dimanche 31 juillet 2022

La Grande Loge des Anciens

Pour le cinquante-troisième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« La date de 1717 ne marque pas l'origine de la Maçonnerie, mais le début de sa dégénérescence, ce qui est bien différent ; ...

« ... de plus, pour qu'on puisse parler d'une utilisation de « résidus psychiques » à cette époque, il faudrait supposer que la Maçonnerie opérative avait alors cessé d'exister, ...

« ... ce qui n'est pas [ le cas ] puisqu'elle existe même encore aujourd'hui [ en 1949 ] dans plusieurs pays, et qu'en Angleterre, entre 1717 et 1813, elle est intervenue efficacement pour compléter certaines choses et pour en redresser d'autres, ...

« ... dans la mesure du moins où cela était encore possible dans une Maçonnerie réduite à n'être que spéculative ; ...

« ... en réalité, le schisme de 1717 n'a été que fait de quatre loges, alors qu'il y en avait encore un bien plus grand nombre d'autres qui n'y ont pas participé. »

« Quand vous dites que les Loges qui n'avaient pas adhéré au schisme « spéculatif » n'ont rien pu faire pour en arrêter ou en redresser les conséquences, il semble que vous ne tenez aucun compte de choses qui ont cependant quelque importance, ...

« ... telle que le rétablissement du grade de Maître, totalement ignoré des gens de 1717, ou l'action de la « Grande Loge des Anciens », dont l'existence indépendante se prolongea jusqu'en 1813. »

Cf. Lettres de René Guénon à Julius Evola du 18 avril et du 13 juin 1949 cités par Slimane Rezki dans le chapitre des Suites [ de ] la mise en œuvre du passeur consacré à la Franc-Maçonnerie (2021)

Notons d'abord qu'en datant le schisme spéculatif de 1717, Guénon ignore – ou feint d'ignorer – son ascendance rosicrucienne que nous datons de 1724 mais qu'on situe aussi en 1723 avec la rupture de l'Ordre druide qui refusera de ratifier le projet de 1717.

Relevons ensuite que la Grande Loge des Anciens qui devrait correspondre ici au rite de York représente pour Guénon une orthodoxie qu'on peut difficilement qualifier d'opérative mais qui interviendrait encore efficacement sur le rite écossais jusqu'en 1813.

Nous ignorons la signification de cette perte d'indépendance qu'il nous signale pour 1813 mais que nous aurions plutôt situé en 1913 par rapport aux corrections qu'elle impose aux échéances périodiques du cycle rosicrucien (3 x 120).

  1604  

  120  

  1724  

  120  

  1844  

  120  

  1964  

  69  

  69  

  69  

  69  

  1673  

  1793  

  1913  

  2033  

Mais la collusion entre les Anciens et les Modernes a pu se faire en deux étapes – d'un siècle à l'autre – allant de l'acceptation à la subordination sans qu'on sache exactement dans leur jeu de dupes qui tient la barbichette et qui fait la chèvre.

La Loge des Anciens semble à la manœuvre mais il semble aussi qu'on lui impose une subordination comme l'indique ensuite la perte de ces périodes de 120 ans qui caractérisent encore les temps apocalyptiques (360) de la mystique protestante.

Puis Guénon confirme ce que nous savions déjà : la subversion finale des idéaux maçonniques par les impératifs de la sociologie positive ne daterait que de 1958 sur l'échelle philosophique des chevaliers Kadosh.

Pour la littérature maçonnique, 1771 et 1783 désignent les cahiers Francken qui corrigent – en anglais – le rite de Perfection sur la base d'un document antérieur – en français – que détient Morin en 1769 mais qui ne date vraisemblablement que de 1762.

Ces documents n'ont aucune antériorité sur le schisme spéculatif de 1717 mais ils précèdent la fondation du Grand Orient de France de 1769 qui s'inscrit dans cette antériorité comme le prolongement de la Grande Loge d'Angleterre de 1724.

Ils font plus sûrement référence à une première loge écossaise établie à Parie en 1732 par la maison royale en exil de la dynastie Stuart qui régnait sur l’Écosse et sur l'Angleterre jusqu'en 1714 et à laquelle se réfère aussi l'historiographie du Grand Orient.

Cf. La monographie de Claude Guérillot sur le trentième degré du Rite Écossais Ancien et Accepté à propos du Kadosh philosophique dans le Rite de Perfection (2004)

Rappelons enfin que l'ère libre de la sociologie positive et les commémorations séculaires de la révolution française (1789) ne sont pas celles du calendrier révolutionnaire (1792) qui rétrograde d'un an l'échéance de 1793 et donc les suivantes jusqu'en 2032.

On peut donc théoriser trois étages sous cet héritage : celui d'une mystique protestante pour la Grande Loge d'Angleterre et celui d'une correction universelle par la Grande Loge des Anciens avec une subversion générale par la sociologie positive.

   

    

samedi 30 juillet 2022

Le Maqâm shâdhulî

Pour le cinquante-deuxième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Le cheikh Hassan Sijûmî [ + 1266 ] a dit qu’il a vu le Cheikh, le Secours (Ghawth), le Pôle (Qutb), Abi Mahfûdh Mahrez Ibn Khalaf Ibn Abd er-Rahmân Ibn Abi Bakr aç-çiddiq, qu’Allah soit satisfait de lui, à la Mosquée du peuplier (çafçâf) [ prés du mont du « Charaf » dans les quartiers sud-ouest de la ville de Tunis ], qui disait :

« N’abandonnez jamais la visite de cette mosquée, véritable chaîne de sainteté (silsilatu-l-Awliyâ’) ; il n’y a pas de Saint authentique qui ne l’ait visité ; c’est un haut lieu de rencontre (kandarah) des Saints en tous temps.» ...

« Le prestigieux cheikh Sidi Abu al-Abbas Ahmed al-Habîbî, que Dieu bénisse son âme, m’a rapporté qu’il a écouté Sidi Alî al-Gorjani conseiller à ses disciples de se rendre souvent à la dite mosquée et les inciter à y multiplier l’invocation (du’a) car celle-ci y est toujours exaucée.

