Pour la sixième semaine sidérale :
« Dans
les traductions conventionnelles, la terre promise par Yahvé à
Abram l'hébreux est dite s'étendre du fleuve d’Égypte – nhr
mṣrym – au grand fleuve, le fleuve Euphrate – nhr
prt – cf. Gn 15, 18.
« Contrairement
à l'opinion reçue, je suggérerais que le pays indiqué dans le
texte hébreu original comprenait le pays historique de Juda, dans
l'Asîr géographique, de la région de Jizan au sud jusqu'à la
vallée de l'oued Aḍam, dans l'arrière pays de Lith, au nord.
« Le
fleuve d’Égypte dans cette promesse, n'est certainement pas le
Nil, mais le torrent de l'oued 'Itwad, qui prend sa source près de
l'actuel village de Miṣrâmah, dans les hautes terres d'Asîr, et
forme l'actuelle frontière entre la région de Jizan et le Rijal
Alma'.
« Ce
pourrait être l'oued Liyad, qui sépare la région de Jizan du
Yémen, et où un village nommé Maṣram – mṣrm – se
trouve toujours.
« Dans
la vallée de l'oued Aḍam, qui fait partie de la principale vallée
de la région de Lith, se trouve un village nommé Firt – ṕrt
– et un autre appelé Farat, ce qui me conduit à suggérer que la
promesse de Yahvé à Abram devrait être lue comme suit :
« À
vos descendants je donnerai ce pays, du torrent de Miṣrâmah ou [
de ] Maṣram jusqu'au grand torrent – h-nhr h-gdwl – le
torrent [ de ] Firt ou [ de ] Farat ; celui-ci étant l'oued
Aḍam et non le fleuve Euphrate. »
[
... ]
« Le
pays promis à Abram et à ses descendants hébreux était
naturellement inhabité. La promesse de Yahvé dénombra les
habitants – dix [ peuples ] [ ... ] [ dont ] les noms [ ... ]
subsistent comme nom de lieux dans différentes parties d'Asîr [ ...
] – cf. Nb 15, 19-21 :
[
Les Qénites, les Qenizzites, les Qadmonites, les Hittites, les
Perizzites, les Rephaïm, les Amorites, les Cananéens, les
Girgashites et les Jébuséens.] »
[
... ]
« Selon
la Genèse, c'étaient les terres de ces [ dix ] anciennes tribus
d'Arabie occidentale qui furent promises par Yahvé à Abram et à
ses descendants.
« Ces
mêmes terres étaient aussi comprises dans le territoire promis par
Yahvé à Moïse, qui n'était en fait pas plus petit que celui
promis à Abram, comme on l'a cru jusqu'à présent, mais au
contraire plus grand – cf. Nb 34, 1-12.
« Il
comprenait le pays de Canaan dans sa totalité, incluant l'Asîr
intérieur aussi bien que côtier, ainsi que la région de Taif dans
le Hedjaz, des côtes de la mer Rouge au bord du désert d'Arabie
centrale. »
Cf.
Kamal Salibi – La Bible est née en Arabie – La Terre
promise (1985)
« Tout
ce que nous apprenons [ dans Gn 2, 8-14 ; 3, 24 et 4, 16 ] sur
la localisation géographique de l’Éden peut se résumer [ en six
points ] :
-
« [ Premièrement ] l’Éden était à l'Est du pays de
l'auteur du texte biblique [ ... ] qui était le pays de Juda, sur la
côte d'Asîr.
[
« Le Seigneur planta un jardin – gn – dans l'Éden,
à l'Est [ ... ]. Un fleuve – nhr – sortait de l’Éden
pour arroser le jardin, et il s'y divisait pour former quatre [ têtes
] – r'šym
– [ à la place des bras
]. » – cf. Gn 2, 8 et 10. ]
-
« Deuxièmement, Éden et son jardin étaient situés dans un
réseau hydrographique comprenant quatre affluents reconnus,
identifiés par leurs noms.
[
« Le nom de la première [ tête du fleuve ] est Pishôn –
pyšwn –
qui coule dans le pays d'Havila – ḥwylh
– [ ... ].
« Le
nom de la deuxième [ tête du fleuve ] est Gihôn – gyḥwn
– qui coule dans le pays de Kush – kwš.
