lundi 31 juillet 2023

L'investiture au Centre suprême

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« Je le * vis en ce monde [ le monde de la vision ] souverain, inaccessible aux démarches, protégé contre les regards, aidé et assisté : ...

« ... les envoyés se tenaient auprès de lui en rang, sa communauté [ S 3 V 106 ] l'entourait, les anges de la Domination se tenaient autour du Trône de sa station et les anges engendrés par les actes [ des créatures ] étaient disposés devant lui.

* Addas l'identifie au Sceau des prophètes

« Le Véridique * siégeait à sa droite sublime, le Discriminateur * à sa sainte gauche ; ...

* les deux premiers califes – abû Bakr et 'Umar – considérés comme ses acolytes

« ... le Sceau * était accroupi devant lui, l'entretenant de l'histoire de la Femme ...

* Addas l'identifie au Christ mais ne dit rien de la Femme qui pourrait être celle de l'Apocalypse qui s'enfuit au désert et qui serait une image de la Révélation

« ... pendant qu'Alî – sur lui la grâce et la paix – interprétait les paroles du Sceau dans sa langue, ...

« ... et que le Possesseur des deux lumières * revêtu du manteau de sa pudeur se tenait devant selon sa manière.

* Addas l'identifie à 'Uthman – le troisième Calife – en interprétant la traduction de Michel Vâlsan qui qualifie la vision du Sheykh al-Akbar d'investiture au « Centre suprême » – le Centre suprême s'identifiant ici au « Centre de la terre » avec la « Ka'ba ».

« Il * me vit derrière le Sceau – place où je me tenais en raison de la communauté de statut qui existe entre lui et moi – et lui * dit : ...

« Celui-ci est ton pareil, ton fils et ton ami. Dresse pour lui la chaire de tamaris »

* Il s'agit toujours du Sceau des prophètes qui s'adresse ici au Sceau des saints pour établir une similitude, une filiation et une sympathie entre le Sceau et l'Imam du Tawḥid.

Mais Addas qui identifie toujours l'interlocuteur au Christ ne dit rien sur la communauté de statut qui assigne une place à l'Imam par rapport à lui.

C'est néanmoins à cause de cette communauté de statut qu'elle identifie sa station – celle de la Proximité dans le « maqâm al-Qurba » – à la prophétie générale dont Jésus est le Sceau avec celui d'une sainteté équivalente – une sainteté absolue et universelle.

« Ensuite, il * me fit signe en me disant :

« Lève-toi ô Muḥammad, monte en chaire et célèbre la louange de Celui qui m'a envoyé et la mienne car il y a en toi une parcelle de moi qui ne peut plus supporter d'être loin de moi et c'est elle qui gouverne ta réalité intime. »

* Il s'agit encore du Sceau des prophètes s'adressant cette fois à l'Imam du Tawḥid pour l'inviter à le célébrer en louant Dieu pour l'union de leur réalité intime.

Cette union se manifeste ici par le nom propre qu'ils ont en commun – Muḥammad.

« Alors le Sceau * installa la chaire en ce lieu solennel. Sur son fronton était inscrit en lumière bleue :

« Ceci est la station muḥammadienne la plus pure ! Celui qui y monte est son Héritier ; celui-là Dieu la envoyé pour préserver la Loi sacrée ! »

* Le texte ne nous dit pas qui est le Sceau mais c'est l'Imam du Tawḥid qui est invité à rejoindre la station muḥammadienne pour en être l'Héritier.

Héritage qu'il revendique à Tunis comme étant celui du Christ et du Sceau des prophètes mais qui ne concerne à La Mecque que la station muḥammadienne.

Raison pour laquelle nous ne pensons pas pouvoir l'identifier au Christ dans un tel contexte.

« En cet instant [ alors qu'il monte sur la chaire de tamaris pour rejoindre la station muḥammadienne ] me furent accordés les dons des Sagesses et c'était comme si m'avait été octroyées les sommes des Paroles [ qui leurs sont propres. ]

« Finalement, je fus renvoyé de cette sublime vision vers le monde d'en-bas et je plaçais la louange sainte que je venais de faire [ en 598 ] comme prologue de ce livre. »

Celui des « Futûḥât al-Makkiyya ». Le nombre des Sagesses (27) des « Fuṣûṣ al-Ḥikam » qui lui seront révélées par le Sceau des prophètes à Damas près de trente ans plus tard n'y sont pas encore dénombrées.

Cf. Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Le grand pèlerinage – Voyage au Centre de la terre (1989)

   

    

samedi 29 juillet 2023

Les muhaqqiqîn de la sab'înîya

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« C'est encore en Syrie que s'exilera le prince abû'l-Hasan ibn Hûd – un sab'inien qui avait l'étrange coutume d'inviter chrétien et juifs à assister à son enseignement. »

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Le grand pèlerinage – l'Orient ayyûbide (1989)

« En Espagne : le ralliement des principautés musulmanes du Sud-Est – Murcie [ et ] Valence – à la « khutba » abbasside [ prône d'allégence ] ...

« ... et l'affiliation du prince ibn Hûd (+ 699 à Damas) aux Sab'înîya indique une possibilité de tradition mystique pro-hallagienne dans ces petites Cours [ et à Séville. ] »

[ Donc cette mystique ne semble pas attestée dans la voie sab'inienne qui reste ouverte aux juifs et aux chrétiens. ]

Cf. Infra – (VIII) Modalités de la survivance hallâgienne (II) Hallâj et les courants spécifiques de la pensée dans la société musulmane (j) Les centres sociaux de tradition et de diffusion de la pensée hallâjienne (1) Cours impériales et princières (1975)

« Liste des premiers Sab'înîya – d'après Sakhâwî :

« – Émir Hasan ibn Hûd (+ 699) de la dynastie de Murcie – chef des Sab'înîya de Damas qui y convertit des Juifs – enterré par Badr D. Ibn Jamâ'a qui classera Hallâj dans son « qâmûs al-shu'arâ ».

Cf. Louis Massignon – La Passion de Husayn ibn Mansûr Hallâj. Martyr mystique de l'Islam exécuté à Bagdad le 26 mars 922. Étude d'histoire religieuse – (II) La Survie de Hallâj – (IX) Histoire des localisations de la tradition hallâgienne ...