« Le prestigieux Cheikh Sidi ‘Abd el-Wahhâb, que Dieu bénisse son âme, m’a rapporté que la Mosquée du peuplier est un haut lieu d’invocation et qu’il n’a jamais vu de saint qui n’incitait à la visiter ; dans son alentour y sont enterrés 400 saints morts en martyrs.» ...

« Le prestigieux cheikh Sidi Sa’dûn al-Asmar [ + 1258 ] m’a rapporté qu’il a écouté Sidi Alî el-Gorjani – qu’Allah lui fasse miséricorde – dire que le Cheikh Sidî Mahrez allait au Jallâz chaque nuit du vendredi, après la prière de la nuit, puis à trois lieux : la mosquée du peuplier, sa cellule de retraite du Murkâdh [ où le Cheikh est maintenant enterré ] ainsi que sa cellule de retraite rattachée à l’enceinte de la ville. » [ de Bâb el-Jadîd ] ...

« Le prestigieux cheikh Sidi ‘Abdallah al-Hâchimi que Dieu bénisse son âme m’a rapporté :

« J’étais un jour assis dans le [ quartier du ] Charaf [ probablement dans le cimetière d’Al-Gorjani ] où j’appelais la Miséricorde sur les morts.

« Un des Saints d’Allah s’est présenté à moi et je lui ai dit : « D’où viens-tu ? »

« Il me dit : « Je suis venu du mont de Marrakech pour visiter le Jallâz, le Charaf et la cellule de retraite de Sidî Mahrez (al-khalwah al-mahreziyyah) parce que les invocations dites dans ces trois lieux sont toujours exaucées. » ...

« Le prestigieux cheikh Sidi Abu-al-Qâçim Al-Dabbagh [m. 1258] – qu’Allah lui fasse miséricorde – m’a rapporté que son père lui a raconté que chaque jour le seigneur (as-sayyid) Al-Khidr – que la Paix soit sur lui – rend visite à quatre lieux situés dans la ville de Tunis : la mosquée de la Zaytuna, la mosquée du Peuplier, le cimetière du Murkadh et le mont du Jallâz.» ...

« Le cheikh Sidi Taj-al-Dîn al-Wafâ’ m’a raconté que le mont Zaghouan est le lieu des saints errants (sâ’ihîn), le mont Echkel est la destination des ascètes (zâ’idîn), le mont du Phare [ sur la colline du village de Sidî Bû Sa’îd ] est le lieu de résidence des Adorateurs (‘âbidîn), le mont des Pleurs (jabâlu-l-Bukâ’) est le fruit des Croyants (al-mu’taqidîn), la mosquée du Peuplier est le haut lieu de rencontre (kandarah) des Pieux, la cellule de retraite de Sidî Mahrez est le capteur des visiteurs (zâ’irîn) et le Charaf al-Mourkadh est un lieu de pèlerinage incessant ; et la réussite (tawfîq) vient d’Allah ! ...

« Sidî Mohammed el-Khayyât m’a rapporté qu’il s’est arrêté en compagnie de Sidi Abu-l-Hassan al-Châdhulî au sommet du mont [ du Jallâz ] [ à l’endroit où est établi le Sanctuaire ], celui-ci lui a dit :

« Ô, Khayyat, le secret de la ville de Tunis c’est qu’elle est tel un habit, sa couture est le Sanctuaire (Maqâm) qui se trouve en haut du Jallâz (Maqâmu-l-Jallâz el-fawqî), son collier est la Grotte (Maghârah) [ en contrebas de la colline du Maqâm ], son buste (çadr) est [ le mausolée de ] Sidî Mahrez, son turban (‘imamah) est composé du Jallâz et du Charaf, son ourlet est [ l'ancien cimetière ] de Silsilah [ au croisement des deux quartiers de Bâb Bnât et de Bâb Mnâra ].

« Prés de sa tempe se situe la ville de Rades et sur son flanc se trouve la mosquée du peuplier.

« Son tailleur est Sidî Abû Sa’îd al-Bâjî, son commensal (julâs) est le mont de Zaghouan, son sceau est l’île de Chikli [ dans le lac de Tunis ] et la Grotte [ où Sidi Abd ar-Razzâq Yayâ situe la présence d'al-Khidr ] parfait l’ensemble (kamâluhâ).

« Celui qui s’en revêt est un pauvre [ en Allah ] (faqîr), un Connaissant (‘ârif), un Châdhilî.»

Extraits du « Manaqib al-maghâra wa'l-maqâm » de Muḥammad bin al-Ghalî as-Sahlî transcrit par Lofti Aïssa et retranscrit par Maurice Le Baot qui rapporte à propos des affinités entre les Tijânîs et les Châdhilîs :

« On rapporte le propos suivant du Cheikh Ahmed al-Tijânî – qu’Allah soit Satisfait de lui : « Chemine selon le cheminement de ton époque » (bi-sayri zamâni-ka sir).

« Le Cheikh [ aurait également ] déclaré : « Toutes les voies (tarâ’iq) entrent sous l’égide (dâ’irah) d’Al-Châdhilî sauf ma Voie (tarîqa) ».

   

    

jeudi 28 juillet 2022

La Raḥmaniyya de Tolga

Pour le cinquante-et-unième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Shuon attribuait le caractère doctrinal de l’œuvre de Guénon – qu'il qualifiait [ en 1951 ] d'unicité – à une conjoncture cyclique exceptionnelle, mais en aucun cas à « une nature plus ou moins prophétique ».

Cf. Slimane Rezki – René Guénon. Le passeur – Introduction [ aux ] Suites [ de ] la mise en œuvre (2021)

« Enfin, le parallèle pouvant être établi entre la fonction du Prophète Muḥammad en tant que sceau de la prophétie et celle de Guénon est évident ; ...

