samedi 31 octobre 2020

Le Maître de l'illusion

Pour le onzième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Il faut [ .. ] se méfier de l'aspect méditerranéen du catharisme. Certes, il s'est développé essentiellement en Italie et en Occitanie, et participe d'un courant attesté dans le Proche-Orient, ayant pour origine précise la Perse [ celle du Mazdéisme ].

« Mais qu'est-ce que cela veut dire ? C'est l'Italie du Nord qui a été touchée par l'hérésie cathare, et non pas l'Italie du Sud.

« Et l'on sait que l'Italie du Nord – surtout au Moyen Âge – [ était ] une mosaïque de peuples qui ne sont pas méridionaux : [ ... ]

« Celtes de la vallée du Pô, Lombards et Ostrogoths, Vénitiens et Illyriens de souche plus obscure, le tout pénétré par des infiltrations slaves à travers les Balkans [ celles des Bogomiles ] et inféodé au Saint-Empire romain germanique.

« De la même façon, ce n'est pas toute l'Occitanie qui a été touchée par le catharisme, mais essentiellement l'ancienne Septimanie [ celle de Narbonne ] – [ ... ]

« [ ... ] autrement dit le pays wisigothique, où les envahisseurs germains, originaires de Suède, s'étaient mêlés à un fond de populations celtiques autochtones très peu atteintes par la romanisation. [ Nous accordons une grammaire déficiente. ]

« Ainsi se trouvent mises en lumière des composantes germaniques dans l'éclosion de l'hérésie albigeoise. »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareLes Cathares et les nordiques

« Le Razès, surtout dans le quadrilatère formé par Couiza, Arques, Granès et Bugarach, est un pays qui pose des énigmes.

« Tout y est faux – ou presque – exactement comme dans la forêt de Brocéliande de la Bretagne armoricaine : [ ... ]

« [ ... ] documents apocryphes, légendes importées tardivement, monuments falsifiés, reconstitués ou fabriqués pour les besoins de la cause, commentaires délirants, tout y est.

« Oui, tout est faux. Sauf une chose. Dans la forêt de Brocéliande, la seule chose qui ne soit pas fausse, c'est incontestablement la fontaine de Barenton. Ici [ dans le Razès ] qu'est-ce que c'est ? »

« Comme en Brocéliande, tout est organisé pour attirer l’œil vers des sentiers fort large et qui se perdent complètement dans les broussailles.

« Dans certaines versions de la Quête du Graal, des chevaliers en quête de l'objet sacré sont parfois reçu dans des châteaux qui ont toutes les apparences du Château du Graal.

« Mais ils s’aperçoivent bientôt qu'ils traversent les domaines enchantés de Klingsor. Ou de Merlin, le maître de l'illusion, mais celui qui sait, parce qu'il est la figuration du druide primordial.

« S'il fallait d'un mot qualifier le Razès, je dirais que c'est un pays déroutant. »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathare – Le comté de Razès

   

    

jeudi 29 octobre 2020

Le sanctuaire

Pour le neuvième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Quéribus est évidemment un « nid d'aigle », et comme [ ... ] l'a dit [ Gaston Mouly ] un faucon solidement cramponné au poing fermé d'un rocher. [ ... ]

« Quand on avance sous la forteresse, on ressent d'autant plus une sensation de puissance et de témérité que l'architecture, telle qu'elle apparaît au premier abord, est d'une sobriété exemplaire.

« Un large sentier monte régulièrement le long du versant Nord de la montagne, le moins escarpé, jusqu'à un terre-plein délimité au Nord-Ouest par une muraille aujourd'hui arasée.

« De là, un escalier parfois creusé dans le roc, parfois construit en pierres de taille, franchit les vestiges d'un premier seuil et amène, au travers de chicanes, à l'entrée de la forteresse.

« Et là, contrairement à Montségur, il y a trois enceintes successives, disposées en paliers et dominées par le donjon.

« L'enceinte basse comporte trois parties. La première est destinée à défendre l'escalier d'accès, et elle est constituée par une muraille orientée du Nord au Sud.

« La seconde, qui va dans le sens Est-Ouest, protège l'entrée, avec un « assommoir » ménagé dans un retrait du parement intérieur et voûté en plein cintre.

« Un troisième mur remonte vers l'Est, enfermant cette première enceinte. À l'intérieur, un escalier suit l'abîme et débouche dans la deuxième enceinte, formée d'une gigantesque muraille, où se voient encore les vestiges d'une grande salle rectangulaire, [ ... ]

« [ ... ] probablement un poste de garde, en face de laquelle se trouvait une citerne aux parois internes étanchéifiées par un enduit rose dit « mortier de tuileau ».

« On parvient ainsi à la troisième enceinte, de loin la plus importante, construite à l'aide de pierres calcaires, et qui abrite plusieurs salles ainsi que la masse imposante du donjon.

« Sur la gauche, en entrant, une longue salle voûtée est éclairée au Sud par une meurtrière et prolongée au Nord-Ouest par une échauguette qui protégeait vraisemblablement la première citerne.

« À droite, on peut voir un corps de logis à trois niveaux, largement éclairé au Sud par de nombreuses ouvertures.

« À l'extérieure, sur deux niveaux différents, il y a deux cours, et au-dessous d'une petite salle, une seconde citerne.

« Au fond, vers le Sud, c'est le donjon, l'un des plus remarquables du genre dans toute l'Occitanie. »

« On découvre en effet, dans ce donjon, tout ce qu'il faut pour assurer une défense efficace du château, et également de tout le versant oriental de la montagne.

« Mais ce qui surprend, c'est de trouver, au cœur même du bâtiment, un ensemble architecturale de toute beauté : la fameuse « salle du pilier », au sujet de laquelle on a pu exprimer des hypothèses aussi audacieuse que variées. »

« La première impression qu'on ressent est celle de se trouver à l'intérieur d'un sanctuaire. Il s'agit donc d'une salle, qui nous apparaît aujourd'hui plus grande qu'elle n'était, car elle divisée en deux niveaux.

« Mais ce qui surprend, c'est cet unique et immense pilier qui s'élance vers le sommet où il éclate en quatre voûtaines à croisées d'ogives, construction insolite dans la sévérité des lieux.

