lundi 29 mars 2021

Lazare de Béthanie

Pour le vingt-deuxième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

La résurrection de Lazare –

Il y avait un homme malade ;
c'était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe.

Marie était celle qui versa du parfum sur les pieds du Seigneur
et qui les essuya avec ses cheveux ;
c'était son frère Lazare qui était malade.

Les sœurs envoyèrent dire à Jésus :
« Seigneur, celui que tu aimes est malade. »

A cette nouvelle, Jésus dit :
« Cette maladie n'aboutira pas à la mort, mais elle servira à la gloire de Dieu,
afin qu’à travers elle la gloire du Fils de Dieu soit révélée. »

Or, Jésus aimait Marthe, sa sœur et Lazare.

Quand il eut appris que Lazare était malade,
il resta encore deux jours à l'endroit où il était.

Puis il dit aux disciples : « Retournons en Judée. »

Les disciples lui dirent :
« Maître, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider et tu retournes là-bas ? »

Jésus répondit :
« N'y a-t-il pas douze heures de jour ?
Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne trébuche pas,
parce qu'il voit la lumière de ce monde ;

mais si quelqu'un marche pendant la nuit,
il trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. »

Après ces paroles, il leur dit :
« Notre ami Lazare s'est endormi, mais je vais aller le réveiller. »

Les disciples lui dirent : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera guéri. »

En fait, Jésus avait parlé de la mort de Lazare,
mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil.

Jésus leur dit alors ouvertement : « Lazare est mort.

Et à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n'étais pas là.
Mais allons vers lui. »

Là-dessus Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples :
« Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui. »

A son arrivée, Jésus trouva que Lazare était depuis quatre jours déjà dans le tombeau.

Béthanie était près de Jérusalem, à moins de trois kilomètres,

et beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie
pour les consoler de la mort de leur frère.

Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre,
tandis que Marie restait assise à la maison.

Marthe dit à Jésus :
« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

Mais maintenant, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera. »

Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »

« Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, le dernier jour. »

Jésus lui dit : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt ;

et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais.
Crois-tu cela ? »

Elle lui dit :
« Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie,
le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde. »

Après avoir dit cela, elle alla appeler secrètement sa sœur Marie en lui disant :
« Le maître est ici et te demande. »

A ces mots, Marie se leva sans attendre et alla vers lui.

Jésus n'était pas encore entré dans le village,
mais il était à l'endroit où Marthe l'avait rencontré.

Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison
et qui la consolaient la virent se lever soudain et sortir ;
ils la suivirent en disant :
« Elle va au tombeau pour y pleurer. »

Marie arriva à l'endroit où était Jésus.
Quand elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit :
« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »

En la voyant pleurer, elle et les Juifs venus avec elle,
Jésus fut profondément indigné et bouleversé.

Il dit :
« Où l'avez-vous mis ? »
« Seigneur – lui répondit-on – viens et tu verras. »

Jésus pleura.

Les Juifs dirent alors :
« Voyez comme il l'aimait ! »

Et quelques-uns d'entre eux dirent :
« Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle,
ne pouvait-il pas aussi faire en sorte que cet homme ne meure pas ? »

Jésus, de nouveau profondément indigné, se rendit au tombeau.
C'était une grotte ; une pierre fermait l'entrée.

Jésus dit :
« Enlevez la pierre. »
Marthe, la sœur du mort, lui dit :
« Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là. »

Jésus lui dit :
« Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? »

Ils enlevèrent donc la pierre.
Jésus leva alors les yeux et dit :
« Père, je te remercie de ce que tu m'as écouté.

Pour ma part, je savais que tu m'écoutes toujours,
mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure,
afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé. »

Après avoir dit cela, il cria d'une voix forte :
« Lazare, sors ! »

Et le mort sortit,
les pieds et les mains attachés par des bandelettes et le visage enveloppé d'un linge.
Jésus leur dit :
« Détachez-le et laissez-le s’en aller. »

Jean XI 1 – 44

L'onction à Béthanie –

Six jours avant la Pâque,
Jésus arriva à Béthanie où était Lazare qu'il avait ressuscité.

Là, on lui offrit un repas ;
Marthe servait et Lazare était parmi ceux qui se trouvaient à table avec lui.

Marie prit un demi-litre d'un parfum de nard pur très cher,
en versa sur les pieds de Jésus
et lui essuya les pieds avec ses cheveux ;
la maison fut remplie de l'odeur du parfum.

Un de ses disciples, Judas l’Iscariot, celui qui allait le trahir, dit :

« Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers
pour les donner aux pauvres ? »

Il disait cela non parce qu'il se souciait des pauvres,
mais parce que c’était un voleur
et, comme il tenait la bourse, il prenait ce qu'on y mettait.

Jésus dit alors :
« Laisse-la !
Elle a gardé ce parfum pour le jour de mon ensevelissement.

En effet, vous aurez toujours les pauvres avec vous,
tandis que moi, vous ne m'aurez pas toujours. »

Une foule de Juifs apprirent que Jésus était à Béthanie ;
ils y vinrent, non seulement à cause de lui,
mais aussi pour voir Lazare qu'il avait ressuscité.

Les chefs des prêtres décidèrent de faire mourir aussi Lazare

parce que beaucoup de Juifs les quittaient et croyaient en Jésus à cause de lui.

Jean XII 1 – 11

Marthe et Marie –

Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village,
et une femme du nom de Marthe l’accueillit dans sa maison.

Elle avait une sœur appelée Marie, qui s'assit aux pieds de Jésus
et écoutait ce qu’il disait.

Marthe était affairée aux nombreuses tâches du service.
Elle survint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ?
Dis-lui donc de venir m'aider. »

Jésus lui répondit :
« Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses,

mais une seule est nécessaire.
Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Luc X 38 et 42

L'ascension de Jésus –

Il les conduisit vers Béthanie, puis il leva les mains et les bénit.

Pendant qu'il les bénissait, il les quitta et fut enlevé au ciel.

Quant à eux, après l'avoir adoré,
ils retournèrent à Jérusalem remplis d’une grande joie.

Et ils étaient constamment dans le temple, louant et bénissant Dieu.