« ... dans les deux cas, nous avons une synthèse qui se décline en une lecture transversale de ce qui les a précédés et l'annonce de l'ouverture d'un cycle nouveau. »

« ... du cycle suivant. »

Cf. Slimane Rezki – René Guénon. Le passeur – L'Islam [ dans ] les Suites [ de ] la mise en œuvre (2021)

« Suite à la scission avec Shuon, Vâlsan souhaita se vouer à une vie retirée et consacrée, il se rendit auprès de plusieurs maîtres en terre arabe : Tunisie, Algérie – il passa trois mois à la zawiya Raḥmaniya de Tolga notamment – ou au Maroc. »

Cf. Slimane Rezki – Op. Cit. Ibidem – Michel Vâlsan (1907-1974)

« ... la prédiction attribuée à saint Malachie pourrait bien être en rapport avec la fonction de notre maître, * ...

« * Rappelons que la devise [ pontificale ] correspondant au pape Léon XIII qui régnait au moment de la naissance de René Guénon est « Lumen in Cœlo » – une lumière dans le Ciel. » [ ... ]

Cf. Abd ar-Razzâq Yaḥyâ (Charles-André Gilis) – La papauté contre l'Islam – Genèse d'une dérive – La « prophétie des papes » (2007)

Le « missionné du Centre suprême » et la « lumière dans le Ciel » sont à mettre ici en parallèle avec le « messager d'Allâh » et « l'étoile du Berger » qui annonce aux rois mages la venue du Christ.

Nous avons toujours préféré ces outrances avec la rivalité mimétique puis délirante du Sheykh 'Isâ Nûr ad-Dîn Aḥmad à une annexion frauduleuse qui voudrait faire du Sheykh Abd al-Waḥid Yaḥyâ l'obligé d'une confrérie en pleine dégénérescence.

Non qu'il n'y fut rattaché dès 1910 par l'intermédiaire du Sidi Abd al-Hâdî intervenant à Paris comme muqaddem du Sheykh Abd ar-Raḥmân Elish al-Kabîr qui résidait alors au Caire et qui en fit dès lors une intelligence des études akbariennes.

Mais si cette prestigieuse ascendance a su donner à l'auteur du Symbolisme de la Croix une autorité morale dans le domaine exotérique du droit islamique, on doit sans doute à la Raḥmaniyya de Tolga l'influx qui manquait encore au Sheykh Mustafâ Abd al-Azîz.

Dans son témoignage sur l'héritage doctrinal de Michel Vâlsan, Sidi Abd ar-Razzâq Yaḥyâ semble toutefois lui préférer le Maqâm shâdhulî de Tunis qui fut sanctifié par la visite du Sheykh al-Akbar – et ce non sans l'identifier à la tarîqa Shâdhuliyya :

« C'est elle [ la tarîqa ] qui fut le support de la baraka akbarienne transmise à René Guénon et c'est elle qui accueille aujourd'hui – sous sa modalité tunisoise – tous ceux qui continuent à témoigner de leur fidélité à Cheikh Abd al-Wâḥid et à Cheikh Mustafâ. »

Cf. Abd ar-Razzâq Yaḥyâ – L'héritage doctrinal de Michel Vâlsan. Le vénéré Cheikh Mustafâ Abd al-Azîz – Mises au point – Vous avez dit : « un phare ? » (2009)

Il faut savoir cependant que la Raḥmaniyya du Sheykh Muḥammad ben Abd ar-Raḥmân est une émanation de la Khalwatiyya au même titre que la Tijâniyya qui est le support de la manifestation du Sceau des saints muḥammadiens comme Qutb al-Maktum.

   

    

mercredi 27 juillet 2022

La mise en demeure

Pour le cinquantième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Si Ibn 'Arabî vient six siècles après le Prophète et René Guénon six siècles après Ibn 'Arabî, ce n'est pas une simple coïncidence, surtout si l'on se souvient que, six siècle avant le Prophète, est venu le Christ ...

« ... et que six siècles encore plus tôt se produisent toutes les adaptations traditionnelles bouleversant les formes, juive, grecque, hindoue... »

Cf. Slimane Rezki – René Guénon. Le passeur – Avant propos [ aux ] Suites [ de ] la mise en œuvre (2021)

Laissons là « les adaptations traditionnelles » que nous avons pu dégager en évoquant par leurs tenants les triades pythagorique et chrétienne qui impliquent la souveraineté pontificale de l'Empereur Auguste et du Grand Monarque – Grégoire-le-Grand.

Le Christ, le Prophète et le Sheykh al-Akbar – Muhy'd-Din Ibn 'Arabî – témoignent ici d'une triade que nous qualifions par son aboutissement d'akbarienne.

Le Prophète et le Sheykh al-Akbar sont aussi impliqués dans une triade strictement muammadienne que nous qualifions sur le même principe d'amadienne par référence au Qutb al-Maktum – Sheykh Amad Tijanî.

Mais que vient faire ici le Sheykh Abd al-Waid Yaya – René Guénon ?

René Guénon de la Saulaye (1886-1951) fut le fondateur des Études Traditionnelles dans le prolongement des études akbariennes initiées par le Sheykh Abd ar-Ramân Elîsh al-Kabîr (1845-1930) qui fut l'exécuteur testamentaire de l’Émir Abd al-Qâdir.

L’Émir Abd al-Qâdir (1803-1883) est l'auteur du Livre des Haltes – « al-Kitab al-Mawâqif » – dans lesquelles s'inscrit la voie akbarienne du Sheykh Abd al-Waid Yaya.

En tant qu'akbarien, Guénon ne pouvait avoir en vue que l'avènement du Sceau universel de la sainteté dans la parousie du Kalimatu'Llâh – 'Isâ ibn Maryam – et cette perspective transcendait celle des voies shâdhilite et qâdirite sur lesquelles elle s'appuyait.

Cette perspective légitime du point du vue de la transcendance qu'elle réalise lui fit méconnaître la voie amadienne du Sceau de la sainteté muammadienne comme la voie franciscaine dans laquelle s'inscrit l'ésotérisme de Dante.

Sa critique du bouddhisme ésotérique diligentée par la Fraternité Hermétique de Louxor lui fit méconnaître aussi la voie orientale des bodhisattvas bien qu'il fit preuve d'une étonnante lucidité sur la souveraineté du Roi du Monde qui s'y trouvait engagée.

