samedi 27 février 2021

L'interprète de la prophétie

Pour le trentième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Un autre élément avancé par les partisants de la Prophétie s'appuie sur les commentaires qu'un très savant dominicain espagnol, Alphonse Ciacconius – ou Chacon – fit suivre, à la demande même de Wion :

« Les notes sur les pontifes ne sont pas de Malachie lui-même, mais du R. P. Alphonse Chacon, de l'ordre des Frères Prêcheurs, interprète de cette Prophétie ».

« Ce religieux, né à Bæza, dans le royaume de Grenade, en 1540, professa l’Écriture Sainte au couvent Saint-Thomas de Séville puis étudia les antiquités ecclésiastique et profanes.

« Il acquit la réputation d'être l'un des hommes les plus savants de son siècle, au point que le pape Grégoire XIII, le fit venir à Rome et le nomma pénitencier apostolique à Sainte-Marie-Majeure.

« Il vivait encore en 1601, l'année où paraissait à Rome, son œuvre principale, sa grande histoire des papes et des cardinaux intitulée « Vitæ et res gestæ Pontificum Romanorum [ et S. R. E. ] [ ... ] Cardinalium ».

[ Comparer l'abréviation « S. R. E. » pour « Sacræ Romanæ Ecclesiæ » dans la devise « 112 » ici remplacée par « Ecclesiæ » sans article de coordination. ]

« On voit mal un tel personnage se prêter à une telle duperie s'il avait eu le moindre soupçon contre la bonne foi d'Arnold de Wion. C'est un argument de poids invoqué par les partisans de l'authenticité du texte du « Lignum vitæ ». »

Cf. Pierre Roudil – L'avant-dernier pape avant la fin du mondeJ'ai vu une Prophétie (1999)

Une duperie, c'est beaucoup dire pour un texte inspiré qui reste pour le moins inspirant. Mais la prophétie n'est en partie qu'une sorte de résumé du livre de Ciacconius qui nécessitait ses commentaires.

Il est peu probable que Wion en fit la commande mais peut-être lui doit-on son attribution à Saint Malachie et sans doute y vit-il un modèle pour son propre ouvrage que Roudil nous présente aussi en introduisant son ouvrage :

« En l'année 1595 [ ... ] paraissait à Venise, en latin, l'ouvrage d'un savant bénédictin, Arnold – ou Arnaud – de Wion, intitulé « Lignum Vitæ ornamentum et decus Ecclesiæ » Le Bois de la Vie, ornement et gloire de l’Église.

« Le but de ce livre est de dresser un tableau de l'Ordre de Saint Benoît et n'est que l'explication de divers tableaux, [ ... ]

« [ ... ] où sous la figure de sept montagnes entassées les unes sur les autres et sous l'image d'un grand arbre divisé en plusieurs branches dont Saint Benoît est le tronc, il représente les saints et les hommes illustres de son ordre. » [ ... ]

Sans doute doit-on voir dans cette façon de procéder l'influence du bienheureux Barthélémy Holzauser (+ 1658) sur l'historiographie catholique que Roudil attribue directement à l'Apocalypse de Saint Jean.

« Saint Benoît [ ... ] est représenté [ dans l'Arbre de Vie ] tenant en sa main droite le texte des règles de son ordre et de sa gauche une épée nue ; il est couronné d'étoiles.

« À gauche et à droite de ce Saint sont les fondateurs des diverses congrégations établies sous la règle de Saint Benoît qui ont tous une étoile sur le front [ ... ] »

Cf. Pierre Roudil – L'avant-dernier pape avant la fin du monde (1999)

Rappelons que l'historiographie d'Holzauser ne permet pas d'intégrer le contenu métaphysique du texte de Ciacconius dont la source procède des légendes médiévales de la chevalerie dans la Quête du Graal.

Du point de vue de cette historiographie, Saint Malachie occupe ici quelque peu la fonction d'un Saint Colomban qu'on retrouve jusque dans le méthodisme de l'évangélisme américain chez William Marion Branham.

Toutefois la représentation hagiographique de Saint Benoît en Arbre de Vie sort du Pastoral de Saint Grégoire-le-Grand dont il est le modèle à la source même de toute l'historiographie pontificale de son prophète.

Roudil suit une autre hypothèse – celle d'un manuscrit antérieur au XVIe siècle mais détruit en 1797 au Couvent des Olivétains de Rimini – qui ne nous parait pas crédible dès lors qu'elle ne reposerait plus que sur une coquille.

   

    

vendredi 26 février 2021

Les deux derniers papes

Pour le vingt-neuvième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Il reste à examiner la fin de la [ prophétie ]. Or elle nous apprend qu'après ce pape [ Jean-Paul II ], il n'y en aura plus que deux [ ou trois ].

« Le 111e et avant dernier a pour devise « De Gloria Olivæ » – De la gloire de l'olivier. Qui sera [ le ] successeur de Jean-Paul II ? On se gardera de toute spéculation à ce sujet.

« L'olivier, on le sait, dans l'Écriture, désigne Israël et certains n'ont pas manqué de voir dans le pape de cette devise, un pontife d'origine juive, d'autant que le Sacré-Collège en compte un parmi ses membres ! [ Mgr Lustiger ]

« D'autres on voulu y voir une conversion d'Israël au Christianisme ! L'olivier est également le symbole de la paix. Quelle est la bonne interprétation ? Il serait téméraire de se prononcer. »

« Il reste cependant que la prophétie [ attribuée à ] Saint Malachie s'inscrit dans un contexte eschatologique. La succession chronologique de ses sentences conduit évidemment à la fin des temps.

« Or Dieu lui-même nous donne dans le livre de l'Apocalypse, le sens eschatologique qui s'attache à l'olivier [ dans les versets 3 à 19 du chapitre XI ].

« Les deux oliviers précèdent immédiatement la fin du monde : « J'enverrai mes deux témoins prophétiser... Ce sont les deux oliviers qui se tiennent devant le Maître de la terre...