... (X) La survie en Andalousie, au Maghreb et au Soudan (a) Ibn Sab'în, Shushtarî et sa « conspiration hallâgienne » en Andalousie au XIIIe siècle (4) Ibn Sab'în : sa pensée métaphysique et politique (1975)

« Pour ibn Hûd [ sab'inien notoire ] rappelons qu'il est né en 633 soit cinq ans avant la mort d'ibn 'Arabî et que par conséquent, ils ne se sont pas connus. »

Mais ibn 'Arabî eut l'occasion de rencontrer Afîf ad-Dîn Tilimsânî (+ 690) à Damas – un autre sab'inien notoire cité par Addas.

« ... le quatrième [ des quatre hommes de la Crainte révérencielle et de la Majesté qu'ibn 'Arabî retrouve à Damas et qui assistent les quatre « awtâd » de leurs cœurs célestes ] est sur le cœur de Hûd. »

Il s'agit en l’occurrence de quatre émigrés andalous.

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Damas, « refuge des prophètes » – Ibn 'Arabî et les fuqahâ' syriens (1989)

« ... j'ai parlé à Hûd – frère de 'Âd. » ... « Et toi, qui es-tu parmi les [ prophètes. ] » Il me répondit : « Je suis Hûd – du peuple de 'Âd. »

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – L'élection – Cordoue : la Grande Vision (1989)

Il n'y a bien sûr aucune parenté entre Hûd – le prophète – et ibn Hûd – l'émir – mais une sorte de congruence entre la voie akbarienne et la voie sab'inienne :

« ... ibn Sab'în a-t-il enseigné qu'il y avait – d'âge en âge – pour réaliser la Sagesse – « Hikma » – pressentie par les Sages – et la Science – « 'Ilm » – enseignée par les Prophètes, une Série continue – « Isnâd » – de Réalisés – « Muhaqqiqîn » – ...

« ... comme ibn Taymîya après Quṭb l'en a accusé ? »

Cf. Supra – Op. Cit. – Ibidem (1975)

C'est nous qui traduisons les translittérations, les Sages étant désignés ici au pluriel par l'Hermès trismégiste de la théosophie orientale.

Massignon consacre toute une section à ibn Sab'în (+ 669 / 1270) qu'il qualifie d'aristotélicien « émancipé de l'imitation servile du maître dont ibn Rushd n'avait voulu n'être que le Commentateur docile ».

Autrement dit, il le qualifie de « mystique » dans son vocabulaire « hallâgien ». Massignon considère en effet Hallâj comme le « Pôle des saints ».

    

     

vendredi 28 juillet 2023

La nation essénienne

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Nous apprenons incidemment que la nation essénienne se revendiquerait d'une prophétie cathare qui annoncerait son réveil après une période de sept cents ans. Mais celle-ci ne la fait commencer qu'en 1309 au lieu de 1244.

Nous ignorons à quel événement cette date peut faire référence si ce n'est à une fantaisie aussi extraordinaire que celle d'une secte française en cavale au Canada qui chercherait à se faire passer pour une sorte de nation amérindienne.

Nous connaissons l'histoire de Guilhem Bélibaste – le dernier des parfaits cathares mort sur le bûché à Villerouge-Termenès en 1321 – mais elle ne nous donne pas la clé des origines pour cette énigme.

Par contre 1909 si on part de l'unité sabbatique de ce septénaire rappelle la fondation de l'Ancien et Mystique Ordre Rose-Croix à Toulouse dans le sillage des floralies occitanes rescapées de la Guerre des deux roses catholique et cabalistique à la Belle époque.

Cet ordre improbable se justifiait d'une période de réveil alternant avec celle de son sommeil sur un cycle de 108 ans évoqué par Gérard de Séde qui n'a rien de Rose-Croix mais emprunte à la tradition orientale un nombre auspicieux.

Il ne nous avait pas échappé que cette référence au « kali yuga » – « 24 x 108 = 2.592 » – devait nous assurer un répit de ce côté dès 2017 – « 1909 + 108 » – mais c'était compter sans les frasques d'Olivier Martin (+ 2020) – le guru de la nation essénienne.

La nation ne s'embarrasse pas pour autant d'un héritage qui n'existe pas mais que l'orientalisme aura un peu légèrement rattaché aux sadducéens réfractaires de Qumrân et verse volontiers dans une angéologie énochienne.

Cette angéologie qui évoque surtout pour nous les quatre cavaliers de l'apocalypse hermétique qui défrayent la chronique de l'ésotérisme depuis l'époque susmentionnée serait plutôt en l’occurrence celle d'une fraternité blanche.

Ce qui l'établit dans notre écurie du côté de Louxor où le cheval livide et ses concourants rouges et ors qui chevauchent dans la nuit à la recherche d'une aube incertaine se complaisent dans le théosophisme et le rosicrucianisme anglo-saxon.

    

    

jeudi 27 juillet 2023

La vallée d'Umm Rabî

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« ... entre Salé et Marrakech [ « la capitale almohade » ] ibn 'Arabî [ fit ] une halte à Ijîsal » dans « la vallée d'Umm Rabî » ; ...

« ... le nom de ce petit village berbère où il s'arrêta un jour de muarram 597 [ en octobre ou novembre 1200 ] va rester à tout jamais gravé dans sa mémoire.

« Pour lui, ce nom évoque en effet l'un des épisodes les plus marquants de sa destinée spirituelle, celui où il parvint au « maqâm al-Qurba » – la station de la Proximité :

« Je parvins à ce « maqâm » au mois de muarram 597 alors que j'étais en voyage dans un lieu appelé Ijîsal au Maroc.

« De joie, je me mis à errer dans cette station mais je n'y vis personne d'autre que moi et cette solitude me fit peur. »

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Les adieux (1989)

Puis il rencontre as-Sulamî dont l'esprit a prit pour lui une forme corporelle que Dieu lui envoi par miséricorde pour le consoler de cet isolement où il l'invite à se réjouir de la compagnie d'al-Khir en lui révélant le nom de la station – « al-Qurba ».

Addas présente al-Khir comme l'un des « afrâd » – les esseulés – dont nous avons vu qu'il ne sont que trois et qu'on peut les assimiler aux archanges. Ce pourquoi nous l'identifions plutôt à l'Esprit ancestral.

Elle dit aussi qu'ils sont les seuls à pouvoir accéder à la station de la Proximité mais nous pensons que les cinq du désir ardent quand ils réalisent pleinement leur prosternation y accède également et qu'as-Sulamî fut l'un d'eux au moment de son trépas (421).

Quoi qu'il en soit, il semble impossible qu'ibn 'Arabî ait réalisé pleinement la station du Sceau des saints avant cet accomplissement où elle est alors parfaitement conforme aux échéances de l'économie cyclique qui s'imposent à elle.