Si l'initiation de René Guénon au Taoïsme et au Vedânta nous paraissent théoriques, celle du Tasawwuf shâdhilite fut pratique et démontre qu'elles se communiquent, que la connaissance effective de l'une sert l'exposé doctrinale des autres.

Sa méconnaissance de l'initiation chrétienne dans l'universalité des principes reste aussi caricaturale que la contestation qu'elle suscita ne s'étant guère trompée sur le statut paradoxal de la hiérarchie sacerdotale qui l'ordonne et qui la confirme.

Qu'Allâh soit néanmoins satisfait de Sa béatitude et de Son anéantissement puisqu'Il fut Le dispensateur de Ses grâces et de Ses épreuves dont Il a tiré Sa substance et Sa subsistance.

« Dans sa correspondance avec Gaston Georgel, Guénon dit que l'état du monde actuel n'ira pas au-delà de 2030. »

Cf. Slimane Rezki – René Guénon. Le passeur – Conclusion [ aux ] Suites [ de ] la mise en œuvre (2021)

   

    

samedi 23 juillet 2022

L'Arche et le Canon

Pour le quarante-huitième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« De manière très synthétique, voici quelles sont les principales étapes de l'institution des Écritures chrétiennes.

- Justin qui écrit à Rome vers 150 relate qu'on lisait les « Mémoires des apôtres ». [ ... ]

[ Terme générique qui peut recouvrir l'ensemble des « Écritures chrétiennes » à l’exception de l'Apocalypse de Jean que le concile de Carthage n'ajoute au canon qu'en 397 ...

... ou un certain nombre d'évangiles que le « Diatessaron » rassemble (1) et dénombre (4) en syriaque vers 170. Eusèbe de Césarée l'attribue à Tatien le Syrien vers 325. ]

- Le premier à élaborer une sélection stricte de textes chrétiens fut Marcion. [ ... ]

[ Marcion ne retient que l'évangile de Luc avec les actes des apôtres et les épîtres de Paul à l'exception de l’épître aux Hébreux qu'Eusèbe mentionne pour la fin du IIe siècle.

Nous pensons qu'il s'oppose au « Nouvel Évangile » de Jean – celui du Théologien – qui avec son épître – la première des trois qu'on lui attribue – en fait la synthèse à partir des sources qui le précèdent. ]

- Le fragment de Muratori [ découvert en 1740 et daté du VIIIe siècle ] se réfère à Pie – évêque de Rome mort en 154 [ ou 157 ] – et affirme notamment ...

... l'existence à cette époque des quatre évangiles de Marc, Luc, Mathieu et Jean, des apôtres attribués à Luc ainsi que treize épîtres de Paul. [ ... ]

[ Ce qui n'exclut l’épître aux Hébreux que de la première moitié du IIe siècle puisque Pie reçoit sa consécration épiscopale vers 142.

Et qui fonde l'hypothèse d'une source non identifiée proposé par Friedrich Scheiermacher dès 1832 pour expliquer l'antériorité de Marc sur Mathieu dans le canon de Muratori :

... « car de nombreux passages communs aux évangiles de Luc et de Mathieu ne figurent pas chez Marc. » ...

« Friedrich Scheiermacher imaginait ce document hypothétique comme un recueil de paroles de Jésus.

« L'évangile de Thomas [ découvert à Nag Hamadi en 1945 ] qui comporte cent quatorze paroles de Jésus [ en copte ] a la même forme que cette source hypothétique ...

« ... [ mais ne correspond pas ] aux critères de correspondances avec les [ trois évangiles ] synoptiques recherchés par les biblistes. »

Par contre, les « Paroles secrètes que Jésus le Vivant a dites et qu'à écrites son Didyme Jude Thomas » ont un rapport évident avec le nombre des sourates dans le Noble Coran.

Et nous pouvons bien supposer l'existence d'une source antérieure mais comme origine d'un quatrième évangile élaboré à partir d'un témoignage du « disciple que Jésus aimait ».

L'identification de ce disciple bien-aimé à l'Apôtre Jean pourrait n'être qu'un artifice pour rassembler sous son patronyme et à l'hombre du Théologien toute la série de ces déplacements comprenant ceux des deux épîtres de Jean l'Ancien.

Nous avons pu identifier Jude-Thomas à « Dhû-l-Kifl » et à « Yuz Asaf » dans une série de patronymes qui reviennent à son personnage oriental et reconnaître Lazare comme le disciple bien-aimé qui témoigne en Gaule pour l’Église d'Arles.

Quant à Jean l'Ancien, les Actes des apôtres nous permettent de l'identifier à l'auteur du deuxième évangile qui apparaît ici comme le premier – dans le canon de Muratori – parce qu'il émane d'une source épiscopale et romaine cf. Ac XII 12 et 25 + XV 37.

Irénée de Lyon voit les choses autrement quelques années plus tard. ]

- Vers la fin du IIe siècle, Irénée – évêque de Lyon – dresse une liste des quatre Évangiles – Matthieu, Marc, Luc et Jean – qui constitue – selon lui – la « Bonne Nouvelle ». [ ... ]

Cf. Frédéric Lenoir [ et ] Marie-France Etchegoin – Code Da Vinci : L’enquête – L'empereur Constantin et le concile de Nicée – Apocryphes et canon des Écritures chrétienne (2004)

Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, personne ne semble vouloir mettre cette liste en correspondance avec les prédications auxquelles elle correspondent :

- Celle de Matthieu aux « Hébreux » comprenant les Samaritains qui l'adresse ensuite aux Nazaréens puis aux Musulmans.

- Celle de Marc aux « Juifs » comprenant les Israélites qui sont restés à Babylone ou qui se sont installés en Judée dans le Nord de l'Idumée.

- Celle de Luc aux « Païens » comprenant les communautés chrétienne de l'Asie Mineure auxquelles s'adressent les épîtres de Paul et l'Apocalypse de Jean.

