vendredi 30 avril 2021

La profanation du Nom ineffable

Pour le douzième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« En ce qui concerne les Juifs, Sabbataï Zevi, le fils d'un marchand de volailles de Smyrne qui servait d'argent aux négociants anglais, commença en 1648 à avoir des visions sacrilèges 

« [ ... ] et [ il ] commit un samedi, à la synagogue, la suprême transgression en y proclamant à haute voix le Nom ineffable de Dieu.

« Aussitôt excommunié, il n'en déclara pas moins être le Messie, et ne tarda pas à trouver des zélateurs, d'autant qu'il avait le physique de l'emploi, la stature et les manières onctueuses, ainsi qu'une éloquence entraînante.

« Sa prédication subjuguait surtout des marranes [ des nouveaux chrétiens que Poliakov qualifie d'hérétiques ] à la foi mal assurée, dont certains étaient fort riches, et au fil des années sa renommée s'étendit à toute l'Europe.

[ « Newton [ ... ] renvoyait [ la date de la fin du monde ] à 2036 [ que John Napier, l'inventeur des logarithmes, fixait à l'an 1688. ] » ]

« Il est caractéristique que, dans les pays protestants, ce n'est pas de Sabbataï le messie qu'il fut d'abord question, mais de la résurgence des dix tribus [ perdues ] qui , sous la conduite d'un prophète, s'apprêtaient à conquérir Jérusalem.

[ « [ ... ] il ne venait à l'esprit de personne, à l'exception des Samaritains eux-mêmes, que ceux-ci pouvaient prétendre à une ascendance glorieuse, ce qui en dit long sur l'indifférence des docteurs de l’Église et l'hostilité des rabbin à leur égard. » ]

« Les Juifs, eux, s'exaltaient pour leur messie, au point qu'en Europe occidentale nombre de familles riches liquidèrent, au début des années 1660, leurs affaires et avaient déjà fait leurs bagages pour partir en Orient dès son royal avènement, [ ... ]

« [ ... ] tandis qu'à la bourse de Londres on le donnait en 1665, à dix contre un, roi de Jérusalem dans les deux années à venir.

« Effectivement, il frétait au début de 1666 un bateau, pour aller à Constantinople et s'y faire céder par le sultan Ibrahim son trône. »

« Mais le dénouement fut instantané : Ibrahim enjoignit à Sabbataï Zevi de se convertir à l'islam, sous peine d'être brûlé vif, et il fut obéi.

« Peu après, le faux messie adressait à ses fidèles ce message : « Dieu m'a fait musulman ; Il l'a ordonné, et cela s'est fait, le neuvième jour de ma nouvelle naissance » – c'est-à-dire de son reniement.

« Une minorité de ses zélateurs continuèrent à le prendre au sérieux, ce dont il résulta un foisonnement de sectes extravagantes, pratiquant le « sabbatéisme » en secret.

« Mais la majorité, dégrisée, en vint peu à peu à délaisser la foi ancestrale, du moins pour une partie, prenant ainsi le chemin d'une laïcisation qui allait transformer au XIXe [ et au ] XXe siècles la postérité des Juifs talmudiques en révolutionnaires ardents. »

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – À la recherche des dix tribus perdues (1991)

Poliakov identifie le reliquat des tribus perdues aux Samaritains

« [ et ] au IXe siècle un voyageur [ israélite ] qui se faisait appeler Eldad le Danite assurait avoir approché, en Éthiopie, le Sambatyon [ une rivière légendaire ] derrière lequel vivaient les tribus de Dan, d'Aser, de Nephtali et de Gad. »

Mais la conversions au judaïsme des « Falachas » daterait du début de l'ère chrétienne.

   

    

jeudi 29 avril 2021

L'eau vive de Samarie

Pour le onzième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Il nous faut maintenant préciser comment se présente pratiquement le texte hébreu de la Bible, et, pour ce faire, donner une idée des langues qui sont en cause.

« L'hébreu est une langue sémitique, et, en tant que telle, elle est dotée d'un alphabet qui ne note que les consonnes.

« L'alphabet originel de l'hébreu, et donc du texte biblique, est pratiquement le même que l'alphabet phénicien, mais le texte hébreu [ des juifs ] ne nous est pas parvenu sous cette forme [ idéographique ].

[ « On sait que les Phéniciens sont traditionnellement crédités de l'invention de l'alphabet.

« L'archéologie semble avoir confirmé que ce sont des Sémites [ ... ] qui ont inventé l'alphabet en simplifiant les systèmes d'écriture fort complexes [ ... ] qui existait déjà, tels le système hiéroglyphique égyptien et le système cunéiforme akkadien. » ]

« À une époque que l'on ne peut définir autrement qu'après l'exil à Babylone, cette écriture, que nous appelons [ ... ] « paléo-hébraïque », est abandonnée au profit d'un alphabet araméen.

« Cet alphabet, qu'une partie de la tradition juive, reprise par saint Jérôme, attribue au scribe Esdras, est appelé « hébreu carré » [ mais ] dans le Talmud, certain rabbins parlent d'écriture « assyrienne ».

« Les raisons de cette translittération ne nous ont pas été transmises. [ Mais encore faut-il que le texte ait une source pour qu'on le translittère. ]

« On a pu penser qu'elles ont été purement pratiques : sans être véritablement cursives, les lettres carrées seraient plus faciles à tracer, ou plus élégantes ; [ ... ]

« [ ... ] ou bien, ce changement d'alphabet aurait été causé par l'influence grandissante de la langue araméenne, voire par un désir d'ouverture vers le monde païen.

« Voici comment est exprimée, dans le Talmud [ ... ] la conscience que les Juifs avaient de leur propre écriture : [ ... ]

« [ ... ] Israël a choisi l'écriture assyrienne [ ... ] et la langue sacrée, et a laissé aux [ idiots ] l'écriture hébraïque et [ l'idiome de ] la langue araméenne [ aux Samaritains ] [ que la dénomination rabbinique qualifie de « Couthéens ». ]

« Ce texte [ de « Sanhédrin » traduit par Hadas-Lebel en 1986 dans son « Histoire de la langue hébraïque » ] ne cache pas [ ... ] que le texte hébreu de la Bible juive est écrit en lettres araméennes, [ ... ]

« [ ... ] et que les Samaritains ont écrit au contraire leur araméen [ ... ] en lettres hébraïques.