« La lumière extérieure passe par de curieuses baies jumelées, en fait une baie unique dont le meneau cruciforme délimite deux fenêtres inférieures rectangulaires et deux fenêtres supérieures en arc brisé.

« Cette baie se trouve dans un renforcement, et, le long des murs, courent deux banquettes de pierre appelées « coussièges ». Les murs de la salle ont sept mètres de côté. »

« On ne sait pas si cette salle servait de chapelle. La majesté du lieu, avec ce pilier qui évoque un palmier aux branches irrégulières, tendrait à le faire penser.

« Mais où serait l'emplacement de l'autel ? Alors, s'agit-il d'un sanctuaire cathare ? Est-ce un lieu de culte ésotérique ? Autant de question qui demeurent sans réponse.

« Mais il faut bien dire que partout où les Cathares sont passés, ils ont laissé un étrange souvenir, et en tout cas des éléments assez ambigus [ du point de vue de l'orthodoxie catholique ] pour susciter l'imaginaire... »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareLe château de Quéribus

   

D 10

Aude

D 123

Cubière
sur Cinoble

Soulatge

Rouffiac
des Corbières

Duilhac
sous Peypertuse

Cucugnan

Gorges
de Galamus

Limite départementale

Château
de Quéribus

Saint-Paul
de Fenouillet

Maury

D 117

D 7

Pyrénées Orientales

D 19

   

« Dans le Parzival [ de Wolfram von Eschenbach ] le château du Graal – qui n'est pas nommé chez Chrétien [ de Troyes ] mais qui s'appelle Corbénic dans la Quête cistercienne – porte le nom de Munsalvasche, autrement dit Montsalvage [ ou Salvaterra dans les Corbières. ] »

Cf. Jean Markale (1986) Op. Cit. – Montségur et le Graal

   

    

mardi 27 octobre 2020

Le cours des aulnes

 Pour le septième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Ici, ce ne sont plus les Pyrénées, mais les Corbières. Il s'agit d'un massif montagneux aride, délimité au Nord par la vallée de l'Aude, au Sud par celle de l'Agly, et qui forme une [ ... ] zone intermédiaire entre le Massif Central et les Pyrénées.

« Ici, le climat est méditerranéen, ce qui ne l'empêche pas d'être rude certains hivers. Pays de vigne, du moins sur les pentes bien exposées et protégées de la tramontane, [ ... ]

« [ ... ] c'est pourtant une « gaste terre » pour reprendre l'expression utilisée dans La Quête du Saint-Graal pour désigner le pays désolé qui entoure le château du Roi-Pêcheur :

« [ ... ] la pierraille et les arbustes y dominent, comme si le vent et le soleil s'étaient ligués pour détruire longuement et patiemment ces arrogantes éminences rocheuses que le ciel ne peut supporter. »

« C'est au sommet de l'une des émergences calcaires de la barrière méridionale du massif des Corbières que le château de Quéribus se dresse, comme un fantôme pétrifié qui surveillerait à la fois la montagne et la mer.

« La crête rocheuse qui le supporte, traçant la limite des départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, s'étire d'Est en Ouest depuis Tautavel jusqu'à Burarach, [ ... ]

« [ ... ] dans le comté de Razès, autre endroit étrange où rôde le souvenir des plus anciens Cathares [ celui des Bougres « que le français moderne [ qualifie ] de Bulgare. » ]

« Cette crête peut être franchie [ ... ] par trois passages, dont le Grau de Maury, autrefois nommé Grau de Quéribus, [ le Grau est un Pas – un degré ou un un grade ] [ ... ]

« [ ... ] dominé d'un côté par la Roque de la Poucatière, qui culmine à 770 mètres, et le Roc du Courbas, à 939 mètres, de l'autre par la puissante masse du château qui en était le verrou.

« Car cette barrière méridionale des Corbières est difficile à franchir du Nord au Sud, et c'est la raison pour laquelle elle a longtemps constitué une frontière entre le Languedoc et la Catalogne, entre la France et le Roussillon, [ ... ] »

« Vers le Nord, les pentes de cette crête rocheuse où dominent tantôt la pierre brûlée par le soleil ou fendue par le gel, totalement dénudée, [ ... ]

« [ ... ] tantôt la garrigue parsemée de pins, de thyms et de romarins, sont bordées par le ruisseau de Cucugnan, un affluent du Verdouble.

[ « Le torrent du Verdouble provient d'un ancien « Vernodubrum », c'est-à-dire cours d'eau des aulnes. » ]

« C'est en effet là que se trouve le village de Cucugnan, célèbre depuis Alphonse Daudet – ou plutôt depuis [ ... ] Paul Arène, qui écrivit pour lui les Lettres de mon moulin – que l'on a tendance à situer en Provence en oubliant que Daudet était languedocien.

« Mais après tout, le sermon bien connu du curé de Cucugnan n'est-il pas dans le ton des Inquisiteurs et des Frères Prêcheurs qui promettaient l'Enfer aux sectateurs de l'hérésie [ ... ]. »

« Vers le Sud, la falaise rappelle les abîmes de Montségur. On s'y sent pris du même vertige. La pente plonge brusquement vers la rivière de Maury – [ un ] affluent de l'Agly [ ... ] qui a donné son nom à un [ ... ] terroir [ vinicole ]. »

« Le paysage est grandiose, [ ... ] moins prestigieux qu'autour de Montségur, [ ... ] moins dressé vers le ciel, moins en contact avec la neige, mais tout aussi impressionnant, [ ... ] plus chaotique, plus fragmenté, en fait beaucoup plus secret. [ ... ] »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareLe château de Quéribus

   

    

dimanche 25 octobre 2020

La ligne de feu

Pour le cinquième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« [ Les hérétiques ] étaient connus [ ... ] d'une façon générale – surtout à partir de 1209 – sous le nom générique d'Albigeois. Est-ce à dire que le centre même de l'hérésie était la ville d'Albi et ses environs immédiats ? »

« Certainement pas : les Cathares n'étaient pas plus nombreux à Albi que dans les autres cités du Languedoc.

« Il semble même qu'Albi ait été beaucoup moins touchée par l'hérésie que les autres villes, et ses habitants ont été très nombreux à s’enrôler dans les milices qui participaient à la lutte armée contre les hérétiques.