Luc XXIV 50 – 53

La résurrection de Lazare et l'onction de Jésus à Béthanie mettent en scène les quatre personnages principaux et deux secondaires avec Thomas le didyme dans le rôle du disciple le plus enthousiaste et Judas l'Iscariot dans celui du traître.

La résurrection anticipe l'onction en nous présentant Marie comme si l'onction avait déjà eut lieu quand Jésus ressuscite Lazare et son ascension n'ajoute aucun personnage en particulier parmi les disciples qui l'accompagnent.

Le récit charge Judas d'avantage qui avant d'être un traître est d'abord un voleur et il est curieux de trouver Thomas dans un contre-emplois qu'on nous présente d'abord comme un courageux avant d'être un incrédule – cf. Jean XX 25 :

« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je n’y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté,
je ne croirai pas. »

Est-ce Lazare qui ressuscite ou Jésus qui apparaît et sur quoi son didyme qui veut mourir avec lui a-t-il des doutes ? Nous sommes au cœur d'un symbole dont on nous présente les fragments – cf. Jean XX 27 :

« Avance ton doigt ici et regarde mes mains.
Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté.
Ne sois pas incrédule, mais crois ! »

Car voici que Jésus qui était chez Lazare se retrouve aussi chez Simon tandis que le même reproche que Judas adresse à Marie incombe à l'ensemble des disciples. Or, Simon le lépreux ne ressuscite pas :
   

Matthieu XXVI 6 à 13

Marc XIV 3 à 9

Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,

Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase qui contenait un parfum de nard pur très cher. Elle brisa le vase et versa le parfum sur la tête de Jésus.

une femme s'approcha de lui avec un vase qui contenait un parfum de grande valeur. Pendant qu'il était à table, elle versa le parfum sur sa tête.

A cette vue, les disciples s'indignèrent et dirent : « A quoi bon un tel gaspillage ?

Quelques-uns exprimèrent leur indignation entre eux : « A quoi bon gaspiller ce parfum ?

On aurait pu vendre ce parfum très cher et donner l'argent aux pauvres. »

On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers et les donner aux pauvres » et ils s'irritaient contre cette femme.

Le sachant, Jésus leur dit : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle a accompli une bonne action envers moi.

Mais Jésus dit : « Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait une bonne action envers moi.

En effet, vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'aurez pas toujours.

En effet, vous aurez toujours des pauvres avec vous et vous pourrez leur faire du bien quand vous le voudrez, mais vous ne m'aurez pas toujours.

En versant ce parfum sur mon corps, elle l'a fait pour mon ensevelissement

Elle a fait ce qu'elle a pu, elle a d'avance parfumé mon corps pour l'ensevelissement.

Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi en souvenir de cette femme ce qu'elle a fait. »

Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi en souvenir de cette femme ce qu'elle a fait. »

   
C'est incontestablement le même texte où le prix du parfum que Matthieu ne précise pas a la même valeur chez Marc et chez Jean mais outre que l'hôte à changé, l'onction est extrême en vue d'un ensevelissement qui ne peut être que celui de Jésus.

Marie qui apparaît chez Jean et chez Luc n'est pas reconnue comme telle mais c'est le même personnage qu'une femme avec un vase contenant du parfum et la sœur de Marthe. Luc parle aussi d'une femme du nom de Marthe et d'une sœur appelée Marie.

   

    

dimanche 28 mars 2021

Moïse et les prophètes

Pour le vingt-et-unième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

L'homme riche et le pauvre Lazare –

« Il y avait un homme riche qui s'habillait de pourpre et de fin lin
et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie.

Un pauvre du nom de Lazare était couché devant son portail, couvert d'ulcères.

Il aurait bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche,
cependant même les chiens venaient lécher ses ulcères.

Le pauvre mourut et fut porté par les anges auprès d'Abraham.
Le riche mourut aussi et fut enterré.

Dans le séjour des morts, en proie à une grande souffrance, il leva les yeux
et vit de loin Abraham avec Lazare à ses côtés.

Il s'écria :
« Père Abraham, aie pitié de moi
et envoie Lazare pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau
afin de me rafraîchir la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme. »

Abraham répondit :
« Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie
et que Lazare a connu les maux pendant la sienne ;
maintenant, il est consolé ici et toi, tu souffres.

De plus,
il y a un grand abîme entre nous et vous,
afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ou de chez vous vers nous
ne puissent pas le faire. »

Le riche dit :
« Je te prie alors, père Abraham, d'envoyer Lazare chez mon père, car j'ai cinq frères.

C'est pour qu'il les avertisse,
afin qu'ils n’aboutissent pas, eux aussi, dans ce lieu de souffrances. »

Abraham lui répondit :
« Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent. »

Le riche dit :
« Non, père Abraham, mais si quelqu'un vient de chez les morts vers eux,
ils changeront d’attitude. »

Abraham lui dit alors :
« S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes,
ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu'un ressuscite. »

Luc XVI 19 – 31

La parabole de Luc justifie la prédication aux païens. Les Israélites ont Moïse et les prophètes représentés par Élie pour la Transfiguration du Seigneur où ils apparaissent à Pierre et à Jacques et Jean – de Zébédée puisqu'il s'agit de frères – cf. Mt XVII 1 à 9.

Lazare a la figure du juste qui demeure auprès d'Abraham. C'est lui qui ressuscite dans l'évangile de Jean – cf. Jean XI 1 à 44

« [ ... ] ce n'est pas manifester de l'hostilité au peuple juif que de dénoncer le mouvement qui est la cause actuelle de son malheur et l’État profanateur qui, tôt ou tard, le conduira à sa perte. »

Cf. Charles-André Gilis – La profanation [ du Saint Nom ] d'Israël [ ... ] (2008)

   

    

samedi 27 mars 2021

Au cœur du mystère chrétien

Pour le vingtième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Mais d'abord, qui est Jean ? A-t-il existé ? Oui mais comme mystère, le plus profond mystère du Nouveau Testament. »

[ Jean est le seul personnage du Nouveau Testament qui s'inscrit à l'intersection des trois cénacles qui entourent le Christ :

Parmi les membres de sa famille où il acquiert une filiation adoptive à l'égard de sa mère, parmi ses proches comme un de ceux que Jésus aimait et parmi les disciples du maître dont il est d'abord l'apôtre. ]

