samedi 29 décembre 2018

La comète de Sekhmet

Pour la première semaine sidérale :
  
« [ Épaphus * ] avait le même caractère et le même âge que Phaéthon, fils du Soleil ; un jour que celui-ci, avec jactance, refusait de lui céder, tant il était fier d'avoir Phébus pour père, le petit-fils d'Inachus,* révolté, lui cria : Insensé ! Tu crois tout ce que raconte ta mère et tu te glorifies d'un père qui n'est pas le tient. » – cf. Métamorphoses I 751 [ Phaéthon ]
  
* Épaphus est né de la semence du grand Jupiter. Sa mère, Io est assimilé par les grecs à la déesse Isis – cf. Métamorphoses I 748 [ Phaéthon ]
  
* Inachus est un fleuve d'Argolide dont descend Io – cf. Métamorphoses I 753  Phaéthon
  
«  Phaéthon rougit ; la honte étouffa sa colère et il alla rapporter à Clymène, sa mère, l'insulte d'Épaphus : Pour ajouter encore à ta douleur, ma mère, dit-il, moi si franc, moi si fier, je me suis tu ; c'est une honte qu'on ait pu nous adresser un tel outrage, sans que j'ai pu le démentir. » – cf. Métamorphoses I 755 et 756 [ Phaéthon ]
  
« On ne saurait dire si Clymène fut émue par les prières de Phaéthon ou par le ressentiment de l'insulte lancée contre elle ; mais elle tandit les deux bras vers le ciel et, les yeux fixés sur le soleil éclatant de lumière : Par cet astre merveilleux aux rayons étincelants – dit-elle – qui nous entend et qui nous voit, je te le jure, mon fils, ce Soleil que tu contemple, ce Soleil sur qui se règle le monde est bien ton père. » – cf. Métamorphoses I 765 [ Phaéthon ]
  
« Aussitôt Phaéthon s'élance, tout joyeux des paroles de sa mère, la pensée toute pleine des régions éthérées ; il franchit le territoire de ses Éthiopiens, l'Inde, qui s'étend sous les feux du grand astre, et il se dirige à la hâte vers les lieux où se lève son père. » – cf. Métamorphoses I 776 [ Phaéthon ]
  
« Dès que le fils de Clymène a gravi la voie qui monte à ce palais et qu'il est entré dans la demeure de celui qu'il hésite à croire son père, il se dirige à pas pressés vers le visage du dieu ; mais il s'arrête à quelque distance, car il n'en pouvait supporter l'éclat de plus près. » – cf. Métamorphoses II 19 [ Phaéthon ]
  
« Qu'es-tu venu chercher sur ces hauteurs, Phaéthon, ô mon fils, toi que ton père ne saurait renier ? » – cf. Métamorphoses II 34 [ Phaéthon ]
  
« [ Phaéthon ] répond : Ô commun flambeau du monde immense, Phébus, ô mon père, si tu me permets de me servir de ce nom, si Clymène ne cache pas sa faute sous une invention mensongère, donne-moi, auteur de mes jours, des gages qui attestent que je suis vraiment issu de toi et chasse le doute de mon âme. » – cf. Métamorphoses II 37 [ Phaéthon ]
  
« [ Phébus ] son père déposa la couronne de rayons étincelants qui ceignait sa tête, lui ordonna d'approcher et, l'ayant embrassé : Non, il ne serait pas juste – dit-il – que je te renie pour mon fils et Clymène t'a révélé ta véritable origine ; pour dissiper tes doutes, demande-moi la faveur que tu voudras ; je suis près à te l'accorder ; je prend à témoin de ma promesse le marais par lequel jurent les dieux et que mes yeux n(ont jamais vu. » – cf. Métamorphoses II 43 [ Phaéthon ]
  
« À peine avait-il achevé que Phaéthon demande le char de son père et le droit de conduire pendant un jour ses chevaux aux pieds ailés » – cf. Métamorphoses II 48 [ Phaéthon ]
  
« Je puis au moins te dissuader ; ton désir n'est pas sans danger ; la tâche que tu demandes, Phaéthon, est grande ; elle ne convient ni à tes forces ni à ton jeune âge. » – cf. Métamorphoses II 54 [ Phaéthon ]
  
« Je ne te refuse qu'une chose, qui, à vrai dire, est un châtiment et non pas un honneur ; car c'est un châtiment, Phaéthon, que tu implores au lieu d'une grâce. » – cf. Métamorphoses II 99 [ Phaéthon ]
  