« Quand ils auront fini de rendre témoignage, la Bête qui surgit de l'Abîme viendra guerroyer contre eux, les vaincre et les tuer...

« Mais passer les trois jours et demi [ qui ont ici la valeurs des temps de 360 ans ], Dieu leur infusera un souffle de vie et les remettra sur pied... ».

« L'apparition des deux oliviers précède immédiatement le septième ange de l'Apocalypse venant annoncer la royauté du Christ sur la terre et le Jugement :

« Mais voici ta fureur à toi, et le temps pour les morts d'être jugés ; le temps de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, petit et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre »

Dans l'Apocalypse, il y deux oliviers qui apparaissent aussi comme des menorah à sept branches. Dans la prophétie attribuée à Saint Malachie, il n'y en a qu'un seul – soit l'un d'eux soit un troisième.

Sachant que les deux premiers désignent nos deux témoins – le Messie d'Israël et le Sceau des prophètes – le troisième ne peut désigner qu'un semblable – à priori Seth en tant qu'héritier d'Adam annoncé par le Christ comme « le fils de l'homme ».

Mais il pourrait aussi s'agir de la parousie du Messie qui vient pour juger son peuple – « Judex tremendus judicabit populum suum » – celui d'Israël auquel s'identifie le peuple des synagogues et de l’Église catholique.

En réalité, la parousie n'est pas le retour où la seconde venue qu'on lui attribue communément mais un nouveau développement dans le flux continu de ses épanchements qui accèdent à la totalité de la manifestation cosmique.

C'est « le fils de l'homme » qui revient des contrées paradisiaques avec le Graal quand le Sceau universel de la sainteté accède à la prophétie. Ces contrées sont en en-dehors du monde mais du point de vue du nombre (40) on peut les identifier l'un à l'autre.

De son retour, nous savons seulement qu'il s'accomplit au terme d'une quarantaine d'années que la prophétie des papes théorise comme une quarantaine de pontificats qui succèdent à celui de Sixte Quint à partir de son milieu – « in medietate signi ».

Ceux qui précèdent ce pontificat ont aussi une fonction puisque leur nombre complète les jours qu'on accorde aux témoins comme autant d'années qui excèdent celles de leurs cohortes dans l'économie de l'âge sombre : « (4 x 630) + 72 = 2 592 ans  ».

Quant à ceux qui le suive, ils n'accèdent à leur quarantaine perpétuelle qu'avec celui de Pierre le Romain mais sa gloire ne revient qu'à celui qui précède le premier des deux qui l'achèvent – « 72 + 1 + 40 = 113 ».

Cette attribution prend en compte la dimension polaire du nombre « 111 » qui est ici celle du Vicaire tel qu'il apparaît dans le colophon avec celui qu'il représente pour sa dernière devise temporelle – « 72 + 40 + 2 = 114 ».

« La fin de la prophétie justifie d'ailleurs cette vision [ celle de l'Apocalypse ]. Voici le texte qui s'applique également au dernier pape :

« In persecutione extrema Sacræ Romanæ Ecclesiæ sedebit [ alinéa ] Petrus Romanus qui pascet oves in multis tribulationabus ; quibus transactis, civitas septicollis diruetur ; et Judex tremendus judicabit populum [ suum. Finis. ] »

La finale tronquée est de Joseph Maitre en 1901 qui fait passer « son » peuple pour « le » peuple et ici pour « le monde » où le Juge « redoutable » redevient néanmoins « terrible ». « Finis » signifie qu'il n'y a plus personne à ajouter :

« Dans l'ultime persécution de la Sainte Église Romaine, siégera Pierre le Romain, qui fera paître les brebis au milieu de grandes tribulations ; après lesquelles la ville aux sept collines sera détruite, et le Juge terrible jugera le monde. »

C'est évidemment une contrefaçon : ce n'est pas le pasteur qui siège sur le trône pontifical mais son successeur qui apparaît ici comme son prédécesseur.

« Cette ultime devise [ qui en confond deux ] nous apprend que le dernier pape prendra le nom de Pierre, comme le premier choisi par le Christ, qu'il sera Romain et qu'après de grandes épreuves, la Ville aux sept collines, c'est à dire Rome sera détruite.

« Alors, Dieu viendra juger le monde. Cette prédiction s'accomplira-t-elle ? Faut-il l'entendre en un sens symbolique ? Qui peut aujourd'hui répondre... » [ en 1999 ]

« Il est un dernier point sur lequel on est en droit de s'interroger : la date de ces événements. Or, à ce sujet, il y a une devise qui répond avec une précision étonnante à cette question.

« C'est la septante-troisième devise, celle du pape Sixte Quint, qui rêgna de 1585 à 1590 : « Axis in medietate signi », c'est à dire « l'Axe au milieu du signe » – ou au centre du signe. »

« La prophétie [ attribuée à ] saint Malachie commence, on l'a vue, en 1143, avec le règne de Célestin II. Le milieu du pontificat de Sixte Quint serait l'axe médian de la prophétie.

« Ce pape ayant régné six années, le milieu exact de son pontificat, donc du signe, c'est à dire de la prophétie elle-même, est l'année 1588 [ mais le mois de décembre 1587 ].

« Or, de 1143 à 1588, nous trouvons 445 années [ donc 444 jusqu'en 1587 ] ; si l'on ajoute le même nombre d'années à cette dernière date, on arrive à l'an 2033 [ c'est-à-dire en l'an 2031 qui s'achève en mars 2032 ], [ ... ]

« [ ... ] qui, non seulement peut correspondre au dernier règne d'un pape, le 112e [ si on ignore celui qui le précède ], mais encore à l'année où l'on célébrera le [ deuxième ] millénaire de la mort et de la résurrection du Christ... »

Cf. Pierre Roudil – L'avant-dernier pape avant la fin du mondeLes deux derniers papes (1999)

   

    

dimanche 21 février 2021

Le messianisme de Maitreya

Pour le vingt-huitième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Le bouddhisme indien disposait certainement d'un ensemble de croyances et de représentations que l'on peut qualifier de millénarisme.