« Parmi les trois grands apôtres, si Paul est l'air et Pierre la terre, Jean est le feu et l'eau à la fois. »

« L'eau et le feu se sont aimés. Jean est contradictoire : ce n'est pas là son moindre charme. Le disciple [ que Jésus ] aimait, le tendron renversé sur sa poitrine d'un côté, la Voix de Tonnerre – le Boanergès – et l'Apocalypse de l'autre. »

[ À cette contradiction s'ajoute celle de deux personnages dont l'un est identifié par le romancier au secrétaire imaginaire de Jean dont le nom est cité parmi les élus dans le sixième chapitre des Actes des apôtres – cf. Actes VI 5 :

« La tradition d’Éphèse, où l'on vénère deux tombeaux, l'un de Jean l'apôtre, l'autre de Jean le Presbytre [ ... ] comme la difficulté d'attribuer à une même plume [ ... ] le détail de l’Évangile et celui de l'Apocalypse [ ... ]. »

Difficulté qui pour « le détail » de l’évangile en suppose nécessairement un troisième. ]

« Le Nouveau Testament a été écrit sous l'influence de deux apôtres, les seuls véritables écrivains du canon chrétien : Paul – et Luc son disciple pour son Évangile et les Actes – et Jean, par l’Évangile, l'Apocalypse et les trois Épîtres connues sous son nom.

« Si les choses sont assez claires, historiquement, pour Paul, elles sont, en ce qui concerne Jean, passablement embrouillées. »

[ Le Nouveau Testament compte huit corpus dans tous les cas de figures et sont tous « sous l'influence » du Christ.

Pour les épîtres de Jean, la première est celle de l'auteur du prologue de son évangile et de son apocalypse. Les deux suivantes sont celles de Jean l'Ancien – le « Presbytre » – qui est le fils adoptif de Pierre et qui signe le deuxième évangile sous le nom de Marc. ]

« Pourtant, une base, sur et solide, est là : c'est un écrivain. Entre ses deux textes principaux [ l'évangile et l'apocalypse ], il y a une abîme, et aussi une fraternité.

« Une insoluble différence, opposition même ; on a souvent douté que ces deux textes fussent du même auteur, et aussi que cet auteur fut Jean de Zébédée, l'un des douze apôtres.

« Il n'est pas question de refaire ici cet interminable procès ; à coup sûr, il y a une énigme : énigme de ce disciple qui témoigne sans ce nommer ailleurs que dans le titre [ ... ] « du disciple que Jésus aimait », [ reprenant celui ] d'un livre de J. Colson [ ... ]

« [ ... ] qui choisi lui de distinguer le prêtre jérusalémite, auteur de l’Évangile, et l'apôtre, fils de Zébédée. »

[ Mais nous avons vu que cet auteur hiérosolymite peut être à la fois l'un et l'autre si son témoignage a été réécrit avec une nouvelle ampleur par la plume de l'aigle johannique. ]

« L'identité de saint Jean ressemble au problème de l'Apocalypse, selon Jacques Derrida – « d'un ton apocalyptique... » – un problème de relais dans une identité qui tend au divin et au mystérieux.

« Des pistes, sans plus : un texte, deux textes – sont-ils de même auteur ? – un personnage a-t-il écrit l'un, l'autre, les deux, aucun ? Mais une voix dicte, à travers ces relais. Cette Voix de Tonnerre de l'inspiration divine, incarnée dans la figure de Jean.

« La commission biblique de l’Église [ catholique ], par son décret du 29 mai 1907, établit que [ ... ] « par une tradition constante et solennelle de l’Église remontant au IIe siècle », par le témoignage des saints pères, et même des hérétiques, [ ... ]

« [ ... ] et [ par celui ] des témoins directs des apôtres, il est établi que les textes du Nouveau Testament mis sous le nom de Jean sont bien de l'apôtre Jean, frère de Jacques et fils de Zébédée. »

[ Ces témoignages n'engagent pas les deux épîtres du « Prebytres » et « le détail » d'une source originelle mais tout le reste : la première épître, l'évangile avec son prologue et l'apocalypse. ]

« Il n'y a qu'un Jean. Mais il est double : écartelé, entre l'Apocalypse et l’Évangile, l'hébreu et le grec, le début et la fin – [ ... ]

« [ ... ] car contrairement à l'ordre officiel qui en fait le texte final de Bible chrétienne, c'est l'Apocalypse qui remonte aux origine bibliques, et l’Évangile qui marque l'entrée [ du christianisme ] dans le monde de la philosophie grecque et romaine. »

[ La composition de l'apocalypse est datée par Eusèbe sous Domitien – entre 81 et 96. Le quatrième évangile est le plus ancien mais réécrit à la même époque qui est aussi celle de Clément de Rome.

Eusèbe date le pontificat clémentin de la douzième année du règne de Domitien – à partir de 92. Si le nouvel évangile est une commande pontificale contre les prémices du schisme de Marcion, il pourrait en effet conclure la révélation apocalyptique.

La source qui informe aussi les deux autres – celui de Matthieu et celui de Luc – est un témoignage sur Lazare qui vient du cénacle des intimes que Jésus aimait et auxquels Jean de Zébédée qui fut d'abord son disciple préféré fut ensuite agrégé. ]

« Il n'y a qu'un Jean : mystère central. Entre le cataclysme et l'amour » [ pour la querelle des pétriniens et des pauliniens entre les israélites et les païens dans l'extension orientale de la civilisation romaine. ]

« Contre la tradition synchrétique, celle de l'école allemande et de Bultmann, la mode fut récemment [ en 1984 ] à revendiquer un Jean « juif », totalement juif : [ ... ]

« [ ... ] voyez les traductions de Chouraqui [ qui hébraïse le texte grec ] ou encore « Le Christ hébreu » de Tresmontant – qui date carrément l’Évangile de Jean des années suivant immédiatement la Passion [ du Christ. ]

[ Dans la théorie des ensembles, les Juifs sont des Hébreux depuis la philoxénie d'Abraham mais tous les Hébreux ne sont pas juifs. ]

« Pour nous, le problème ne se posait pas : ce qui passionne en Jean est justement cette double nature, cette perfection grecque d'un texte hébreux – et réciproquement.