« Ce qui est tout à fait exact, à cette nuance près que les Samaritains ont aussi un texte hébreu, précisément celui de la Bible...

« Par ailleurs, on peut voir que les rabbins ne nous disent pas pourquoi [ ils ont fait ce choix ] et [ pourquoi ] les Samaritains [ qui ne l'on pas fait ] [ ont été conforté ] dans l'idée qu'ils étaient des « Gardiens » [ ... ] selon l'étymologie de leur nom. »

Cf. Gilles Firmin – À propos du Pentateuque samaritain [ dans ] les Samaritains de Léon Poliakov (1991)

« C’est ainsi qu’Israël a été exilé loin de son pays,
[ d'Asir ]
en Assyrie,
où il est resté jusqu'à aujourd'hui. »

II Rois XVII 23

« Esar-Haddon – le roi d'Assyrie – nous a fait monter ici. »
[ en Samarie ]

§

« Nous devons construire une Maison pour le Dieu d'Israël
[ le Temple de Zorobabel à Jérusalem ]
comme nous l'a ordonné Cyrus – le roi de Perse. »

Esdras IV 2 et 3

   

    

mardi 27 avril 2021

En attendant Théodore

Pour le dixième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Les croyances des Bêta Israël relative au Messie et au Jugement dernier sont embrouillées et contradictoires.

« Ils partagent avec les Chrétiens éthiopiens la foi en un Messie nommé Têwodros dont le règne ouvrira une ère nouvelle.

« Le missionnaire Antoine d'Abbadie a, au siècle dernier [ le XIXe ], recueilli de la bouche d'un moine Bêta Israël la déclaration suivante :

« Te'odros [ Théodore ] qui est notre messie, doit être [ un ] fils de David, et naître dans le pays nommé Azaf près de l'Euphrate, à une journée et demie de Jérusalem...

[ Jude Thomas – le didyme de Jésus – ou Thaddée d'Édesse – Addaï – que nous identifions au Josaphat que l’hagiographie orientale confond avec celle du Bouddha est connu au Cachemire sous le nom de « Yuz Asaf ».

À une journée et demi de Jérusalem – dans une proximité très relative avec l'Euphrate – ça peut être la Galilée pour une réminiscence de la vie du Christ et dans l'attente primitive de sa résurrection. Il nous précède « en Galilée » selon Marc 16, 7 ]

« Nous attendons [ Théodore ] : combien d'année reste-t-il jusqu'à sa venue ? Il y a cinquante-trois années au mois de ginbot que la pluie de cendre est tombée. Selon nous [ Théodore ] viendra dans [ une trentaine ] d'années [ ... ].

« Cette croyance semble tirer ses racines du règne de l'empereur chrétien Téwodros II (1855-1868) et est fondée sur le livre apocryphe intitulé « Fekkârê Iyâsus » – [ les ] Enseignements de Jésus [ qui démontrent alors qu'ils sont aussi des chrétiens. ]

« Les espoirs messianiques associés au règne de l'empereur Téwodros II semble avoir été une des raisons majeures qui poussèrent un groupe important de Bêta Israël à tenter, sous son règne, [ en 1862 ] de rallier la Terre sainte [ ... ]. »

[ Dans ce cas puisse que le séjour d'Abbadie en Éthiopie date des années 1838-1849 et si son interlocuteur attend Théodore depuis cinquante-trois ans, cette échéance messianique date de la fin du XVIIIe siècle et pas du règne de Téwodros II.

Il ne s'agit pas non plus d'un adventisme oriental comme celui du bayânisme iranien que les Bêta Israël auraient reçu d'un judaïsme « mondial » ou « universel » pour reprendre les catégories sionistes de Kaplan et dont l'échéance prophétique date de 1844. ]

« Curieusement, [ Théodore ] n'est pas une figure saillante dans la vision des derniers jours qu'offrent diverses prières et œuvres littéraires des Bêta Israël.

« Dans ces textes, c'est le prophète Élie et l'archange Michel qui occupent les premiers rôles – précurseurs, combattants et souffleurs de la trompette annonciatrice du jugement final.

[ L'archange Michel prend ici la place de Seth et d'Hénoch auprès d’Élie. On se souvient que Seth accomplit à la fin des temps un séjour paradisiaque pendant quarante ans dans la légende médiévale et chevaleresque du Graal.

Or, des chérubins défendent l'entrée du jardin d’Éden à l'Est avec une épée flamboyante depuis le départ d'Adam pour garder le chemin vers l'Arbre de vie – cf Gn III 24. C'est la vision de l'Arche qui garde les Tables de la Loi et celle de l'Archange qui les défend.

Quant à Hénoch, c'est par son ascendance – celle de Seth et celle d'Adam – que la prophétie primitive nous fut transmise dans la littérature apocryphe avec la promesse d'un retour de l'Intact des éons du Graal vers le séjour paradisiaque. ]

« Ainsi, dans une prière, on trouve cette description : « Lorsque les périodes du monde seront achevées il y aura des troubles dans chaque pays : faim, soif et peste. [ C'est le prélude des plaies sur l’Égypte. ]

« Les hommes sages et les hommes avisés mourront, il n'y aura plus de jeûne, le premier jour du mois [ la néoménie ] et les jours de fêtes ne seront plus déterminés par calcul.

« Alors Élie viendra et il restaurera toute chose. Il prêchera pendant 53 ans [ un certain temps ] et les cieux et la terre seront consumés ; le soleil, la lune et les étoiles tomberont du ciel et Dieu descendra avec tous ses anges et dira à [ Saint ] Michel [ Archange ] :

« Lève-toi et souffle dans la trompette sur le mont Sinaï, sur la montagne de Sion, la ville Sainte. » [ C'est la citée céleste qui s'oppose à la dernière Babylone. ]

« Les anges l'entourent de louanges ; il est leur chef et l'ange qui marche en tête ; Michel est son nom, son œil est celui d'une colombe, sa robe est faite d'éclairs, lui seul est leur guide. [ Il voit avec l'Esprit Saint ]

« Alors, les morts seront ressuscités en un clin d’œil, par un mot de [ Saint ] Michel [ Archange ]. » [ C'est la vision du Jugement. ]

Cf. Les Falâshâs [ de ] Steven Kaplan [ dans la collection des ] Fils d'Abraham (1990) – Doctrine – Le messianisme [ et ] le jugement dernier

« Moi, je suis intact, et ça m'est égal. »
   

    

lundi 26 avril 2021

La Maison d'Israël

Pour le neuvième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« L'argumentation [ des chercheurs qui considèrent les Bêta Israël comme les propagateurs des traditions juives en Éthiopie et qui estime que ces traditions sont née en Égypte ] repose sur les parallèles [ ... ]

« [ ... ] que l'on a pu déceler dans les pratiques religieuses des Israélites d’Égypte [ que Kaplan qualifie de Juifs ] et des Bêta Israël.