Il la réalise après la vision inaugurale de Cordoue (586) où il fut introduit par Hûd – le prophète des 'Âd – devant l'assemblé des prophètes s'écartant de la voie mosaïque pour rejoindre de là où il se trouvait dans les pas d'Isâ sur la voie muammadienne.

Mais aussi après sa révélation à Fès (594) où elle lui apparaît plus spécifiquement générale que celle des muammadiens telle qu'inférée dans celle de la Lumière qu'il expérimente lors de son séjour et dont il doit tenir le secret.

Pour l'échéance de l'économie cyclique qui s'impose ici il faut distinguer les 630 ans inhérents aux deux témoins de l'Apocalypse et les quatre cohortes de 600 ans qui organisent le dernier âge du « manvantara » dans son « kalpa » – cf. Ap XI 1 à 11 :

« 1.260 jours = 42 mois de trente jours = trois temps et demi de 360 jours »

Puis trois jours et demi de ténèbres qui sont comme autant de temps indiquant qu'il y a autant d'années (12 x 30) que de jours (1.260) pour les deux témoins (2 x 630). Ce qui donne au Sceau des prophètes un délai pour parfaire notre religion (630).

Si ces décomptes mènent nos deux témoins devant le Seigneur de la Terre qui est le Roi du Monde pour la manifestation de Sri Kalki, leurs sceaux se succèdent comme un métronome tous les 600 ans à l'exception notable de l'alter-christus (1224).

L'amplitude de cette oscillation est fixée par l'origine de l'ère chrétienne mais l'exception qui la confirme s'est déportée sur une autre échéance : celle du Laurier cathare qui ajoute à son cycle (1244-1844) une septième unité sabbatique (1944) et son eschatologie.

Ce déplacement abouti en 1924 à la fin du Califat ottoman avec celle de la manifestation du Roi du Monde par le Bogdo Khan à Urga dans une apothéose de l'usurpateur à la tête du Raj britannique.

Les Cathares de Montségur ont accepté leur sacrifice en demandant aux Francs de pouvoir s'y préparer pour qu'il coïncide avec un moment qui pour eux devait correspondre d'après leur repère avec l'équinoxe du Printemps.

Le règne du Seigneur de la Terre coïncide avec la chute du Califat abbasside (1258) et avec celle du Sultanat moghol (1857) six cents ans plus tard dans un cycle qu'Ungern-Sternberg (1921) et Enver Pacha (1922) vont compléter jusqu'à son achèvement.

C'est à partir de là – à partir de ces deux unités sabbatiques – que l'usurpateur compte en siècles – contrairement aux triples échéances (120) qui organisent les temps de la Rose-Croix (1604-1964) et du Sacré-Cœur (1673-2033) à partir de 1244 et de 1313.

Ce fut particulièrement sensible pour les commémorations de la Révolution française (1789) même si la République inscrit son origine (1792) dans une ère qui corrige efficacement une correction entre ces temps – « + 69 » et « - 1 ».

Cet apparat séculaire en recouvre néanmoins un autre plus occulte mais aussi plus efficient marqué par un cycle de septante-deux ans auquel on se réfère pour l'Union soviétique (1917-1989) et l'Union européenne (1948-2020).

On peut d'ailleurs constater que cette ère prolétaire – celle de de 1917 – coïncide avec celle de la Révolution française – celle de 1789 – à laquelle elle fait volontiers référence – ce qui indique une sorte de cohérence dans leurs démolitions contrôlés.

Pour 1313 qui sert de référence à 1673, il faut indiquer 360 ans plus tôt le martyr du Grand Maître du Temple et la canonisation de Célestin V qui fut l'un des rares avec Boniface – l'évêque de Lausanne – et avec Benoît XVI à quitter de si hautes charges.

« Le « maqâm al-Qurba » auquel seul les « afrâd » ont accès est [ ... ] la station suprême de la « walâya », le degré spirituel le plus élevé que puisse jamais atteindre [ ... ] un « walî » ; ...

« ... situé immédiatement en-dessous de la station de la prophétie légiférante, elle porte aussi le nom de la prophétie générale. »

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Les adieux (1989)

Non seulement les « afrâd » ne sont pas les seuls à y accéder puisque Sulamî s'y trouvait mais bien que bénéficiant de la vision prophétique, elle reste reste en-deçà de la prophétie – légiférante ou pas.

Quant à son caractère général, il ne concerne que la station qui s'y trouve en regard de celle d'un Sceau spécifiquement muḥammadien bien que sa généralité puisse apparaître aussi comme sa spécificité.

Pour la « nubuwwa », c'est la prophétie légiférante qui est fermée par le Sceau des prophètes et c'est la prophétie générale que doit fermer le Sceau de la sainteté absolue et universelle lors de sa parousie.
   

    

lundi 24 juillet 2023

L'église de l'Immaculée Conception

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« Clément V s'il est souvent malade pense aussi à gouverner l’Église. Son action ecclésiale s'illustre par des gestes forts dès les premiers mois de son pontificat.

« Sillonnant les routes, il se rend à Arles où le premier évêque saint Trophime – grec originaire d’Éphèse – trois fois nommé dans le Nouveau Testament aurait été l'envoyé de saint Pierre.

« Le nouveau pape [ Clément V ] veut montrer son attachement à la Tradition [ sic ] à chaque occasion et sa détermination est significative lors de sa visite à la cathédrale d'Arles comme elle s'impose à d'autres occasions. »

Cf. Philippe de Bercegol – Clément V – Bertrand de Got d'Aquitaine en Avignon – L'étape en Avignon (2006)

Mais que signifie l'attachement de Clément V à la Tradition – avec un « T » majuscule – si l'envoyé de saint Pierre est en fait l'un des sept compagnons de Paul en Asie mineure théorisés par les Actes des apôtres – cf. Ac XX 4 :

- Sopatros de Bérée [ fils de Pyrrhus ]

- Aristarque et Secundus de Thessalonique

- Gaïus de Derbé [ en Macédoine ] et Timothée

- Tychique et Trophime d’Éphèse [ en Asie ]

Arles est l'une des trois premières églises – celle des pauliniens qu'on qualifiera ensuite de marcionites – la Rome des pétriniens ne se manifestant rétrospectivement qu'avec le pape Clément à la fin du premier siècle de l'ère chrétienne.

L'une des trois premières églises avec Jérusalem qui sera réintégrée dans la pentarchie byzantine après sa destruction tandis qu'Arles deviendra le premier des trois sièges grégoriens et avec Éphèse où elle semble ici en mission.