« Cullmann – « Le Milieu johannique » – a d'ailleurs montré, de manière très intéressante, que le judaïsme du temps du Christ est en relation, dès ses origines, avec un groupe helléniste :

« [ ... ] les liens des esséniens de Qûmran avec les thérapeutes, la Bible des Septante, Philon d'Alexandrie montrent qu'un judaïsme hellénique a existé en Judée avant le christianisme. »

[ Mais rien ne démontre que la communauté monastique de Qûmran fut essénienne ou thérapeutique. ]

Cf. Guy Hocquenghem – La colère de l'Agneau – Postface [ et ] Addenda (1984)

   

    

vendredi 26 mars 2021

L'harmonie du monde

Pour le dix-neuvième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Que cherchait [ cet homme qui est mort il y a quarante ans, qui est venu [ à Rodrigues ] et que peut-on espérer de ce tas de pierres sauvages, si ce n'est un trésor ? ]

« N'étais-ce pas un trésor, le butin fabuleux provenant des rapines de La Buse, ou d'England, l'or et les bijoux du Grand Moghol, les diamants de Golgonde ?

« N'étais-ce pas, peut-être, le butin d'Avery, qui, au dire de Van Broeck, aurait capturé le trésor donné par le Moghol Aurangzeb en dot à sa fille, et qu'il estimait à plus d'un million de livre sterling ?

« Avery, qui avait en son temps la réputation d'être devenu un « petit roi », avait capturé le vaisseau du Grand Moghol qui se rendait à La Mecque avec sa suite.

« Alors, raconte Charles Johnson dans « History of Pyrates », « il épousa la fille du Grand Moghol, puis fit route vers Madagascar », et bientôt abandonna son navire et son équipage et sans doute son trésor – caché dans quelque île – [ ... ]

« [ ... ] pour se rendre à Boston, aux Amériques, où il vécut quelque temps avant de retourner mourir dans la misère à Bristol. Qu'était alors devenue sa femme, la fille merveilleuse [ ... ] du Moghol Aurangzeb ? »

« N'était-ce pas cela aussi que cherchait mon grand-père, dans ce décor de broussailles et de lave, ici, dans l'un des endroits les plus pauvres et les plus isolés de la terre ?

« Car le trésor, c'était tout cela, c'était l'aventure fabuleuse du « Privateer » [ du Pirate ], la légende du Grand Moghol et de ses vassaux, Nizam et Moluk au Deccan, [ ... ]

« [ ... ] Anaverdi Khan à Arcot, la capitale du fameux Carnatic – appelé aussi Coromandel – gardée par ses deux forteresses de Gingi et de Trichinopoly.

« C'était aussi la chimère du domaine de Golconde, au Nord du Carnatic, une forteresse inexpugnable, construite en haut d'un rocher à trois lieues de la cité légendaire d'Hyderabad.

« C'est là qu'était enfermé, selon la légende, le fabuleux trésor des « nizam », les vassaux du Grand Moghol, amassé depuis des siècles.

« Les diamants de Golconde avaient été le rêve des conquérants venus du Portugal, de l'Espagne et de Hollande, avant d'être le délire des écumeurs des mers à la fin du XVIIIe siècle.

« Songe-creux, car lorsqu'ils entrèrent enfin dans le Deccan, les conquérants européens ne découvrirent pas l'Eldorado qu'ils escomptaient, mais la pauvreté des villes et des peuples dans un pays où il y avait plus de poussières et de mouches que d'or.

« N'était-ce pas le même rêve qui s'était dissipé lorsque Coronado croyant découvrir les cités de Cibola aux toits d'or et de pierreries, arriva enfin devant les villages de boue séchée des Pueblos, [ ... ]

« [ ... ] n'était-ce pas le même rêve, lorsque René Caillié entra pour la première fois dans Tombouctou et vit que la cité mystérieuse n'était en fait qu'un rendez-vous de Chamelier ? »

« Comment mon grand-père a-t-il pu croire à la légende du trésor de Golconde, et surtout à celle de la dot de la fille d'Aurangzeb capturée par Avery ?

« À l'époque où Avery écumait la mer des Indes, c'est-à-dire entre 1720 et 1730, ce n'était plus Aurangzeb qui régnait sur l'Inde, sur les nababs et souhabs, mais un usurpateur, [ ... ]

« [ ... ] nommé Mohammed Shah, qui avait renversé en 1720 Farruk Sihar, lui-même cousin de Shah Allan et de son frère Djahandar, fils d'Aurangzeb qui était mort en 1707.

« Quant aux pirates – ceux que mon grand-père appelle les « Privateers » – ils n'ont commencé à naviguer dans la mer des Indes que lorsqu'ils furent chassés de la mer des Antilles, c'est-à-dire à partir de 1685.

«Cela coïncidait d'ailleurs avec l'expansion des trois grandes compagnies marchandes, la Compagnie des Pays lointains pour la Hollande – fondé en 1595 à Amsterdam ;

« [ ... ] la Compagnie des Marchands trafiquants aux Indes orientales pour l'Angleterre – fondé en 1600 – et la Compagnie des Indes orientales pour la France – fondée par Colbert en 1664.

« Les prédateurs de la mer des Indes – Taylor, La Buse, Avery, Cornelius, Condent, John Plantain, Misson, Tew, Davis, Cochlyn, Edward England et tant d'autres – n'ont acquis leur gloire que par ces géants aux dépens desquels ils vivaient : [ ... ]

« [ ... ] ces formidables compagnies marchandes qui ont été les premiers véritables agents de la colonisation européenne, et qui ont ouvert la route de l'Orient, [ ... ]

« [ ... ] d'abord par des échanges pacifiques, puis par la violence armée, divisant d'immenses territoires, des océans, répartissant entre elles cette moitié du monde. »

« N'est-ce pas ce passé extraordinaire qui est au cœur du trésor, le secret de ces mouvements de digestion du monde de l'Europe triomphante ?