« Le
nom de la troisième [ tête du fleuve ] est [ le Tigre ] – ḥdql
– qui coule à l'Est de [ Assur ] – 'šwr.
La quatrième [ tête du fleuve ] c'est [ l'Euphrate ] – prt »
– cf. Gn 2, 11, 13 et 14. ]
-
« Troisièmement, le jardin – gn – d’Éden – 'dn
– s'étendait en aval d’Éden, arrosé par un cours d'eau qui
coulait hors – yṣ'
– d’Éden [ cf. Gn 2, 10 ].
[
« Le jardin biblique d’Éden était-il un bois sacré – un
lieu de culte pour l'adoration d'un dieu de la vie et d'un dieu de la
connaissance – avant de devenir le jardin de Yahvé ? Les
preuves toponymiques dont on dispose vont certainement dans ce sens.
[ ... ] » ]
-
« Quatrièmement, le jardin était associé à deux arbres
ayant une signification particulière, l'un étant l'arbre de vie –
ḥyym – et
l'autre l'arbre de la connaissance – d'h.
[
« Quant à l'arbre de vie et à l'arbre de la connaissance
dans le jardin, ils étaient certainement des arbres sacrés voués
aux dieux locaux anciens.
« L'actuel
village de Âl Ḥiyah – 'lḥy
– sur l'oued Bishah, porte toujours le nom [ oublié ] d'un dieu de
la vie [ al-Ḥayy
] d'Arabie occidentale [ ... ]
« L'actuel
village de Âl Da'yah – 'l d'y – dans les montagnes à
l'Ouest de l'oued Bishah, a gardé aussi jusqu'à ce jour le nom [
oublié ] d'un dieu de la connaissance [ du bien et du mal ] [
al-Ḥaqq
] d'Arabie occidentale. » ]
-
« Cinquièmement, deux chérubins [ des prêtres ] – krbym
– furent mis en faction à l'Est du jardin d’Éden pour garder
l'accès de l'arbre de vie – cf. Gn 3, 24.
[
« Au Sud-Est de l'oued Bishah se trouve l'oasis de al-Qarban –
qrbn. Il [ pourrait ] s'agir des chérubins postés à l'Est
du jardin d’Éden après qu'Adam et Eve eurent été bannis. Dans
le contexte de cette histoire [ ... ] le mot – h-krbym – [
pourrait ] signifier les prêtres. » ]
-
« Sixièmement, à l'Est de l’endroit où se trouvait Éden
s'étendait le pays de Nod – nwd – cf. Gn 4, 16.
[
« À l'Est du confluent de
l'oued Bishah, dans les environs de l’Éden biblique, se trouve un
pays de Nod [ ... ]. C'est la bande de désert pastoral brulé qui
sépare l'intérieur [ de ] l'Asîr de l'Arabie centrale.
« Au-delà
de ce pays de Nod, il n'y a rien
qu'une désolation sans fin
– soit un désert de pierres, soit l'étendue
morte de l'Empty Quarter –
cf. Philby in Arabian
Highlands (1952). »
] »
[
... ]
« On
peut en déduire que le jardin d’Éden était dans une région
d'oasis bien arrosées, entre le pays de Juda, en Asîr côtier, et
une région intérieure appelée nwd.
« Il
paraît évident à la lumière d'une identification des quatre
fleuves d’Éden que cette région n'ait pu être que le
bassin de l'oued Bishah :
« 1.
Le Pishôn – pyšwn
– coulant dans le pays d'Havila – ḥwylh
– où il y a de l'or. C'est aujourd'hui l'oued Tabâlah,
le plus occidental des affluents du Bishah. L'oued tient son nom
actuel de l'une des nombreuses oasis jalonnant son cours.
« Son
nom biblique subsiste dans celui du village de Shûfân – šṕn
– près de sa source,
dans les hauteurs de Nimas. [ ... ] Havila [ ... ] est l'actuel
l'actuel Ḥawâlah
– ḥwlh
– dans les hauteurs de la région de Ghamid, au Nord de Nimas. [
... ]
« 2.
Le Gihôn – gyḥwn
– coulant dans le pays de Kush – kwš.
C'est le cours principal de l'oued Bishah,
comme on l'appelle aujourd'hui, l'un de ses principaux affluents
s'appelant toujours l'oued Jûḥân – ǧḥn.