Ces trois églises primitives précèdent les trois sièges pétriniens – Antioche, Alexandrie et Rome – auxquels la pentarchie byzantine ajoute Constantinople et Jérusalem puis Grégoire-le-Grand pour l’église romaine Arles, Séville et Canterbury.

Ce qui en fait onze quand s'ajoutent ensuite le siège léonin de Notre-Dame d'Anis au Puy-en-Velay et le siège pascalin du Saint-Sauveur à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – onze dont trois en France !

Éphèse apparaît ici comme la première des sept églises auxquels est adressé l'Apocalypse de Saint-Jean et qui constituent un ensemble semblable peut-être à la compagnie qu'à voulu théoriser Luc dans ses Actes – ceux de Pierre et de Paul.

Ce corps dont Éphèse est la tête et qui n'a rien à voir ici avec la suite des âges dans le cours des cohortes de l'âge de fer se heurte à une église judéo-chrétienne que l'historiographie néotestamentaire identifie à celle de Jérusalem.

Et c'est bien évidemment celle de Jérusalem qui est à Rome et celle d’Éphèse qui est à Arles jusqu'à ce que Notre-Dame d'Anis vienne relever au Puy-en-Velay l'effigie de Notre-Dame d’Éphèse qui fut celle d’Artémis.

Cette collusion entre les effigies dans la station mariale d’Artémis est celle qu'on retrouve dans le Noble Coran à propos de Marie et celle à laquelle se sont rendus les musulmans des Pyrénées en Bigorre auprès de l'évêque du Puy-en-Velay.

Cette reddition carolingienne à laquelle nous devons la royauté de Marie sur la France et sur la Navarre est celle de Lourdes où règne par décret céleste depuis 1858 Celle qui s'est présenté à nous comme l'Immaculé Conception.

De tout cela Bernadette Soubirous qui ne savait ni lire ni écrire ne pouvait avoir connaissance. C'est pourquoi nous disons par décret céleste de la petite demoiselle blanche à laquelle des messieurs trop sérieux voulaient absolument donner un nom.

   

    

vendredi 21 juillet 2023

Le treizième apôtre

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« Et c'est là [ quand Jésus s'oppose aux apôtres ] que les traducteurs [ de « l’Évangile de Judas » ] entrent en conflit.

« Selon les uns – la plupart des membres de l'équipe de Kasser mise sur pied par le National Geographic – Judas constitue ici – à [ l'inverse ] de ce que prétendent les évangiles canoniques – un véritable héros.

[ Mais sa réhabilitation était déjà le propos de Marcel Pagnol en 1955. ]

« Selon les autres [ que nous suivons volontiers mais qu'on qualifie ici de révisionnistes ] – emmenés par la spécialiste [ des études bibliques et du gnosticisme ] April D. DeConick – Judas [ ... ] est assimilé à un démon.

« C'est précisément sa nature de démon qui permet à son esprit de se porter au-devant du Christ dont il a percé la nature de Sauveur de l'humanité [ que la gnose attribue à Seth ] comme de la divinité [ que lui attribue la théologie johannique. ]

« Il cherche à le vaincre en tant que serviteur démoniaque de « Yaldabaôth », le démiurge créateur de l'univers physique » [ ou « matériel » et « le dieu mauvais » que le texte identifie également à « Nebrouel » en le qualifiant d'apostat ou de renégat.

Mais il s'agit aussi d'un ange déchu et il n'est pas tant question de dépouiller Dieu de son attribut créateur que de rivaliser avec Lui en modifiant sa création pour la faire correspondre à des conceptions qui favorise un profit. ]

« Selon DeConick – dans la conception gnostique – le sacrifice du Sauveur – sacrifice que commémore le rite horrible de l'Eucharistie rappelant les sacrifices ignobles offerts par les païens à leurs multiples dieux – ne signifie pas la rédemption de l'humanité.

[ Sacrifices qui sont ceux des prémices sous toutes ses formes : offrantes, holocaustes ou meurtres rituels. ]

« Ce sacrifice expiatoire signifierait plutôt [ pour les gnostiques ] que Dieu offrant son Fils en holocauste serait infanticide. C'est au contraire, le Dieu mauvais qui est à l'origine de la crucifixion pour le gnosticisme.

[ Mais c'est de mauvaise foi ou par facilité de langage qu'on réduit la gnose à un gnosticisme en la définissant comme un dualisme qui mettrait un Dieu transcendant sur le même plan que celui des principes opposés qui animent les cosmogonies. ]

« Donc Judas étant l'instrument de la condamnation à mort du Christ [ ne ] serait [ pas ] au service de Dieu et de Jésus mais bien [ d'un ] démiurge [ qui agit à travers lui. ] »

[ Ce qui rend toute réhabilitation scabreuse. ]

« Dans l'esprit de la traduction de Kasser et de son épique, Judas [ au contraire ] sert secrètement les desseins divins et c'est pourquoi Jésus lui révèle – à lui et à lui seul – les mystères du Royaume [ qui restent cachés aux apôtres. ]

[ Mais c'est à Thomas – donc à Jude – que revient ce privilège dans les Paroles cachées que le Vivant confie à son didyme.

Il est donc tout à fait possible que ces personnages distincts dans la liste duodécimale de ses apôtres correspondent aussi à celui-là dont nous avons dit qu'il ne fallait pas le prendre en compte dans celle de sa décade. ]

« Si le Christ qualifie dans cet évangile Judas de « treizième démon » cela ne signifie pas qu'il s'agit d'une créature démoniaque mais d'un « daïmôn » au sens où l'entendait les grecs anciens.

[ Ce qui donne à sa déité et à celles des douze apôtres un genre hellénisant plutôt surprenant pour la religiosité qu'on leur suppose.

Le « treizième » est plutôt celui d'une constellation – celle du Serpent – rejetée du plérôme des douze maisons zodiacales lors du passage des lunaisons sidérales (13 x 28) aux mois synodiques (12 x 30). ]

« La langue copte dans laquelle est rédigé cet évangile transcrit en effet le grec ancien en caractères égyptiens.

[ Ce qui hôte dès lors toute légitimité culturelle à l’interprétation d'un texte qu'on écarte de son origine sémantique. ]

« Le philosophe grec – Socrate – par exemple qualifiait de démon ou [ de ] « daïmôn » un esprit intermédiaire entre les dieux et les mortels.

« Aussi Kaffner traduit-il l'apostrophe de Jésus à Judas comme suit : « Toi, le treizième esprit... » [ tandis que ] DeConick traduit ce même passage : « Ô Treizième Démon ! »

« Quant au terme de « treizième » – pour l'équipe du National Geographic – il signifie que Judas étant remplacé après sa disparition par [ ... ] Matthias, il devient le « treizième ».

