jeudi 16 janvier 2020

La biche et son faon

Pour la trente-troisième semaine sidérale :
  
Pour la Sainte-Égide – le bouclier de Zeus et la foudre comme représentation de la voûte de Saint Donat sur le Mont du val d'Or – il convient de revenir sur ce que le Sheykh abd ar-Razzâq Yaḥyâ appelle pour son étude « l'épisode de la biche » :
  
« La réunion synthétique en Saint Gilles des deux pouvoirs sacerdotal et royal est évoquée par l'épisode central de sa vie légendaire, qui fournit le thème unique de l'iconographie du saint, celui de la biche qu'il protège et de la blessure que lui inflige la flèche d'un chasseur. »
  
La flèche nous rappelle l'orage et comme on nous dit qu'elle l’allaite dans la solitude de son ermitage, c'est une biche. Mais la progéniture du Cerf, c'est un faon ; et d'un simple déplacement phonétique – [ F > P ] – c'est un paon.
  
Étrange similitude puisse que le paon gardait une pomme de pin au centre de la place Saint-Pierre – à Rome – jusqu'à la Renaissance et sa pomme – celle du paon – évoque une glande pinéale – ou un gland – qu'on situe au sommet du crâne.
  
Notre faon quant à lui, nous rappelle la fainéantise des mérovingiens qu'ils tenaient d'une descendance légendaire du roi Finn Mac Cumal régnant sur la Scandinavie et sur le trône du bon roi Dagobert au centre d'un cercle boréal qui pourrait bien être la roue du paon.
  
Toutes ces coïncidences ne nous permettent pas néanmoins d'identifier la biche avec le Christ – comme le propose le Sheykh – mais plutôt avec sa parèdre. Et c'est l'auxiliaire qui représente ici une autorité prophétique en rapport avec le Cerf.
  
Rappelons que Saint Gilles est aussi le benjamin des quatorze auxiliaires de la Vierge du Bon Secours qui préside à une sorte de plérôme théurgique qui en fait l'héritier d'un cénacle pythagoricien.
  
Comme parèdre, nous pensons à nos trois saintes – Jeanne, Bernadette et Thérèse – et avec Marie-Madeleine à une Mélusine légendaire donc les boucles blondes de la chevelure évoquent sous les champs de blé les méandres de la Meuse et du Rhin.
  
Plus proches de ces nébuleuses, on vénère en Meuse les reliques de Scholastique et au centre de la France, celles de son frère jumeau – Benoît de Nursie – dont la figure à Stenay se conforme avec celle de Grégoire-le-Grand à l'égal du Christ et de la Vierge.
  
À l'égal du Christ puisque l'hagiographe de Saint Benoît institue ses trois patriarcats grégoriens qui s'étendent sur la géographie romaine des trois patriarcats pétriniens institués par son semblable du point de vue de sa monarchie pontificale.
  
À l'égal de la Vierge puisque l'iconographie pontificale de Stenay représente ce monarque souverain en assomption dans une posture de la dormition qui n'appartient qu'à la Suzeraine de France et de Navarre.
  
Marie-Madeleine – en qui le pape Grégoire fédère l’image de la femme pécheresse qui a aimé le Christ à Béthanie et celle de l'Apôtre des apôtres que jalouse la carmélite de Lisieux – entre dans ce jeu avec des appâts qui sont ceux du Velay et du Roussillon.
  
Car la parèdre du Christ sous les boucles rousses de notre pécheresse repentie – on lui aura beaucoup pardonné sous les rives du Verdouble et de l'Agly – c'est la Dame de Lourdes et de Bigorre sur le Mont Anis.
  
C'est du moins ce que nous tenions sous silence d'une confrérie de Bruxelles qui faisait monter sa compagnie depuis Saint-Gilles où l'on trouve – en effet – le zodiaque et ses constellations jusqu'au Mont où l'on prie la Vierge Marie.
  
Est-ce la Vierge Marie qu'on y prie sous l'étoile Absinthe ou sur de plus hautes Tours, la déesse Artémis qui est la sœur jumelle du nouvel Apollon ? Et l'Ange sous son cordage, son fanal, est-ce qu'il mène à la Mer ?
  