« Dans le vaste complexe des croyances relatives aux bodhisattvas, il est également possible de déceler des éléments messianiques.

« Notamment le bodhisattva Maitreya, le [ soi disant ] Bouddha de l'avenir, qui viendrait un jour régner sur un univers de paix et de bonheur, correspondait à un tel idéal.

« Mais il est également indéniable que c'est au contact de la Chine et notamment au contact du taoïsme que le bouddhisme a développé une véritable eschatologie millénariste et messianique. »

« Le ferment messianique présent en Chine a fait que les textes relatifs à Maitreya figurent parmi les premiers à avoir été non seulement traduit mais encore activement prêchés en Chine, et ceci dès les IIIe et IVe siècles de notre ère.

« Or c'est justement à cette époque que le taoïsme finit par obtenir un statut semi-officiel.

« Cette institutionnalisation commence d'abord sous la dynastie des Jin orientaux (317 – 420) puis s'accentue nettement sous les dynasties suivantes des Liu-Song (420 – 478) et des Liang (502 – 556).

« Ensuite le taoïsme devient une sorte de religion d'Etat en Chine du Nord sous les Wei (386 – 533).

« Tout ceci signifie que la religion indigène de la Chine perd petit à petit sa ferveur révolutionnaire. Désormais – et ceci est d'une grande importance pour l'histoire ultérieure de la Chine – c'est le bouddhisme autour du culte de Maitreya qui va prendre la relève. »

« Ce sont les « sectes hétérodoxes » [ du bouddhisme ], comme on les appelle dans l'histoire officielle, qui se manifestent alors avec une violence toute nouvelle.

« On estime que durant les Ve et VIe siècles, il y eut pas moins de dix révoltes menées par des moines réclamant être des réincarnations de Maitreya.

« Afin de réprimer un de ces mouvements en l'an 445 en Chine du Nord, le bouddhisme dans son ensemble fut proscrit pendant un certain temps. »

« Pourtant, ce ferment messianique et apocalyptique ne devait plus cesser.

« Tout au long de l'histoire, et notamment dans les périodes de crise sociale et politique, les révoltes « sectaires » [ du bouddhisme ] animées par la croyance d'un prochain avènement de Maitreya se manifestent avec une grande régularité.

« Il serait trop long de les énumérer toutes. Ces mêmes mouvements « sectaires » existent toujours, restent extrêmement actifs, et constituent pour les gouvernements actuels une menace dont ils ne sont que trop conscients. » [ ... ]

« Le bouddhisme chinois va reprendre à son compte [ la ] vision catastrophique [ du discours apocalyptique chinois ].

« Sa ferveur messianique sera grandement stimulée par l'apparition, sur le sol chinois, d'un « sutra » intitulé « Livre de l'extinction totale de la Loi », prêché par le Bouddha [ ... ].

« Il s'agit bien entendu d'un apocryphe, écrit en Chine probablement au cours du Ve siècle de notre ère. Ce livre, qui va inspirer toutes les révoltes messianiques jusqu'à nos jours, est le premier d'une longue suite de prophéties analogues.

« Dans ce texte, le Bouddha révèle qu'après sa mort – le « paranirvana » – sa loi – [ le ] « Dharma » – va être attaquée et surtout pervertie de fond en comble par les forces démoniaques. Ce sont là les signes avant-coureurs de la venue du messie Maitreya.

« Dans des termes qui proviennent parfois tout directement des apocalypses taoïstes, les apocryphes bouddhiques décrivent les souffrances du peuple, les guerres et les épidémies à venir, etc.

« Nous sommes ici dans une forme de la religion chinoise où taoïsme et bouddhisme se confondent au point de devenir une seule et même chose.

« Une des conséquences de l'influence taoïste est qu'au lieu de projeter la venue du nouveau Bouddha Maitreya dans un avenir très lointain [ ou perpétuel ], les apocryphes chinois annonce que sa parousie est toute proche.

« D'où une ferveur accrue chez les masses désespérées pour qui sa venue signifie la fin de leurs souffrances. »

Cf. Kristofer Schipper – La religion de la Chine. La tradition vivante – Millénarismes et messianismes de la Chine ancienne – Conclusion (2008)

Pour le bouddhisme « orthodoxe », il ne serait être question d'un « autre » Bouddha – Maitreya – mais de l'esprit du Bouddha – Vajradhara – et d'une représentation iconique de sa Lumière infinie – Amithaba – qui se propage à travers les âges.

Rappelons que le Bouddha eut deux illuminations : celle qui lui fit concevoir sa doctrine en se libérant de tous les états conditionnés mais en doutant de sa capacité à la transmettre et celle qui lui fit réaliser sa nature irréfragable.

L’esprit inconditionné du Bouddha et sa nature irréfragable sont les fruits inaliénables de cette double illumination et Maitreya n'est qu'un des huit bodhisattvas du sambhogakâya qui émanent du Bouddha Sâkyamuni.

L'extinction et le renouvellement du Dharma ne sont qu'une adaptation cyclique liée à la succession des manvantaras pour la doctrine des cycles cosmiques qui n'admet ni rupture ni altérité de l’expansion dans la transmission du Noble Sentier.

Il s'agit d'une extinction relative à un renouvellement et non de l'extinction totale que théorise le messianisme de Maitreya.
   

   

    

samedi 20 février 2021

L'arbre de Lumière

Pour le vingt-septième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Le symbolisme des nombres comporte d'autres éléments que ceux signalés par René Guénon : selon la prédiction de saint Malachie, le nombre total des papes, y compris « Petrus Romanus », est de « 264 », soit « 24 x 11 » ; [ ... ]

« [ ... ] il revêt, à ce point de vue, une signification cyclique et contient, lui aussi, le nombre « 33 » – « 264 = 8 x 33 ».