« Aller à la recherche de ces mers et des îles où passèrent autrefois les navires, parcourir l'immense champ de bataille où s'affrontèrent les armées et les hors-la-loi, c'était prendre sa part du rêve de l'Eldorado, [ ... ]

« [ ... ] chercher à partager, près de deux siècles plus tard, l'ivresse de cette histoire unique : quand les terres, les mers, les archipels n'avaient pas encore été enfermés dans leurs frontières, [ ... ]

« [ ... ] que les hommes étaient libres et cruels comme les oiseaux de la mer, et que les légendes semblaient encore ouvertes sur l'infini. » [ ... ]

« En limitant volontairement le terrain de ses recherches à cette étoile à huit branches dont les pointes s'appuient sur les points SWNO – et leurs symétriques, marquant la périphérie du cercle, [ ... ]

« [ ... ] de la base Nord-Est du marécage jusqu'à l'extrémité Sud du premier tronçon de la rivière Roseaux, et de la base de la falaise Est à la base de la falaise Ouest, un territoire de 715 pieds français de diamètres, en comptant selon l'échelle qu'il donne, [ ... ]

« [ ... ] ce n'est pas la réalité du trésor qu'il veut prouver, mais une autre réalité, un autre trésor. C'est peut-être [ ... ] l'harmonie du monde. »

Cf. J. M. G. Le Clézio – Voyage à Rodrigues (1986)

   

    

jeudi 25 mars 2021

La gloire de la prophétie

Pour le dix-huitième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« De gloria olivæ ! » J'ai dit que cet oracle était l'un des plus clairs. Et même l'on verra quelle grande clarté il projette, jusqu'à permettre de situer le temps qu'il définit. Et ce temps est celui de l'Antéchrist. »

« Quand viendra l'Antéchrist, viendront aussi, envoyés de Dieu, les deux oliviers chargés de dénoncer l'Homme de péché :

[ La délation n'a jamais fait partie de l'attribution des envoyés et à qu'elle autorité pourraient-ils les dénoncer s'ils sont sont sous l'autorité d'un adversaire ? ]

« – Qui sont ces deux oliviers à la droite du lampadaire et à sa gauche ? »

« – Ce sont les deux fils de l'huile qui se tiennent près du Seigneur de toute la terre. »

« – cf. Zacharie IV 11 et 14. Et encore [ Apocalypse XI, 3 et 4 ] :

« Je ferai prophétiser mes deux témoins revêtus de sacs, pendant 1260 jours : ce sont les deux oliviers et les deux candélabres dressés devant le Seigneur de la terre. »

« Le Seigneur de la terre » : Yahvé ? Ou le Maître de la terre par qui le Prince de ce monde, au dernier jour, étendra son empire à toute la terre ?

[ Zeus ou Jupiter ; c'est-à-dire « Dieu le Père » qui n'est ni le démiurge ni la totalité de la manifestation cosmique mais Celui qui règne sur la création et qui a fait du Christ son vicaire à la suite d'Adam et sur Israël à la suite de David. ]

« On croit communément, et cela depuis les premiers siècles de l’Église, que ces deux témoins sont Hénoch et Élie. Enlevés vivants au ciel ils doivent, à la fin des temps, revenir sur la terre pour y mourir.

[ Dans l'évangile de Jean, les deux témoins apparaissent néanmoins à la suite d’Élie comme le Messie d'Israël et comme le Prophète qui désignent le Christ et le Sceau des prophètes. ]

« Remportant la palme du martyr aux jours de l'Antéchrist, est-il plus grande gloire pour ces deux oliviers que celte mort qui va les configurer au Christ ? » [ C'est leur agonie qui motive le jugement du Juge terrible au jour de la colère de Dieu. ]

« Hénoch a été agréable à Dieu et il a été transporté : il est destiné à prêcher la conversion aux nations » – cf. Ecclésiaste XLIV 16

« Et toi – Élie – qui fut transporté dans un tourbillon de flamme, dans un char aux chevaux de feu, toi qui as été désigné dans de sévères écrits pour des temps à venir, [ ... ]

« [ ... ] afin d'apaiser la colère avant qu'elle s'enflamme, ramener vers l'enfant le cœur du père, et rétablir les tribus d'Israël. » – Ecclésiaste XLIV 9 et 10

« Doit-on entendre que l'un de ces deux oliviers – Hénoch – est destiné aux Nations [ qui désignent les Païens ou les Gentils ] – l'Olivier sauvage ; et l'autre, Élie, chargé de convertir Israël – l'Olivier franc – au temps du rétablissement ? »

[ Ils se peut que les uns et les autres doivent être convertis – les Goys et les Juifs – mais Israël reste le royaume des élus. ]

« Quand ils auront pleinement fini de témoigner, la Bête qui monte de l'Abîme leur fera la guerre, les vaincra, les tuera. » – Apocalypse XI 7

« La prédication des deux Témoins précédera donc immédiatement l'apparition de l'Homme de péché. Sans doute seront-il les artisans de la grande Conversion, cette Gloire ultime dont doit resplendir l’Église avant [ ... ] de mourir de la mort de Jésus : crucifiée. »

[ Rien n'indique cette immédiateté et c'est « l'apostasie générale » qui précède « le signe initial » – qui est le dernier – parmi les six indiqués par Auclair dans son introduction aux devises des papes du futur – en 1969.

« Quant à la crucifixion de l’Église, elle correspond sans doute au renoncement du pontife émérite – Pierre le romain qui est aussi le détenteur de cette devise qui glorifie la prophétie – mais c'est une « descente de Croix » qui la caractérise. ]

« De gloria olivæ ! » [ Le pontife se retire pour laisser passer le vicaire. ]

« Courte gloire, faste crépusculaires, comme le soir d'une lourde journée d'orage qui s'illumine un instant lorsque le soleil, au moment de disparaître dans la mer, passant sous le couvercle des nuées, embrase soudain le ciel de toutes les pourpres du couchant. »

« Cette gloire sera la gloire des Rameaux. Hosanna, gloire, gloire au fils de David ! Les cris retentissent encore que c'est déjà Gethsémani et [ le ] Golgotha ! »

« De gloria olivæ ! » Le triomphe de l’Église : la réconciliation dans le Christ des nations séparées dans le Christ ; puis enfin la réconciliation avec Israël des nations réconciliées. »

« La grande Conversion précédant la grande Apostasie ! Tout d'un coup. Il n'y a pas de transition. [ Et pour cause parmi les signes, « les faux-prophètes » précèdent « l'Apostasie générale » avant « le signe initial ». ]

« Le sixième Sceau rompu, l'Ange ayant levé le bras, le tourbillon de la mort se figea soudain. Le temps que s'accomplisse le mystère de gloire. Et maintenant le mystère est consommé. La Gloire de l'Olivier s'achève avec la mort des deux oliviers.