« Itzhak Ben Zvi, Ignazio Guidi et, plus récemment, David Kessler ont cherché à établir un lien entre les Bêta Israël et la garnison militaire [ israélite ] postée à Éléphantine, près de de l'actuelle Assouan.

« Vers la fin de la période du premier Temple [ avec les déportations assyriennes ] ces mercenaires [ israélites ] construisirent leur propre temple [ le second des quatre ] et y offrirent des sacrifices.

Les quatre Temples d'Adonaï

Âl Sharîm
en Asir

Éléphantine
près d'Assouan

Jérusalem
en Idumée

Léontopolis
à Tell el-Yahoudiyeh

« Si on néglige l'épineuse question de la méthode exacte à adopter pour établir un lien historique entre un groupe mal connu et disparu bien avant l'ère chrétienne [ ... ]

« [ ... ] et une communauté dont la vie religieuse n'est clairement documentée qu'à partie du milieu du dix-neuvième siècle [ l'exploration de James Bruce date de 1769 ], [ ... ]

« [ ... ] il faut admettre que certaines particularités de la religion [ des ] Bêta Israël pourrait être expliquées par un lien avec Éléphantine.

« Ainsi, les textes araméens découverts à Éléphantine montrent que cette colonie pourrait avoir été la source des termes araméens empruntés par le ge'ez.

« En outre, il est possible d'établir un rapprochement entre la survivance du culte sacrificiel chez les Bêta Israël et le fait que la garnison d’Éléphantine était apparemment une des seules communautés [ israélite ] à procéder à des sacrifices [ ... ]

« [ ... ] en dehors du Temple [ que Kaplan situe à Jérusalem mais il s'agit d'une comparaison des pratiques rituelles d'Eléphantine avec celle d'Âl Sharîm. ]

« Si des [ Israélites ] ont bien émigré en remontant le Nil d’Éléphantine à l’Éthiopie, on peut s'attendre à ce qu'ils se soient établis dans les environs du lac Tana, [ ... ]

« [ ... ] source du Nil bleu [ dans une ] région qui est effectivement la résidence traditionnelle de la plupart des Bêta Israël.

« Enfin, il faut également noter que, depuis le début du dix-neuvième siècle au moins, les Bêta Israël eux-mêmes ont mentionné l’Égypte comme leur patrie originelle. »

Cf. Les Falâshâs [ de ] Steven Kaplan [ dans la collection des ] Fils d'Abraham (1990) – Histoire – L'hypothèse égyptienne [ sur l'origine des Bêta Israël ]

Pour le contexte et la spécificité :

« Selon une légende, la moitié de la population éthiopienne était [ israélite ] avant l'adoption du christianisme, au quatrième siècle. »

Et dans le sillage du sionisme (1941-1973) :

« La politique du gouvernement israélien [ avant 1973 ] semble avoir été déterminée par plusieurs considérations, parmi lesquelles on peut citer des doutes sur la judéité des Bêta Israël, des inquiétudes quand à leur capacité à s'adapter à un nouvel environnement [ ... ]

« [ ... ] et le désir d'entretenir de bonnes relations avec l'empereur éthiopien, dans l'espoir de promouvoir une alliance dirigée contre les Musulmans et les Arabes. »

[ « Le 9 février 1973, le grand rabbin séfarade Obadia Yosef rédigea une lettre qui affirmait la judéité des Falâshâs et lançait un appel pour leur venir en aide.

« Deux ans plus tard, le grand rabbin ashkénaze Shlmo Goren fit de même et en mars 1975, un comité interministériel décréta que les Juifs d’Éthiopie avaient droit à la citoyenneté israélienne dans le cadre de la Loi du retour. » ]

   

    

dimanche 25 avril 2021

Les Yahûd d'Arabie

Pour le huitième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« À la différence des partisans de la théorie égyptienne, les tenants de l'hypothèse sud-arabique fondent leur argumentation sur la proximité géographique et l'histoire, bien attestée, des liens étroits entre les deux rives de la mer Rouge [ ... ]

« [ ... ] plutôt que sur des similitudes de pratiques religieuses.

« Étant donné la longue histoire de l'implantation des [ Yahûd ] [ que Kaplan qualifie de Juifs arabes ] en Arabie et les contacts intimes entre l'Arabie méridionale et l’Éthiopie avant l'émergence de l'islam, [ ... ]

« [ ... ]il est difficile d'exclure la possibilité que des émigrants [ ... ] aient traversé la mer Rouge et atteint l’Éthiopie. [ Ce qui est vrai dans les deux sens et à différentes périodes. ]

« La date exacte à partir de laquelle des [ Yahûd ] ont pu influencer l’Éthiopie fait l'objet de controverses. [ Hûd le prophète des 'Âd de l'Hadramawt est l'éponyme des Yahûd. ]

« Ainsi, Maxime Rodinson s'est demandé si l'implantation du judaïsme dans la péninsule arabique avant la fin du quatrième siècle était suffisamment solide pour avoir influencé également l’Éthiopie.

« En revanche, Edward Ullendorff avance que les [ Yahûd ], les prosélytes juifs et le judaïsme étaient [ ... ] fortement encrés dans l'Arabie [ préislamique ] [ ... ]

« [ ... ] et depuis le premier siècle de l'ère chrétienne, en étaient venus à tenir dans la vie religieuse et culturelle de la péninsule une place sans précédent et de plus en plus importante.

« En outre, il faut se rappeler que des influences juives peuvent avoir pénétré en Éthiopie non seulement par l'immigration à [ une ] date ancienne d'éléments sud-arabiques mais aussi par le truchement des interventions postérieures de l’Éthiopie en Arabie, [ ... ]

« [ ... ] lesquelles eurent lieu à une époque où le poids du judaïsme était considérable en Arabie méridionale.