« Tandis que Phaéthon au grand cœur admire tous les détails de cet ouvrage, voici que du côté de l'Orient qui s'éclaire la vigilante Aurore a ouvert sa porte empourprée et son atrium tout plein de la couleur des roses. » – cf. Métamorphoses II 111 [ Phaéthon ]
  
« Phaéthon s'empare du char, bien léger sous ce corps juvénile ; il s'y place debout, tout joyeux de toucher de ses mains les rênes qui lui sont confiées, et de là il rend grâce à son père, qui lui cède à regret. » – cf. Métamorphoses II 150 [ Phaéthon ]
  
* Les coursiers du Soleil forment un quadrige : Pyrois, Éoiis, Éthon et Phlégon / l'Ardent, l'Oriental, le Brûlant et le Brillant – cf. Métamorphoses II 153 et 154  Phaéthon
  
«  Phaéthon s'épouvante ; il ne sait de quel côté tirer les rênes confiées à ses soins ; il ne sait de quel côté est son chemin et quand il le saurait, il ne pourrait commander aux coursiers. » – cf. Métamorphoses II 169 [ Phaéthon ]
  
« Quand le malheureux Phaéthon, du haut de l'éther, jeta ses regard sur la terre qui s'étendait si bas, si bas, au-dessous de lui, il pâlit ; une terreur subite fit trembler ses genoux et les ténèbres, au milieu d'une si grande lumière, couvrirent ses yeux. » – cf. Métamorphoses II 179 [ Phaéthon ]
  
« Alors Phaéthon voit l'univers tout entier en flammes ; il ne peut supporter une chaleur si violente ; il respire un air embrasé comme par une fournaise profonde ; il sent son char s'échauffer jusqu'à blanchir ; les cendres et les étincelles lancées autour de lui deviennent intolérables et il est enveloppé de tous les côtés par une fumée ardente. » – cf. Métamorphoses II 227 [ Phaéthon ]
  
« Phaéthon, sa chevelure rutilante ravagée par la flamme, roule précipité à travers les airs, où il laisse en passant une longue traînée, semblable à celle que produit parfois une étoile au milieu d'un ciel serein, lorsque sans tomber en effet, elle peut paraître tomber. » – cf. Métamorphoses II 319 [ Phaéthon ]
  
« Bien loin de sa patrie, dans l'hémisphère opposé, il est reçu par le grand Éridan * qui baigne son visage fumant. » – cf. Métamorphoses II 324 [ Phaéthon ]
  
« Les Naïades de l'Hespérie déposent dans un tombeau son corps qui fume, consumé par la flamme aux trois dards, et elles inscrivent ces vers sur la pierre : Ci-gît Phaéthon, conducteur du char de son père ; s'il ne réussit pas à le gouverner, du moins il est tombé victime d'une noble audace.* » – cf. Métamorphoses II 327 [ Phaéthon ]
  
* La noble audace de Phaéthon au grand cœurcf. Métamorphoses II 111 – Phaéthon 
  
« Après avoir exhalé toutes les plaintes que devait lui inspirer une telle catastrophe, Clymène en deuil, éperdue, déchirant son sein, parcourut tout l'univers ; elle chercha d'abord le corps inanimé de son fils, puis ses ossements. » – cf. Métamorphoses II 333 [ Les Héliades ]
  
« Les Héliades ne sont pas moins désolées ; elles offrent à la mort de leur frère le vain tribut de leurs larmes ; elles se frappent la poitrine de leurs mains, et comme si Phaéthon pouvait entendre leurs plaintes lamentables, nuit et jour elles l'appellent, étendues au bord de son tombeau. » – cf. Métamorphoses II 342 [ Les Héliades ]
  
« Ce prodige eut pour témoin Cygnus, fils de Sthénélée ; bien qu'il te fût uni par le sang de ta mère, ô Phaéthon, l'amitié vous liait plus étroitement encore. » – cf. Métamorphoses II 369 [ Cygnus ]
  
« Abandonnant son empire (car il avait régné sur les peuples de la Ligurie et sur de grandes cités) [ Cygnus ] avait fait retentir de ses lamentations les vertes rives et les eaux de l'Éridan * et les bois accrus par tes sœurs [ les Héliades ] [ ... ] » – cf. Métamorphoses II 372 [ Cygnus ]
  
** L'Éridan situe à deux reprises la précipitation de Phaéthon et les lamentations de Cygnus. Phérécyde (- 480) en fait le dieu-fleuve du Pô. Eschyle (- 456) le confond avec le Rhône. Hérodote (- 425) récuse le Rhin qui se jette dans la mer du Nord et la Vistule qui sert de viatique au commerce de l'ambre depuis la mer Baltique.
  