- Celle de Jean qu'on peut qualifier d'universelle puisqu'elle s'adresse à tous en refusant la partition entre les factions qui la précèdent.

Nous croyons du reste que tout cet ensemble est déjà contenu dans l'Arche aux huit passagers à laquelle font référence les deux épîtres de Pierre ; et le fait il y ait – en quelque sorte – un passager clandestin dans leur galère n'y change rien.

Il n'est donc pas nécessaire de reporter la rédaction de ces évangiles à la fin du Ier siècle comme on nous le propose mais d'y retrouver ce « Nouvel Évangile » qui leur succède alors que tout est déjà consommé et que la braise vient à peine de s'embraser.

Notre passager clandestin ne peut évidemment pas être l'auteur de l'Apocalypse ou celui de la première épître de Jean – l'Apôtre ou le Théologien – et pour les passagers de l'Arche originelle, on nous propose Noé, ses trois fils et leurs épouses.

Mais il a peu de chance qu'on retrouve ici une référence au huitième jour de la semaine que nous propose encore l'édition intégrale du Nouveau Testament puisqu'il s'agit avant tout d'une image du baptême – cf. 1 P III 19 à 22 et 2 P II 5 à 8.

De ce qui précède nous pouvons conclure que les huit corpus néotestamentaires datent de la première moitié du Ier siècle et se poursuivent avec les Actes des apôtres jusque dans les années 60.

La première épître de Jean et la réécriture du quatrième évangile datent de la fin du siècle et suscite dès le début du siècle suivant l'opposition des Marcionites qui leur préfèrent les corpus pauliniens – celui de Paul et celui de Luc avec les Actes des apôtres.

L'épître aux Hébreux fut sans doute écrite dans la seconde moitié du IIe siècle pour réconcilier les factions et l'Apocalypse de Jean pourrait bien dater de la période intermédiaire qui s'étend des Actes des apôtres au Nouvel évangile qui porte son nom.

Quant au témoignage du disciple que Jésus aimait, il est peu probable qu'il fut le premier puisque Matthieu et Marc l'ignorent tandis que Luc l'élabore dans sa parabole alors qu'il prend une place considérable chez Jean – cf. Luc XVI 19 à 31 et Jean XI et XII 1 à 11.

   

    

jeudi 21 juillet 2022

Le Roi des rois

Pour le quarante-septième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« La foudre, l'orage, les hauts sommets ne sont pas Zeus mais [ il sont ] de Zeus. Un Zeus bien au-delà d'eux puisqu'il les englobe au sein d'une Puissance qui s'étend à des réalités non plus physiques mais psychologiques, éthiques ou institutionnelles.

« Ce qui fait d'une Puissance une divinité, c'est qu'elle rassemble sous son autorité une pluralité d'effets pour nous complètement disparates mais que le Grec apparente parce qu'il y voit l'expression d'un même pouvoir s'exerçant dans les domaines les plus divers.

« Si la foudre ou les hauteurs sont de Zeus, c'est que le dieu se manifeste dans l'ensemble de l'univers par tout ce qui porte la marque d'une éminente supériorité, d'une suprématie.

« Zeus n'est pas la force naturelle ; il est [ le ] roi, détenteur et maître de la souveraineté dans tous les aspects qu'elle peut revêtir. »

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienne – Introduction

« Comme souverain, Zeus incarne – face à la totalité des autres dieux – la plus grande force, le pouvoir suprême : Zeus d'un côté, tous les Olympiens rassemblés de l'autre, c'est encore Zeus qui l'emporte.

« Face à Kronos et aux [ ... ] Titans ligués contre lui pour lui disputer [ son ] trône, Zeus représente la justice, l'exacte répartition des honneurs et des fonctions, le respect des privilèges dont chacun peut se prévaloir, le souci de ce qui est dû même aux plus faibles.

« En lui et par lui – dans sa royauté – la puissance et l'ordre, la [ force ] et le droit – réconciliés – se conjoignent.

[ Vernant identifie la force à une « violence » irréconciliable avec le droit. ]

« Tous les rois viennent de Zeus dira Hésiode au VIIe siècle avant [ l'ère chrétienne ] non pour opposer le monarque au guerrier et au paysan ...

« ... mais pour affirmer qu'il n'est pas chez les hommes de roi véritable qui ne se donne pour tâche de faire en douceur triompher la justice.

[ Celle que théorise la force du droit contre la violence en-deçà d'un ordre fondé sur la puissance ; c'est-à-dire sur une capacité effective. ]

« De Zeus viennent les rois reprendra en écho Callimaque quatre siècle plus tard ; mais cet apparentement des rois et de la royauté à Zeus ne s'inscrit pas dans [ le ] cadre tri-fonctionnel [ de la tradition indo-européenne que Vernant cherche à théoriser ] ; ...

« ... il vient couronner une suite d'énoncés similaires rattachant chaque fois une catégorie particulière d'hommes à la divinité qui la patronne : ...

« ... les forgerons à Héphaïstos, les soldats à Arès, les chasseurs à Artémis, les chanteurs s'accompagnant de la lyre à Phoïbos [ ... ] comme les rois au dieu-roi. »

« ... quand Apollon rend ses oracles au sanctuaire de Delphes, il ne parle pas tant pour lui-même qu'au nom de son père auquel il reste associé et comme soumis dans sa fonction oraculaire.

« Apollon est prophète mais prophète de Zeus ; il ne fait que donner une voix au vouloir de l'Olympien, à ses décrets afin qu'au nombril du monde résonne aux oreilles de qui saura l'entendre la parole du Roi et du Père. » [ ... ]

« Pris dans leur ensemble [ ces deux qualificatifs ] dessinent les contours de la souveraineté divine telle que les Grecs la concevaient ; ils en jalonnent les frontières, en cernent les domaines constitutifs ; ...