« Je suis noire [ me dit-elle ] et pourtant, je suis belle... » – cf. Ct 1, 5
  
  
  
  

lundi 13 janvier 2020

Le Trismégiste

Pour la trente-deuxième semaine sidérale :
  
En relisant l'étude que le Sheykh abd al-Razzâq Yaḥyâ consacre au bouddhisme et au christianisme dans l’œuvre de René Guénon, il nous apparaît qu'on ne peut pas considérer le bouddhisme comme une forme de l'hindouisme.
  
Que ce soit sous la forme d'une adaptation cyclique ou comme une dégradation générale de la tradition primordiale à l'approche du kali yuga, le bouddhisme apparaît comme une expression orientale de la tradition hermétique.
  
C'est la raison pour laquelle, Guénon n'a jamais pu l'intégrer comme telle en partant du Vedanta et pour laquelle il a fini par l'aborder en la comparant avec le christianisme comme le fait remarquer le Sheykh abd al-Razzâq.
  
Certes, le plérôme des dix avatars de Vishnu permet le cas échéant d'intégrer le Bouddha, le Sceau des prophètes et le Christ de la Parousie à la suite de Sri Krishna en vue d'un renouvellement du manvantara dans la trame du kalpa.
  
Mais c'est aux avatars du Trismégiste qu'il faut comparer le Bouddha ; que ce soit sous la forme originelle de ses divinités – Thot / Hermes / Mercure – ou du point de vue des sagesses prophétiques – Thot / Hénoch / Idrîs.
  
Ou encore sous la forme de ses manifestations successives dont Esculape, le Bouddha ou Quetzalcóatl sont les représentations les plus évidentes pour les deux continents – en Occident comme à l'Orient.
  
C'est à ses triades que nous devons probablement celles du kali yuga – pythagoricienne / chrétienne / akbarienne / amadienne / orientale – où nous retrouvons deux témoins – le Messie et le Sceau des prophètes – parmi les onze sceaux qui les accompagnent.
  
Rappelons que ces deux témoins sont ceux de l'Apocalypse Saint-Jean et que les cinq triades du kali yuga ont ce nombre de sceaux parce que quatre d'entre-eux – Grégoire le Grand / Jésus / Muḥammad / le Sheykh al-Akbar – occupent deux d'entre-elles.
  
Nous avons fragmenté le prisme de leur figure originelle pour chacune des quatre parties du Sous Continent – Pythagore / Zoroastre / Bouddha / Lao-Tseu – mais nous ne l'avons pas établie en dehors de sa première triade – celle de Pythagore.
  
Ces fragments de la figure originelle du kali yuga appartiennent en effet au dvapara yuga où le Bouddha apparaît comme le dernier de ses deux avatars – avec Sri Krishna – dans le plérôme des dix avatars de Vishnu.
  
Ce que nous avons théorisé pour la triade orientale a prit l'apparence du bouddhisme mahâyâna et garde à bien des égards la forme originelle de cette fragmentation ; mais il serait tout fait injuste de ne pas y retrouver les gemmes du mazdéisme et du taoïsme.
  
Il est sans doute impossible de déterminer les manifestations successives du Trismégiste dans son foisonnement originelle et Guénon ne se trompe pas quand il sollicite la figure du Christ pour y retrouver celle du Bouddha.
  
Nous y avons vu des dioscrures – celles de Rimbaud [ et ] Baudelaire pour l'homme aux semelles de vent – là où le Sheykh al-Akbar voit venir vers lui les poètes comme la lumière d'un Soleil qui peut être celle d'Hermès ou celui du Christ.
  
Et d'autres – comme la Pucelle de Domrémy dont les prérogatives ont été mentionnées par Michel Valsan – ce sont saisis d'un bâton pour en faire leur sceptre et leur caducée en admonestant l'impie pour administrer la Justice.
  
Le Sheykh abd al-Razzâq cite à la fin de son étude sur le bouddhisme et le christianisme une note de René Guénon qui résume de notre point de vue tout ce qui précède :
  
« Peut-être faut-il voir là l'origine de la méprise que commettent certains en considérant Buddha comme le neuvième avatâra de Vishnu ; il s'agirait en réalité d'une manifestation en rapport avec le principe désigné comme le Budha planétaire [ Mercure ] ; [ ... ]
  
« [ ... ] en ce cas, le Christ solaire [ le Soleil de Justice ] serait proprement le Christ glorieux, c'est-à-dire le dixième avatâra [ Sri Kalkî ], celui qui doit venir à la fin du cycle. »
  
Curieusement, le Sheykh abd al-Wâḥid omet le Sceau des prophètes dans son plérôme et sa considération désigne pour le Sheykh abd al-Razzâq le Christ historique qu'ils mettent à la place du Bouddha Shakyamuni.
  