Le nombre officiel des papes est « 266 » mais ce nombre ne prend pas en compte les dix antipapes d'Auclair ni le pape émérite qui correspond à la devise de Pierre II.

Benoît XVI occupe la place de Pierre II et il reste 28 antipapes dont 27 ne sont pas repris par la prophétie ce qui porte ce nombre à « 304 » selon son propre critère.

Bref, il est difficile d'extrapoler sur le nombre de ces devises pour les insérer dans un nombre de papes qui n'est pas divisible par un coefficient induit par une conception erronée de leur critère de répartition.

« Si l'on considère le nombre des devises en tenant compte de la place spéciale qui revient à la dernière d'entre elles [ ... ], il peut être envisagé comme étant la somme de « 111 + 1 » [ ou « + 2 » ].

« Le nombre « 111 » est une désignation emblématique du Pôle si l'on place le « secret » dans la « juste perspective » qui est celle de l'islâm car celui-ci, par son essence orientale, est situé « hors des limites du monde européen ».

« Rappelons que « 111 » est le nombre du terme « qutb » dans le tasawwuf. Cette signification polaire est confirmée par le contenu de la devise : « De Gloria Olivæ », qui évoque l'Olivier béni mentionné par le Coran dans la sourate (29) de la Lumière.

« Rappelons une fois encore ce que René Guénon indiquait à ce sujet :

« Il est parlé d'un « arbre béni », c'est-à-dire chargé d'influences spirituelles, qui n'est « ni oriental, ni occidental » [ ... ], ce qui définit nettement sa position comme « centrale » ou axiale » [ qu'indique la devise de Sixte Quint ] [ « Axis in medietate signi » ] ; [ ... ]

« [ ... ] et cet arbre est un olivier dont l'huile entretient la lumière d'une lampe ; cette lumière symbolise la Lumière d'Allâh qui en réalité est Allâh lui-même, car, ainsi qu'il est dit au début du même verset (35), « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre » [ ... ].

« Il est évident que, si l'arbre est ici un olivier, c'est à cause du pouvoir éclairant de l'huile qui en est tirée, donc de la nature ignée et lumineuse qui est en lui ; c'est donc bien, ici encore, l'Arbre de Lumière dont il vient d'être question.

« Un autre aspect mérite d'être souligné : si le règne de Benoît XVI correspond au nombre « 111 » et à la manifestation de « l'Arbre béni », ce pape apparaît comme [ l'avant ] dernier avant celui du jugement et la destruction de la « cité aux sept colline ».

« Faut-il entendre ceci littéralement, dans le sens que le successeur du pape actuel sera celui du jugement, ou bien qu'entre Benoît XVI et « Petrus Romanus » il n'y aura plus de pape digne de ce nom ?

« Compte tenu des dérives actuelles, ce second sens n'est certainement pas à exclure, d'autant moins que « nul ne connaît ni le jour ni l'heure » et que la première hypothèse conduirait peut-être à une conclusion trop précise.

« Cela dit, la devise « De Gloria Olivæ » est également significative du point de vue du christianisme, et plus spécialement de l'ésotérisme chrétien.

« En effet, l'huile est un moyen de grâce essentiel dans l'ordre sacramentel : il intervient directement dans la Confirmation, dans l'Extrême-Onction et surtout dans [ l'ordination et la consécration du ] Sacerdoce, [ ... ]

« [ ... ] et indirectement dans l'Eucharistie dont l'accomplissement dépend du Sacerdoce.

« Les « saintes huiles » sont tirées de « l'Arbre béni », même si cette source est ignorée des représentants actuels de l’Église romaine.

« En outre, l'idée d'onction renvoie à celle d'oint, et par conséquent au Messie dont la manifestation se produira au cours de l'ultime période du cycle, celle qui précédera le jugement. Par là, « De Gloria Olivæ » comporte un sens christique et eschatologique.

« À ce point de vue, on remarque que cette devise correspond au signe zodiacal de la Vierge  [ qui précède celui de la Balance que Guénon identifie au Jugement ] et que, selon la tradition chrétienne, l'olivier est le symbole de la Vierge Marie.

« Celle-ci est la mère « terrestre » de Jésus envisagé comme homme, c'est-à-dire en tant qu'il est soumis à la condition humaine, tandis que la « Vierge céleste » est liée à la fonction messianique du Christ.

« D'une manière plus générale, Marie est la figure par excellence de l'ésotérisme chrétien, comme le montre la manifestation de la « Rose mystique » à la fin du « Paradis » de Dante.

« Dès lors que l'existence et les vertus de cet ésotérisme sont niés par la papauté « renégate », on peut penser que la parole de Jésus à Pierre : [ ... ]

« En vérité, en vérité je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais ; quand tu sera devenu vieux, un autre te nouera ta ceinture et te mènera où tu ne voudra pas » (Jean 21, 18) [ ... ]

« [ ... ] comporte un autre sens que celui, d'ordre purement individuel et anecdotique, évoqué par Benoît XVI au lendemain de son élection. »

Le reniement concerne celui qui siège sur le trône de Pierre à la fin de la prophétie. Pierre le Romain est celui qu'un autre mène où il ne veut pas.

« Le nombre « 111 » et l'Olivier lumineux, rayonnant dans sa gloire, désignent l'un et l'autre le Pôle universel tel qu'il est envisagé dans l'ésotérisme islamique, [ ... ]

« [ ... ] et c'est bien là la « juste perspective » qui apparaît lorsqu'on considère la prédiction du « saint Roi » [ le Messie ] ou du saint Envoyé [ le Sceau des prophètes ] en dehors des limites du monde européen.

« Cette présence de symboles relevant du « tasawwuf » au sein de l'ésotérisme chrétien n'a rien qui puisse surprendre : nous avons en avons donné un autre exemple en annexe de notre présentation des « Trente-six attestations de l'Unité divine ».