« Il est possible que le nom recouvre le souvenir d'un incident caractéristique : au début du XIIe siècle, l'évêque d'Albi – [ Mgr ] Sicard – avait essayé de faire brûler des hérétiques, mais la population, respectueuse de la liberté d'opinion, les avait délivrés.

« On peut également y voir le souvenir des discutions théologiques qui eurent lieu en 1176 à Albi même entre l'archevêque de Narbonne et des hérétiques, discussions qui furent surtout un dialogue de sourds et qui se terminèrent sur un échec.

« En réalité, les gens du peuples, en Occitanie, avaient plutôt l'habitude d'appeler les Cathares les « bons hommes », ce qui était une façon de reconnaître leur valeur morales, mais qui ne comportait aucune connotation géographique. »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareLa haute vallée de l'Ariège

« Les bons hommes – là-bas – attendent la relève »

Le long de la ligne de feu
Louis Aragon
1956

Le Graal est une représentation symbolique de la divinité comme totalité de la manifestation cosmique qui en tant que représentation spécifique emprunte toute sorte de symboles qui s'inscrivent dans sa réalité cyclique.

Le monument mégalithique de Stonehenge, le Cromleck imaginaire de l'abbé Boudet où la projection zodiacale du château de Montségur théorisée par Niel sont comme la Table Ronde du roi Arthur des représentations du Graal et les supports de sa manifestation.

   

    

vendredi 23 octobre 2020

Le Cromleck du Razès

 Pour le troisième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Sur le pog de Montségur, au matin du solstice d'été, et presque exactement, deux jours avant et deux jours après [ donc pendant cinq jours ] ceux qui se lèvent tôt [ ... ] sont témoins d'un fait d'une réalité incontestable : [ ... ]

« [ ... ] le premier rayon de lumière, surgissant des ténèbres, loin vers l'est, frôlant le pic de Bugarach, traverse de part en part les archères du donjon. »

[ « [ ... ] il semble y avoir un rapport entre Bugarach et Montségur , et Fernand Niel formule là-dessus une hypothèse séduisante.

« Il suppose en effet que les constructeurs – où les reconstructeurs – du Montségur cathare – donc vers 1200 – auraient aligné consciemment la forteresse sur la position moyenne du lever du soleil.

« Or « cette direction Ouest-Est tombe sur le Pech de Bugarach, point culminant des Corbières dont, non seulement l'altitude – 1 231 m – est très voisine de celle de Montségur, mais encore la latitude – 42° 52' – est égale à celle de ce site...

« À mesure qu'ils serraient de près leur direction Ouest-Est, ils voyait se profiler le sommet de Bugarach au bout de leur alignement. Ainsi sollicités, ils auraient définitivement adopté ce repère offert par la nature. » » ]

Cf. Fernand Niel (1976) – Les cathares de Montségur cité par Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareUn culte solaire [ dans ] Le comté de Razès [ nous supprimons la ponctuation interrogative ]

« [ ... ] le Razès [ ... ] ne peut être séparé [ ... ] du domaine [ ... ] dont [ ... ] il est [ incontestablement ] le centre [ entre le Sabarthès et les Corbières ] ».

« [ ... ] Razès [ dans sa forme occitane ] recouvre à l'origine la même signification de pagus [ reddensis ] [ le pays païen ] [ du Rhedesium ] [ celui des Sarrasins ] ».

« [ ... ] À Stonehenge, cet étrange monument circulaire de la plaine de Salisbury, en Angleterre, qui passe pour un sanctuaire solaire datant de l'époque mégalithique et complété à l'âge du Bronze, [ ... ]

« [ ... ] le premier rayon du soleil levant, lors du solstice d'été, vient frappé la pierre centrale [ celle de l'Autel ] en suivant la direction d'une sorte d'allée cérémonielle [ que Niel qualifie d'Avenue. ].

« Diodore de Sicile, qui signale le monument, raconte que la tradition locale fait descendre Apollon tous les dix-neuf ans dans l'enceinte de Stonehenge. L'espace de temps correspond d'ailleurs à un cycle solaire qui sera réutilisé par la chrétienté celtique.

« Et l'on trouverait facilement d'autres exemples de cette sorte, [ ... ]. Il n'y a aucun doute sur ce point : le château de Montségur a été conçu et réalisé de telle sorte que le donjon puisse recevoir le premiers rayons du soleil au solstice d'été. » [ .. ]

« [ ... ] on a envisagé l'hypothèse d'un temple solaire préexistant au château actuel, [ ... ]. Des chercheurs, comme Fernand Niel, ont effectué des relevés précis qui [ ...] mettent en évidence un souci d'orientation par rapport aux levers du soleil.

« Il y a là une certitude [ mais « les relevés de Fernand Niel ne peuvent vraiment convaicre que ceux qui sont convaincus » ] : le plan architectural de Montségur dépend essentiellement de considérations solaires.

« Chaque entrée du soleil dans un signe du zodiaque correspond à un alignement précis sur des points caractéristiques du château.

« En outre, le château est orienté par rapport aux points cardinaux d'une façon très subtile ; et que l'on ne peut comprendre qu'en unissant deux des angles de la construction avec le milieu des façades opposées. »

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareUn culte solaire [ dans le comté de Razès ]

Il faut se rendre à l'évidence, le Cromleck imaginaire de l'abbé Boudet est une transposition de Stonehenge sur le Razès ; et la vraie langue celtique, c'est la langue syriaque pour les loges solsticiales.

« On doit d'ailleurs se souvenir que lorsque Merlin, l'enchanteur des romans de la Table ronde, est envoûte par la fée Viviane [ la fille verte du poète ] à qui il a livré volontairement ses secrets, [ ... ]

« [ ... ] il se retrouve dans un château invisible, au milieu de la forêt et ce château est défini comme étant soit une prison d'air, soit une forteresse de verre.