Cette omission et cette substitution ne peuvent s'expliquer que par la loyauté de René Guénon à l'égard du Védanta dans un contexte inédit dont Charles-André Gilis fait état dans son opuscule sur la Maison du Prophète :
  
« La pierre d'achoppement est, comme toujours, la multiplicité et la coexistence actuelle des diverses religions et formes traditionnelles, qui est sans précédent. »
  
Pour nous, le Christ historique n'a pas sa place dans la triade orientale et le Sceau des prophètes qui se trouve au centre de la triade akbarienne et à l'origine de la triade amadienne apparaît « à la fin du cycle ».
  
Le Christ historique est à l'origine de la triade chrétienne et de la triade akbarienne ; mais le Soleil de Justice n'est pas le dernier avatar de Vishnu. C'est le retour du premier au début du manvantara – le Mat de Sri Matsya.
  
Le bodhisattva Maitreya qui caractérise le perpétuel devenir du Bouddha, ne correspond pas non plus au « Bouddha du cycle futur » qui désigne le bouddha Amithaba dans la Lumière infinie de Vajradhara – son Esprit / Rûh min Huwa.
  
« L'hermétisme est une tradition d'origine égyptienne, revêtue d'une forme grecque,
et qui fut transmise au monde chrétien par l'intermédiaire des Arabes. »
  
Denys Roman cité par Charles-André Gilis
  
  
  
  

dimanche 12 janvier 2020

La Sainte-Face de l'Enfant Jésus

Pour la trente-et-unième semaine sidérale :
  
« [ ... ] les deux verrous et les deux serrures se referment sur ce Carmel [ à Lisieux ] dont M. Delatroëtte [ son supérieur ecclésiastique ] a dit par ailleurs que si on savait ce qui s'y passe, on le brûlerait [ Mère Marie de Gonzague était très contestée ]. »
  
« [ ... ] nombre d'auteurs ont voulu présenter la vraie Thérèse, mais en contraste violent avec le milieu dont elle était la gloire : son couvent, bon à brûler selon Lucie Delarue-Mardrus et Maxence van der Meersch ; sa famille et son époque toute entière [ ... ] »
  
« [ ... ] Jeanne est la sainte que Thérèse a le plus étudiée, sur laquelle elle a le plus écrit, qu'elle a le plus aimée depuis l'enfance [ mais aussi ] celle à qui est s'est le plus explicitement assimilée [ ... ]. »
  
« [ Cette ] identification révèle l'âme conquérante et guerrière de Thérèse, un côté violent qui lui est d'ailleurs commun avec Bernadette de Lourdes. »
  
« Plus profondément, elle s'identifie avec sa sœur d'armes au niveau d'une mission venue de Dieu : – Je dis comme Jeanne d'Arc :
  
«  La volonté de Dieu s'accomplira malgré la jalousie des hommes »
  
Thérèse – le 27 juillet 1897
  
« C'est en cela [ Thérèse réalise l'immensité de ses aspirations dans les plus minimes circonstances particulières ] qu'elle est la sœur de Bernadette Soubirous, malgré leurs différences de milieu, de tempérament, de culture. »
  
« Je me suis constituée, quoiqu'indigne, petite zouave de Votre Sainteté,
mes armes sont la prière et le sacrifice que je garderai jusqu'au dernier soupir. »
  
Bernadette à Pie IX en 1876
  
« Je sens en mon âme le courage d'un croisé,
d'un zouave pontifical. »
  
Thérèse en 1896
  
« L'arme du sacrifice tombera,
mais celle de la prière me suivra au ciel
où elle sera bien plus puissante que sur cette terre d'exil. »
  
Bernadette à Pie IX en 1876
  
« Comme Etiemble a dénoncé [ en vain ] les mythes de Rimbaud [ Laurentin voudrait ] faire la genèse et le démontage des mythes de Thérèse : [ ... ]
  