« Dans ce contexte, l'expédition entreprise au sixième siècle par l'empereur éthiopien Kâlêb, qui défit le roi sud-arabique judaïsé Joseph Ḏu Nuwas peut avoir eu pour conséquence d'introduire en Éthiopie des prisonniers de guerre juifs ; [ ... ]

« [ ... ] de fait, Joseph Halévy, le fameux sémitisant [ sic ] du dix-neuvième siècle, tenait les Bêta Israël pour les descendants de ces prisonniers. »

Cf. Les Falâshâs [ de ] Steven Kaplan [ dans la collection des ] Fils d'Abraham (1990) – Histoire – L'hypothèse sud-arabique [ sur l'origine des Bêta Israël ]

Et pour ] la période gondarienne (1632-1769) :

« [ ... ] en 1668, l'empereur Yoḥannes I (1667-1682) décréta « la séparation des Francs, [ des ] Musulmans, [ des ] Turcs, ainsi que des Falâshâs appelés Kaylas [ les Hébreux ] qui sont de religion juive, afin qu'ils ne vivent pas avec les Chrétiens. »

« Yoḥannes réitéra ce décret en 1678. Par ailleurs, son fils et successeur 'Iyâsu I (1682-1706) passe pour avoir cherché à décourager les mariages mixtes. »

Pour les Missions protestantes (1855-1904) :

« [ ... ] en 1862 [ pour échapper à la conversion ] un grand nombre de Bêta Israël se mit en route dans l'intention de traverser le Nord de l'Éthiopie, franchir le mer Rouge et entrer en Terre promise. » [ ... ]

« [ ... ] certains des survivants s'établirent dans le Tegrè », les autres retournèrent chez eux, à Gondar, dans le Qwârâ [ ou ] le Wagarâ... Des mouvements prophétiques similaires surgirent également en 1874 et 1879. »

Il est donc établit qu'au dix-neuvième siècle, les Bêta Israël identifient encore la Terre promise aux provinces yéménites de l'Asir qui s'étendent au-delà de la mer Rouge.

   

    

samedi 24 avril 2021

Les Ayhûd d'Éthiopie

Pour le septième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« La plupart des chercheurs ne considèrent pas les Bêta Israël comme les descendants directs de Juifs, mais pensent plutôt qu'il s'agit d’Éthiopiens d'origine agaue ayant adopté une identité israélite à un certain moment de leur histoire.

[ « Les Agaus sont un peuple couchitique établi sur le plateau éthiopien avant l'arrivée des sémites. » [ les Hébreux ]

« Les Bêta Israël, font-ils remarquer ne se distinguent pas physiquement de leurs voisins ; ils ignorent l'hébreu [ inventé par Esdras et ses compagnons à Babylone au VIe siècle avant l'ère chrétienne ] ;

« [ ... ] la majeur partie de leur littérature religieuse, de leurs croyances et de leurs usages a des parallèles dans le système religieux de l’Église orthodoxe éthiopienne et, dans beaucoup de cas, on a pu établir qu'il s'agissait d'emprunts directs à l’Église éthiopienne ;

« [ ... ] les divergences réelles entre la religion des Bêta Israël et celle des Chrétiens indigènes reflètent habituellement les prescriptions de la Bible ou de la littérature apocryphe plutôt que la tradition [ talmudique ] spécifiquement juive.

« Ullendorff, un des partisans les plus résolus de cette position, pense que les Falâshâs sont les descendants des sujets du royaume aksumite qui s'opposèrent à la conversation au christianisme.

« Il est tout à fait possible que l'empereur Kâlêb ait agi contre les groupes [ israélites ] [ que Kaplan qualifie de judaïsant ] tant dans son propre royaume qu'en Arabie. Selon la tradition, un des fils de Kâlêb se trouve justement avoir porté le nom de Bêta Esra'êl.

« Il est également intéressant de noter que c'est au cours de son règne que la région du Semên [ ... ] est mentionnée pour la première fois comme « le pays où le roi des Aksumites exile tous ceux qu'il a condamnés au bannissement. » [ les Bêta Israël ]

« Si Ullendorff a émis l'hypothèse que le système religieux des [ Israélites ] [ que Kaplan qualifie de Falâshâs ] « pourrait bien refléter dans une très large mesure le syncrétisme religieux du royaume aksumite pré-chrétien », [ ... ]

[ Mais si le royaume aksumite est pré-chrétien et si c'est lui qui en se christianisant à relégué les Bêta Israël dans la région de Semên, c'est avec les païens de Kush que les Kaylas étaient syncrétistes. ]

« [ ... ] plusieurs auteurs ont récemment daté de la période des quatorze et quinzième siècles la formation d'une tradition religieuse Beta Israël distincte [ huit ou neuf siècles après leur relégation ], [ ... ]

« [ ... ] car c'est à cette époque seulement qu'une combinaison de pressions politiques et religieuses a véritablement unifié en une communauté Bêta Israël, divers groupes disparates qualifiés d'Ayhûd » [ que Kaplan qualifie de Juifs éthiopiens. ] [ ... ]

« Dans l'état présent de nos connaissances, il reste impossible de déterminer avec une certitude absolue les origines des Bêta Israël.

« Pour la période qui va du sixième siècle au treizième siècle, aucune des sources relatives aux [ Ayhûd ] n'est d'une historicité suffisante pour permettre autre chose que de très hypothétiques déductions.

« S'il semble bien que la Péninsule arabique peut avoir été la source principale des influences juives qui se sont exercées sur la civilisation éthiopienne, [ ... ]

« [ ... ] cela n'exclut évidemment pas que des influences subsidiaires et plus tardives aient pu entrer en jeu au départ d'autres sources.

« Il serait néanmoins simpliste de décrire les Bêta Israël comme les descendants directs d'immigrants juifs, quelque véhéments et nombreux que puissent être les tenants de pareilles thèses, [ ... ]

« [ ... ] et il apparaît encore plus problématique d'affirmer que leur système religieux, tel qu'il existait à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle, était pour l'essentiel fondé sur [ une ] pratique juive [ puisque sont origine est antérieure au judaïsme. ]

« Toutes sortes de facteurs ont joué un rôle dans la formation du peuple connu sous le nom de Bêta Israël ou [ de ] Falâshâ : immigration, mariages mixtes, acculturation, transformations religieuses majeures. »

Cf. Les Falâshâs [ de ] Steven Kaplan [ dans la collection des ] Fils d'Abraham (1990) – Histoire – L'hypothèse autochtone [ sur l'origine des Bêta Israël ]

   

    

jeudi 22 avril 2021

Le Livre d'Eldad

Pour le sixième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Eldad était un voyageur juif du neuvième siècle qui prétendait descendre de la tribu de Dan, d'où son nom de Danite. Les chercheurs sont restés jusqu'à ce jour partagés sur la question de ses origines et de ses objectifs.)