« L'image mythologique est identique : il s'agit bel et bien d'un endroit considéré comme le creuset où se fondent les rayons du soleil, une sorte d'athanor où s'opère la métamorphose de la Matière première en Pierre philosophale. [ ... ]

« Et cette « Chambre de Soleil » ne peut se trouver que dans le ciel, dans une île au milieu de l'océan, ou [ ... ] sur le sommet d'une montagne. » [ ... ]

« La « Chambre de Soleil » [ ... ] est peut-être le seul secret des cathares, peut-être même leur seul trésor » [ à moins qu'elle ne soit liée à celle d’en-bas qui se trouve au milieu des eaux et que Markale évoque malgré lui en parlant d'une Tombe. ]

Cf. Jean Markale (1986) – Op. Cit. Ibidem. [ La « Chambre d'en-bas » est celle du Dieu à l'Arc d'argent pour la loge des Polaires. ]

   

    

lundi 19 octobre 2020

La Porte des étoiles

Pour le dernier mois de la décade
en deçà du Janus :

« La tâche aurait été moins compliquée, si l'on avait disposé soixante-quatre trous au lieu de cinquante-six [ au pied du terrassement circulaire. ] Des bissections successives rendaient le tracé plus facile.

« Il faut donc admettre que ce nombre de cinquante-six avait un sens au yeux des constructeurs. [ ... ] Ce nombre n'offre rien de remarquable, sinon qu'il correspond à celui des jours compris entre deux lunaisons [ sidérales ]. »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoire – La construction de Stonehenge Le Henge monument (1974)

« De Salisbury Plain au Pembrokeshire, on rencontre des affleurements de roches qui auraient pu servir à la construction du cromlech [ mais ] les blocs de dolérite ou de rhyolite des Preseley avaient [ ... ] une valeur inestimable [ pour les constructeurs. ] [ ... ]

« [ ... ] la conquête des pierres bleues reste un fait exceptionnel. »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoire – La construction de Stonehenge Le transport des pierres bleues (1974)

« Enfin, il est un phénomène, plutôt curieux, que l'on peut suivre à l'intérieur du monument, à la condition de s'y trouver aux environs du midi vrai. Ce phénomène peut être vu par tout le monde et il est singulier qu'on ne l'ait pas remarqué plus tôt. »

« Si le soleil n'est pas voilé par les nuages, il dessine sur le terrain, en direction de l'intérieur du monument, une traînée lumineuse, formée par l'écartement qui sépare les [ deux ] montants du [ premier ] trilithon [ latérale ] [ à partir du grand trilithon central. ]

« À mesure que le soleil poursuit sa course, la fente lumineuse s'amincit, pour ne former bientôt qu'une mince ligne et enfin disparaître. Mais au moment de la disparition de cette fente, le soleil passe au méridien de Stonehenge.

« On est au midi vrai et la ligne a marqué, de façon précise, la ligne [ entre le ] Nord [ et le ] Sud. Cette ligne [ qui se manifeste par une rupture dans l'agencement des linteaux du Cercle de Sarsen ] ne passe pas au centre [ du monument ] [ ... ]

« [ ... ] et nous donnons ce détail [ à la fin ] pour ce qu'il vaut. »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoire – La construction de Stonehenge Les observations solaires (1974)

   

    

dimanche 18 octobre 2020

Les Portes solsticiales

Pour le neuvième mois de la décade
en deçà du Janus :

« Comment observait-on le lever du soleil au solstice d'été, à travers le monument ? [ ... ]

« [ ... ] la place de l'observateur devait être imposée.

« Il suffisait d'obliger celui-ci à ce mettre derrière deux repères, jalonnant l'axe [ solsticial ] [ entre le poste d'observation et la Heel Stone ] [ ... ]

« [ ... ] et pouvant être constitués [ ... ] par une pierre hypothétique assez près [ du poste d'observation ] [ et ] par le bord gauche de la Heel Stone.

« Voyons comment cet axe traversait le monument. »

« Puisque c'était un axe de symétrie, il passait au milieu des intervalles suivants :

[ Nous modifions les indices et nous complétons les coordonnées. ]

« - [ les ] montants « 15 » et « 16 » du cercle de sarsen [ qui en compte trente ]

- [ les pierres « 20 » et « 21 » du cercle des pierres bleues qui en compte quarante ]

« - [ les ] [ deux ] montants [ ... ] du [ grand ] trilithon central

« - [ les ] pierres « 1 » et « 40 » du cercle des pierres bleues [ qui en compte quarante ]

« - [ les ] montants « 1 » et « 30 » du cercle de sarsen [ qui en compte trente ]

« - [ la ] Slaughter Stone et son compagnon [ devant l'Avenue solsticiale ]

« De plus nous admettons qu'il traversait la pierre [ centrale ] du fer à cheval [ qui en compte dix-neuf ] [ et ] coupait celle de l'Autel en son milieu, [ ... ]

« [ elle ] rasait le bord gauche de la Heel Stone et se prolongeait [ ... ] sur le point de l'horizon où se levait le soleil lorsque les jours sont les plus longs. »

« Examinons [ ... ] l'intervalle des montants « 15 » et « 16 » du cercle de sarsen. [ ... ]

« Notons simplement que l'axe [ entre le poste d'observation et la Heel Stone ] passe à 55 cm environ à droite de la pierre n° 16.

« Cette distance correspond à l'intervalle moyen des autres montants » [ du cercle de sarsen. ] [ Ce qui laisse supposer le double de cet intervalle [ 110 cm ] comme celui des montants « 30 et « 1 » ]

« [ Insistons ] sur la question du grand trilithon. De tout le monument, il est le seul ensemble important ayant un rapport géométrique avec l'axe, puisqu'il lui est perpendiculaire [ comme la pierre de l'Autel. ] [ ... ]

« D'après ce que l'on peut déduire de la position actuelle des deux montants, leur écartement ne devait guère différer de ce qu'il est aujourd'hui, [ ... ] compris entre 30 et 40 cm [ puisque ] [ l'axe [ ... ] passe à un peu moins de 20 cm à droite du [ second ] montant. ]

« Après avoir marqué le centre du monument, [ l'axe ] partage en deux parties égales les intervalles qui séparent les pierres [ ... ] du cercle des pierres bleues, et celui des montants [ ... ] du cercle de sarsen.