« [ ... ] la petite, la pure, la sainte, la souriante, la séductrice aux appâts célestes, la fleur aux pétales embaumés, la bienfaitrice, ou au contraire : l'impétueuse, la contestataire, la persécutée, la jeune morte... »
  
« Paul-André Lesort suggère l'analogie entre l'aventure spirituelle de Thérèse et celle du poète Arthur Rimbaud. [ ... ] Guy Gaucher relève [ aussi ] cette analogie entre leurs propos :
  
[ ... ]
« Le combat spirituel est [ aussi brutal ] que la bataille d'homme
[ mais la vison de la justice est le plaisir de Dieu seul. ] »
  
Arthur – L’adieu d'une saison en enfer en 1873
  
« Je n'ai nullement peur des derniers combats »
  
Thérèse – le 27 mai 1897
  
« [ Le 3 mai 1944 ] Pie XII nomme [ Sainte ] Thérèse [ de l'Enfant Jésus ] patronne secondaire de la France à l'égal de Sainte Jeanne d'Arc. »
  
Cf. René Laurentin (1972) – Thérèse de Lisieux – Mythes et réalité de Thérèse [ avec ses parallèles et ses paradoxes ] [ et ] pour nous aujourd'hui – Petitesse [ et ] Grandeur [ ! ] – Bernadette et Thérèse
  
« Notre Seigneur a été traité comme un pot cassé. »
  
Bernadette – Logia 480
  
  
  

samedi 11 janvier 2020

Une géopolitique de la Grâce

Pour la trentième semaine sidérale :
  
Puisque chacun y va de sa Jeanne – celle de Beaune serait féministe [ elle portait un habit d'homme ] celle de Caratini, anticléricale [ les Anglais n'auraient pas souhaité sa mort ] – nous nous voyons tenu de défendre la nôtre.
  
Jeanne avait deux raisons d'abjurer le 24 mai 1431. Elle ne voulait pas mourir parce qu'elle aimait la vie et elle n'entendait pas outrepasser les devoir de sa religion dont elle attendait le secours dans ce monde comme dans l'autre.
  
Les Anglais voulait la voir périr sous leur main séculière mais les clercs de l'université de Paris se sont interposés pour la juger sous leur juridiction en lui tendant une rémission dont elle n'a pas manqué de se saisir.
  
Bien qu'il serait vain de vouloir réécrire l'histoire, la réalisation de son dessein politique et sa réhabilitation posthume vingt-cinq ans plus tard ne permettraient pas de douter de l'issue favorable aménagée par une telle possibilité.
  
Les voix de Jeanne comme les visions de Bernadette ou comme les torrents de lumière de Thérèse transcendent le cadre habituel des règles morales où chacune a cherché à les intégrer alors que leur féerie inquiétait l'inquisition des censeurs.
  
Mais à Rouen l'inquisiteur n'était pas libre dans ses conclusions comme on l'a démontré et comme on l'a jugé en 1556 pour peu que la condamnation de Jeanne comme relapse et sa monté au bûcher s’interprètent comme un guet-apens.
  
C'est donc bien les Anglais qui brûlèrent la bonne Lorraine comme les Juifs condamnèrent à Jérusalem le Galiléen et ce pour autant que leur Cour ou leur Sanhédrin nous les représente quand les Armagnacs et les Romains s'en lavaient les mains.
  
Il fallait bien l’écrire puisque Roger Caratini (+ 2009) soutient le contraire en 1999 avec un parallèle qui laisse pantois quand il invoque l'innocence de Dreyfus pour comparer les Prussiens aux Anglais.
  
Jeanne n'aurait pas aimé qu'on n'aima point les Anglais en Angleterre ou qu'on confonde les Allemands avec les régimes qui ont sorti le Reich de ses frontières pour peu qu'elle ait conçue que la Lorraine puisse être française.
  
Rappelons que la Lorraine et le Namurois à bien des égards sont au Luxembourg – au Duché et à sa Province. Et par ailleurs, si Dreyfus était Juif en est-il pour autant coupable ou innocent ?
  