« Alors, aussi brusquement qu'il avait été interrompu, le vortex reprend au point où son élan avait été brisé, enchaînant le mouvement commencé, précipitant la cataracte des ténèbres un instant suspendue. »

« Et c'est Jérusalem, ville meurtrière des prophètes, qui va semble-t-il, immoler les deux derniers prophètes :

« Leurs cadavres gisent sur la place de la grande cité, appelée allégoriquement Sodome et l’Égypte, là même où se Seigneur a été crucifié. » [ « durant trois jours et demi » qui est le nombre des temps au chapitre suivant ] – cf. Apocalypse XI 8 [ et 9 ]

« Le Seigneur ayant été crucifié à Jérusalem, si Jérusalem dès cet instant se voit assimilée à Sodome et [ à ] l’Égypte, allégories du Mystère d'iniquité, n'est-ce point que Jérusalem, après la conversion des Juifs, sera devenue le siège de l'Antéchrist. »

[ L'antéchrist doit s'asseoir partout y compris à Rome où il siège pendant les persécutions sauf autour du harâm de Yathrib où se trouve la sépulture du Sceau des prophètes et sur la Montagne polaire d'où la Dabba appelle le jour et la lumière. ]

Cf. Raoul Auclair – La prophétie des papesLes devises des papes futursDe gloria olivæ : De la gloire de l'olivier (1969)

« Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres
pour que le Jour du Seigneur vous surprenne comme un voleur. »

Première épître de Paul aux Thessaloniciens V 4

   

    

mardi 23 mars 2021

Les saintes myriades

Pour le dix-septième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Les deux témoins dont [ on ] parle dans ces versets, dit M. l'abbé Drach [ dans ses commentaires sur le onzième chapitre de l'Apocalypse ] ne sont pas deux genres de prédicateurs comme le pensent beaucoup de protestants et quelques catholiques, [ ... ]

« [ ... ] mais deux individus, ainsi que le reconnaît, avec bonne foi, le protestant Dusterdieck. Une tradition fort imposante dans l’Église nous dit que ces deux témoins seront Hénoch et Élie.

« Cette tradition s'appuie [ sur ] 1° Matthieu XVII 11 [ et ] Ecclésiaste XLIV 16 ;

[ « Élie doit venir et tout remettre en ordre. » mais dans la même section – Mt XVII 9 à 13 – « Élie est déjà venu » et « les disciples [ de Jésus ] comprirent que ces paroles concernait Jean le Baptiste. »

« Hénoch plut au Seigneur et fut enlevé, exemple pour les générations » mais l'éloge n'implique pas le retour. ]

« 2° sur l'interprétation que des Pères en grand nombre on donnée de nos versets en les appliquant à ces deux saints personnages de l'Ancien Testament.

[ C'est édifiant mais pas plus convaincant que l’attribution anachronique de la philoxénie d'Abraham aux Personnes de la Sainte Trinité. Les hôtes du patriarche étant des Hébreux qui viennent de franchir la mer Rouge. ]

« Cette « interprétation » – l'auteur dit « tradition » – est formulée par les pères suivants [ nous omettons les nombreuses références dûment mentionnées ] : [ ... ]

« [ ... ] saint Jean Damascène, Théodoret, saint Éphrem, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Grégoire le Grand, saint Hilaire de Poitiers, saint Jérôme, saint Augustin, saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Origène, saint Hippolyte, Tertulien [ et ] saint Justin. »

« À la suite de ces Pères, il faut citer Primaise, Alcuin, Arétas, et tous les interprêtes catholiques à une petite exception près.

« Il est vrai que Bossuet et Calmet font partie de cette exception. Mais le grand évêque de Meaux [ Bossuet ] avait oublié dans son commentaire ce qu'il avait écrit dans sa préface de l'Apocalypse :

« Il faut être plus que téméraire pour improuver la tradition de la venue d'Hénoch et d'Élie à la fin des siècles, puisqu'elle a été reconnue de tous ou de presque tous les Pères. »

« Et quelques lignes plus haut il dit que « ce ne sont pas seulement les Pères latins qui établissent le retour d'Hénoch : les grecs aussi y sont exprès. »

[ Nous avons cherché à rendre justice à une tradition aussi prestigieuse en leur assignant les temps de la fin : celui de la Rose-Croix – entre 1604 et 1964 – et celui du Sacré-cœur – entre 1673 et 2033.

Mais il existe aussi une iconographie qui représente Élie avec Seth dans une conversation édifiante assez semblable à celle qui représente Antoine et Paul au Désert. ]

« Citons les [ trois ] textes principaux qui nous affirment qu'Hénoch et Élie ne sont pas mort et qu'ils reparaîtront un jour sur terre. Voici d'abord ceux qui concernent Hénoch :

« Hénoch marcha avec Dieu, et il disparut : Dieu en effet l'avait enlevé. » – cf. Gn V 24

« Hénoch a plus à Dieu et a été transporté dans le Paradis ; il est destiné à prêcher la pénitence aux nations. » – cf. Ec XVIL 16

[ L'enlèvement « pour la conversion des générations » devient paradisiaque et pénitentiel rappelant la tradition médiévale où quarante ans sont donnés à Seth pour rapporter le Graal. Ces personnages – Hénoch et Seth – semblent interchangeables.