« Avant d'atteindre [ la Heel Stone ] [ l'axe ] laisse la Slaughter Stone à [ 45 cm environ ] sur [ sa ] droite. » [ ... ]

« Enfin, la ligne de visée se terminait [ sur le ] bord gauche de la Heel Stone. [ ... ]

« Nous remarquons aussi qu'un élément important intervient dans les observations solaires faites avec des moyens rudimentaires : la longueur de l'axe de visée.

« Dans le cas de la ligne [ entre le poste d'observation et la Heel Stone ] elle était d'environ 125 m, donc suffisante pour obtenir une bonne précision. » [ ... ]

« Quelle était la position du Soleil au moment de l'observation ? » [ ... ]

« Dans ses « Questions romaines » Plutarque [ répond ] : « Les mathématiciens fixaient la limite, entre le jour et la nuit, lorsque le centre du soleil était sur le cercle de l'horizon. »

« Le regard d'un observateur, assis ou debout en [ observation ] passait probablement [ devant l'Autel ] au-dessus de la pierre [ centrale ] du fer à cheval. » [ ... ]

« [ ... ] l'observation était conditionnée par la pierre centrale [ ... ] du fer à cheval des pierres bleues, puisqu'il fallait que le regard passe au-dessus de son sommet. » [ ... ]

Le grand trilithon [ central ] est à 42 m [ du poste d'observation. ] À cette distance, le diamètre apparent du soleil se traduit par une largeur de 37,7 cm.

Elle est de 61 cm à hauteur de intervalle [ des montants ] « 1 » et « 30 » du cercle de sarsen, soit exactement la moitié de cet intervalle [ de 122 cm. ]

« Enfin, il est de 90 cm à hauteur de la Slaughter Stone et l'on remarquera que cette dernière dimension est, de façon exacte également, le double de la distance qui sépare l'axe [ entre le poste d'observation et la Heel Stone ] de cette pierre. [ ... ]

« [ ... ] [ la Slaughter Stone ] et le montant [ parallèle ] [ du grand trilithon central ] suffiraient pour encadrer [ sur l'axe de visée ] [ les deux moitiés ] du disque solaire, à la condition de se tenir [ dans le poste d'observation ] [ de l'observateur. ] [ ... ]

« [ ... ] la système de visée a pu être constitué [ par ] l'intervalle des montants du [ grand ] trilithon central puis [ par ] l'écartement entre la Slaughter Stone et son compagnon.

« Ces deux espaces de 38 [ cm ] et [ de ] 90 cm correspondent, exactement, au diamètre apparent du soleil vu [ depuis le poste d'observation. ] [ ... ]

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoire – La construction de Stonehenge Les observations solaires (1974)

   

    

samedi 17 octobre 2020

Un temple païen

Pour le huitième mois de la décade
en deçà du Janus :

« Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer [ le ] nom de « sarsen ».

« On l'a fait dériver du mot saxon « ses » – « sesen » – signifiant « pierre » ou du latin « saxum » – « rocher ».

« On s'est aussi basé sur une prononciation locale – « sasen » pour « sarsen » – mais il semble que l'origine la plus plausible soit « sarracen » – « sarrasin » – employé autrefois dans le sud de l'Angleterre avec le sens un peu vague d'étranger.

« En Cornouailles et dans le Devonshire, on appelle [ ... ] « [ les ] restes de sarsens », les tas de déchets provenant des anciennes mines d'étain.

« On désignait également par « Saracen » ou [ par ] « Saresyn », les païens en général et, comme les principaux spécimens des blocs de sarsens étaient rassemblés dans des constructions attribuées [ ... ] à des païens, telles Stonehenge ou Avebury, [ ... ]

« [ ... ] on en vint à donner à la formation géologique tout entière, l'appellation de « pierres de Saresyn », ou [ de ] « pierres païennes ».

« Quoi qu'il en soit, le mot sert à qualifier une formation [ géologique ] appartenant au tertiaire éocène, blocs de grès de teinte grisâtre, éparpillés en surface, principalement au nord du Wiltshire, dans les Marlborough Downs.

« On connaît aussi ces blocs sous le nom de « greywethers », ou [ de ] « moutons gris ». Ils sont si nombreux à certains endroits, que l'on peut parcourir de longues distances, en sautant de l'un à l'autre, sans poser le pied sur le gazon. »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoireStonehenge et ses environs Le Cercle de Sarsen (1974)

Il n'y a donc pas d'antagonisme entre les Maures et les Sarrasins qui peuvent désigner une étrangeté et une origine ; mais les Sarrasins peuvent aussi désigner des Païens qui ne sont pas nécessairement des Mauritaniens.

À propos de la Mauritanie dont sont originaires les Tidjanes, rappelons une origine hébraïque qui est celle des migrations barbares de la fin du second millénaire avant l'ère chrétienne – celle des Berbères.

Il est donc possible que la cité de Sarras fut au royaume du Graal avec son palindrome qui désigne le Crâne ou la Tête une évocation du Temple païen – une sorte de Jérusalem céleste transposées sous le Khan du Go qui désigne une pierre.

Une pierre comme un gond sur laquelle pivote un are ou une ère semblable au Pôle d'Ariès qui désigne sous son Khan une limite zodiacale – celle de la Toison parsemée d'étoiles qui recouvre la Voie lactée.

Et pour cet échanson qui a l'âme altérée
Qu'on verse la boisson
De la ruche où le miel enfièvre sa Passion

Nous savons que Janus est le dieu de l'âge d'Or et que le dieu des Portes solsticiales à deux faces : une face juvénile qui est celle d'Enée – le fils d'Aphrodite – ou de Jésus – celui de la Vierge Marie – et une face ancestrale.

La face ancestrale de Janus est celle de Pan – le fils d’Hermès – pour toutes les traditions syriaques – celles du Soleil – mais pour les traditions atlantes, c'est la Mer – Neptune ou Poséidon – qui dans le Paradis dantesque est du côté de l'Oubli.

La Mémoire et l'Oubli – que le poète qui ne nous souhaitait ni dieu ni maître identifie à Celui des granits – sont dans la tradition courtoise des floréals et de l'oisellerie les faces d'une même réalité cyclique – celle du cercle zodiacal où s'abreuvent les ménestrels.

Allez-vous déchirer la Tunique du Christ ?