« Certains le récusent comme un imposteur, tandis que 'autres y ont vu un Juif karaïte – non rabbinique – arabe ou éthiopien [ mais un Danite par définition n'est pas juif et un Israélite n'est pas tenu d'être « karaïte » ou « rabbinique ». ]

« Abraham Epstein qui, il y a presque un siècle, publia ce qui reste l'étude décisive sur le Livre d'Eldad mit sérieusement en doute les origines éthiopiennes d'Eldad.

« Plus récemment, Ullendorff a avancé que « sa langue ne relève aucune trace d'éthiopien et son récit ne laisse davantage entrevoir qu'il ait connu l'Abyssinie de première main.

« Cependant, il a avec l'Arabie une familiarité plus que fortuite et son hébreu montre quelque trace de substrat arabe. »

« En dépit de ces opinions des spécialistes modernes sur les origines [ arabes ] d'Eldad, certains milieux juifs orthodoxes continuent [ ... ] à assimiler les Éthiopiens aux Danites. »

« Comme ouvrage [ historique et géographique ] le Livre d'Eldad pose problème. Il est malaisé [ ... ] de déterminer le point où le matériau légendaire prend fin et où le noyau de vérité [ ... ] commence. [ Nous ne gardons que la proposition la plus favorable. ]

« Néanmoins, une série imposante de chercheurs éminents, parmi lesquels Carlo Conti Rossini et Salo W. Baron considèrent que [ son ] récit sur les Juifs « au-delà des rivières de Kush » constitue la référence aux Falâshâs la plus ancienne que nous connaissions. »

Mais « le terme « falâshâ » ne devient usuel qu'à partir du seizième siècle » et son usage est impropre pour qualifier un récit du neuvième siècle.

« [ ... ] les textes [ antérieurs ] font allusion à des gens « semblable aux Juifs » [ les « Yahûd » ou les « Ayhûd » ] dans le Semên, le Wagarâ, le alamt et le agadê ou des « fil de ... » dans l'Enfrâz, [ le ] Semên et [ le ] Dambeya » [ les provinces de Gondar. ]

« En Éthiopie, les Falâshâs se désignaient fréquemment par le terme de « Bêta Israël » – la Maison d'Israël – voir simplement d'Israël.

« De cette manière, ils mettaient en évidence leur identification avec [ les tribus ] d'Israël dont ils prétendaient descendre, que ce soit par l'intermédiaire de Salomon et de la reine de Saba ou par celui d'autre groupes [ ethniques. ] » [ ... ]

« Le nom « falâshâ » [ en amharique ] [ dérive d'une ] racine ge'eze [ ... ] qui signifie « émigrer » ou « errer » [ traduite par les spécialistes ] par « exilés » [ ... ] :

« [ ... ] au début du quinzième siècle, le roi éthiopien Yesaq défit une partie des Bêta Israël et [ les déposséda par décret de leurs terres au profit des chrétiens. ] » [ ... ]

« Historiquement, les Bêta Israël ne sont qu'un des nombreux groupes éthiopiens qualifiés d'Ayhûd. [ ... ] Les Bêta Israël ne semblent pas s'être qualifiés de « Juifs » avant d'entrer en contact avec le judaïsme » [ que Kaplan qualifie d'universel. ]

Le sens d'un mot agau que Kaplan qualifie d'obscure accepte une signification en rapport avec la dynastie solomonienne du treizième siècle mais nous la mettons en rapport avec son origine hébraïque :

« Kayla » signifie « qui n'a pas traversé la mer » et dans le contexte géographique du Livre d'Eldad qui pose problème à Kaplan, il s'agit de la mer Rouge.

« Agaus » ou « Agawis » désignaient également les Bêta Israël dans la région du Tegrè – entre le Gondar et la côte érythréenne – où ils peuvent être assimilés aux Goyim des Yahûds.

Kayla

 Bêta Israël 

Falâshâ

Ayhûd

Cf. Les Falâshâs [ de ] Steven Kaplan [ dans la collection des ] Fils d'Abraham (1990) – Histoire des figures légendaires [ et ] débuts de la dynastie solomonienne (1270-1413) [ avec les dénominations du ] Profil sociologique

Kaplan fournit quelques informations succinctes sur les calendriers des Bêta Israël :

« Les Bêta Israël utilisent simultanément un calendrier solaire et un calendrier lunaire. Pour les besoins courants, il recourent au même calendrier solaire que les autres Éthiopiens.

« Il compte 365 jours, soit douze mois de 30 jours et cinq ou six jours additionnels » [ qui sont indiqué au début du mois de septembre. ]

   

    

mardi 20 avril 2021

Le Livre du Vivant

Pour le cinquième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Au troisième Tawḥîd d'ar-Raîm :

Alif – Lâm – Mîm

Allâh

lâ ilâha illa Huwa

al-Ḥayy – al-Qayyûm

[ S 3 V 1 et 2 ]

« Parmi les Noms relatifs aux Actes divins, [ ce Tawḥîd ] possède « Celui qui fait descendre progressivement le Livre par la Vérité » provenant d'Allâh nommé alors « le Vivant » [ comme ] « Soutenant universel »

« Il a clairement montré ainsi que c'est Lui qui a révélé les quatre Livres qui se confirment mutuellement car le nombre maximum des témoins c'est quatre. »

Cf. Les trente-six attestations coraniques de l'Unité commentées par Ibn 'Arabî – Traduction et présentation de Charles-André Gilis (1994) [ pour le chapitre 198 des « Futûḥât al-Makkiya » sur La connaissance du Souffle du Tout-Miséricordieux et de ses secrets ]

L'identification des quatre Livres reste une énigme en partie résolue par le verset suivant – le troisième de la troisième sourate – qui mentionne la Thora et l’Évangile.

On attribue la Thora à Moïse bien qu'elle fut rédigée par Esdras et ses cinq compagnons et l’Évangile au singulier est celui des nazaréens que le canon néotestamentaire attribue à Matthieu.