Mais nous les identifions séparément en accordant à Hénoch un temps de 360 ans et à Seth un séjour paradisiaque de quarante ans – de 1992 à 2032 – en partant du Sceau des saints muhammadiens dans le décompte des cohortes de l'âge de fer. ]

« C'est à cause de sa foi qu'Hénoch a été enlevé, pour qu'il ne gouttât pas la mort on ne le trouvait plus parce que Dieu l'avait enlevé. Avant cet enlèvement il lui est rendu ce témoignage qu'il plut à Dieu. » – cf. He XI 5

[ L'abbé Joseph Maitre ignore les versets de Jude – cf. Jude 14 et 15 :

« C'est aussi pour eux [ pour ceux qui sont allés dans la voie de Caïn, dans l'égarement de Balaam et dans la révolte de Coré ] qu'a prophétisé en ces termes Hénoch, le septième patriarche depuis Adam : [ ... ]

« [ ... ] le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, afin d'exercer le jugement contre tous et de confondre tous les impies pour toutes les œuvres d'impiétés qu'ils ont commises, pour toutes paroles dures qu'on proférées contre lui les pêcheurs. »

L'antagonisme entre la prophétie d'Hénoch et la voie de Caïn signale encore sa similitude avec celle de Seth. Nous identifions les myriades – « dix mille » – avec les temps – « 360 » – au terme des quatre ennéades – « 36 » – dans les rangs de leur décade. ]

« Les [ six ] textes qui concernent Élie sont encore plus explicites :

« Élie et Élisée marchaient ensemble, et s'avançaient en parlant entre eux. Or voici qu'un char de feu attelé de chevaux de flammes les sépara : et Élie monta au ciel au milieu d'un tourbillon. » – cf. II R II 11

[ La scène de l'enlèvement d’Élie au ciel sur un char de feu est celle de Phaéthon dans les Métamorphoses d'Ovide qui évoque la chute d'un astéroïde dans l'Eider en 1226 avant l'ère chrétienne – ou 626 avant l'âge de fer si on l'inaugure en 600. ]

« Élie a été enveloppé dans un tourbillon, et l'esprit qui l'animait est passé dans Élisée – cf. Ec XLVIII 12 ou 13 [ On à là l'esprit d’Élie dont le Baptiste a été investi. ]

« Élie qui était animé d'un saint zèle pour la loi, fut reçu dans le ciel. » – cf. I M II 58 [ dans le Testament de Mattathias ]

« Élie, tu as été emporté dans un tourbillon de feu par un char attelé de chevaux de flamme ; tu es destiné à calmer la colère du Seigneur lorsque viendra le jugement de ce monde ; tu rapprocheras les cœurs des fils et des pères, [ ... ]

« [ ... ] et tu rétabliras les tribus de Jacob. Bienheureux ceux qui t'ont vu et qui on été honorés de ton amitié. Car nous autres, nous vivons seulement une vie ; et après notre mort, notre nom n'est pas destiné à une telle gloire. » – cf. Ec XLVIII 9 à 11 ou 12

« Voici que je vous enverrai le prophète Élie, avant que vienne le jour du Seigneur avec sa majesté et les terreurs qui l'accompagneront.

« Et Il rétablira l'accord des pères et des fils, des fils et des pères. Car je pourrais bien venir et frapper la terre d'anathème. » – cf. Ml III 23 et 24 [ pour ses appendices IV 5 et 6 ]

[ Matthieu identifie le Baptiste à l'esprit d'Élie et le Christ au Seigneur dans cette prophétie du prophète Malachie mais les terreurs qui l'accompagnent sont celles de sa parousie dans la prophétie dite de Saint Malachie – le patriarche d'Armagh. ]

« Et Jésus répondant, leur dit : Élie doit venir sans doute, et tout rétablir dans l'ordre. » – cf. Mt XVII 11 [ voir ci-dessus pour le reste de la question au sujet d’Élie ]

« Où sont actuellement ces saint personnages ? Dans quelle condition vivent-ils au ciel, où ils ont été enlevés sans goûter la mort ? Ce sont là des questions de pure curiosité. »

« Ce qui nous touche, c'est qu'il semblent être les témoins réservés aux dernier âges par la miséricordieuse Providence de Dieu. »

« Hénoch qui vivait sous la loi de nature, prêcherait la pénitence aux nations, selon l'enseignement de l'Ecclésiastique. »

« Élie animé d'un saint zèle pour la Loi, prêcherait les Juifs, et ranimerait dans les restes d'Israël l'esprit de leur pères, en tournant toutes leurs pensées vers le Messie, fin dernière de la Loi. »

« Tout semble donc dans la sainte Écriture nous faire reconnaître ces deux saints de l'Ancien Testament sous le voile des deux témoins de l'Apocalypse. »

« M. l'abbé Loisy [ ... ] suppose que ces deux témoins seront Élie et Moïse. Il invoque en faveur de ce dernier le verset 6 du chapitre XI de l'Apocalypse, et la scène de la Transfiguration, telle qu'elle nous est décrite par les Synoptiques.

« Mais ce sont là des insinuations de bien peu de valeur, ce nous semble, à côté des textes positifs que nous avons rapportés. » [ De fait, le sixième verset du onzième chapitre de l'Apocalypse ne donne aucune identité à leurs deux témoins. ]

« Nous pourrions nous demander pourquoi ces deux témoins sont appelés deux oliviers [ au quatrième verset du onzième chapitre de l'Apocalypse ] : « Hi sunt duæ olivæ ».

« Sans doute la comparaison avec [ la cinquième vision de ] Zacharie [ ... [ pourrait nous expliquer le rapprochement qui existe entre cette idée de l'huile fournie par l'olivier, et celle du candélabre ou de la lumière. » – cf. Za IV 1 à 14 :

« L 'ange qui me parlait revint et me réveilla comme un homme qui est tiré de son sommeil. Et il me dit : « Que vois-tu ? » Je répondis : « Je regarde, et voici : [ ... ]

« [ ... ] il y a un lampadaire tout en or, avec un réservoir à son sommet ; [ ... ] Près de lui sont deux oliviers, l'un a la droite du réservoir, l'autre à sa gauche. » [ ... ]

« Que signifient ces deux oliviers, à droite du chandelier et à sa gauche ? » [ ... ]

« Ce sont les deux oints qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre. »

« Peut-être faut-il expliquer ainsi cette dénomination d'olivier [ ... ] : la grâce qui résidera en ces deux saints personnage, et qui les destinera à une mission aussi extraordinaire que sublime, entretiendra en eux la lumière de la foi et la flamme de la charité. »

« Que telle soit l'explication du texte de Zacharie, peu nous importe. Il nous suffit de trouver dans la prophétie de Saint Jean cette appellation, lors même que nous ne pourrions pas en saisir la portée, [ ... ]

« [ ... [ et il est possible de voir dans cette circonstance l'occasion d'un rapprochement entre la Devise « De gloria olivæ » et l'apparition merveilleuse des deux témoins de l'Apocalypse. »

« C'est ici le lieu d'appliquer cette maxime qui s'impose en tant de cas : dans l'ordre surnaturelle comme dans l'ordre naturel ; il faut souvent admettre le « fait », encore qu'on ne puisse en comprendre la « cause » ou la « nature ».