C'est l'Eider – Éridanos – et pour la production de l'ambre, la rivière des aulnes ou la Verne pour les peupliers noirs de Virgile (- 19) qui signale la métamorphose des Héliades et leurs larmes – cf. Énéide VI 62 et X 190.
  
C'est aussi une constellation de l'hémisphère sud qui emprunte le parcours du Nil à travers le ciel.
  
« Cependant le père de Phaéthon, livide et dépouillé de son éclat, tel qu'il apparaît à l'univers pendant une éclipse, déteste la lumière, le jour et lui-même et son âme s'abandonne à la douleur. » – cf. Métamorphoses II 381 [ Cygnus ]
  
« Le dieu [ Phébus ] à qui obéissent de rapides coursiers n'avait jamais vu, dit-on, de spectacle plus douloureux, depuis que Phaéthon avait été frappé de la foudre. » – cf. Métamorphoses IV 246 [ Leucothoé et Clytie ]
  
« Cependant le dieu [ Neptune ] qui, le trident à la main, gouverne les flots de la mer déplore dans son cœur paternel que le corps de son fils [ Cygnus ] ait revêtu la forme de l'oiseau * cher à Phaéthon ; ayant pris en haine le cruel Achille, il s'abandonne plus qu'il n'est juste à sa colère implacable. » – cf. Métamorphoses XII 581 [ Mort d'Achille ]
  
* Eider qui transcrit le nom de l'Éridan est aussi le nom d'un oiseau bien qu'il s'agisse de la métamorphose du Cygne à la suite des lamentations de Cygnus – cf. Métamorphoses II 372 [ Cygnus ] :
  
« [ ... ] soudain sa voix virile s'affaiblit, des plumes blanches remplacent ses cheveux, son cou s'allonge loin de sa poitrine ; une membrane unit ses doigts qui s'empourprent, des ailes voilent ses flancs ; un bec sans pointe couvre sa bouche. »
  
Cf. Ovide (+ 18) – Les Métamorphoses traduites par Georges Lafaye (+ 1927)
  
« Le troisième ange sonna de la trompette, et du ciel tomba une grande étoile qui brûlait comme un flambeau ; elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources d’eau. Le nom de cette étoile est Absinthe. Le tiers des eaux fut changé en absinthe * et beaucoup d'hommes moururent à cause de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. » – Cf. Apocalypse VIII 10-11 [ Le septième sceau ]
  

* L'absinthe a l'amertume de l'armoise qui caractérise Artémis – Diane – la Vénus d'automne, la sœur d'Apollon, l'avatar solaire de Phébus – Hélios – qui s'incarne comme un germe dans la nativité de l'enfant Jésus ou de Gengis Khan.°
  
C'est le germe que Saint-Michel et Saint-Georges terrassent pendant l’hiver du kali yuga sous la forme du dragon ; ils l’enfouissent, une fois tombé du Ciel dans les profondeurs de la Terre.
  
Ce n'est pas Lucifer qui descend le dernier de la garde du ciel ; l'étoile du matin qui apparaît à l'aube et qu'on identifie à la planète Vénus – cf. Métamorphoses II 115 [ Phaéthon ]
  
C'est l'astre de la Mélancolie chez Albrecht Dürer (1514) et le Soleil noir chez Gérard de Nerval (1854) – cf. Melancholia I et El Desdichado.
  
° L'histoire secrète des mongols transmit en 1866 par l'archimandrite Palladij Kafarov (+ 1878) fait état des ancêtres de Gengis Khan qu'elle décrit comme le descendant du Loup gris – le Börte-čino – et de la Bichette sylvestre – la Qo'a-maral – un cervidé.
  
Gengis Khan compte aussi pour origine de son ascendance les cinq demi-dieux qui remémorent les cinq dioscures gémellaires nés de l'union sacrée entre Alan-qo'a et un visiteur céleste de race blonde qui évoque la comète de Sekhmet.
  
Alan-qo'a est le superlatif de la Qo'a-maral qui caractérise une représentation de la Terre-mère impliquée dans la noce sacrée qui l'unit au visiteur céleste ; et les cinq flèches issues de leur carquois constituent le faisceau de leur descendance.
  
Gengis Khan (+ 1227) réitère au passage d'un cycle qui s'achève en 1857 avec le Raj britannique l'assemblage du faisceau des clans mongols qui apparaissent sous la forme d'une centurie issue du carquois originel.
  
Isidore de Séville (+ 636) relate que les Huns ont désertés les Champs Catalauniques au passage d'une comète providentielle en 451.