jeudi 30 novembre 2023

Le seuil gaélique

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« Les Gôidels ou comme écrit aujourd'hui, les Gaels sont le rameau le plus septentrional de la famille celtique ; ce rameau s'est établi dans les îles britanniques à une date difficile à déterminer entre 1300 et l'an 800 avant [ l'ère chrétienne ].

« Les Gôidels étaient alors à l'âge de bronze. Ils ne sortirent pas de cet âge avant l'an 300 ou 200 avant [ l'ère chrétienne ] – date approximative à laquelle une invasion gauloise apporta le fer dans les îles britannique.

« Plusieurs siècles – mille ans peut-être – avant l'invasion gauloise, les Gôidels armés de lances avec [ des ] pointes de bronze, d'épées et de poignards de bronze avaient triomphé de la race anonyme qui les avait précédés dans les îles britannique.

« Cette race dont l'archéologie nous apprend l'antique existence mais dont la langue nous est inconnue, ignorait les métaux quand elle fut subjuguée par les Gôidels.

« Elle était [ alors ] encore à l'âge de la pierre polie, à l'âge néolithique comme disent les archéologues. [ ... ] Les armes de pierre et d'os dont se servait cette race étaient bien inférieures aux armes métalliques des Gôidels. »

« La conquête des îles britanniques par les Gôidels n'y avait pas seulement introduit un métal que les habitants de ces îles n'avaient pas connu jusque là, elle y avait fait aussi pénétrer une langue qu'on n'y avait pas encore parlée ...

« ... et qui allait y dominer [ ... ] pendant plusieurs siècles. C'était un dialecte celtique » [ avec « les vingt lettres dont se compose l'alphabet ogamique primitif [ ... ] celui des plus anciennes inscriptions [ en ] Irlande [ ou ] le « P » fait défaut. » ]

« Puis il s'écoula plusieurs centaines d'années et la conquête gauloise importa dans les îles britanniques avec les armes de fer qui triomphèrent des armes gôidéliques de bronze, un [ nouveau ] dialecte celtique – le gaulois ...

« ... qui vainquit et remplaça le gôidélique en Grande-Bretagne. »

Cf. Henri d'Arbois de Jubainville – Les Druides – Les différences entre les Gôidels et les Gaulois (1906)

Le site mégalithique de Stonehenge serait par conséquent une réalisation gaélique reprise sur le seuil à une race inconnue pour un passage du mois sidéral – « (13 x 28) + 1 » – au mois synodique – « (12 x 30) + 5 ».

Et « 0,242 » pour le Cerf blanc aux cinq cors.

Et « 0,0002 » pour le Maître des abeilles.
   

    

mercredi 29 novembre 2023

La crosse de Saint Colomban

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« En compensation [ de la conquête ] [ les Gaulois ] trouvèrent [ en Grande-Bretagne ] les Druides qui bien qu'appartenant au peuples vaincu leur imposèrent leur domination dans ce que nous pourrions appeler l'ordre spirituel ; ...

« ... ils firent accepter leur maîtrise scientifique et religieuse non seulement aux Gaulois de Grande-Bretagne mais à ceux du continent entre le Rhin à l'Est et l'océan à l'Ouest, région où une partie des Druides se transporta vers l'an 200 avant l'ère chrétienne.

« Vers le même temps, un événement analogue se produisait dans le monde romain : Rome dont les armes avaient conquis la Grèce fut à son tour conquise par la littérature et la philosophie grecques, par les pédagogues et les artistes de la Grèce. » [ ... ]

« Le succès des Druides – ces professeurs Gôidels en Gaule pendant les deux siècles qui ont précédé l'ère chrétienne – peut être comparé à celui d'autres Gôidels tels que l'Irlandais Clément qui sous Charlemagne devint directeur de l'école du palais ...

« ... et l'Irlandais Scot Érigène qui écrivit des vers grecs et qui prit une position considérable à la cour de Charles le Chauve.