[ Pour ce nombre qui revient à Paul dans le canon néotestamentaire, il nous semble impossible que le Christ l'attribue à Judas comme tel avant l'élection de son remplaçant qui n'y apparaît qu'avec les actes des apôtres – donc après la tradition synoptique.

Et bien sûr, le nombre des apôtres comme celui des tribus n'est que le nombre des maisons zodiacales dans une représentation cosmique de leur configuration céleste. ]

« Pour DeConick, Judas est assimilé par [ la gnose ] au treizième royaume dans le monde des étoiles – treizième royaume qui est précisément celui de ... « Yaldabaôth ».

[ Ce qui est évidemment beaucoup plus vraisemblable mais qui ne nous dit pas – le texte étant lacunaire – si Judas et l'entité céleste qu'il représente après leur déchéance finiront par être sauvé ou pas.

Pour Kasser et pour l'équipe du National Geographic, ils le seront ; mais pour DeConick, ils ne le sauront pas. Pour elle, les fautes commises par l'équipe de traducteurs dans leur interprétation ont une double origine : ]

« Ces traducteurs auraient – d'une part – voulu réhabiliter la figure de Judas ...

« ... parce que les Occidentaux – culpabilisés par l'extermination des juifs au cour de la Seconde Guerre mondiale – souhaitent voir en Judas – longtemps assimilé aux Juifs par une propagande antisémite – un personnage positif.

[ C'est une explication concevable : bien que le personnage soit incontestablement l’éponyme de sa tribu, c'est à la constellation stellaire qu'il fait d'abord référence dans cet argumentaire.

Mais qu'elle crédibilité accorder à une telle assimilation tout en identifiant le christianisme à une religion juive dès lors que sa gnose syro-phénicienne s'y est introduit avec le baptême de son fondateur.

Et enfin – comme nous l'indiquons ci-dessus – cette réhabilitation était déjà en marche depuis au moins la seconde moitié des années 1950 bien avant l'invention d'un texte qui ne date que de 1978.

En 2000 six ans avant la publication du texte que nous commentons, Jean-Paul II s'excusait déjà auprès des Israélites pour l'attitude de l’Église catholique à l'encontre des Juifs. ]

« Et parce que – d'autre part – les traducteurs [ du National Geographic ] auraient par trop été influencés par la présentation [ supposée ] d'Irénée de Lyon au deuxième siècle [ de l'ère chrétienne ] dans son traité « Contre les hérésies ».

[ Sans pouvoir juger de l'état d'un texte qu'on date du troisième texte siècle qu'Irénée commente à la fin du siècle précédent dans un commentaire qui s'y oppose tout en présentant Judas comme un initié qui veut détruire l’Église en la trahissant. ]

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – L'évangile de Judas, l'homme qui trahit Jésus (2016)

Il nous semble cependant que Seth à la fin des temps doit retrouver l'émeraude pour y façonner le Graal à partir de cette lumière verte qui s'y trouve captive depuis la chute de l'ange que le légendaire médiéval confond avec Lucifer apportant la lumière de l'aube.

Comme fut confondu sur la Croix le Serpent propitiatoire des Israélites et le Signe de toutes leurs exécrations. « Mais c'est Dieu qui l'a élevé vers Lui car Dieu est Puissant et Sage » – cf. Cr S 4 V 159.
    

     

mercredi 19 juillet 2023

Le Graal du parfait cathare

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« ... en 1931, un jeune Allemand du nom d'Otto Rahn [ ... ] entreprit des recherches dans les grottes de l'Ariège.

« Il fréquenta également quelques érudits locaux – férus de catharisme – tels Déodat Roché, Maurice Magre, Antonin Gadal.

« Surtout, Rahn fit le lien entre la mythologie du Graal et l'hérésie cathare » [ que de la Croix identifie un peu vite au « Livre des deux principes » traduit par René Nelli (1959) qui n'en est que la justification du point de vue de la scolastique médiévale du XIIIe siècle. ]

« En 1933 [ ... ] Rahn publia [ en Allemagne ] le résultat de ses recherches sous le titre [ de la ] « Croisade contre le Graal » – « Kreuzzug gegen den Gral » – ouvrage édité en France dès l'année suivante. »

« Ce livre [ ... ] tresse en effet un lien [ ... ] entre un chef-d’œuvre de la littérature allemande du Moyen Âge – le « Parzival » de Wolfram von Eschenbach – et [ la gnose des parfaits cathares que de la Croix persiste à qualifier d'hérésie. ]

« Von Eschenbach – chevalier-poète – écrivit son chef-d’œuvre dans les années 1200 à 1210. Il reprenait – à sa façon – le canevas d'un autre récit inachevé [ ... ] : « Perceval » ou le « Conte du Graal » que l'on doit à Chrétien de Troyes.

« Ce dernier à composé son roman [ en langue romane ] entre1181 et 1191. Il dit l'avoir écrit à la demande du comte de Flandre – Philippe d'Alsace – qui lui aurait confié un livre à cet effet. »

[ Arnaud de la Croix doute de son existence alors que le comte de Flandre trace ici le lien entre l'Alsace et le pays cathare que l'ordre du Temple prolonge en Champagne tandis que l'auteur l'assimile à « certains contes gallois d'origine celtique ». ]

« [ Le ] Graal [ de Wolfram von Eschenbach ] n'est plus [ le ] plat creux en or et orné de de pierre précieuses que mettait en scène Chrétien » [ de Troyes que le conte identifie ensuite au calice ou à la patène ; mais ] une [ ... ] pierre d'origine céleste ».

[ L'origine céleste de la pierre met le réceptacle en relation avec le cycle dont il est la manifestation : temps apocalyptique pour la Rose-Croix (360) ou cohorte de l'âge de fer pour les Cathares de Montségur (600). ]

« Le château du Graal dans la version de Wolfram [ von Eschenbach ] se nomme Munsalvæsche alors qu'il ne portait pas de nom dans le roman de Chrétien [ de Troyes où il est question d'un Siège périlleux au ] château du Roi pêcheur ».

« Munsalvæsche [ serait ] le « mont sauvage » – « Wildenberg » en langue germanique » – à moins qu'il ne s'agisse de la « terre sauvée » de Périllos à la troisième personne du singulier de l'indicatif – « franche » dans le monde des corporations.

« Or, ce dernier nom est précisément celui du château où Parzival dans le récit de Wolfram von Eschenbach assiste [ ... ] comme le Perceval de Chrétien [ de Troyes ] au cortège du Graal ».