« En effet, dans l'hermétisme chrétien du Moyen Âge le Sceau du Soleil est un « carré magique » qui occupe une place centrale à l'intérieur d'un septénaire [ ... ]

« [ ... ] qui commence avec le carré de [ « 3 ² » ] et qui finit avec le carré de [ « 9 ² » ] en correspondance avec un symbolisme planétaire [ qu'on peut étendre à une représentation du « Go » et du « Qâf » ].

« Le carré central est celui de [ « 6 ² » ], nombre de l'Homme Parfait ; il comporte les trente-six premiers nombres, ce qui présente une analogie avec les trente-six « Tawwid » coraniques commentés par Ibn Arabî dans les « Futûhât » : [ ... ]

« [ ... ] c'est ce rapprochement qui nous avait conduit à choisir pour titre initial de notre ouvrage : « Le Coran et la fonction d'Hermès » car, selon la cosmologie islamique, Idrîs-Hermès est le prophète qui régit le Ciel du Soleil.

« La fonction eschatologique du « Sceau du Soleil » est indiquée par la présence du nombre « 666 » qui est le « triangle », c'est-à-dire la somme des trente-six premiers nombres, [ ... ]

« [ ... ] tandis que « 111 » est la somme des nombres figurant dans chacune des six colonnes verticales et des six rangées horizontales [ avec les deux diagonales du carré ].

« Cette « signature polaire » est similaire à celle qui apparaît à la fin de la prédiction attribuée à saint Malachie. »

   

    

vendredi 19 février 2021

La dérive

Pour le vingt-sixième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Parmi les nombreux comptes rendus que René Guénon a fait paraître dans les « Études Traditionnelles », un des plus étranges est celui qui traite de la « prophétie de saint Malachie ».

« Il a été publié en 1945, mais selon la Rédaction de la revue, il figurait au sommaire du numéro de juillet 1940 qui, du fait de la guerre, n'a jamais paru.

« L'ouvrage recensé a pour auteur P. V. Piobb et pour titre : « Le sort de l'Europe d'après la célèbre Prophétie des Papes de saint Malachie, accompagné de la Prophétie d'Orval et de des toutes dernières indications de Nostradamus ». [ ... ]

« Une première remarque s'impose à la lecture de ces passages : notre maître s'exprime constamment au moyen d'expression qui voilent le fond de sa pensée : [ ... ]

« [ ... ] l'emploi d'un pseudonyme « est fort probable en effet » ; le rapprochement mentionné « est assez plausible » ; que le pseudonyme soit collectif « n'est pas impossible non plus ».

« Davantage encore : alors qu'il s'agit d'un compte rendu d'une exceptionnelle longueur puisqu'il s'étend sur plus de neuf pages, [ ... ]

« [ ... ] un bon tiers se borne à examiner en détail l'authenticité de la première édition des Centuries de Nostradamus, ce qui est une question apparemment secondaire. »

Apparemment seulement si l'édition des Centuries de 1555 est bien le lieu d'un miroir semblable à celui de Sixte Quint projetant pendant 444 ans la même période antérieure sur les années suivantes jusqu'en 1999.

On peut alors se demander si la curieuse série des « 34 + (2 x 33) » que Guénon identifie à la Divine Comédie de Dante n'est pas induite par la différence entre les deux mancies qui réfléchissent la même période avec trente-trois ans de différences.

« Tout cela donne l'impression d'une sorte de réticence, plutôt inhabituelle dans les écrits critiques de René Guénon ; et ceci nous conduit à formuler une seconde remarque.

« Notre maître juge « assez plausible » que « le choix du pseudonyme ait été influencé par un rapprochement entre le nom de saint Malachie et celui du prophète Malachie. »

« Cela revient à dire que les deux Malachie ont un rapport avec le contenu de la prédiction sur les papes. »

« On observe à cet égard que la prophétie [ ... ] de Malachie est celle qui termine le cycle des douze prophètes que le catholicisme appelles « mineurs » : c'est par elle que s'achève la Bible juive et [ l'Ancien ] Testaments des chrétiens.

Ce qui donne un sens à la série des douze devises qui apparaissent à la fin du cycle dans l'interprétation de René Guénon qui y voit une correspondance avec le zodiaque. Comme les douze encycliques de Léon XIII sur le Rosaire apparaissent chez Raoul Auclair.

« Tant sa position cyclique que son contenu lui confèrent une signification eschatologique : ce texte inspiré est celui qui renferme l'expression « Soleil de Justice » qui sera utilisée par la suite pour désigner la fonction du Messie à la fin des temps ; [ ... ]

« [ ... ] c'est là une indication essentielle qui invite à considérer la « prophétie des papes » dans la même perspective.

« D'autre part, René Guénon précise expressément dans son compte rendu que saint Malachie était « archevêque [ d'Armagh ] et ami de saint Bernard ».

« Cette mention est également significative, car on sait la place importante que ce saint occupe dans l’œuvre de notre maître, essentiellement à cause de son lien avec l'Ordre du Temple ; [ ... ]

« [ ... ] elle vise à suggérer, des le départ, une connexion entre la prédiction attribuée à saint Malachie et cet ordre initiatique, ce qui sera confirmé à deux reprises dans la suite du texte :

« [ ... ] une première fois à propos du « nombre des des devises et des principales divisions qu'on peut y établir [ ... ] et une seconde fois à propos d'initiales que P. V. Piobb « donne sans les expliquer », [ ... ]

« [ ... ]sans le dire expressément, René Guénon suggère une explication analogue pour la « prophétie des papes » dont l'auteur [ ... ] aurait été lié à l'Ordre du Temple.

« Les motifs de sa réticence apparaissent alors plus clairement, en dépit de leur complexité. Tout d'abord, on décèle chez lui le souci de se démarquer des interprétations occultistes de Piobb.