« Cet
oued est situé entre Khamis Mushait et Abha, où se trouve aussi un
village du nom de Âl Jâḥûn –
ǧḥn. Le nom actuel
de l'oued
Bishah vient du
village [ qui porte son nom ] près de la jonction des principaux
affluents du système [ hydrographique
] [
... ]
« 3.
Le ḥdql,
traditionnellement considéré comme le Tigre mésopotamien. [ ... ]
Aujourd'hui, [ son ] nom subsiste dans celui du village de Âl Jaḥdal
– ǧḥdl –
dans les hauteurs de Sarat 'Abidah, où l'on trouve les hautes eaux
de l'oued Tindaḥah.
« Sarat
'Abidah est situé au Nord-Est de Khamis Mushait, et l'oued Tindaḥah
rejoint le cours principal de l'oued Bishah au Nord de Khamis
Mushait. À l'époque biblique, l'oued Tindaḥah a dû s'appeler
ḥdql,
d'après le nom du village où il prend sa source. [ ... ]
« 4.
Le prt,
traditionnellement
pris pour l'Euphrate, n'a pu être que l'actuel oued Khârif, qui
sort des hauteurs de la région de Tanumah, au Nord d'Abhâ, et qui
est l'un des principaux affluents de l'oued Bishah.
« Son
nom biblique – prt – a dû venir du nom d'un village situé
près de sa source, appelé aujourd'hui al-Tafrâ' – ṭṕr.
[ ... ]
[
... ]
« Selon
le récit de la Genèse, le fleuve – nhr
– de l’Éden se divisait en quatre grands cours – r'šym
– dans les environs de l’Éden et de son jardin.
« En
réalité, le r'šym
biblique subsiste dans le nom de l'oasis de Rawshan – rwšn
– situé près de l'endroit où l'oued Tabâlah – le Pishôn –
se jette dans le cours principal de l'oued Bishah.
« À
une courte distance en amont de Rawshan le long de l'oued Tabâlah,
se trouve une autre oasis nommée 'Adanah – dn
– portant jusqu'à aujourd'hui le nom biblique d’Éden – 'dn.
« L'oasis
de Junaynah – ǧnyn
– ne se trouve pas loin en aval de Rawshan, irrigué par les eaux
qui coulent de 'Adanah. Cela peut sembler mystérieux mais c'est
lui : le jardin d’Éden, pas moins, et subsistant sous son
nom. »
[
... ]
« Il
faut remarquer [ ... ] que le Coran ne parle pas d'un jardin de
l’Éden, mais de jardins
de l’Éden, au pluriel, et aussi de fleuves, pas d'un
seul fleuve, coulant sous eux. [ ... ]
« Un
texte raconte [ al-Isrâ' ]
que la plupart des gens dirent à Mohammed qu'ils ne voulait pas
reconnaître sa mission religieuse à moins qu'il ne pût démontrer
qu'il avait à sa disposition un jardin de palmiers et de vignes
avec des rivières coulant à flots
– cf. S 17 V 90 et 91.
« Dans
un autre texte [ al-Furqân ] des gens se demandaient comment
Mohammed pouvait prétendre être un prophète alors qu'il mangeait
de la nourriture ordinaire, circulait sur les marchés et n'avait pas
de jardin particulier pour lui fournir sa nourriture
– cf. S 25 V 7 et 8.
«
Nous ne connaissons directement qu'un seul de ces jardins sacrés de
l'ancienne Arabie occidentale, dont le jardin d’Éden biblique et
ses chérubins sont le
prototype. Il existait encore dans les premières du VIIe siècle [
après ] J.-C.
« C'était
le jardin du grand prêtre Maslamah de Yamamah, monothéiste arabe,
contemporain mais non disciple de Mohammed . Il s'appelait Ḥadîqat
ar-Raḥmân [ le Miséricordieux ] ar-Raḥmân – rḥmn
– étant le nom du dieu unique dans certains cultes monothéistes
pré-islamique. [ ... ] » – cf. S 17 V 110.
Cf.
Kamal Salibi – La
Bible est née en Arabie
– Un voyage à
l’Éden
(1985)
« Invoquez
Allâh ou invoquez ar-Raḥmân.
Quel
que soit le Nom par lequel vous L'invoquez,
Il
porte les plus beaux noms. »
al-Isrâ'
– le Voyage nocturne