« ... ils marquent les effets variés que la Puissance du dieu-roi peut revêtir, les modalités diverses de son exercice en liaison plus ou moins étroite – suivant les cas – avec d'autres divinités. »

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe monde des dieux – Zeus, père et roi

La Puissance de Zeus en fait à la fois un Roi et un Père – le Roi des rois et le Père des pères – mais sa paternité s'exerce en particulier sur ses fils :

- sur un Dionysos lié à Saturne le jour du Sabbat et à l'Automne

- sur un Apollon lié à Hélios le jour du Seigneur et à l’Été

Avec une analogie entre sa Puissance et celle du Soleil.

C'est Dionysos qui correspond à l'incarnation du fils dans les entrailles de la Vierge – du sein de Sémélé comme de celui de la Vierge Marie.

C'est Apollon qui correspond à sa parousie quand l'Unité (1) de sa décade (10) se déploie à partir du Centre de sa croix.

« lâ hawla wa lâ quwata illa bi Llâh al-Ali al-Adhim »

« ni force ni puissance qui ne soit celle de Dieu l’Élevé l’Immense »

L'élévation et l'immensité de Dieu
caractérisant la verticalité et l'horizontalité de Son déploiement.

   

    

mercredi 20 juillet 2022

Dieu le Père

Pour le quarante-sixième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« L'exemple de Zeus [ ... ] est pour nous d'autant plus instructif que le nom de ce dieu dit clairement son origine : on y lit la même racine indo-européenne signifiant « briller » que dans le latin « dies » [ et ] « deus » [ ou ] le védique « dyeus ».

« Comme le « Dyaus Pita » indien [ ou ] comme le Jupiter romain, « Zeus Pater » [ ... ] prolonge directement le Grand dieu indo-européen du ciel.

« Cependant, entre le statut de ce Zeus grec et celui de ses correspondants en Inde et à Rome, l'écart est si manifeste, la distance à ce point marquée, que le constat s'impose, jusque dans la comparaison des dieux les plus sûrement apparentés, ...

« ... d'un effacement presque complet de la tradition indo-européenne [ dont la théorie n'apparaît plus dès lors vraiment avérée ] dans le système religieux grec. »

« Zeus ne figure dans aucun groupement tri-fonctionnel analogue à la triade pré-capitoline « Jupiter / Mars / Quirinus » où la souveraineté [ de Jupiter ] s'articule en s'y opposant à l'action guerrière [ de Mars ] et aux fonctions de fécondité et de prospérité [ de Quirinus. ]

[ Jupiter s'imposant par la suite sur le Capitole comme le dieu souverain. ]

« [ Zeus ] ne s'associe pas non plus – comme Mitra le fait avec Varuna – à une Puissance traduisant dans la souveraineté – à côté des aspects réguliers et juridiques – les valeurs de violence et de magie.

« Ouranos – le sombre ciel nocturne – qu'on a été parfois tenté de rapprocher de Varuna, fait couple dans le mythe avec Gaïa – la Terre – non [ avec ] Zeus. »

« Quand Zeus entre dans la composition d'une triade – ainsi qu'il le fait avec Poséidon et Hadès – c'est pour délimiter par leur partage des niveaux ou [ des ] domaines cosmiques :

« ... le ciel à Zeus, la mer à Poséidon, le monde souterrain à Hadès ; et à tous les trois – en commun – la surface du sol.

[ Mais ici les abysses de l'Océan et les entrailles de la Terre semblent partagées entre les deux régisseurs d'un seul domaine souterain qui les distingue du Père céleste. ]

« Quand il s'associe en couple [ avec ] une déesse, la dyade ainsi formée [ avec sa parèdre ] traduit des aspects différents du dieu souverain suivant la divinité féminine qui lui fait pendant.

« Conjugué à ou à Gaïa – la Terre-Mère – Zeus figure le principe céleste – mâle et générateur – dont la pluie fécondante enfantera dans les profondeurs du sol les jeunes pousses de la végétation.

« Couplé à Héra, [ Zeus ] patronne – sous la forme du mariage régulier producteur d'une descendance légitime – l'institution qui en civilisant l'union de l'homme et de la femme sert de fondement à toute l'organisation sociale ...

« ... et dont le couple formé par le roi et la reine fournit le modèle exemplaire.

[ Celui pour lequel la reine de l'archonte épouse symboliquement Dionysos. ]

« Associé à Métis sa première épouse qu'il avale pour se l'assimiler tout entière – Zeus roi s'identifie à l'intelligence rusée, l'astuce retorse dont il a besoin pour conquérir et pour conserver le pouvoir, ...

« ... pour assurer la pérennité de son règne et mettre son trône à l'abri des embûches, des surprises, des pièges que l'avenir risquerait de lui réserver s'il n'était pas toujours à même de deviner l'imprévu et par avance d'en détourner les périls.

« En convolant en seconde noce avec Thémis, [ Zeus ] fixe à jamais l'ordre des saisons dans la nature, l'équilibre des groupes humains dans la cité [ ... ] et le cours inéluctable des destinés. Il se fait loi cosmique, harmonie sociale et destin. »

[ On associera par conséquent Neptune ou Poséidon à Hadès en Hivers pour réserver Jupiter ou Zeus au Printemps. ]

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe monde des dieux – Zeus, père et roi

On ne passe pas du christianisme dionysiaque au christianisme byzantin sans qu'il n'y ait déjà une ligne de fracture plus ancienne dans un édifice ecclésiale qui ne doit rien à l'édit de Milan (313) ou au concile de Nicée (325).

Cette fracture originelle apparaît dès les Actes des apôtres au moment où Pierre doit comparaître devant Hérode alors qu'un ange qui trahit ici une influence occulte dans la conduite de l'église le rend libre de ses actes – cf. Ac XII 6 à 12.

C'est à cette occasion qu'on apprend l'identité de Marc qui s'appelle Jean et qui se qualifie d'Ancien dans ses deux épîtres pour se distinguer de l'Apôtre sous le patronyme duquel le Théologien interprète l'évangile du disciple que Jésus aimait.

On le retrouve à Babylone auprès de Pierre où leur mission est alors de convertir les Juifs qui y résident à un projet politique et religieux – celui qu'Hérode élabore sans doute avec Pilate – dont le Christ a déjà fait les frais – cf. 1 P V 13.