« Ensuite, la référence à l'Ordre du Temple indique que la prédiction attribuée à saint Malachie pourrait bien être en rapport avec la fonction de notre maître, [ ... ]

« [ ... ] surtout si l'on prend en compte « les liens assez évident qui unissent l'histoire de la papauté à celle de l'Europe en général », ainsi qu'il le rappelle lui-même.

« Le style inhabituel de ce compte rendu s'expliquerait donc par la raison donnée par René Guénon dans une lettre qu'il adressa à Ananda K. Coomaraswamy au sujet de sayyidnâ al-Khidr : [ ... ]

[ ... ] « J'aurais beaucoup de chose à dire là-dessus, mais il est douteux que je les écrive jamais, car, en fait, ce sujet est de ceux qui me touchent un peu trop directement » ; [ ... ]

« [ ... ] « de ceux » indique bien que ce sujet n'est pas le seul. »

Gilis laisse entendre dans une note de bas de page que la devise de Léon XIII correspond à la naissance de René Génon. Lings n'y voit que les armes de la famille du pontife : « une comète [ d'or ] sur [ champs ] d'azur. »

Et bien que cette interprétation lui paraisse suffisante, son explication par l'héraldique n'écarte pas « quelque signification plus profonde qu'elle puisse aussi avoir » ; éventualité qui devient pour Gilis une proposition considérable.

Pour Auclair au contraire, « la personne du pape et son œuvre spirituelle répondent tout aussi strictement aux exigence du symbole » ; symbole qui dans ses armoiries décrit l'axe et la symétrie du miroir où s'annonce la parousie d'une étoile comme avec les rois mages.

« Enfin, il y a lieu d'envisager, pensons nous un troisième motif, étroitement lié aux deux précédents et qui est évoqué brièvement à la fin du compte rendu [ ... ] »

« [ ... ] aux yeux de René Guénon la prédiction attribuée à saint Malachie est d'origine traditionnelle et de nature ésotérique, en dépit du caractère contestable de sa présentation historique « vers la fin du XVIe siècle.

« Il relève au passage « la justesse souvent frappante des devises » et l'intérêt que présente la prophétie du point de vue de la science des nombres.

« Nous avons vu qu'il retient la suggestion que « le nombre des devises et les principales divisions qu'on peut y établir... pourrait avoir quelque rapport avec la destruction de l'Ordre du Temple ».

Et c'est là que persiste notre désaccord sur cette « suggestion » qui lui vient avec « le souci de se démarquer des interprétations occultistes de Piobb ». C'est plutôt la destruction du domaine de Saint Pierre par Jules II qui jubile ici comme une prophétie :

« Jules II fait entrer Apollon au Vatican »

Raoul Auclair – La prophétie des papes dans le cours de l'histoire (1969)

« Cette dernière remarque [ ici s'arrête notre retranscriptions du compte rendu ] renvoie à la devise de « Petrus Romanus » [ avec celle de son colistier ] accompagnée dans la prédiction de Saint Malachie par le texte suivant :

«  Il siégera en la dernière persécution de la Sainte Église Romaine [ alinéa pour « Pierre le Romain » à la place de « et » ] [ ... ]

« [ Il ] paîtra les brebis pendant beaucoup de tribulations ; une fois celles-ci passées, la cité des sept collines sera détruite et un juge à craindre jugera le peuple. »

« La dernière devise désigne donc la fin du présent cycle et le jugement qui l'accompagnera. »

Cf. Charles-André Gilis – La papauté contre l'islam. Genèse d'une dériveLa prophétie des papes (2007)

Le juge « à craindre » est un euphémisme puisqu'il est question de terreur ; et par ailleurs nous signalons deux paires dans la gémellité des devises qui achèvent le cycle :

– celle du pape François et du pape émérite qui est désormais apparente

– celle du pape émérite et du juge terrible qui lui succède

Mais s'agit-il encore d'une paire s'il lui succède ou est-il déjà dans son ombre comme sur le pivot de la Porte qui s'ouvre sur la nouvelle ère ?
   

109

110

111

112

113

114

Jean-Paul I

Jean-Paul II

Benoît XVI

François

Pierre II

le Juge

XVIII

XIX

XX

XXI

[ XXII ]

I

la Lune

le Soleil

le Jugement

le Monde

le Fou

le Bateleur

540

570

600

630

[ 660 ]

[ 66 ]

Tsade

Qof

[ Resh ]

Tav

Shin

Alef

90

100

[ 200 ]

400

300

1

al-Kâfirûn

al-Masad

al-Ikhlâṣ

al-Falaq

an-Nâs

an-Nar

109

111

112

113

114

110 et 1

   
« Le secret se trouvant entre le « kâf » et le « nûn » est le « wâw » qui [ ... ] ne s'écrit pas dans le commandement [ ... ] du « kûn » initial mais [ qui ] devient apparent [ quand Il exécute Son ordre existenciateur. ] 
– Note additionnelle d'abdu'Llâh Penot à l'Oraison du Vendredi

   

    

jeudi 18 février 2021

Suite burgonde

Pour le vingt-cinquième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Nous retranscrivons des extraits du compte rendu que René Guénon consacre en 1940 à l'ouvrage de Pierre Piobb sur la Prophétie des papes pour les Études Traditionnelles et que Charles-André Gilis sélectionne pour le chapitre qu'il lui consacre :

« Les prédictions diverses, désignées communément sous le nom abusif de prophéties, sont, comme on le sait, fort à la mode depuis quelques temps, et elles ont donné lieu à une multitude de livres qui s'efforcent de les commenter et de les interpréter plus ou moins ingénieusement ;

« [ ... ] celui-ci, dont la plus grande partie est consacrée à la « prophétie de saint Malachie » a paru, par une coïncidence assez singulière, si elle n'a été expressément voulue, presque exactement au moment de la mort du pape Pie XI. »

« [ M. Piobb ] discute tout d'abord l'attribution de la « prophétie » à saint Malachie, et il conclut que ce n'est là en réalité qu'un « pseudonyme », ce qui est fort probable en effet ;

« [ ... ] mais une des raisons qu'il en donne est pour le moins étrange : il a découvert une « hérésie » dans le fait que le dernier pape est désigné comme Petrus Romanus ;

« [ ... ] d'abord cette devise peut être purement symbolique ou « emblématique » comme les autres, et elle ne veut pas forcément dire que ce pape prendra littéralement le nom de Pierre, mais fait plutôt allusion à l'analogie de la fin du cycle avec son commencement ;

« [ ... ] ensuite, s'il est convenu qu'aucun pape ne doit prendre ce nom, ce n'est pourtant là qu'une coutume qui, quoi qu'il en dise, n'a assurément rien à voir avec le « dogme » !