Le quatrième verset mentionne le Livre du discernement – le Furqân – qu'on identifie au Noble Coran mais il il est plus vraisemblable que le Livre de synthèse soit plutôt le produit des quatre témoins.

Il est vraisemblable que le Zabur qui fut révélé à Dâwûd et qui apparaît comme tel au verset 163 de la quatrième sourate et au verset 55 de la sourate al-Isrâ' (17) fut tenu dès l'origine pour l'un des quatre.

Il est probable qu'on ai tenu le Livre des Mages qui apparaissent au verset 17 de la sourate al-ajj (22) comme l'un d'entre eux à la suite de Salman le Perse qu'on retrouve dans les traditions imâmites comme le Bâb de l'imam Alî ibn Abû âlib

Mais cette interprétation est tardive et flatte le tropisme iranien de l'imâmisme alaouite.

S'agit-il d'un aspect « distinctif et analytique » qu'on accorde aux livres révélés comme le propose Michel Valsant en 1964 dans les « Études Traditionnelles » ou s'agit-il de sa part d'une façon courtoise d'éviter le tropisme des Mages ?

Pourrait-il s'agir d'un témoignage des Sabéens qui précèdent les Mages entre les Juifs et les Chrétiens dans la sourate du ajj et par ailleurs dans le Noble Coran à deux autres reprises sans aucune autre mention ? – cf. S 2 V62 et S 5 V 69.

C'est aussi recevable si on leur prête l'ascendance de Seth ou d'Idris parmi les gens du Livre comme détenteurs de tablettes hermétiques semblables à l'épitaphe des gens de la Caverne dans la sourate al-Kahf (18) – cf. le verset 9.

Ne s'agirait-il pas alors « d'un signe parmi les plus étonnants » ? Celui d'un message codé, chiffré ou crypté qui se rapprocherait du Furqân évoqué par le Sheykh Mustafâ le petit livre de l'Apocalypse de Jean.

Ou s'agit-il du Livre du Vivant invoqué par le troisième Tawḥîd et par ailleurs dans le Noble Coran à quatre autres reprises que le Point du Bayân aura voulu rendre évident ? – cf. S 2 V 255 ; S 20 V 111 ; S 25 V 58 et S 40 V 65 + T 2 et T 30 :

Allâh

[ Huwa al-Ḥayy ]

lâ ilâha illa Huwa

al-Ḥayy – al-Qayyûm

[ al-amduli'Llâh ar-Rabb al-'âlamîn ]

Huwa

al-'Aliyy – al-'Aîm

[ lâ hawla wa lâ qwata illa bi'Llâh ]

[ S 2 V 255 et S 40 V 65 ]

Précisons toutefois qu'en déclarant que les témoins ne sont pas plus de quatre, le Sheykh al-Akbar n'exclut pas qu'ils puissent n'être que deux ou trois. Mais il est bien question des quatre Livres révélés.

   

    

lundi 19 avril 2021

La naissance du Christ

Pour le quatrième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Le précession de la Nativité du 6 janvier au 25 décembre – entre Noël et l’Épiphanie – que Cullmann date dès 1949 du IVe siècle réalise un déplacement d'une dizaine de jours qui caractérise un changement de calendrier.

Pour parvenir à ce déplacement, il faut additionner les cinq jours complémentaires que nous situons après la décade avec les jours qui excèdent dans le décompte des lunaisons du calendrier synodique.

On passe ainsi des 365 jours du calendrier solaire aux 354 jours du calendrier lunaire en passant par l'alternance des mois de vingt-neuf ou trente jours tout en omettant le 31 décembre qui s'inscrit dans la redistribution annuelle des jours complémentaires.

Cette redistribution des jours complémentaires qui suit le rythme des saisons – tout comme les ajustements mensuels qui organisent l'alternance des mois – altère la réalité métaphysique des nombres sur laquelle elle opère.

Cullmann signale avec le roman du Pseudo-Clément la commémoration de la Création du monde au printemps identifiée à la Conception du Sauveur et sa Nativité neuf mois plus tard après le Solstice d'hiver ; bien que Clément d'Alexandrie la situe un 17 novembre.

Si Clément « raille ceux qui entendent déduire, de cette façon [ par « toutes sortes d'artifices d’arithmétique » ou en se livrant impunément aux « jeux de l'esprit » ] la date de la naissance du Christ », c'est qu'il s'en tient à une information qui lui paraît fiable.

Il s'avère donc que Jésus serait né le jour où l’Église catholique commémore la mémoire de Saint Grégoire le Thaumaturge et que Noël suit un nombre de jours en rapport avec l’Équinoxe du printemps et avec les mois qui précèdent le Solstice d'hivers.

La fête de l’Épiphanie qui commémorait le Baptême du Christ et sa Nativité procéderait d'une origine dionysiaque avant qu'on identifia sa Passion à une Conception interprétée comme une Résurrections – ce que le Noble Coran ne fit pas.

Si la naissance charnelle de Jésus importait si peu aux premiers chrétiens, il nous apparaît néanmoins que l'altération des normes métaphysiques reste en rapport avec la catastrophe qui dénature l'épistémologie des sciences humaines.

On serait donc passé d'un calendrier païen de 365 jours à un calendrier liturgique de 354 jours qui se coordonnait avec une fête juive – celle de Pacques – sans que la liturgie mithriaque du Sol invictus y soit pour quelque chose.

C'est Jean Chrysostome qui fit triompher à Antioche en 386 le nouveau calendrier que Grégoire de Naziance avait introduit à Constantinople dès 379 mais certaines églises orthodoxes ou orientales ont gardés les usages anciens.

Cf. Oscar Cullmann – La nativité et l'arbre de Noël. Les origines historiquesLa fête de Noël (1993) et pour « la catastrophe » se reporter à l'essai d'Ernesto Sábato (1986) dont Henry Corbin établit les prolégomènes dès 1964.

« [ ... ] les Juifs et les Païens [ ... ] se trouvent réunis sous [ le Soleil Nouveau ] »

« [ le ] Christ est notre Nouveau Soleil ! »

Nous paraphrasons le sixième sermon d'Ambroise cité par Cullmann

   

    

samedi 17 avril 2021

Le royaume du Mat

Pour le troisième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Les Gaëls, que les Irlandais nomment souvent, dans leurs anciens manuscrits, les « Fils de Milé », sont des Celtes « venu d'ailleurs » [ comme ceux d'Avesnes ] [ ... ]

« [ ... ] et qui ont conquis, après bien des périphéries parfois tragiques, cette mystérieuse « Île Verte » qu'est l'Irlande, [ ... ]

« [ ... ] terre égarée à l'Ouest du monde, en face d'un océan toujours prêt à mugir sous les rafales des vents surgis des pays où le soleil bascule dans les ténèbres de la nuit.