La Tunique sans couture des assoiffés d'Azur
Que le Dieu des granits à mit sous sa parure

Ils l'ont retrouvé – l'éternité
C'est la Mer hâlée avec le Soleil

   

   

jeudi 15 octobre 2020

Les cercles de pierres bleues

Pour le septième mois de la décade
en deçà du Janus :

« [ ... ] les constructeurs qui érigèrent la grandiose structure de sarsen [ que nous mettons en rapport avec les trente mansions du mois synodique ] semblent avoir été fort embarrassés de leurs pierres bleues.

« On a vraiment l'impression qu'ils ne savaient qu'en faire.

« En effet, avant de d'avoir dressé ces pierres, telles qu'elles sont actuellement [ entre le Cercle de Sarsen et le Fer à cheval des cinq trilithons ] voici ce que l'on aurait réalisé ou essayé de réaliser. »

« Sur le tracé approximatif du cercle actuel [ qui comprenait une quarantaine de monolithes ] on aurait commencé la construction d'un cromlech, formé de deux cercles concentriques [ que nous avons qualifié d'anneaux ] [ ... ]

« [ ... ] les pierres [ de ces anneaux ] étant disposées par paires, aux extrémités d'un même rayon [ par rapport au centre du monument ] – cf. Le double cercle incomplet des pierres bleues [ qui ] marquent [ ... ] l'emplacement des trous « Q » et « R »

« Détail intéressant : les paires radiales, à droite et à gauche de l'Axis, auraient été augmentées de deux ou trois pierres supplémentaires, comme pour bien marquer la direction et la position de cet axe.

[ Une et deux pierres en plus de chaque chaque côté de l'Axe solsticial ; soit un groupe de quatorze pierres bleues sur la figure tracée par Fernand Niel. ]

« Mais après avoir creusé les trous de ce double cromlech, sur la moitié environ de la circonférence, et dressé des pierres dans quelques-uns d'entre eux, le projet aurait été abandonné.

[ Trente-trois paires radiales avec celles du groupe précédent sur la figure de Niel où il en manque sept pour refermer les anneaux. Soit deux fois quarante pierres semblables à celles qui s'y trouvent par la suite mais sans leur redoublement. ]

« On ne sait pas pour quelles raisons, mais il est possible que l'abandon de ce projet ait été motivé par l'érection de la structure de sarsen.

[ Les paires radiales du double cromlech se retrouvent dans le cercle des quarante pierres bleues qui entourent les cinq trilithons du Cercle de Sarsen et sur les dix-neuf stations du Fer à cheval. ]

« Les trous de ces deux figures concentriques ont été appelés trous « Q » et « R » et constitueront une phase dans la construction de Stonehenge, connue sous le nom de « Stonehenge II » [ que nous qualifions d'intermédiaire. ] »

[ La phase intermédiaire est celle où les deux temples – celui des mois sidéraux et celui des mois synodiques – cherchent à coexister. ]

« Ensuite, on aurait fait un nouvel essai de construction d'un autre double cromlech, mais à l'extérieur du cercle de sarsen, cette fois.

[ Il ne s'agit pas d'un double cromlech mais de deux cercles concentriques nettement indépendants et les séquences de la chronologie sont sans doute inversées. ]

« Les pierres bleues devaient être posées dans deux séries concentriques de trous, les trous « Y » et « Z » [ mais ] [ « on pense qu'ils n'ont jamais reçu les pierres bleues pour lesquelles ils avaient été creusés ». ]

[ Les trous « Y » et « Z » ne sont pas comparables aux trous « Q » et « R » puisque que leurs nombres sont ceux du Cercle de Sarsen (30) et non ceux des cercles de pierres bleues (40).

Rien ne prouve qu'ils devaient recevoir des pierres bleues. Ce qui indique qu'ils ont pu recevoir des structures en bois semblables à celles qui occupaient les cinquante-six trous d'Aubrey dans la première phase du temple initial. ]

« Ce nouveau projet fut abandonné – on ne sait toujours [ pas ] pour quelles raisons – [ parce qu'il s'agissait d'étapes intermédiaires dans la construction du Cercle de Sarsens qu'on cherchait à intégrer dans celui des trous d'Aubrey ] [ ... ]

« [ ... ] et les constructeurs, désespérant sans doute de réussir un double cromlech, se contentèrent de dresser la figure que nous connaissons aujourd'hui. »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoireStonehenge et ses environs Le cercle des pierres bleues (1974)

Le cercle d'Aubrey et ceux des pierres bleues ont deux caractéristiques en commun : le redoublement – celui des vingt-huit mansions du mois sidéral et celui des paires radiales dans les anneaux du double cromlech – et les multiples du nombre huit.

C'est pour ce coefficient que les vingt-huit mansions du mois sidéral sont redoublées et c'est ce redoublement qui est abandonné pour les quarante stations du Cercle des Pierres bleues qui n'en ont plus besoin – « 56 = 7 x 8 » et « 8 x 5 = 40 ».

Ce coefficient et sa géométrie architectonique est l'élément archaïque qu'on cherche à maintenir à travers les modifications du Temple ; tandis que les trente mansions du mois synodique et les dix-neuf stations du cycle métonique s'en affranchissent.

   

    

mercredi 14 octobre 2020

La géométrie du Temple

Pour le sixième mois de la décade
en deçà du Janus :

Nous avons dit que le septénaire des semaines sidérales est absents du Temple des Dioscures. C'est vrai pour tout ce qui se trouve en deçà du Cercle de Sarsen qui organise les trente mansions des mois synodiques.

Mais on trouve en périphérie un septénaire dont les modalités n'ont rien à voir avec l'ordre des semaines et qui par ailleurs entretient un rapport symbolique avec l'octogone de la Sphère d'al-Khidr et avec la station des bodhisattvas dans le Sambhogakâya.

Quatre stations marquées par des pierres et des monticules forment deux angles de 45° qui se rencontrent au centre du monument sur l'Axe solsticial qui passe par le centre du Fer à cheval en direction de la Heel Stone sur l'Avenue au Solstice d'été.