« Maintenant, que le choix du « pseudonyme » ait pu être influencé par un rapprochement avec le nom de saint Malachie, archevêque d'Armagh et ami de saint Bernard, et celui du prophète Malachie, cela est assez plausible ;

« [ ... ] que ce « pseudonyme » soit collectif et qu'ainsi on soit « en présence d'une association qui a prophétisé », ce n'est pas impossible non plus, bien qu'on puisse penser, à première vue, qu'une telle hypothèse est peut-être de nature à compliquer encore la question plutôt qu'à en faciliter la solution. »

« [ Au sujet ] de la « fabrication » de la soi-disant « prophétie », ce qu'on peut constater le plus facilement à cet égard, c'est que ceux qui en ont parlé les premiers, vers la fin du XVIe siècle, n'ont pas dit la vérité et ont invoqué des références antérieures inexistantes, ce qui parait bien indiquer qu'il ont voulu cacher quelque chose. »

« [ M. Piobb ] a obtenues [ les initiales qu'il donne sans les expliquer ] en traduisant un certain vers en latin : « F. M. B. M. T. » ;

« [ ... ] cela peut assurément signifier beaucoup de choses diverses, mais entre autres, si l'on veut, « Frater Molay Burgundus Magister Templi ». [ Frère Molay Burgond Maître du Temple. ]

« Si l'on admet cette interprétation, le reste de l'histoire s'éclaire un peu... on comprend du moins ce qu'il veut dire quand il désigne, comme les véritables auteurs du texte, « les signatures d'un document antérieur de plusieurs années à Nostradamus. »

Il nous semble vain de prétendre un lien entre les prédictions malachites et l'Ordre du Temple puis d'y trouver une antériorité sur celles de Nostradamus. Il se peut même que le miroir magique du mage de Salon ait inspiré leur vision.

Mais la légende séthienne que cite Victor-Émile Michelet vers 1930 à propos du secret de la chevalerie légendaire qui la préfigure autour de la Table Ronde dans la quête du Graal indique qu'il y avait là quelque chose de vraisemblable.

Michelet qualifie cette légende d'épisode « très mystérieux » et Guénon n'a pas l'air d'en savoir davantage. Il nous semble qu'une insinuation tendancieuse provenait d'un milieu occultiste que fréquentait Piobb.

« Mais en tout cas, si M. Piobb estime qu'un « secret social », car c'est de cela qu'il s'agit au fond, est « quelque chose de bien plus important que les ordinaires vérités ésotériques » par quoi il semble entendre des vérités d'ordre doctrinal, nous nous permettons de n'être nullement de son avis sur ce point, car ce n'est même qu'en connexion avec les principes doctrinaux et en tant qu'application de ceux-ci dans un domaine contingent qu'un tel « secret » peut être réellement digne de quelque intérêt ;

« [ ... ] et qu'on veuille bien réfléchir aussi, pour rétablir toute choses dans leur juste perspective à ce qu'un « secret » comme celui qui est ici en cause peut bien valoir encore, en lui-même et séparé de toute considération d'un ordre plus profond, dès qu'on sort des limites du monde européen. »

« [ ... ] l'importance particulière qui [ ... ] est donnée [ dans « le nombre des devises et les principales divisions qu'on peut y établir [ qui ] pourrait avoir quelque rapport avec la destruction de l'Ordre du Temple » ] au nombre « 33 » : des 112 devises, les 100 premières se répartissent en « 34 + 2 x 33 », en tout comme les chants de la Divine Comédie de Dante... tandis que les douze dernières formeraient en quelque sorte une série à part, correspondant à un zodiaque. »

Guénon s'égare : on ne voit pas que les devises « 34 », « 67 » et « 100 » – celle de Clément V, de Jules III et de Grégoire XVI – justifient une telle répartition. Quant aux douze dernières qui formeraient une série à part, rien ne permet d'y voir un zodiaque.

Même les luminaires qui illustrent les devises « 109 » et « 110 » en se coordonnant avec les lames « XVIII » et « XIX » du Tarot ne peuvent pas s'établir dans une symbolique des maisons zodiacales.

« Nous ajouterons, sur ce dernier point, que la façon dont ces correspondances zodiacales sont établies ici ne nous parait pas à l'abri de toute contestation, car les quatre dernières devises tout au moins en suggèrent assez nettement d'autres, toutes différentes de celles-là, surtout si l'on réfléchit que c'est évidemment le signe de la Balance qui doit être celui du « jugement ».

De fait, le jugement qui intervient à la fin de la série en conclut une qui en compte « 114 ». Nombre qui n'inspire aucune sorte de répartition particulière mais un canevas ou une figure rhétorique qui est celle des Paroles cachées et du Noble Coran.

La seule répartition qui nous parait avérée est celle qui répartit autour de la devise de Sixte Quint deux groupes de « 72 » et de « 40 » devises qui en font « 112 » sur un ensemble qui en compte généralement « 113 ».

Ces nombres qui en mettent deux à part – les dernières – et qui les confondent avec celle de Petrus Romanus rappellent l'héritage de Seth qui vécut dans les généalogies bibliques 112 ans après Adam. Ce qui n'est pas sans rappeler la légende de Michelet.