Cf. Les Papes et la Papauté de 1143 à la fin au monde d'après la prophétie attribuée à saint Malachie – Étude historique par l'abbé Joseph Maitre (1902) – Les Papes de l'avenir Troisième groupes de LégendesDe gloria olivæ [ note sur Hénoch et Élie ]

   

    

lundi 22 mars 2021

Les deux témoins

Pour le seizième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« À côté de cette interprétation de la devise « De gloria olivæ » [ celle qui identifie Israël au peuple juif ], il en est une autre qui, sans en différer essentiellement, fait ressortir un événement capital des derniers temps.

« Nous voulons parler de la « prédication des deux témoins », que mentionne l'Apocalypse, à l'apparition du sixième ange, en les désignant sous le nom énigmatique d'oliviers [ et de candélabres ] – cf. Apocalypse XI 4. »

[ « Ce sont les deux oliviers et les deux menorah
qui se tiennent devant le Maître de la terre. » ]

« Quel est le sens véritable de cette vision prophétique ? [ Qui ] seront ces deux témoins qui viendront glorifier Dieu et combattre l'impiété dans les derniers jours du monde ?

« Est-il question, comme le pensent beaucoup d'interprètes, d'Hénoch et d’Élie * enlevés tous les deux de terre d'une matière mystérieuse ? »

[ Les onzième et douzième chapitres de l'Apocalypse sont pourtant explicites et quantifient à trois reprises la venue des deux témoins qui apparaissent au troisième verset :

« Je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant 1260 jours. »

« 1260 = 42 x 30 = 3,5 x 360 = 2 x 630 »

Le résultat de ces équations coïncide avec un événement que les musulmans appellent « le pèlerinage de l'adieu » où le Sceau des prophètes leur annonce qu'il a parfait la religion – celle d'Abraham et celle des deux témoins.

On peut difficilement prétendre qu'ils doivent venir « dans les derniers jours du monde » interprétés comme la fin d'un cycle qui s'inscrit dans une quadrature des âges mais seulement qu'ils doivent y apparaître après leur venue dans une parousie.

Cette parousie est la gloire de Dieu qui resplendit sur le parvis du Temple devant le Maître de la terre identifié à Zeus ou à Jupiter que le Christ désigne comme son Père et que les chrétiens vénèrent comme l'une des trois personnes de la Trinité. ]

« Toutes ces questions ne nous concernent pas pour moment et sont plutôt du domaine d'un commentaire de l'Apocalypse.

« Ce qui nous intéresse, c'est le « rôle glorieux » qui est attribué aux deux témoins, et en même temps le nom d'oliviers qui établit un rapport étrange entre le récit de l'Apocalypse et la devise « De gloria olivæ ». »

« Nous nous bornons à poser le problème, laissant à l'avenir d'éclairer les détailles du tableau. Faisons remarquer seulement qu'en face de ces deux témoins paraît la Bête « qui s'élève de l'abîme », et que c'est elle qui les met à mort après avoir arrêté leur prédication.

« Or cette Bête est signalée au chapitre XIII, après l'apparition du septième ange, tandis que la mort des deux prophètes se rapporte au « second malheur » annoncé par le sixième ange.

« Nous pouvons donc conclure de là que le XIIIe chapitre, ainsi que le XIIe auquel il fait suite, se rapportent à des temps antérieurs au « troisième malheur ».

« Les détailles qui sont donnés sur la lutte entre Satan et l’Église, sur la Bête à laquelle le Dragon communique sa puissance, sont rendus nécessaires pour l'intelligence des dernières luttes décrites dans les chapitres suivants.

« Il n'y a donc pas interversion dans les événements prédits, mais le prophète remonte à la formation première de l'empire dans lequel doit se concentrer la puissance du mal aux derniers jours, [ ... ]

« [ ... ] pour mieux laisser voir qu'il s'agit d'une lutte décisive entre le Christ et Satan, entre le ciel et l'enfer.

« Nous comprenons dès lors que dès le chapitre XI il soit question de cette Bête dont le prophète doit plus loin expliquer la nature et le caractère vraiment infernal. [ ... ] »

« Ainsi, à la rigueur, rien ne s'oppose à ce que nous rapportions la devise « De gloria olivæ » aux événements annoncés par le sixième ange, [ ... ]

« [ ... ] tout en expliquant les deux devises précédentes [ celles de Jean-Paul I et II ] par des rapprochements empruntés au chapitre XIII. »

[ De fait, rien ne dit que les visions ou les dédicaces de l'Apocalypse retranscrivent une suite chronologique d'événements plutôt qu'un ensemble de faits concordants qui se rassemblent autours de leur téléologie. ]

« En tout cas, l'application aux témoins signalés au chapitre XI ne saurait évidemment exclure le premier sens proposé, concernant la conversion future du peuple juif.

[ Nous ne revenons plus sur le « peuple juif » confondu avec « Israël » et sur l'incongruité de sa « conversion » qui dénature le rassemblement d'une totalité qui est celle des élus. » ]

« Les deux interprétations [ celle du peuple juif et celle des deux témoins ] s'accordent d'autant mieux que, d'après l'opinion commune, les deux prophètes qui rendront témoignage à Jésus-Christ seront eux-même des fils d'Israël. »

Cf. Les Papes et la Papauté de 1143 à la fin au monde d'après la prophétie attribuée à saint Malachie – Étude historique par l'abbé Joseph Maitre (1902) – Les Papes de l'avenir Troisième groupes de LégendesDe gloria olivæ

* Une note de trois pages sur Hénoch et Élie devrait être retranscrite à part puisqu'elle ne correspond pas selon nous à l'interprétation des deux témoins de l'Apocalypse.