« Chassés d'Irlande par l'invasion scandinave, ils apportèrent dans l'empire franc la connaissance du latin classique et du grec que l'invasion barbare en avait expulsée.

« On doit à eux et à d'autres Irlandais moins connus qui les accompagnèrent la renaissance des études classiques qui se produisit en France au IXe siècle. » [ ... ]

Cf. Henri d'Arbois de Jubainville – Les Druides – Conquête de la Grande-Bretagne par les Gaulois et introduction du druidisme en Gaule (1906)

Il n'est donc pas incongru de qualifier les chrismes pyrénéens de carolingiens et de reconnaître dans leur Rhô (100) la crosse de Saint Colomban entre le Khi (600) du Christ et le Tau (300) de l'Alter-christus  Saint François d'Assise.

Les chrismes romains qui les ont peut-être inspiré ne seraient dès lors que des rouelles à six branches qu'on identifie à posteriori à un assemblage du Khi (600) et du Iota (10) qui formerait les initiales du Saint Nom de Jésus Christ.

« Lorsque dans la seconde moitié du VIe siècle de [ l'ère chrétienne ] saint Columba – « Columcille » : « Colombe d'église » – venant d'Irlande alla prêcher l'évangile aux Pictes – population gauloise de l’Écosse septentrionale, ...

« ... il trouva en face de lui des Druides que suivant l'usage du temps Adamnânun siècle environ plus tard – écrivant la vie du saint – appelle « magi ». [ mage ]

« Un jour près du château de Brude – [ le ] roi des Pictes – Columba avec quelques uns de ses moines chantait les vêpres en plein air ; ...

« ... des Druides s'approchèrent d'eux et voulurent leur imposer [ le ] silence. Mais [ ... ] le saint – élevant la voix – entonna [ un ] psaume.

« Son puissant organe eût en ce moment tant d'éclat que le roi et les autres assistants crurent entendre un coup de foudre ; Columba avait triomphé des Druides.

« Tel est le récit de l'hagiographe. Il raconte encore ceci : un de ces Druides s'appelait Broichan. Il avait une esclave irlandaise. Columba lui proposa de l'affranchir ; Broichan refusa.

« Broichan [ sur ces faits ] tomba malade et faillit mourir mais ayant donné la liberté à l'esclave irlandaise, il fut guéri par Columba. Encore une fois, les Druide étaient vaincus. »

« Ces passages de la vie de saint Colamba par Adammân ont un côté merveilleux [ puisqu'il s'agit bien sûr d'une métaphore sur l'âme irlandaise. ]

« Mais il y a un fait historique qu'ils établissent d'une façon incontestable. C'est qu'il y avait encore des Druides en Grande-Bretagne au Nord du « vallum Antonini » chez les Pictes vers la fin du VIe siècle. Ils s'y étaient maintenus jusqu'à cette date. » [ ... ]

[ « On voit le druidisme prétendre vaincre par un procédé magique en 560 – environ un siècle après la mort de saint Patrice – c'est-à-dire à la bataille de Culdreimme où saint Columba leur opposa Jésus Christ – « mon Druide » disait-il – et les battit. » ]

Cf. Henri d'Arbois de Jubainville – Op. Cit. – Les Druides en Grande-Bretagne [ et en Irlande ] hors de l'empire romain et quand il eut pris fin (1906)

Saint Patrick sert ici de modèle à Saint Colomban comme Saint Benoît servit de modèle à Saint Grégoire le Grand quand il rédigea son hagiographie.

« ... c'est probablement comme héritier des Druides qu'en 574, Columba – abbé d'Iona – fut – à l'assemblée de « Druim Ceta » en Irlande – l'arbitre accepté ...