On peut y voir une similitude entre les quarante ans que Seth passe au Paradis dont il rapporte le Graal et les quarante pontificats qui suivent celui de Sixte Quint avant le jugement final. Septante-deux symbolise alors une vie terrestre.

   

    

mardi 16 février 2021

Nombres et prophétie

Pour le vingt-troisième cycle du troisième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Aussi bien faut-il que l'histoire touche à son terme – il ne reste plus que trois devises [ pontificales ] avant la consommation de l'oracle [ Auclair en ignore une ou deux ] – pour que le Nombre surgisse, décelant sa présence et imposant sa rigueur.

« Ce nombre est « 666 ». Ce nombre est « 111 ». Il est aussi le nombre « 11 ».

« Disons d'abord, et tout net, ceci : le temps couvert par l'oracle serait de 888 ans.

« Le temps de l'Église serait 666 x 3 = 1 998 ans. » [ et 1 998 + 33 = 2 031 ] »

« L'oracle, nous le savons, comporte 111 devises. [ 113 avec les celles qui se confondent dans la légende finale de la prophétie ]

« L’église qui ne comptait plus que 11 apôtres, naquit au jour de la Pentecôte de l'an 33 [ et 33 = ] (3 x 11).

« Pierre, le premier pape, mourut en 66 [ et 66 = ] (6 x 11). [ ou 2 x 33 ]

« Quand, donc, la prophétie dite de saint Malachie commence, en 1143, nous sommes en l'année 1110 [ et 1 110 = ] (10 x 111) de l’Église. » [ puisque 1 110 + 33 = 1143 ] [ ... ]

« Le Nouveau Testament fait mention de peu de nombre ; mais ce sont des nombres essentiels ; et ils sont en saint Jean : « 144 » [ 12 ² ] – « 153 » [ et ] « 666 ».

[ Auclair ignore « 3 x 14 » et « 42 x 30 » qui fait « 1260 » ou « 360 x 3,5 » qui sont chez Matthieu et dans l'Apocalypse ] [ au début et à la fin du Nouveau Testament ]

« Et « 666 », c'est six fois le nombre « 111 ».

« C'est ici qu'il faut de la sagesse. Que celui qui est intelligent calcule le chiffre de la Bête : car c'est un chiffre d'homme, et son chiffre est « 666 ». [ Apocalypse XIII 18 ]

« Si 153 a été assez négligé jusqu'alors – mais il semble bien que l'Immaculée, Épouse de l'Esprit-Saint, le manifeste en ses modernes épiphanies [ = Σ de 17 ] – [ ... ]

« [... ] « 666 » a été l'occasion, tout au long de l'histoire de l’Église, d'interminables exégèses, parfois troublantes, souvent échevelés. »

[ Auclair renvoi à « une courte glose » sur le Nombre « 666 » de six pages dont nous transcrivons la fin et ou apparaît un quatrième nombre  :

« Enfin, pour mettre un terme à cette sorte d'exégèse, et nous souvenant que l'oracle parait devoir recouvrir 888 ans, nous allons, à la base de tous ces calculs mystiques, retrouver le nombre « 8 », nombre de l'Octave, et, donc, nombre de l'Accomplissement.

« En effet : « 666 = [ Σ de ] 36 » mais « 36 = [ Σ de ] 8 » donc « 666 = [ Σ de la Σ de ] 8 ».

« L'on sait que les lettres de l'alphabet, en hébreux et en grec ont une valeur numérale. Or, le « chiffre » de Jésus (IESOUS) en grec [ « IHΣOYΣ » ] est « 888 ». » ]

[ « Nous voyons ici apparaître un autre nombre « 777 ». C'est le nombre de Lamek, père de Noé, de la postérité de Seth, dernier patriarche avant le déluge. [ Cf. Genèse V 31 ]

« Il y eut un autre Lamek, le premier Lamek, de la postérité de Caïn. C'est de lui qu'il est dit : Sept fois Caïn sera vengé, mais Lamek septante et sept fois. [ Genèse IV 24 ]

« N'est-ce pas à cela que fait écho l'évangile de saint Matthieu :

« Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et que j'ai à lui pardonner ? Est-ce jusqu'à sept fois ? – Je ne dis pas jusqu'à sept fois, lui dit Jésus, mais septante fois sept foi. [ Matthieu XVIII 21 et 22 ] » ]

« Notre attention a déjà été attirée par le nombre « 111 » et les périodes de 111 ans, la prophétie ayant commencé de courir la 1110e année de l’Église [ après 33 ].

« En l'année 1590, le 27 août, Sixte Quint mourait. Il avait été élu le 25 avril 1585. La moitié de son pontificat tomba donc en [ décembre de ] l'année 1587.

« Or, l'année 1587 est la 444e [ année ] de la papauté depuis le départ de la prophétie.

« 1143 + 444 = 1587 »

« Quelque prudemment qu'il faille s'aventurer en ces dangereuses conjectures – et ceci bien posé afin qu'on ne voie point en notre propos péremptoire affirmation – la durée de l'oracle serait de 888 ans, c'est à dire qu'il s'étendrait jusqu'en [ décembre ] 2031. »

Cf. Raoul Auclair – La prophétie des papes – Nombres et prophétie (1969)

Mais la prophétie commence en septembre 1143 et si le Solstice de décembre 1587 sert d'axe médian à deux périodes de 444 ans, elle s'étend jusqu'en mars 2032.

Par ailleurs si on se reporte uniquement aux années, on parlera d'une durée de 888 ans qui s'étend de 1144 à 2032 en passant par l'axe de 1588.

Par conséquent, nous sommes amené à penser que l'année commence à partir de cette date avec l’équinoxe du printemps et le cas échéant avec les jours bissextiles.
   

[ 1/4 ]

888 ans

[ 1/4 ]

3 mois

444 ans

444 ans

3 mois

1143

1144

1587

1588

2031

2032

Septembre

Décembre

Mars

Équinoxe d'automne

Solstice d'hiver

Équinoxe de printemps

   

LUMEN IN CŒLO