Pour la quarante-neuvième semaine sidérale :
Les
métamorphoses du Cheval blanc que le légendaire carolingien appelle
BAYAR – tantôt dragon tantôt serpent – sont celles du dixième
avatar de Vishnu – KALKI – que nous identifions au Sceau des
prophètes à la fin des temps – ḤAMMAD.
Au
Sceau des prophètes plutôt qu'au Sceau de la sainteté universelle
– 'ISÂ – dont la parousie est celle du premier avatar – MATSYA
– dans le renouvellement des temps qui en fait un nouveau Calife à
la suite d’Adam semblable à DÂWÛD.
À
la suite d'Adam et sur les pas de
SETH pour reprendre une
expression du Sheykh al-Akbar qui évoque aussi une investiture
théorique pour les femmes aux plus hauts degrés de l'initiation
mais sans les fonctions initiatiques qui leurs correspondes.
Le
MAT chevauche BAYAR dans l'imaginaire apocalyptique comme le ROI
rocque avec sa TOUR sur le damier dans la courtoisie médiévale où
le CHEVAL est lui-même chevauché par les quatre fils AYMON ou par
le chevalier BAYAR en personne.
Et
nous pouvons en dire autant pour l'arcane du FOU qui chevauche ou qui
rocque avec celle de MONDE depuis sa position initiale qui est celle
du JUGEMENT telles qu'on les retrouvent aussi pour les trois
dernières devises de la Prophétie des papes de 1588.
Il
ne faut donc pas s'étonner si on retrouve sur l’arcane du MONDE
les quatre Puissances des Vivants d’Ézéchiel qui président au
récit apocalyptique qui les concerne avec la couronne du Laurier qui
est celle qu'on donne au vainqueur.
Le
chevalier BAYAR fait corps avec sa monture mais il faut s'interroger
sur le nombre de ceux qui la chevauche qui sont quatre dans la
filiation légendaire des fils AYMON et ne sont plus que deux dans la
représentation sigillaire de la milice du Temple.
Si
AYMON semble doté d'une généalogie solaire – celle d'Amon-Râ –
les deux cavaliers qui chevauchent pour la milice du Temple ont sans
doute la tonsure et l'épée pour attributs – celle du prêtre ou
du religieux et celle du chevalier.
Dans
la prophétie apocalyptique de Saint Jean, le cavalier de
l'Apocalypse multiplie ses montures qui prennent alors la couleur de
leurs fléaux ; mais la symbolique des nombres est toujours la
même pour peu qu'on y reconnaissent le même cavalier – cf. Ap 6,
1-8 :
1
Je
vis alors l'Agneau ouvrir le premier [ des sept ] sceaux
et
j'entendis le premier des [ quatre ] Vivants
dire
avec la voix du Tonnerre :
« Viens ! »
2
Je
regardai et je vis apparaître un cheval blanc.
Celui
qui le montait tenait un arc [ à la main ].
Une
couronne lui fut donnée
et
il partit en vainqueur pour remporter la Victoire.
3
Quand
[ l'Agneau ] ouvrit le deuxième [ des sept ] sceau,
j'entendis
le deuxième des [ quatre ] Vivant
dire
[ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
4
Et
un cheval rouge qui avait la couleur du feu apparut.
Celui
qui le montait reçut le pouvoir d'ôter la paix sur la Terre
afin
que les hommes s'entre-égorgent [ comme des bêtes sauvages ]
et
une grande épée lui fut donnée.
5
Quand
[ l'Agneau ] ouvrit le troisième [ des sept ] sceau,
j'entendis
le troisième des [ quatre ] Vivant
dire
[ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
[
6 a ]
Je regardai et je vis apparaître un cheval noir.
Celui
qui le montait tenait une balance à la main.
[
6 b ]
Et
j'entendis [ la ] voix [ du Tonnerre ] au
milieu des quatre Vivants qui disait :
« Une
mesure de blé pour un denier [ ou ] trois mesures d'orge [ ... ]
mais
ne touche pas à l'huile et au vin. »
7
Quand
[ l'Agneau ] ouvrit le quatrième [ des sept ] sceau,
j'entendis
le quatrième des [ quatre ] Vivant
dire
[ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
8
Je
regardai et je vis apparaître un cheval d'une couleur [ vert ] pâle.
Celui
qui le montait avait le nom de la Mort
et
le séjour des morts l'accompagnait.
Ils
reçurent un pouvoir sur le quart de
la terre
pour faire périr les hommes
par l'épée,
par la famine,
par la peste
et par les bêtes sauvages [ qui
peuplent ] la terre.
Certaines
coïncidences permettent de supposer in situ que le Cheval
blanc correspond avec le cheval BAYAR : les trois flèches d'une
potale de 1783, une chapelle monumentale dédiée à Saint Sébastien,
une autre plus modeste à Notre-Dame des Victoires...
Cette
monture chevauchée par nos quatre cavaliers apparaît comme une
métamorphose de la VOUIVRE inscrite dans le paysage mais ne
seraient-ils pas que trois pour peu qu'on les identifient au Christ
et aux deux larrons sur leurs croix ?
Il
ne pourrait s'agir alors que d'une perception dégradée par un
dualisme moral qui garde toute sa valeur mais qui dénature une image
originelle du Pôle et de ses deux Imâms parmi les quatre Piliers du
mondes qui sont comme les quatre Tours d'un damier.