C'est donc en vain que le deuxième évangile s'adresse à eux alors que celui de Matthieu qui servira de prototype aux Nazaréens devait s'adresser d'abord aux Samaritains que nous qualifions avec Paul d'une façon quelque peu générique d'Hébreux.

Il n'y a donc aucune raison valable de remettre en cause l'ordre canonique des quatre évangiles compte-tenu que la source du disciple bien aimé qui les précédait à du être considérablement remanié après celui que Paul adresse aux païens.

Rappelons que Paul est un citoyen romain et un « craignant-dieu » qui cherche à se convertir auprès des rabbins mais qui partage son origine galiléenne avec celle du Christ – c'est à dire une origine gauloise qui s'est hellénisée au pays de Canaan.

   

    

lundi 18 juillet 2022

La roseraie de la Mère de Dieu

Pour le quarante-cinquième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

Le Grand Jovialiste (X 73) qui fait « le jeudi pour sa fête » (I 50) alors qu'on vient « pour jeudi vénérer » (X 71) le terme de Sa prophétie (X 72) « l'an mille neuf cents nonante neuf et sept mois » apparaît dans les Centuries de Nostradamus.

Le Dieu américain de Colosimo (2006) nous a fait entrevoir les prémices de Sa révélation en nous signalant Sa commémoration – le jeudi de la Thanksgiving – pour son patriotisme et son messianisme dans l'Action de grâce.

Jeudi est en effet le jour de Jupiter et pour les Awrâd al-Usbû' du Sheykh al-Akbar celui de Moïse qui nous indique la religion du Dieu dont il est question tandis que l'architectonique de Varennes en Argonne nous en dit le lieu.

On y trouve en effet un somptueux mémoriel qui date de 1927 d'où le transfert de l'Imperium Mundi du Saint Empire Romain Germanique aux États-Unis ne fait guère de doute et qui confère à son tropisme la grâce dont il est l'action.

Mais le Jeudi n'est-il pas jovial – nous voulons dire enjoué – avec pour seule référence le Tendre Iacchos quand il caractérise Dionysos selon le principe du Dieu dont la Joie l'enivre dans les bacchanales de Bacchus et du Christ.

Le Jeudi – comme le Lundi – se devait d'être consacré aux Mystères joyeux dans la roseraie de la Mère de Dieu et le Vendredi – comme le Mardi – aux Mystères douloureux qui précèdent le Sabbat pour Son apocatastase avec Sa descente aux enfers.

Le Mercredi qui est le jour de la Lumière dans le décret d'an-Nûr devrait pour bien faire être consacré à ces Mystères lumineux voulu par le pape Jean-Paul II comme les reflets terrestres de ces Mystères Glorieux qui n'apparaîtraient alors que le Dimanche.

Car il ne fait aucun doute que la Gloire d'un prophète ou d'une divinité est la réalité céleste d'une lumière plus immédiate qui ne nous illumine qu'ici-bas dans la substance de la réalité d'Allâh.

On retrouvera donc à partir du Jeudi les quatre âges et les quatre saisons qui aboutissent à leur restauration avec le jour dominical et l'âge d'Or qui doit correspondre à l’Été.

Non pas dans l'ordre du quadrivium qui descend depuis cette unité jusqu'au centre de la Semaine – le Mercredi – mais dans celui du trivium où elle remonte vers le premier jour de sa création.

Retour du Grand Jovialiste en Septembre dans les Centuries pour l'équinoxe d'Automne qui entre en résonance avec Dionyos et le Puissant Iao – « Adonaï » – pour le jour du Sabbat qui est aussi celui de Saturne pour le retour de Cronos.

   

    

dimanche 17 juillet 2022

Les Mystères de Sémélé

Pour le quarante-quatrième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Sans doute est-ce [ le ] besoin d'évasion, [ la ] nostalgie d'une union complète avec le divin [ ... ] – plus encore que la descente de Dionysos au monde infernal pour y chercher sa mère, Sémélé – ...

« [ qui ] explique que [ Dionysos ] ait pu se trouver associé parfois assez étroitement aux mystères des deux déesses éleusiniennes. [ Déméter et Corè-Perséphone ]

« Quand l'épouse de l'archonte-roi [ garant de l'autorité suprême ] part célébrer son mariage [ symbolique ] avec Dionysos, elle est assistée du héraut sacré d'Éleusis ; ...

« ... et aux Lénées – la plus antique peut-être des fêtes attiques de Dionysos – c'est le porte-flambeau d'Éleusis qui commande l'invocation, reprise par le public :

« Iacchosfils de Sémélé »

[ Le tendre Iacchos de l'oracle de Claros qui l'identifie au puissant Iao ]

[ Adonaï ]

« [ Dionysos ] est présent à Éleusis dès le Ve siècle. Présence discrète et rôle mineur sur les lieux mêmes où il n'a ni temple ni prêtre.

« Il intervient sous la figure de Iacchos auquel il est assimilé et dont la fonction est de présider à la procession d'Athènes à Éleusis lors des Grands Mystères.

« Iacchos est la personnification du joyeux cri rituel poussé par le cortège des mystes dans une ambiance d'espoir et de fête.

« Et l'on a pu dans les représentations d'un au-delà dont les fidèles du dieu de la mania ne semblent guère à cette l'époque se soucier [ ... ]

« [ ... ] imaginer Iacchos conduisant sous la terre le chœur bienheureux des initiés comme Dionysos mène ici-bas le thiase de ses bacchantes. »

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe mysticisme grec Dionysos, l'étrange étranger

« Chez les orphiques [ ... ] à l'origine, le Principe – l’Œuf primordial ou [ la ] Nuit – exprime l'unité parfaite, la plénitude d'une totalité [ toute ] close.

« Mais l’Être se dégrade au fur et à mesure que l'unité se divise et se disloque pour faire apparaître des formes distinctes, des individus séparés.

« À ce cycle de dispersion doit succéder un cycle de réintégration des parties dans l'unité du Tout.