Colette Beaune qui démystifie en 2008 tout ce qu'il faut démystifier chez les mythographes, n'a pas cru devoir s'en prendre à la Triple donation du royaume de France qui institue le Christ Roi comme le Seigneur de sa Souveraine – Notre-Dame d'Anis.
  
C'est là le sens de son dessein et s'il a fallut trente-trois ans pour régler les affaires de France à Saint-Omer en 1463, il se peut qu'il n'en faille plus bientôt d'avantage pour régler celle de tout l'Univers.
  
Dieu Sauveur – Mâliki Yawm ad-Dîn – est le Prompt Secours de tous les croyants !
  
  
  
  

mercredi 1 janvier 2020

Trois objets magiques

Pour la vingt-neuvième semaine sidérale :
  
« L'arbre, un hêtre énorme, est situé en lisière du Bois Chenu, sur le coteau qui domine la route vers Neufchâteau. À ses pieds, une fontaine.
  
« C'est là, dit-on, que s'est jouée autrefois la fortune des seigneurs du village. Pierre de Bourlémont l'Ancien y rencontra une fée qu'il épousa. Elle lui donna richesse et nombreuse descendance.
  
« Mais il transgressa l'interdit qu'elle lui avait fixé : ne pas la voir le lundi. Pourquoi le lundi ? Notre fée était peut-être bien une morte, puisqu'on priait le lundi pour les trépassés [ ou, au contraire, ne voulait-elle pas mourir ].
  
« La fée disparut alors, en laissant à ses filles trois objets magiques – dont un anneau. Depuis, l'arbre est appelé Arbre aux fées ou Arbre aux dames puisqu'elles y vivent. On peut les y voir parfois et leur adresser des demandes.
  
« Chaque année, une grande fête y rassemble tant les filles du village que les épouses et filles des seigneurs, le dimanche de Laetere (premier dimanche après la mi-Carême), qui est le dimanche des Fontaines.
  
« C'est une fête chrétienne – l’Évangile du jour est celui de la multiplication des pains – et une fête agraire qui vise à protéger et multiplier les récoltes.
  
« On y fait des guirlandes de fleurs pour les pendre à l'arbre, on y mange ensemble et les jeunes dansent en rond autour. C'est un rite de fertilité, attesté dans tout le Nord-Est de la France. »
  
[ ... ] [ l'Arbre aux fées ]
  
« [ Jean Morel ] [ son parrain ] signale aussi que Jeanne allait, plus souvent qu'à son tour, à l'insu de ses parents, à l'ermitage de Bermont. Mais elle ne rencontre, ni sous l'Arbre ni [ sur le Mont ] aucune dame noble réelle [ sic ]. »
  
[ ... ] [ l'Arbre aux fées ]
  
« [ ... ] Ses parents lui avait donné un anneau doré où étaient gravés trois croix et les mots Jésus-Marie [ ou s'agit-il des trois anneaux d'argent ]. Elle le portait à l'index gauche quand elle fut prise à Compiègne [ en 1430 ].
  
« Elle le regardait souvent, surtout quand elle était seule ou allait à quelque fait de guerre. S'agit-il seulement d'un talisman destiné à protéger dans des circonstances difficiles, comme on porte une croix au cou ?
  
« Ou bien, comme le pensèrent les juges, d'un anneau à démon familier, comme ceux que porteraient, un peu plus tard, les saintes vivantes des petites cours italiennes [ il s'agit d'enfermer les esprits dans un cercle qui devait durer un certain nombre d'années ].
  
« Depuis le début du XIVe siècle, on croyait en effet qu'on peut enfermer un démon dans une bague, l'avoir toujours sous la main en somme !
  
« Il était conseillé de choisir un démon multifonction qui prédit l'avenir, aide à sortir de prison, amène des renforts inattendus, vous donne la faveur du roi ou de la Cour ou remporte la victoire.
  
« Le pape Boniface VIII [ 1294-1303 ] avait été le premier à en être accusé, ils s'étaient ensuite multipliés dans tous les procès politiques du XIVe siècle.
  
« La pratique avait évidemment été interdite à plusieurs reprise, tant par la papauté que par l'université de Paris. Pourtant, cet anneau ne déboucha pas sur une accusation que les juges puissent prouver.
  