Cinquante-six trous repérés par John Aubrey au XVIIe siècle sont répartis en deçà d'un terrassement circulaire au niveaux des stations dans un cercle qui coïncide avec l'octogone définit par leur triangulation – « 7 x 8 = 56 / 45° x 8 = 360° »

Fernand Niel qualifie cette coïncidence de repères d'ordre géographique ou topographique dans lesquels nous voyons une géométrie où l'octogone apparaît comme un élément récurent dont les multiples restent accidentels.

Les trous d'Aubrey ne correspondent pas au nombre des semaines dans un cycle annuel et les stations du terrassement circulaire ne définissent pas leurs angles dans le nombre des degrés que nous leur attribuons.

Par contre, les angles de l'octogone s'inscrivent avec les huit trigrammes dans une figure du Yi King qui à défaut d'être incongru n'a rien d'anachronique pour celui qui entre dans le Temple comme Platon entrait encore à l'Académie – en géomètre.

La géométrie est l'aboutissement des mathématiques pour la transmission bardique d'une arithmosophie céleste qui correspond à l'écrit du Fleuve Lo transmit par Lo Chou dont l'origine est sans doute antérieur au plan du Fleuve Jaune tracé par l'empereur Fo Hi.

Au centre du Fleuve qu'il est difficile de ne pas identifier à l'Axe solsticial se trouvent les cinq éléments que la même congruence invite à reconnaître sous la forme des Dioscures représentés par les cinq trilithons pour les cinq premiers jours complémentaires.

Dès lors, les quarante monolithes qui organise le Cercle des Pierre bleues entre les trilithons et le Cercle de Sarsens peut s'entendre comme le produit du huit et du cinq qui préside à des opérations arithmétiques.

Ce faisant, l'universalité d'une telle configuration ne doit pas nous cacher des idiosyncrasies : pourquoi les huit trigrammes du Yi King produisent-ils soixante-quatre hexagrammes et l'octogone du terrassement circulaire cinquante-six mansions ?

La planification du Yi King par l'empereur Fo Hi ressemble à une entreprise arithosophique où la décade qui entoure la Terre organisent les cinq paires complémentaires qu'on retrouve dans la Sagesse pythagoricienne.

Par ailleurs, des opérations mantiques sur les cinquante tiges d'achillée soustraient des des nombres – « 36 » et « 24 » – qui sont ceux de l'octogone dans la Sphère d'al-Khidr – trente-six mille lunaisons et deux mille quatre cents ans.

Ces nombres multipliés par six – autant qu'il y a de grammes pour chaque hexagramme – produisent des nombres remarquables – « 36 x 6 = 216 » et « 24 x 6 = 144 » – dont la somme – « 216 + 144 » – est celui de la sphère à trois cents soixante degrés.

Richard Wilhelm précise dans son Grand Commentaire sur les Matériaux que cette somme correspond « au chiffre moyen de l'année chinoise » qui « concorde pour l'essentiel avec l'année métonienne » marquée par les Pierres bleues du Fer à cheval.

Mais rien de tout cela ne concorde avec les cinquante-six trous d'Aubrey dont on peut juste dire qu'ils sont le produit remarquable du nombre de jours dans la semaine (7) et du nombre des semaines (4) dans les mansions du mois sidéral (28).

Mais pourquoi doubler le nombre des mansions – « 28 x 2 = 56 » – si ce n'est parce que vingt-huit n'est pas divisible par huit pour une civilisation qui ne conçoit pas la subdivision infinitésimale – ce qui fait de l'octogone la figure archaïque de cette disposition.

Dans cet archaïsme, le septénaire des semaines est congruent avec le mois sidéral et il faut admettre qu'il y a deux temples à Stonehenge avec une étape intermédiaire où les deux ont cherché à coexister avant que le premier ne soit démantelé.

C'est d'ailleurs ce que Niel retranscrit à propos des travaux de Richard Atkinson qui propose trois étapes en 1956 : de 1900 à 1700 / de 1700 à 1600 / de 1500 à 1400 avant l'ère chrétienne et que Niel date vers 1300 pour leur aboutissement.

Pour la première étape, il est question – entre autres – du terrassement circulaire, des cinquante-six trous d'Aubrey et de la Heel Stone qui sert d'orientation à l'Axe solsticial.

Pour la deuxième étape, il est question du transport des pierres bleues depuis le Pays de Galles qui ont pu servir à une reproductions du cercle des trous d'Aubrey dans un double cercle inachevé qui ne comptait qu'une bonne trentaine de trous par anneau.

Il est également question – entre autres – de l'Avenue et des structures en bois qui ont pu occuper les trous d'Aubrey et les trous intermédiaires (Y et Z) du Cercle de Sarsen avant d'être démantelées vers la fin de cette étape intermédiaire.

Mais Atkinson les situe à l'étape ultérieur. Niel note que leurs dimensions sont assez irrégulières ; ce qui reste logique si l'évaluation du Cercle de Sarsen ne s'appuie plus sur les stations qui ont servit de repères pour la construction initiale du Cercle d'Aubrey.

La troisième étape évoque le démantèlement du double cercle des pierres bleues qui ont pu servir pour l'édification des quarante stations du Cercle des Pierre bleus et pour celles du Fer à cheval qui organisent le cycle métonique en-deçà des cinq trilithon.

Pour autant, on ne voit pas à quoi aurait pu servir le redoublement. Est-ce un essai de reproduction du cercle d'Aubrey rendu inapproprié par l’exiguïté du Cercle de Sarsen où une sorte d'évaluation approximative semblable aux trous « Y » et « Z » ?

Il nous semble que la succession des cercles pour lesquelles celui d'Aubrey avait déjà doublé les mansions du mois sidéral a fait place à une inversion conceptuelle à partir de laquelle le premier se retrouvait inclus dans la révolution synodique du second.

Il est également question – entre autres – du Cercle de Sarsen et des quatre stations périphériques – ce qui est improbable à cette étape si elles ont servit dès l'origine à la répartition des trous d'Aubrey ; mais elles ont pu être aménagées par la suite.

En bref, si nous sommes plutôt d'accord avec les datations et avec le principe directeur de ces étapes, il nous semble qu'on a pas encore compris le sens général de leurs développements et de leurs démantèlements successifs.

La troisième étape est elle-même subdivisée par Atkinson en trois sous-périodes dans lesquelles il nous est – de ce fait – impossible de nous aventurer plus avant. Et bien sûr, Richard n'a rien à voir avec Mr Bean.