« ... pour juger la contestation qui s'était élevée entre la corporation des [ devins – ces alliés du clergé grâce à l'appui desquels les Druides allaient être écrasés ] et le roi suprême d'Irlande – Aed fils d'Ainmire. »

   

    

mardi 28 novembre 2023

La triade gallo-romaine

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« En Gaule, la haine des Druides pour Rome se manifesta d'une [ ... ] façon dont l'histoire moderne a donné deux exemples bien connus. »

« Un des résultats qu'aux XVIIe siècle produisit la persécution des protestants, fut une prédiction.

« En 1686 – un an après la révocation de l'édit de Nantes – il fut annoncé dans le monde protestant que trois ans plus tard – en 1689 – on verrait la délivrance de l’Église et la ruine de la Babylone papiste.

« Cette prophétie ne se réalisa point. [ Mais on peut toujours considérer à partir d'une adaptation cyclique propre à l'âge de fer (500 < 600) qu'on s'est trompé d'un siècle. ]

« De même au XIXe siècle – sous la Restauration – les officiers bonapartistes en demi-solde pensant à Napoléon prisonnier des Anglais disaient avec ferme confiance : « Il reviendra ».

« Ils pensaient le voir revenir vivant et glorieux. De Sainte-Hélène, il n'est revenu que son cadavre. » [ Mais les Grognards de l'empereur se souvenaient de l'île d'Elbe. ]

« En l'an 71 de [ l'ère chrétienne ] les Druides répandirent aussi une prédiction. Le Capitole de Rome avait été incendié. Jadis les Gaulois – maître de Rome – n'avaient pu pénétrer dans le temple de Jupiter capitolin.

« De là provenait – disait-on – la suprématie dont Rome avait joui pendant quatre siècles et demi ; mais ce temple – une fois détruit – la domination allait passer aux peuples établis au nord des Alpes. »

« Elle ne leur arriva pas si vite. On était au premier siècle de [ l'ère chrétienne. ] Il fallut attendre jusqu'au Ve siècle pour voir cette prédiction se réaliser. »

« Ni les Druides au premier siècle ni les Protestants français au XVIIe siècle ne virent se produire les événement sur lesquels ils comptaient ; ...

[ Mais on vient de lire le contraire nonobstant une adaptation cyclique et un enchaînement périodique sur lequel nous revenons. ]

« ... mais malgré la différence des temps et des hommes, les prédictions dont nous venons de parler étaient l'expression des mêmes sentiments : ...

« ... la douleur causé par l'oppression, la haine envers les oppresseurs, l'espérance de voir briller des jours meilleurs.

« Il y a des lois psychologiques qui produisent – en tout temps – les mêmes effets. »

Cf. Henri d'Arbois de Jubainville – Les Druides – Les Druide en Gaule sous l'Empire romain (1906)

En l’occurrence, les lois psychologiques butent sur celles de l'économie cyclique qui doit prendre en compte des enchaînements périodiques dans les triades et des recouvrements entre les triades.

Au demeurant, les Druides identifient clairement l'installation de Jupiter capitolin au Capitole de Rome sous le règne de Tarquin l'Ancien (616- 579) comme un point de départ pour cette périodicité.

L'entendue du cycle après quatre siècle et demi est encore de cinq cents ans comme pour l’instauration de la Paix d'Auguste (-9) que le Sénat date de cinq siècles avec la République après le règne du Nouveau Tarquin (534-509).

Il s'agit du Phœnix aux six milles lunaisons ou du Cerf blanc aux cinq cors dont la norme (500) va changer à partir du Janus (50 < 60) avec le Calendrier julien pour les quatre cohortes (600) du Kali yuga.

    

    

lundi 27 novembre 2023

Les feux de la Saint-Jean

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« La grande fête des Maçons est ce qu'ils appellent le jour de Saint-Jean ; ...

« ... tout Maçon éclairé doit savoir que cette fête célébré ce jour là ne peut avoir aucun rapport avec la personne appelée saint Jean et que c'est uniquement pour en déguiser la véritable cause qu'ils ont nommé ce jour-là la Saint-Jean.

