vendredi 8 mai 2020

Les gueules pourpres

Pour la cinquante-deuxième semaine sidérale :
  
« Le mot popia accolé au nom de Quéribus [ KeR-i-BuS ] dans le testament de Bernard Taillefer [ qui date de l'an 1020 ] nous surprend et nous avons notre embarras pour trouver une signification valable.
  
« S'agit-il du nom d'un autre château, assez semblable à celui de Popianum (Popian) près de Clermont dans l'Hérault ? Faudrait-il alors rechercher dans Popia l'appellation du château de Puylaurens [ à l'ouest de la vallée du Boulzanne ] ?
  
« Nous ne le pensons pas et préférons l'explication suivante : Popia serait un qualificatif mis pour pope, contraction de porpre, pourpre. On devrait donc traduire Popia Cherbicio par « Quéribus-le-Rouge ».
  
« Ce qualificatif lui aurait été donné, soit à cause des reflet rouille de la roche, soit parce que la brique dominait dans la construction, ou, mieux pour ces deux raisons à la fois. On pourra comparer Popia Cherbucio avec Saint-Cirq-la-Popie, petite localité du Lot »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – La dernière forteresse cathare – Les origines (1988)
  
« Ce nom paraît étrange et la première explication qui nous est venue à l'esprit est celle donnée par Napoléon Peyrat (+ 1881) [ dans son « Histoire des Albigeois » de 1872 ] : QUER-I-BUS « la Roche des buis ».
  
« Il est exact que l'aspect actuel des lieux justifierait amplement cette appellation poétique, les pentes de la montagne étant, en effet, parsemées de buis.
  
« À notre grand regret nous avons été obligé d'abandonner cette étymologie à cause, justement, de sa trop grande facilité. Autrement dit, elle correspond trop bien à la forme Quéribus, qui est une forme moderne. »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – La dernière forteresse cathare – Les origines (1988)
  
« Dans ce qui précède, nous n'avons pas fait état de la découverte du fameux crâne de Tautavel, le plus ancien de l'Europe à ce jour, remontant à cinq cents mille ans et mondialement connu désormais.
  
« L'étude de cette remarquable pièce relève plutôt de la préhistoire, mais pour nous, il symbolise le caractère de grande ancienneté, par rapport à l'homme, de la région que nous étudions.
  
« Car toutes les découvertes dans ce domaine n'ont point encore été réalisées et, certainement, d'autres surprises nous attendent.
  
« Nous songeons à plusieurs grottes, inexplorées à ce jour, sur le versant méridional du chaînon de Quéribus, dont l'une assez profonde a servi longtemps d'abri à des troupeaux de chèvres ou de moutons.
  
« Une murette s'élevait à l'entrée, mais à l'intérieur, nous n'avons pas vu la moindre trace de fouilles. Elle s'ouvre à deux ou trois cents mètres à l'est du château et demeure bien peu connue.
  
« Pendant des années, nous avons été seul à nous y aventurer, car son accès reste malaisé, du moins en partant de l'ancienne forteresse.
  
« Son exploration en profondeur réservera peut-être des découvertes sensationnelles, qui feront remonter l'occupation du chaînon à des époques très reculées, mais aussi, probablement, aux époques historiques ou protohistoriques. »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – La dernière forteresse cathare – Les origines (1988)
  
« C'est à quelques mètres de cette grotte à peine [ ajoute Niel dans une note de bas de page ] que nous avons trouvé le pentacle en céramique, dit pentacle de Quéribus, mais cet objet serait sans doute d'origine cathare. »
  
Cf. Le « Pentagone taillé dans une tuile de Quéribus » sur laquelle Niel signale un Rhô grec dans Les cathares de Montségur (1976) où il le compare au « Pentagone gravé d'Ornolac » et au « Pentagone en plomb de Montségur ».
  
La vallée du Verdouble que les romains confondent avec celle de l'Agly désigne pour Festus Avienus (+ 375) le fleuve des Sardons qui se précipite vers la Méditerranée en confluant avec le Maury et le Roboul.
  
Le flumen aquilinus qui désigne en latin la rivière des aigles dans une charte carolingienne du Xe siècle ne serait qu'un ruisseau catalan – l'agulla – qui conflue avec le Maury et le Verdouble dans le fleuve des Sardons.
  
Ce ruisseau catalan ne serait qu'un affluent du Vernodubrum de Pline (+ 79) que Niel interprète comme la rivière des Aulnes – de Verna et dubro – en s'inspirant de la toponymie barbare d'une hydrographie bavaroise transposée dans les Corbières.
  
Son hydrographie catalane fait sortir le fleuve des Sardons des enfers de la Gorgone en suivant le cours d'une rivière qui porte aussi bien son nom en français puisqu'il bénéficie d'un cours souterrain qui double le parcours de la Verne.
  

L'agulla

Le fleuve des Sardons

Agly

Boulzanne

Desix

Maury

Verdouble

Roboul

2° 23'

2° 29'

2° 31'

2° 41'

2° 43'

2° 52'

Rive droite

Rive gauche

  
« Nous ne croyons pas que ce Cucugnan qui s'appelait, il n'y a pas longtemps « Cugunhan » et en occitan « Cugunha » ait un rapport quelconque avec celui d'Alphonse Daudet [ qui date de 1866 ] sinon [ avec ] une consonance identique. »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – La dernière forteresse cathare – Le site (1988)
  
L'histoire du curé de Cucugnan fut recueillie dans les Corbières en 1858 par Auguste Blanchot de Brenas (+ 1877) qui la publie en juillet 1859 avant qu'elle ne soit traduite en provençale par Joseph Roumanille (+ 1891).
  
Daudet (+ 1897) interprète le récit provençal en omettant une histoire de trésor que l'abbé Martin raconte pour attiser la cupidité de ses paroissiens afin qu'ils viennent écouter son sermon – celui où dans un songe il retrouve ses ouailles en enfer.
  
L'histoire du trésor maudit de Rennes-le-Château que Gérard de Séde (+ 2004) publie en 1967 pourrait n'être qu'une transposition d'un récit originel dans l'imaginaire occitan où l'abbé Saunière tiendrait le rôle de l'abbé Martin.
  
Il existerait par ailleurs un autre récit publié à Narbonne en 1860 par Hercule Birat (+ 1872) qui recueillerait un sermon du père Bourras à Ginestas en invoquant une tradition patoise dont Blanchot de Brenas aurait pu s'inspirer.
  
Paul Albarel (+ 1929) qui consacre un ouvrage en 1927 à l'invention du curé de Cucugnan reprend une assertion de Charles Pélisier (?) qui attribue en 1914 le fameux sermon à l'abbé Ruffié qui occupait la cure de Cucugnan au milieu du XIXe siècle.
  
« Sur la pente, en direction du château, un arbre isolé au milieu d'un champ marquait l'orifice d'un puits assez profond, mais de faible débit et donnant une eau dont nous nous contentions à défaut d'autre. [ ... ]
  
« Aujourd'hui, l'arbre a disparu et le puits a été muré. Nous ignorons pourquoi. [ ... ] »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – La dernière forteresse cathare – Le site (1988)
  
« Le siège et la prise du château de Quéribus nous ont conduit à examiner un problème qui n'a jamais été résolu, du moins à notre connaissance : la fixation de la frontière entre la France et l'Aragon, [ ... ]
  
[ ... ] frontière qui ne devait plus subir aucun changement durant quatre siècles. [ ... ] le traité de Corbeil consacrait un état de fait. »
  
Cf. Fernand Niel – Quéribus – Siège et reddition du château de Quéribus (1988)