« C'étaient les Bourguignons qui l'avaient et les juges ne savaient pas trop à quoi il ressemblait. Pouvait-il fonctionner sans son légitime propriétaire ? Ce n'était pas sûr. »
  
[ ... ] [ La magicienne ]
  
« Il est possible aussi que quelques franciscains de Neufchâteau – où les Bourlémonts, seigneurs du village, ont leurs tombeaux – aient été parfois accueillis dans la maison familiale [ de Domrémy ] lors de leurs tournées de prêche.
  
« En tout cas, l'anneau que les parents de Jeanne lui offrirent, peut-être pour ses douze ans – la majorité selon le droit canonique – porte une devise franciscaine – Jésus-Marie. »
  
[ ... ] [ Pauvre ou riche ]
  
« Jeanne, elle-même, est pénétrée de spiritualité franciscaine. Dans sa jeunesse, elle s'est confessée aux franciscains de Neufchâteau. Elle utilise les noms conjoints de Jésus-Marie au début de ses lettres, elle en marque son étendard.
  
« Et c'est encore le nom qui figure sur l'anneau que lui ont donné ses parents et qui sert, selon les juges, à faire des enchantements. »
  
[ ... ] [ L’internationale franciscaine... ]
  
« L’étendard de Jeanne pouvait faire l'objet de rumeur du même genre. Les juges le soupçonnaient d'avoir porté une image astrologique – c'était en fait un Christ des derniers temps entouré de deux anges – accompagnée de caractères – en fait Jésus-Marie.
  
« Tout cela passait pour idolâtre et œuvre du démon. Et l'usage que Jeanne en avait fait n'était pas meilleur. Elle avait paradé avec lui au sacre.
  
« Et, pis, elle aurait fait tourner l'extrémité du drapeau autour de la tête du roi pour lui porter chance ou rendre heureux son règne futur.
  
« Curieux, nos juges voulurent encore savoir si l'étendard fonctionnait toujours, porté par un simple page. Et si Jeanne portait une autre bannière – il visaient celle du roi Charles évidemment – lui transmettait-elle en la touchant les mêmes pouvoirs magiques ?.
  
« Jeanne répondit qu'elle aimait dix fois mieux sa bannière que son épée ; à Reims, il était normal que le drapeau, ayant été longtemps à la peine, soit à l'honneur.
  
« Mais ses descriptions de l'objet – dont elle affirmé dans d'autres circonstances l'origine céleste – restèrent floues et elle dit ne pas en connaître le sens. De toute façon, l'étendard était aux mains du duc de Bourgogne et les juges ne le virent pas. »
  
[ ... ] [ La magicienne ]
  
« Même devenue chef de guerre, Jeanne reste prioritairement aux yeux des siens une prophétesse.
  
« Les armes qu'elle porte lui viennent de Dieu, qu'il s'agisse de l'épée miraculeuse de Fierbois [ celle de Charles Martel ] ou de l'étendard dont sainte Catherine et sainte Marguerite ont dicté la forme.
  
« Ce drapeau protège ceux qui l'entourent et assure la victoire. Jeanne sait comment et où attaquer. Nulle défaite n'est possible avec elle. Les Armagnacs l'ont cru. »
  
[ ... ] [ Un cas à part ]
  
« [ Les juges ] ne vont pourtant pas poursuivre [ leur procès en sorcellerie ]. Sont-ils si sûr que les vieilles volent à califourchon sur des animaux noirs ou sur les esprits du vent ou, plus tard, montées sur des balais – cela après 1435 – pour se rendre au sabbat ?
  
le bâton de Jeanne [ ou celui d'Esculape ] ne put donc être utilisé en ce sens –
  
« En 1440, le Champion des Dames propose en effet une controverse d'actualité : oui ou non les sorcières volent-elles ?
  
« Deux allégories s'affrontent. C'est à Lourd Entendement – l'idiot – qu'il confie la thèse du oui et à Franc Vouloir – le cerveau bien formé – qu'il confie celle du non. »
  
[ ... ] [ La sorcellerie en question ]
  
Cf. Colette Beaune (2008) – Jeanne d'Arc, vérités et légendesUne pauvre bergère ? / Mandatée par Dieu ?Manipulation ou complot ? / Putain ou sorcière ?
  
l'Anneau d'Or
600
Jhésus
Maria
120
120
120
360
les trois anneaux d'argent