« Ce sera – à la sixième génération – l’avènement du Dionysos orphique dont le règne représente le retour de l'Un, la reconquête de la Plénitude perdue.

« Mais Dionysos ne joue pas seulement sa partie dans une théogonie qui substitue à l'émergence progressive d'un ordre différencié une chute dans la division suivie et comme rachetée par une réintégration dans le Tout.

« Dans le récit de son démembrement par les Titans qui le dévorent, de sa reconstitution à partir du cœur préservé intact, des Titans foudroyés par Zeus, de la naissance à partir de leurs cendres de la race humaine, ...

[ Vernant date de la seconde moitié du Ve siècle avant l'ère chrétienne un récit mythologique – le mythe orphique de Dionysos – qu'il oppose à la théogonie d'Hésiode. Cette opposition est celle d'une Grèce archaïque et classique. ]

« ... Dionysos lui-même assume en sa personne de dieu le double cycle de dispersion et de réunification ...

« ... au cours d'une passion qui engage directement la vie des hommes puisqu'elle fonde [ ... ] le malheur de la condition humaine en même temps qu'elle ouvre pour les mortel la perspective du salut. » [ ... ]

[ « Chez Hésiode, l'univers divin s'organise suivant un progrès linéaire qui conduit du désordre à l'ordre depuis un état originel de confusion indistincte [ le Tohu-Bohu ] jusqu'à un monde différencié et hiérarchisé sous l'autorité immuable de Zeus. » ]

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe mysticisme grec L'orphisme. En quête de l'unité perdue

Le Tout est identifiable à la décade et les quatorze morceaux du corps d'Osiris à sa réintégration dans les quatre éléments de la Tetraktis – « Σ 4 = 10 » – pour le récit dionysiaque du démembrement avec la dispersion et la réunification des parts.

La Passion de Dionysos et le Salut qui en résulte sont évidement ici ceux d'un Christ paléochrétien qui représente le « Cœur intact » d'un Tout préservé par sa dîme comme la décime de sa décade (1/10e) – l'Un de la plénitude perdue.

La mère du tendre Iacchos, c'est à la fois Sémélé, Isis et la Vierge Marie que le mythographe nous décrit ici dans ses Mystères joyeux qui précèdent sur son Rosaire avec la dispersion et le remembrement des membres ses Mystères douloureux et glorieux.

En poursuivant cette analogie entre les Mystères du Rosaire et les cycles des parties dans l'unité du Tout, on voit que le jour de la Jumu'a que l'Islam consacre au rassemblement est au contraire celui de la dispersion pour les Mystères douloureux qui s'y consacre.

Cette dissonance du jour que le Sheykh al-Akbar attribue à Sayyidina Yûsuf et qui est la nôtre prend fin après le Sabbat avec le jour dominical qui est celui de l'unité dans le décret d'ash-Shakûr où l'on célèbre ses Mystères glorieux.

   

    

vendredi 15 juillet 2022

Les cinq temples d'Adonaï

   

Les cinq temples d'Adonaï

Âl Sharîm
en Asir

Garizim
en Samarie

Éléphantine
près d'Assouan

Jérusalem
en Judée

Léontopolis
Tell
el-Yahûdiyeh

Période yéménite

Période assyrienne

Période achéménide

Période hellénistique

   

    

jeudi 14 juillet 2022

Un seul dieu en toutes choses

Pour le quarante-troisième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Développant dans les « Antiquités juives » l'épisode biblique du Mont Horeb qu'il identifie au Sinaï, Flavius Josèphe précise que les bergers n'osaient pas s'en approcher pensant que le dieu habitait cette montagne.

« Et il parle – à propos de la voix qui retentit à l'intérieur du buisson ardent et qui appelle Moïse – d'un signe prodigieux [ ... ] de nature oraculaire [ ... ].

« Sa description fait usage d'images qui la rendent accessible à un lecteur familier de « l'Énéide » [ de Virgile ] où la colline du Capitole [ ... ]

« [ ... ] bien avant de devenir le siège du sanctuaire de Jupiter Optimus Maximus est décrite comme un lieu où la foudre et les éclairs – signes anonymes de la présence jupitérienne – terrorisaient les bergers du Latium primitif :

« Un dieu habite ce bois mais quel dieu ? On ne peu le préciser. » [ C'est un dieu incertain. ]

[ « Le Dieu d'Israël agit [ ... ] comme les dieux romains décrits par Georges Dumézil [ + 1986 ]. Mais ceux-ci demeurent pluriels. [ ... ]

« [ ... ] Et ils acceptent pour les besoins du spectacle et de la littérature qu'on leur prête des visages et des généalogies empruntés – il est vrai – aux grecs. » ]

Cf. Philippe Borgeaud – Aux origines de l'histoire des religionsMoïse. Histoire de Grèce et de RomeLe dieu des judéens : le Ciel sous une vigne d'or (2004)

§

« Le plus grand de tous les dieux est Iao :

en hiver Hadès

Zeus dès que vient le printemps

Hélios en été

en automne [ le tendre Iacchos ] [ ou ] [ le puissant Iao ] »

[ Apollon de Claros ]

§

« Unique est Zeus, unique Hadès, unique Hélios, unique Dionysos. »

[ Macrobe (+ 430) pour les « Saturnales »
citant Cornelius Labeo pour l'oracle de Claros ]

§

« Un seul dieu en toutes choses. »

[ le Pseudo-Justin pour le « Testament d'Orphée » ]

§

  « Iao » en grec – « Yahô » en araméen – « Iahvé » en hébreux  

Été

Automne

Hiver

Printemps

Hélios

Dionysos

Hadès

Zeus

Or

Argent

Airain

Fer

Janus

Saturne

Vénus

Jupiter

Dimanche

Samedi *

Vendredi

Jeudi

Restauration du cycle de l'écliptique pendant l'âge de Fer
à rebours des âges et des saisons par les Jovialistes

   
* Adonaï – « Iao » – est mit en relation avec Dionysos puis avec le Christ paléochrétien – le fils de la Vierge – pour le jour du Sabbat.