« Otto Rahn [ ... ] va associer le Munsalvæsche de [ Wolfram ] von Eschenbach avec le Monségur des cathares dont la signification en langue occitane [ serait ] « montagne sûre » ...

« C'est ainsi [ ... ] que la croisade contre les Albigeois se transforme [ dans l'esprit de Rahn ] en « croisade contre le Graal », ce dernier se trouvant – pense-t-il – en possession des parfaits cathares. »

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – Le Livre des deux principes, testament des cathares (2016)

Ce qui n'est somme toute qu'un ultime déplacement de sa théophanie de Salvaterra à Montségur et le passage par le feu de l'ordalie où le Laurier ne devait reverdir que six cents ans plus tard.

Ce qu'il ne fit assurément qu'après sa période sabbatique quand on vit resurgir sur les traces de Rahn (1939) les « érudits locaux » ci-dessus dûment mentionnés par de la Croix et d'autres « férus de catharisme » de bon aloi.

   

    

mardi 18 juillet 2023

Sefer Yetshira

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Arnaud de la Croix nous donne à lire en exergue du chapitre qu'il consacre aux mystères de la kabbale juive les deux premiers paragraphes du « Sefer Yetshira » – le Livre de la Création ou de la Formation :

1. 1. « Par [ les ] trente-deux voies mystérieuses (32) [ de la Sagesse ] ...

YAH
Seigneur des Armées
[ Tzevaoth ]
D. [ YHV ] d'Israël
[ YHVH ]
D. [ YHV ] Vivant
[ Adonaï ]
D. [ YHV ] Tout-Puissant
[ El Shaddaï ]
D. [ YHV ] de l'Univers
[ Sabaoth ]
Miséricordieux et Compatissant
Élevé et Sublime
Hôte de l’Éternité
dont le Nom est Saint
Lui qui est Haut et Saint

... a tracé et créé Son monde selon trois formes : la Lettre, le Nombre et la Parole »

1. 2. « Dix nombres clos (10) et vingt-deux lettres fondamentales (22) : ...

... trois principales, sept doubles et douze simples. » (3 + 7 + 12)

Ce qui en fait trente-neuf avec les redoublements. (10 + 22 + 7)

Le résultat correspond au quaternaire de la quintessence qui occulte l'unité de la décade dans la quarantaine avec ses quatre figures – Cœur + Trèfle + Carreau + Pique :

« 1 + (2 x 2) + (3 x 3) + (4 x 4) + (2 x 5) = 40 = 10 + 16 + 9 + 4 + (1) »

Sans les cursives (22) qui doublent les hiératiques (22) avec les cinq voyelles (5) et la muette (1) pour les cinquante lettres du Janus (50) ...

... qui sont au nombre des soixante (60) avec les minuscules (28) et les majuscules (28) pour les trois voyelles (3) et la muette (1)  :

« 22 + 22 + 5 + (1) = 50 » < « 60 = 28 + 28 + 3 + (1) »

L’hébreu carré étant en effet dépourvu de cursive et « 22 + 5 + (1) = 28 ».

Ce qui met les chiffres (10) au nombre des lettres (30) réparties dans les ensembles – (50) et (60) – où les redoublements passent de sept à vingt-deux – (14) et (44) – puis de vingt-deux à vingt-huit – (44) et (56).

Nous avons dit soixante (60) mais le « Sefer Yetshira » dit trente-deux (32) d'une façon qui pour nous fait septante (60 + 10) – le redoublement des sept (14) étant aussi celui des dix (10) et des quatre (4) – « Σ 4 = 10 ».

Trente-deux est le nombre des pentagrammes : deux grammes (2) / quatre digrammes (4) / huit trigrammes (8) / seize tétragrammes (16) / trente-deux pentagrammes (32).

   

    

dimanche 16 juillet 2023

Le monde du « Â » et ses naufragés

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« ... en possession du titre de maître en théologie [ dès ] 1245 [ Albert le Grand ] s'attache à concilier l’œuvre d'Aristote avec le dogme religieux [ du christianisme. ]

« Les textes aristotéliciens ont en effet été traduits en latin dès le XIIe siècle – par un Gérard de Crémone par exemple.

« Séjournant à Tolède – en Espagne islamisée – ce dernier y a appris l'arabe et a eu accès aux traductions et commentaires d'Aristote réalisés par les philosophes arabes. »

« Assez rapidement, les pouvoirs religieux ont pris conscience du danger que pouvait représenter la redécouverte du savoir philosophique des Grecs anciens.

« C'est pourquoi il est interdit à Paris d'enseigner certaines parties de l’œuvre d'Aristote, telles [ que ] sa philosophie naturelle [ sa physique ] et – en particulier – sa métaphysique. »

[ Ou son absence de métaphysique dès lors qu'il fit du Bien souverain qui était jusque là une dénomination de la tradition pythagorique du Principe transcendant une catégorie dialectique et une affection morale – celle du bien contre le mal.

Et si sa physique et sa métaphysique étaient interdites, il ne restait guère que ses prolégomènes. ]

« En 1248 – de retour à Cologne – Albert a pour élève Thomas d'Aquin qui poursuivra son œuvre et l'amènera à un sommet de perfection. [ Celle qui en fit le docteur commun de l’Église catholique romaine sous Léon XIII en 1880. ]

« La Somme théologique de Thomas [ ... ] constituera bientôt – et ceci pour trois longs siècles au moins – le nouveau socle de la pensée chrétienne, ...

« ... succédant aux écrits de saint Augustin et alliant foi chrétienne et raison héritée des Grecs via leurs traducteurs et commentateurs arabe. » [ ... ]

« [ Thomas d'Aquin ] a rédigé un traité – « De unitate intellectus » : « De l'unité de l'intellect » – qui va à l'encontre de la théorie de la double vérité héritée des Arabes – Avicenne et Averroès. [ Platonisme et Aristotélisme. ]

[ « Selon cette théorie [ professée par Maïmonide et Averroes ] il y aurait une vérité selon le foi et une autre selon la raison. » ]

« [ Il ] avait en vue – au contraire – d'unifier l'intellection selon la foi et selon la raison ainsi que l'avait souhaiter Anselme de Cantorbéry dès le XIe siècle. »

« ... Les théologiens conservateurs visant à faire interdire l'enseignement de l'aristotélisme s'attaquent également à l'interprétation d'Aristote par Thomas » [ dont « une série de propositions philosophiques qui mettent la foi en danger » sera condamnée en 1277. ]

« Mais le pape [ Jean XXII ] en canonisant Thomas dès juillet 1323 mettra fin au débat : le thomisme succédera désormais à l'augustinisme » [ et l'aristotélisme au platonisme. ]

[ Jean XXIII est le successeur de Clément V et donc le deuxième pape d'Avignon. ]

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – Le Grand Albert, grimoire secret des sorciers (2016)

La sorcellerie médiévale n'apparaît pas ici comme la persistance d'un animisme résiduel mais plutôt comme un sous-produit de la scolastique aristotélicienne où les sciences naturelles ne sont plus tenues par des impératifs transcendantaux.