   

    

vendredi 9 octobre 2020

Le Temple des Dioscures

Pour le cinquième mois de la décade
en deçà du Janus :

Après notre évocation de ce que fut le temple hyperboréen de Diodore, le temple enchanté de Monmouth, le temple antique de Jones et le temple solaire de Niel, nous décrivons ce que nous voyons dans le temple cosmique de Stonehenge.

L'idée d'un temple cosmique rejoint celle de John Smith (1771) à propos d'un temple érigé dans les temps anciens pour observer les mouvements des corps céleste.

Nous ne croyons pas qu'il s'agisse d'un observatoire astronomique mais d'un repère calendaire dans la représentation monumentale d'une observation stellaire.

L'idée que les trente monolithes du Cercle de Sarsens soient en rapport avec les mansions de la Lune rejoint celle de John Wood (1747) qui y voit un temple druidique qui lui est consacré.

Nous ne croyons pas qu'il soit druidique mais que les trente mansions multipliées par les douze lunaisons de l'année qui ne sont pas représentées correspondent à la représentation originelle de l'année solaire.

De cette représentation, nous supposons que les cinq Trilithons du Fer à cheval représentent les Dioscures du jour et de la nuit qui complètent cette année régulière de trois cents soixante cycles journaliers.

Cette configuration centrale accompagne les dix-neuf Pierres bleues du Fer à cheval qui rythment le nombre des années où les deux luminaires coïncident dans leur chorégraphie spatiale à travers le cycle métonique.

Nous ne voyons aucune représentation du septénaire des cinquante-deux semaines de l'année ; ce qui démontre le caractère archaïque de cette représentation mégalithique.

On ne peut donc guère faire correspondre la Pierre de l'Autel à un jour bissextile qui serait pourtant bien venue mais dont l'absence justifie à elle seule la nécessité d'un repère par rapport au Soleil.

Ce repère correspond à l'Axe qui passe sur la Pierre de l'Autel entre les deux montants du Trilithon central pour rejoindre sous son linteau la Heel Stone qui indique le levé du Soleil au Solstice d'été.

Cet Axe indique que les Dioscures lui sont opposés et se répartissent dans le cycle de l'année autour du Solstice d'hiver comme nous l'avons proposé et comme Niel l'indiquera dans une étude ultérieure sur le Pilier du château de Quéribus.

Par contre, l'Axe ne donne aucune indication sur la place des jours bissextiles qui s’inscrivent au milieu ou à la fin du Janus et que nous déplaçons vers de l’Équinoxe du Printemps en les articulant sur les cycles sabbatiques dont il sont les complémentaires.

On peut y voir un sixième Trilithon qui ne s'y trouve pas mais qu'Inigo Jones imagine spontanément au XVIIe sicècle dans sa représentation symétrique de l'espace monumental.

Ce sixième Trilithon n'a pas la même nature que les Dioscures du jour et de la nuit qui se répartissent autour du Solstice d'hiver puisqu'il s'agit d'un redoublement du cycle journalier qu'on identifie aux nuits du Janus qui n'ont pas de jour pendant la période hivernale.

Sans les repères équinoxiaux qui ne s'y trouvent pas, c'est aux trois saisons nilotiques qu'il faut rendre le temple cosmique du néolithique secondaire tel qu'il restitue à l’arithmétique la réalité du cycle solaire à son apogée.

La troisième saison de cette représentation s'étend de la catabase du Samain à l'anabase des Prémices qui se répartissent dans leur apocatastase sur les soixante jours qui précèdent le Solstice et sur les cinquante jours qui suivent les cinq Dioscures.

Cette suite a sans doute un sens qu'on retrouve encore à la Renaissance au centre de la Prophétie des papes de 1588 autour de l'Axe de « Sixte Quint » et dans la Décade des mois qui accompagne le Janus avec ceux des empereurs Auguste (6) et Jules (5).

Il y a là aussi comme une précession qui est celle des équinoxes dans le cycle de l'écliptique et qui engage l’Hexagone et le Pentagramme comme figures symboliques du cosmos dans la vision métaphysique d'une anthropologie.

C'est tout ce que nous pouvons dire sur la chorégraphie des Géants qui dansent dans le Cercle de Sarsen là où les quarante monolithes du Cercle des Pierres bleues restent une énigme liée peut-être à sa quadrature dans un système décimal.

À la fin du XIXe siècle, Edgar Barkley situe l'entrée du temple au Sud du monument – vers l'étoile polaire – et non sur l'Avenue qui prolonge l'Axe solsticial vers le Nord-Est dont il place le point d'observation au Sud-Ouest en dehors du Cercle de Sarsen.

Cet emplacement lui permet de surmonter la Pierre centrale du Fer à cheval des Pierres bleues et de poser la visée solsticiale sur la Pierre de l'Autel entre les montants du Trilithon central en-deçà de son linteau.

L'espace central du Cercle de Sarsen ne permet pas une telle observation, surtout si on est tourné vers l'Autel qui n'y apparaît pas comme celui du Soleil mais plutôt comme celui des Dioscrures qui accompagnent le Solstice d'Hiver.

Niel résume une critique du culte solaire qu'il qualifie de curieuse avant de la dénigrer telle que la propose John Abercromby en 1912 avant le dernier concile :

« Dans n'importe quel temple, qu'elles que soient son époque et sa religion, on ne se tourne jamais vers l'entrée pour faire face au point où l'on célèbre le culte, une fois que l'on a pénétré dans l'enceinte.

« De sorte que Stonehenge n'aurait pas été un temple où l'on célébrait le lever du soleil au solstice d'été, mais son coucher au solstice d'hiver. »

« Et Sir Arthur Evans, l'explorateur des temples minoens, faisait remarquer, à son tour, que le monument avait une forme sépulcrale, en rapport avec le monde inférieur. [ ... ]

« [ ... ] le grand trilithon [ central ] représentait la porte du monde des ténèbres. À travers les montants, on observait le soleil au moment où, parvenu au terme de sa course, il semblait s'abîmer dans les enfers. » [ ... ]

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoireL'histoire de StonehengeLes travaux de Sir Norman Lockyer (1974)