« L'ont-ils vraiment conquise ? On serait tenté d'en douter, car la victoire qu'ils ont remportée lors de la bataille de Tailtiu – « Teltown » – consiste à en obtenir le partage avec ses anciens possesseurs, [ ... ]

« [ ... ] qu'il s'agisse des peuples de la déesse Dana – [ les ] « Tuatha Dé Danann » – ou des étranges Homme-Foudre – [ les ] « Fir Bolg » – vaincus par ceux-ci à la première bataille de Mag-Tured.

« Ainsi les Gaëls en occupent-ils la surface, mais le sous-sol, l'univers du « sidh », c'est à dire des grands tertres mégalithiques, leur échappe, [ ... ]

« [ ... ] comme les innombrables îles perdues dans l'océan : là règnent les peuples de Dana, associés aux derniers Homme-Foudre, notamment dans les îles d'Aran. »

[ Nous éludons les interprétations psychanalytiques de Markale ]

« Les Gaëls d'Irlande sont apparemment les maîtres de l'Île Verte, mais les récit épiques les plus archaïques qui nous soient parvenus précisent bien qu'ils en partagent la souveraineté [ ... ]

« [ ... ] avec ceux que la tradition populaire désigne sous l'appellation de « peuples féeriques » ou de « bonne gens ».

« C'est dire que, plus que jamais, les humains vont être confrontés aux puissances surnaturelles, et que le déroulement de leurs actions sera inévitablement soumis au jugement des dieux qui hantent leur mémoire. » [ ... ]

« Actuellement, l'Irlande est composée de quatre provinces, l'Ulster – « Ulad » – le Connaught – « Connacht » – le Leinster - « Laigen » – et le Munster – « Mumu » – qui correspondent à d'anciens royaumes, [ ... ]

« [ ... ] eux-même divisés en multiples principautés de tailles et d'importance très variables, chacun ayant à sa tête un « ri », [ ... ]

« [ ... ] c'est à dire un roi dont la fonction essentielle est d'assurer la répartition et la protection des richesses du territoire qu'il administre [ « jusqu'où va le regard du roi » ] selon les coutumes en vigueurs.

« Ces petits rois de tribus sont liés entre eux par des accords, des traités, des obligations diverses, y compris celles qui relèvent de la religion ou de la magie.

« Ils sont également liés aux rois des provinces, hiérarchiquement au-dessus d'eux, par des contrats analogues à ceux des sociétés féodales du continent.

« On pourrait presque définir la division politique de l'Irlande ancienne comme une sorte de confédération où chaque groupe social conserve un haut degré d'autonomie. »

« Mais cette unité « confédérale » est factice ou, plutôt, seulement théorique. Une bizarrerie linguistique [ sic ] en dit long à ce propos : en effet, en gaélique, le mot « province » se dit « coic », littéralement « cinquième ».

« Or, il n'y a que quatre provinces, la cinquième qu'on appellera le royaume de Mide – « Meath » – c'est-à-dire du « Milieu », étant une institution presque entièrement virtuelle, essentiellement morale, [ ... ]

« [ ... ] avec sa capitale Tara, véritable « omphalos » [ au ] centre religieux symbolique de l'Irlande pré-chrétienne. »

« C'est à Tara qu'est censé résider le haut-roi – « ard ri » – élu par les autres rois et les petits chefs, mais obligatoirement choisi dans une famille royale, dans des conditions qui demeurent encore assez mystérieuses, [ ... ]

« [ ... ] mais où devait intervenir des rituels magico-religieux.

« Toutefois, il est probable qu'avant le XIe siècle, où l'institution de la royauté suprême est formellement attestée, le titre de « ard ri » était surtout honorifique.

« Le pouvoir, si tant est qu'il y en eût dans un pays de tendances libertaires [ sic ] se trouvait aux mains des grands rois des provinces.

« Voilà du moins ce qu'on déduire de la lecture des récits épiques les plus anciens, notamment de ceux qui constituent ce qu'on appelle le Cycle d'Ulster. »

Cf. Jean Markale – La grande épopée des CeltesLes conquérants de l'île verte [ et ] Les compagnons de la branche rougeLa puissance et la gloire – Introduction à la seconde époque (1997)

Le Fou de Wirth qui qualifie l'Athée de Falconnier et que nous identifions à Sri Matsya – l'avatar primordial de Vishnu – apparaît comme le roi de Meath dans la configuration des quatre cinquièmes d'Irlande.

Aux échecs, le Mat prend le roi de l'adversaire et achève la partie quand l'empereur du Milieu redistribue les pièces sur l'échiquier ; et nous pouvons l’identifier au gré des parties qui se succèdent à tous ses avatars.

Le nombre de ses avatars est de dix ou de vingt-quatre comme celui de la décade et des prophètes qui organisent la roue solaire au cours des âges ; ce y compris le Sceau des prophètes – Sri Kalki – et Celui de la parousie – Sri Matsya.

   

    

dimanche 11 avril 2021

Le Nouveau Moïse

Pour le trentième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Selon la tradition biblique, Esdras descend d'Aaron par Sadoc [ l'éponyme des Saducéens. ] [ C'est le ] « scribe versé dans la Loi de Moïse » [ et ] le « savant interprète des commandements de Yahvé » [ le rédacteur de la Torah ] – cf. Esd VII 6 et 10

« À Jérusalem [ en Idumée ] il restaure le culte, annule les mariages mixtes [ avec les Iduméens ] et surtout procède à la lecture solennelle de [ sa ] Loi. Celle-ci est la base sur laquelle il achève [ d'organiser ] la communauté juive. »

« Esdras est l'un des personnage essentiels du judaïsme ancien [ 'Uzayr que le Noble Coran considère comme le fils du Dieu des Juifs par syllogisme avec celui des Chrétiens et que l'Imam du Tawid coranique place au cendre des Fusûs al-Hikam. – cf. S 9 V 30 ]

« Il est au retour et à la restauration du peuple biblique [ l'implantation de la tribu de Juda en Idumée ] ce que Moïse [ son personnage ] est à l'Exode et à la fondation [ du royaume ] d'Israël [ édifié par le roi David et par Salomon. ]

« Il est [ Moïse ] considéré comme un Nouveau Moïse [ se prenant pour le fils d'Amon en sortant d’Égypte. »

« Selon une tradition ancienne, l'ensemble de la Loi est brûlé et détruit lors de l'incendie du Temple en - 587 [ si tant qu'une telle Loi ait jamais été écrite avant lui. ]

« La légende dit que, à la suite d'une instruction divine directe, Esdras, « inspiré » par Dieu, dicte à cinq compagnons qualifiés les vingt-quatre livre disparus : il [ constitue ] ainsi la totalité des livres bibliques [ Torah – Nebi'im – Ketûbim ].