Thomas lui-même – suite à une expérience extatique particulièrement éprouvante qui préfigurait son décès (1274) – allait reconnaître à la fin de son existence l'inanité de son entreprise intellectuelle.

Quant aux écrits d'Albert qui portent son nom sous la dénomination du Grand et du Petit Albert, ils furent voués à devenir des classiques de ce genre de littérature qui caractérise une magie naturelle à ne pas confondre avec la haute magie.

Pour le monde du « Â », nous entendons comme van Vogt (1945) celui de la logique aristotélicienne du tiers exclut. Les naufragés sont ceux de la lettre « A » de l'océan Atlantique dans le puits de Philémon imaginé par Fred (1972).

Dans une logique non-aristotélicienne le signifiant et le signifié se rejoignent dans leur signification et cette jonction est le lieu d'une révélation qui échappe aux nominalistes pour qui le nom et la chose nommée restent séparés dans sa dénomination.

Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt. Soyons résolument idiot : notre lune reste intrinsèquement liée au doigt qui la désigne sans lequel elle resterait sans désignation. L'objet est toujours dans le sujet qui perçoit.

C'est l'aperception de la perception et la perception de l'aperception.

    

    

samedi 15 juillet 2023

Les pronostics antidatés

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« Enfin, Nostradamus dit aussi s'inspirer de l'astrologie pour ses prédictions.

[ Notons que le corpus de ses pronostics place à la fin de la sixième Centurie un quatrain en latin (600) qu'il reprend à Crinitus – Pietro Riccio – en modifiant sa diatribe à l'encontre des Avocats – « Légulei ».

Dans ces vers latins du « Commentarii de honesta disciplini » (1504) qui attirent l'attention sur le nombre du quatrain (600) où ils ont leur place, le mage s'en prend aux Astrologues – « Astrologi » – qu'il réprouve.

S'il ne s'agit pas d'astrologie – si ce n'est ici sous une forme judiciaire – mais de prédiction, c'est qu'il s'agit de pronostics qu'il administre en docteur – rappelant que le corps médical est un corps d'élite depuis Célestin V. ]

« Dans l’Épître à son fils César, il annonce que ses prophéties courent jusqu'à l'année 3797 de notre ère.

« Comme – d'après lui – le monde doit exister durant huit millénaire – selon une conception qui s'inspire de la kabale – ...

« ... et comme – d'autre part – depuis la création [ du monde ] jusqu'à l'avènement de Jésus-Christ, Nostradamus pense que 4.173 ans et huit mois se seraient écoulés, ...

« ... les Centuries couvrent donc une période qui va ... jusqu'à la fin du monde. »

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – Les Centuries de Nostradamus : des prophéties jusqu'à la fin du monde (2016)

« 4.173 + 30 + 3.797 = 8.000 »

Notons d'abord que l'avènement du Christ commence ici avec sa naissance mais que l'ère chrétienne ne commence que trente ans plus tard avec son baptême ; ce qui relève pour le moins en la matière d'une christologie quelque peu ambiguë.

Interrogeons-nous ensuite sur cette « kabbale » dont il est sensé s'inspirer. Elle n'est apparemment ni juive ni chrétienne quelque soit l'ascendance dont son biographe l'affuble :

« Né en 1503 à Saint-Rémy de Provence dans une famille juive convertie au christianisme, Michel de Nostredame étudie la médecine à l'Université de Montpellier dans les années 1530. »

Seule certitude dans cet état civil : « On a en effet retrouvé son inscription à la date du 23 octobre 1529 dans le registre de la faculté de médecine. » Avec Rabelais (1530) et Scalinger qui pourrait être de sa promotion puisqu'il en fait son confident :

« Prophète tel Mahomet de la tribu de Benjamin. »

Confession sans doute exaltée du béotien si le témoignage tardif de son condisciple est fidèle à ses idéaux mais qui le présente en Israélite et pour une raison qu'on ignore ne se sent pas Juif – de la tribu de Judas.

La raison à laquelle on pense est évidemment sa conversion ou celle de sa famille ; mais il semble qu'elle le travail dans un sens qu'on a pas compris et qu'on ne peut réduire à des identités trop convenues.

Les huit millénaires du monde par contre font penser aux 888 ans de la Prophétie des papes que les huit mois pour la période qui précède l'avènement du Christ vient souligner comme un précédent qui rappel aussi les 4.000 et 4 ans de la première Alliance.

Mais les 4.000 et 4 ans de James Ussher au début du XVIIe siècle s'inscrivent toujours dans un septénaire dont le millénium sabbatique reste l'horizon eschatologique à l'approche d'un troisième millénaire néotestamentaire une sorte de mille et une nuits.

La Prophétie des papes à la fin du siècle précédent s'inscrivent dans une symétrie – celle du nombre (888) des lettres grecques du Saint Nom de Jésus – qui en fait la réitération des Centuries avec un déplacement fort significatif de trente-trois ans.

Mais la symétrie ne se trouve pas là où on pourrait l'attendre dans l’Épître à César qui ne nous donne qu'un aperçu très général du paysage dans laquelle sa chronologie s'installe pour le spectacle de ses Centuries.

Donc disons d'abord avant de les exposer que cette conception singulière et pour ainsi dire islamo-chrétienne, il la doit aux Samaritains avec qui la jonction semble s'être établie à l'occasion d'un voyage dans le Nord de l'Italie – à Savonne en Ligurie.

Si hermétique que soit la prosodie du mage, ses pronostics comprennent un certain nombre de dates incontestables de point de vue de l'anticipation que le rationalisme du scientiste voudrait réduire au charme de sa poésie.

Et ces dates nous donne un horizon qui ne dépasse guère le mois de septembre 1999. Ce que la Prophétie des papes déplacera jusqu'en mars 2032 en y rajoutant encore deux quarts que nous répartissons autour d'un centre situé alors en décembre 1587.