C'est
bien sur le damier que nous plaçons les pièces de notre échiquier
à partir du nombre de la Totalité (10) qui inclut le tournoi dans
un espace plus restreint ; celui des joutes où le quatrième
Pilier garde un pouvoir supplétif par rapport au sommet de sa
hiérarchie.
Autrement
dit, le Pôle et ses deux Imâms avec les quatre Piliers apparaissent
sous le nombre de leurs Substituts (7) mais peuvent n'être que
quatre du point de vue de leurs suppléances respectives et jusque
quatorze compte-tenu de leurs Substituts.
Quand
les Substituts et leurs Piliers remplissent toute les fonctions
hiérarchiques – celles du Pôle et des deux Imâms – ils sont au
nombre de onze – ce qui est l'idéal du point de vue des
correspondances entre le microcosme (5) et le macrocosme (6).
Mais
toutes les possibilités entre onze et quatorze qui honorent la
spécificité du Pôle et de ses Imâms ont une fonction dans la
descente hypostatique de leur substance éternelle vers les réalités
perpétuelle et temporelle de leur contingence.
Nous
devons même considérer cette descente des correspondances idéales
dans leurs réalités contingentes comme une forme de perfection dont
on ne peut se détourner dès lors qu'elle se manifeste et qu'elle
apparaît sur le plan de sa manifestation.
Pour
les sept qui occupent alors les fonctions effectives de la hiérarchie
initiatique, elle se subdivise en deux comme c'est le cas pour le
trivium (3) et le quadrivium (4) des arts libéraux où
l'Arithmétique occupe le sommet avec le Soleil.
Ce
sommet doit alors apparaître comme un espace central par rapport
auquel s'effectue la montée et la descente des grades qui ne sont
plus que trois et où la Musique qui est la plus basse des quatre
assure une transition à la base avec le trivium initial.
Cette
transition est représentée d'un point de vue symbolique par la
planète Mars dont le maqâm diurne est occupé par DÂWÛD mais
aussi à titre secondaire par Haroun et Yaḥyâ
qui assistent Moïse et Jésus dans leurs maqâmat respectifs.
Pour
les métamorphoses du Cheval blanc et pour le nombre des cavaliers
qui le rendent reconnaissable, nous devons nous en tenir à ce qui le
caractérise à la fin du XIIIe siècle avec les quatre premiers
docteurs de l’Église latine.
C'est
le siècle de Lutgarde de Tongres (+ 1246) qui avec la manifestation
du Cœur de Jésus occupe par rapport au Christ un statut
hiérarchique qu'elle partage d'une certaine façon avec celui de
François d'Assise (+ 1226).
Son
accès à la fonctions suprêmes pousse Boniface VIII à la suite de
Célestin V dans une définition consubstantielle des premiers
doctorats : ceux d'Ambroise de
Milan (+ 397), de Jérôme de Stridon (+ 420), d'Augustin d'Hippone
(+ 430) et de Grégoire le Grand (+ 604).
Célestin
V est le pape qui renonce à sa charge en 1294 pour retourner à la
vie érémitique ; ce qui met son pontificat en relation avec la
renonciation épiscopale de Saint Boniface sur le siège de Lausanne
en 1239 et avec celle de
Benoît XVI en 2013.
Il
faut voir cet effacement édifiant des hautes charges cléricales
comme une conséquence du charisme exubérant de la fonction
initiatique qui les précède avant d'être suppléée par une
consolidation doctorale de tout l'édifice ecclésial.
Parmi
les premiers docteurs de l’Église latine – ceux qui le resteront
jusqu'en 1568 quand l’Église catholique s'ouvre à l'orthodoxie
orientale et à la scolastique – Grégoire-le-Grand occupe une
fonction semblable à celle du Christ qui est celle du Grand
Monarque.
Et
tandis qu'Augustin et Jérôme occupent par rapport au Souverain
Pontife une fonction secondaire, le premier des quatre semble investi
dès l'origine d'une fonction supplétive en rapport avec le
renouvellement cyclique de sa fonction supérieure.
Ce
que nous voyons dans cette mise en perspective, c'est que cette
hiérarchie initiatique qu'elle soit supplétive ou effective doit
toujours s'insérer entre deux Pôles – entre le premier témoin de
l'Apocalypse et le Sceau grégorien pour Ambroise.
Ce
que nous voyons également pour la deuxième cohorte, c'est que son
renouvellement cyclique s'inscrit dans la perspective pythagorique à
partir d'une institution pontificale qui domine la charge impériale.
Tandis
que la perspective eschatologique de la troisième cohorte les
transcende l'une et l'autre dès son origine de telle façon que
Grégoire-le-Grand scelle la triade pythagorique et prolonge celle du
Christ jusqu'à son terme ultime – celui de sa parousie.
Nous
reprenons l'étymologie supposée du
nom d'Ambroise, d'origine grecque et brodée par Jacques de
Voragine entre 1261 et 1266 que propose Patrick Boucheron :
« [
... ] ambrosius est l'ambre [ ambra ] de Dieu [
syos ] saveur délicieuse et parfum de la nourriture des
anges, de même qu'il est ambosia, la nourriture des anges, et
ambrosium, céleste rayon de miel [ d'où sa représentation
iconographique par la ruche ]. »
Cf.
Patrick Boucheron (2019) – La Trace et l'Aura. Vies posthumes
d'Ambroise de Milan – Une vie et rien d'autre – [ un seul bloc
mais trois inventeurs : Ambroise, Augustin et Paulin ]
« Avant
après Mars régner par bon heur »
C.
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