« Il ajoute soixante-dix autres livres tenus secrets jusqu'alors [ qui préfigurent par anticipation le commentaire du Talmud et la traduction grecque des Septante. ] On le représente même sous les traits de Moïse au Sinaï.

« Il est considéré aussi comme l'inventeur de l'écriture araméenne ou « carré » [ qu'on qualifie d'hébreux ] utilisée pour la Bible hébraïque. Il est dès lors le Scribe par excellence [ des Saintes Écritures. ] »

« La tradition [ rabbinique ] attribue à Esdras plusieurs livres, certains canoniques comme les livres d'Esdras et de Néhémie, d'autres apocryphes comme les troisième et quatrième livres d'Esdras [ ce qui est en contradiction avec ce qui précède. »

Cf. André Paul – La Bible – La restauration théocratique de la société juive – Le Scribe Esdras et la Torah – Esdras le Nouveau Moïse (2001)

« [ ... ] l'opinion la plus couramment admise chez les auteurs musulmans est que 'Uzayr est un diminutif arabe du nom Ezra – Ezdras – qui désigne dans la tradition musulmane « 'Uzayr al-Warrâq », [ ... ]

« [ ... ] traduction exacte de « Ezra ha-Sofer » – « le Scribe Ezdras » – ainsi qu'il est appelé dans la Bible et dans les sources juives postbibliques. » Cf. Ne XII 36

Cf. Bar-Asher Meir dans le Dictionnaire du Coran (2007)

   

    

samedi 10 avril 2021

Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre

Pour le vingt-neuvième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Il a trente-six façons de le lire : comme Shakespeare, comme Rabelais, comme un roman d'aventures, comme un recueil de mots croisés, comme le Grand Albert, comme la Légende des Siècles, comme un traité de Go, comme Henry Michaux. »

« Trente-six façons. Et personne ne le lit. Sauf quelques niais, et de vieux toqués, qui l'ouvrent, avec sainte Odile, quand tout va mal, pour savoir si cela va aller mieux. La réponse est toujours : non. Bienfait. »

« Si on laissait un peu tomber tout le côté marc de café et boule de cristal. Si on ouvrait les Centuries sans croire qu'on sonne chez la tireuse de cartes. Si on se mettait à les lire. »

« Où qu'on le prenne (sauf au début) l'évidence jaillit : Nostradamus est un poète à couper le souffle ; un extraordinaire inventeur de machines à rêver ; un prodigieux vivier de mots, de sons, de tours, d'images, de songes. »

Dix centuries font mille quatrains
Mille quatrains font quatre mille vers
Quatre mille vers décasyllabiques font quarante mille syllabes
Mille cent onze quatrains avec les mois et les années
Quarante quatre mille quatre cents quarante syllabes
Pour quatre mille quatre cents quarante quatre vers
Pendant treize années

Et pas une onzième centurie ?

« Foule, foule de mots qui ne parlent qu'à nous. Ne pas les multiplier : ce serait retourner chez la voyante, ne lire Nostradamus que parce qu'il a peut-être prédit vrai. On s'en fiche.

« Ce dont on ne se fiche pas c'est que ce livre nous parle : il est barbare, obscur, monstrueux, toutes choses qu'on disait de Shakespeare.

« Mais par place il donne de fulgurantes secousses à l'homme d'aujourd'hui et s'il ne lui parle pas son langage, il lui parle de lui. De nous. Cherchez donc s'il y en a beaucoup pour réunir dans un même souffle les Romains, les Ducs, les Artomiques. » [ sic * ]

« Les Artoniques* par Agen & l'Estore,
A sainct Felix feront le parlement :
Ceux de Basas viendont à la mal heure,
Saisir Condon & Marsan promptement. »

IV 72

* Les « Arctoniques » ou les « Aquilonaires » sur la Gironde d'après Clébert (2003)

« Et c'est cet homme-là que la littérature française à rayé des contrôles : les critiques, les professeurs, les manuels, pas un mot. Abandonné aux crémiers et aux vieilles de villages, qui ne l’entrouvrent que comme elles écartent leurs rideaux : pour voir qui va arriver.

« Nostradamus ? Bon pour les gobes-mouches et les songe-creux. »

« Alors qu'il saute aux yeux, si on veut bien simplement ne pas les tenir fermés, que Nostradamus, même si on ne veut pas y voir autre chose, c'est à tout le moins, le grand élisabéthain français. Le seul.

« Tumulte, violence, horreur, complots, meurtres, trahisons ; des maudits qui agissent en forcenés dans un monde voué au malheur, [ ... ]

« [ ... ] c'est la vision même des élisabéthains, l'univers de Marlowe * et de Ben Jonson, le mouvement et la dramaturgie de Richard III et de Tamerlan. »

« Marlowe * il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires
À la lueur d'une lanterne

Nerval s'y pend c'était fatal
[ ... ]
Et près de Pétrarque s'installe *
[ ... ]
Rimbaud dans son lit d'hôpital »

Les poètes d'Aragon (1960)

[ « Les feux forment là-haut des phrases » ]

* Vers d'almanach pour le nouveau crève-cœur du 25 septembre 1946

[ « Seuls le savent ceux qui se turent » ]

Cf. François Crouzet – Nostradamus, poète français (1973)

« L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois *
Du ciel viendra un grand Roy deffraieur
Resusciter le grand Roy d'Angolmois.
Avant apres Mars regner par bon heur. »

X 72

* Pour septembre c'est un œuf anaragonique

[ Il a retrouvé le goût noir des mures ]