Le centre de cet horizon doit être situé trente-trois ans plus tôt avec la première édition des Centuries qui date de 1555 datant dès lors pour origine par voie de symétrie théoriquement 1111 dans cette représentation cyclique du temps.

C'est ce que nous avons constaté en nous consacrant à un décompte fastidieux de leurs quatrains avec ceux que les almanachs consacrent également aux mois et aux années où s'accomplit leur production littéraire.

Et compte tenu de toutes sortes d'anomalies – comme celle du nombre des quatrains de la septième Centurie qui nous paraissait incomplète – nous sommes parvenu à ce résultat (1.111) qui ne peut être le fruit d'un hasard aussi prodigieux.

Nous pensons bien que les ayants droit du mage – son fils et son secrétaire – y furent pour quelque chose mais en toute connaissance de cause.

   

    

jeudi 13 juillet 2023

Le royaume du Graal

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« Plutôt que d'obéir aux autorités intellectuelles qui régnait sur la pensée médiévale poursuit le texte [ de la « Fama fraternitatis » ] – le pape / Aristote / Galien – ...

[ Nous avons vu que c'est Célestin V qui intronise Aristote dans les facultés pour les arts libéraux et Galien pour le corps médical auxquels s'opposent pour les rosicruciens le divin Platon des théosophes et le Paracelse des alchimistes. ]

« ... les hommes de science [ entendons les gnostiques ] sont à présent invités par le manifeste [ des Rose-Croix ] à réviser leurs connaissances. »

« ... il s'agit de rien moins que d'une « réformation universelle » dont la « Fama » attribue la paternité au défunt « Fr. C. R. » ...

« Initialement parti en pèlerinage à Jérusalem – c'est à dire sur les traces du Christ [ qui ne s'y trouve point puisque son tombeau est vide ] – ce mystérieux « Fr. C. R. » s'est finalement dirigé vers Damas.

[ Or, Damas est incontestablement pour les gnostiques le tombeau du Sheykh al-Akbar et ce que Claude Addas appelle dans sa biographie (1989) d'une façon quelque peu inappropriée mais qui retrouve ici tout son sens : le « refuge des prophètes ». ]

« D'Arabie, le « Fr. C. R. » est passée en Espagne, effectuant ainsi avec sa personne la translation des connaissances qui s'était déroulée aux siècles médiévaux lorsque les sciences anciennes [ ... ] avaient été retransmises à l'Occident via les Arabe d'Espagne. »

[ Ne dirait-on pas plutôt qu'il retrace ici à rebours en remontant vers sa source le trajet que l'Imam du Tawḥid leur fait subir de Cordoue à Damas en passant par Séville / Fès / Tunis / La Mecque / Alep et Konya ? ]

« Finalement revenu en Allemagne – sa terre natale – « Fr. C. R. » – dépositaire du secret de la transmutation métallique – entreprend avec trois collaborateurs de concrétiser son grand projet de « réformation ».

[ Entendons le secret de la transmutation comme celui du passage vers l'âge d'Or depuis l'âge de fer qui succède à l'âge d'airain ou de bronze décrit dans la littérature alchimique comme celui du vil plomb qui n'a plus la noblesse de l'argent.

Les trois collaborateurs entreprennent ici avec le « Fr. C. R. » de reconstituer les fonctions hiérarchiques qui président la fraternité sur le modèle du « tasarruf » décrit par ibn Arabi à propos des piliers, du pôle et de ses acolytes parmi les esseulés du désir ardent.

Ces fonctions se perpétuent ensuite sur « trois générations de frères » qui se succèdent jusqu'à ce qu'un « bon architecte » restaure le tombeau du « Fr. C. R. » – programmation à peine voilé de la maçonnerie écossaise cent vingt ans plus tard.

« Sous une plaque de cuivre repose le corps du fondateur intact depuis 120 ans » dans un tombeau orné de « deux fois sept triangles » sur les deux panneaux latéraux, la voûte et la pavage du sol symbolisant sous le souffre rouge la quadrature du cercle – « Σ 4 = 10 ». ]

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – La « Fama fraternitatis », manifeste de la Rose-Croix (2016)

Arnaud de la Croix date de 1614 la parution à Cassel en Hesse de la « Fama fraternitatis » comprenant une « Réforme de l'univers » parue à Venise dès 1612 qui nous indique peut-être d'où lui vient la source orientale qui l'inspire.

Un manuscrit aurait circulé avant nous dit-il depuis une date qu'il ne nous donne pas mais que l'invention du tombeau après cent vingt ans situe en 1604 – date absolument nécessaire si l'on veut comprendre l'enchaînement des temps (360) qui s'y réfère.

Ces temps nous renvoi d'abord en 1244 où le passage des cathares à travers le feu nous projetait déjà six cents ans plus tard vers l'échéance adventiste de 1844 qui succède après 120 ans à la maçonnerie spéculative de 1724.

Et cette vivification du Laurier qui sécularise le sabbat du septième jour une fois intégrée à la triple échéance (3 x 120) des temps apocalyptiques (360) repris au quarante deux mois de leurs 1.260 jours nous indique la fin de leur perspective en 1964.

On doit aux fabuleuses prophéties que Pier Carpi attribue en 1976 au pape Jean XXIII le plus curieux passage d'une perspective à l'autre qui nous mène de 1935 à 2033 vers le terme d'une échéance qui fut corrigée dès 1792.

Partant de 1673 avec le Sacré-Cœur de Paray-le-Monial pour origine, cette autre perspective converge sur le même principe (3 x 120) avec la Prophétie des papes que Raoul Auclair a explicité dès 1969 – 888 ans de 1143 à 2031 en passant par 1587.

En réalité de septembre 1143 à mars 2032 en passant par décembre 1587 – ce qui n'excède d'un équinoxe à l'autre en passant par le solstice le nombre du Saint Nom du Christ en lettres grecques (888) à laquelle Auclair se réfère que de deux quarts.

Notons que de ce point de vue, les manifestations intempestives de la Rose-Croix n’eurent que des incidences fâcheuses sur des projections qu'Henry Adamson qualifie dès 1638 dans un poème maçonnique de double-vue – « second sight ».

Double-vue dont Rose-Croix et Maçons sont dotés et qui leur donne la capacité de prédire l'avenir : « We have the Mason Word and second sight / Things for to come we can foretell aright » – [ « For we be brethren of the Rosie Crosse ». ]

Il semble aussi qu'une organisation de ce genre les ait précédé sur l'are du Go où l'origine méridionale du passage par l'Espagne lui donne un sens originel semblable à celui d'une chevalerie templière dans les Corbières précédant la milice en Champagne.