyade (2).

C'est pourquoi les anciens ne donnent dans leur description de ce monde que la moitié des phases dont nous avons rendu compte sous la forme des haltes et de leurs demeures.

Mais celles que nous avons rassemblés restent encore incomplètes puisque nous n'avons donné que 690 demeures aux 720 que nous avons fini de répertorier.

Et parmi celles que nous avons mentionné 177 n'ont toujours pas été attribuées parmi les lettres (18) pour lesquelles l'Imam du « Tawḥid » a prévu dix sphères puisque nous nous sommes arrêté à la troisième sphère de la deuxième lettre – « Bâ » (2).

L'ange de la détermination nous impose une halte au seuil de la Porte que nous avions trouvé près du val d'Or et dont l'accès nous avait été refusé bien qu'aillant pénétré par les sept portes qui mènent à travers le val jusqu'à la Maison dorée.

    

     

mercredi 5 février 2025

Le Roi du Monde

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du cinquième jour qui succède à la nuit
au troisième mois de la décade :

« L'ouvrage posthume de Saint-Yves d'Aveydre intitulé « Mission de l'Inde » qui fut publié en 1910 [ par les Amis de Saint-Yves ] contient la description d'un centre initiatique mystérieux désigné sous le nom d'Agarttha ; ... »

[ Le titre de la Mission reste incomplet et Boisset date l'édition originale qui fut détruite par l'auteur en 1886. Guénon en signale une seconde de 1949 : « Mission de l'Inde en Europe. Mission de l'Europe en Asie. La question du Mahatma et sa solution. » ]

« Jusque là [ ... ] il n'avait guère en Europe été fait mention de l'Agarttha et de son chef – le Brahâtmâ – que par un écrivain fort peu sérieux – Louis Jacolliot – dont il n'est pas possible d'invoquer l'autorité ; ... »

[ « Les fils de Dieu » et « Le spiritisme dans le Monde » de Jacolliot datent de 1873 et de 1875 et sont par conséquent antérieurs à l'usage qu'aurait pu en faire Saint-Yves d'Alveydre.

Mais Boisset signale « un prince afghan » et « un sage hindou » – Guénon « deux Hindou au moins » – qui suggèrent plutôt des sources indépendantes. ]

« [ Et ] il s'est produit en 1924 un fait nouveau et quelque peu inattendu : ...

« ... le livre intitulé « Bêtes, Hommes et Dieux » dans lequel M. Ferdinand Ossendowski raconte les péripéties du voyage mouvementé qu'il fit en 1920 et 1921 à travers l'Asie Centrale renferme [ ... ] des récits presque identiques à ceux de Saint-Yves ; ... »

[ Personne ne semble avoir songé à un rapprochement entre « le Roi du Monde » d'Ossendowski et « le Seigneur de la Terre » de l'Apocalypse attribué à Saint-Jean qui accrédite une source orientale – cf. Ap II 4. » ]

Cf. René Guénon – Le Roi du Monde – Notions sur l'Agarttha en Occident (1958)

Guénon discrédite Jacolliot et accrédite Saint-Yves d'Alveydre d'une façon quelque peu arbitraire – l'un est théosophe l'autre pas – avant de trouver chez Ossendowski des récits plus convaincants :

Il est entre autres question d'une Pierre noire transportée à Ourga en Mongolie et d'un anneau ayant appartenu à Gengis Khan qui serait la possession du Bogdo Khan – le Bouddha Vivant.

Ce qui nous permet d'identifier le Khan à la fonction de Sri Kalki.

Mais tandis que Saint-Yves semble attribuer la création de l'Agarttha à Sri Krishna, Guénon affirme avec Ossendowski dans une note de son chapitre consacré à l'omphalos et aux bétyles qu'il y a là autre chose qu'une simple référence au bouddhisme :

« ... M. Ossendowski indique à plusieurs reprises que le culte de Râma existe toujours en Mongolie ; ... »

On est de toute façon devant l'une des émanations de Vishnou qui se manifestent à travers les âges comprenant également celle de Sri Budha.

« Suivant Saint-Yves, le chef suprême de l'Agarttha porte le nom de Brahâtmâ [ ... ] « support des âmes dans l'esprit de Dieu » ; ...

« ... ses deux assesseurs sont le Mahâtmâ, « représentant de l’Âme universelle » et le Mahânga, « symbole de toute l'organisation matérielle du Cosmos » : ...

« ... c'est la division hiérarchique que les doctrines occidentales représentent par le ternaire « esprit – âme  corps » et qui est appliquée ici selon l'analogie constitutive du Macrocosme et du Microcosme. » [ ... ]

« D'après M. Ossendowski, le Mahâtmâ « connaît les événements de l'avenir » et le Mahânga « dirige les causes de ces événements » ; ...

« ... quant au Brahâtmâ, il peut « parler à Dieu face à face » et il est facile de comprendre ce que cela veut dire si l'on se souvient qu'il occupe le point central où s'établit la communication directe du monde terrestre avec les états supérieur ...

« ... et à travers ceux-ci avec le Principe suprême.

[ L'invariable Milieu où se manifeste l'activité du Ciel caractérisée par le nombre cinq dans l'écrit du fleuve Lo dont la figure orientale est celle du carré magique de Saturne. ]

Cf. René Guénon – Le Roi du Monde – Les trois fonctions suprême (1958)

Guénon propose ensuite des analogies à partir des trois éléments du Véda (AUM) ou le Brahâtmâ apparaît comme un Janus dans le monde primordial du non-manifesté unissant la fonction pontificale du Mahâtmâ et la fonction royale du Mahânga.

Ces fonctions sont alors celles du Brahmane et du Kshatriya que Guénon transpose parfois de façons discutables, en particulier quand il incorpore le Bogdo-Khan au ternaire du lamaïsme en ignorant le Panchen-Lama dont il occupe alors la fonction.

Ceci expliquant cela, on comprend pourquoi la Pierre noire d'Ourga envoyé au Dalaï-Lama par le Roi du Monde doit nécessairement passer par Lhassa dans un schéma où le Tashi-Lama occupe déjà la fonction sacerdotale du Mahatma.

Tout nous porte à croire au contraire que le Bogdo-Khan préserve la puissance résiduelle et l'influence spirituelle que sa lignée tient de Gengis Khan telles qu'elles furent transposées par la suite pour le Tibet au Dalaï-Lama.

Tout aussi discutable est l'identité des Roi-Mages qui ne sauraient être tous les trois à la fois Roi et Mage en même temps quand ils viennent saluer le fils de Dieu. Mais il pourrait s'agir des puissances temporels à la recherche d'un aérolithe tombé du Ciel.

La légende aura transposé la fonction du Christ sur ceux qui le cherchent dans les royaumes de ce monde en éludant l'origine mazdéenne quelque peu compromettante de l'église syriaque pour sa transposition judéo-chrétienne.

Et enfin qu'en est-il de la préséance du spirituel sur le temporel sous la conjonction des fonctions ? La conjonction efface cette préséance qui n’apparaît qu'avec leur distinction tandis qu'elle monte vers le Pôle et que l'autre en descend.