« Comme il y avait des maçons ou pour mieux dire des Druides, plusieurs siècles avant saint Jean – si toutefois un tel personnage a jamais existé – le jour choisi pour la fête de la Maçonnerie doit avoir une autre cause totalement étrangère à Jean. »

« Voici le fait : le jour appelé jour de saint Jean est le 24 juin vulgairement pris pour la mi-été. Le soleil alors est arrivé au solstice d'été et – observé en plein midi – il paraît pendant quelques jours à la même hauteurs.

« Le plus long jour astronomique comme le jour le plus court n'est pas tous les ans – à cause de l'année bissextile – le même jour numérique et c'est pour cela que le 24 juin est toujours pris pour la mi-été ...

« ... et c'est en l'honneur du soleil qui est alors à sa plus grande hauteur sur notre hémisphère – et nullement ici par rapport à saint Jean – que cette fête annuelle des maçons prise des Druides est célébrée à la mi-été. »

« Les coutumes survivent souvent aux [ souvenirs ] de leur origine et c'est précisément ce qui nous arrive pour une coutume encore en usage en Irlande où les Druides [ fleurissaient ] au temps où ils [ fleurissaient ] dans la Grande-Bretagne.

« La veille du jour de Saint-Jean – c'est-à-dire la veille du jour de la mi-été – les feux irlandais s'allument sur le sommet des montagnes.

« Cette coutume n'a aucun rapport avec saint Jean mais bien avec le soleil qui – ce jour là – est à son plus haut degré d'élévation d'été et où il arrive – comme on pourrait le dire en langage populaire – au sommet de la montagne. »

Cf. Thomas Paine – De l'origine de la franc-maçonnerie – De la nature du secret de la franc-maçonnerie – Les origines druidiques de la fête de la Saint-Jean d'été, principale fête maçonnique (1812) [ à titre posthume ]

Les archives de la Franc-maçonnerie proposent ici en 2009 les deux figures de l'aigle et du serpent identifiées à celle du faucon et du dragon comme emblème du dieu Taramis qui gouverne le ciel et le tonnerre tonnant :

« La Saint-Jean est une fête qui remonte à la nuit des temps. Cette fête est sûrement le plus ancien élément de la tradition occidentale.

« Vraisemblablement issue d'un ancien culte solaire, elle est née chez nos ancêtres préhistoriques et fut très présente chez les druides. »

« Jean [ le « Boanergès » ] dit « fils du tonnerre » est à rapprocher du dieu Taranis. »

Si l'aigle et le dragon sont bien ici conjoints avec leurs figures secondaires comme attributs d'une même divinité gauloise, il y a une confusion entre la naissance du Précurseur et l'auteur présumé du quatrième évangile – Jean de Zébédée.

C'est bien la naissance du Précurseur qui fait face le 24 juin à celle du Christ commémorée le 24 décembre avec la fête du Soleil invaincu et c'est Teutatès identifiée à Dionysos qui en reçoit les hommages sur son Territoire.

Mais leur conjonction sous le Soleil de Belenos n'est sans doute pas sans rapport avec la triade que Teutatès formerait d'après la « Phrasale » de Lucain avec Taranis et Ésus :

« Taranis dont le nom signifie « le tonnant » [ ... ] est représenté tenant dans une main le soleil et de l'autre la lune. Il est accompagné de l'aigle et du serpent.

« L'aigle – animal solaire – engendre l'air par le battement de ses ailes. Il permet ainsi la capture et la préservation du feu solaire. L'action conjointe de l'aigle et du soleil donne naissance à l'air lumineux [ qui ] porte en lui la puissance de vie.

« Le serpent – mais aussi le dragon – animal lunaire est l'enveloppe qui capture et préserve le feu sous-terrain des mutations et des transformation. »

Ici pourtant la constellation du Serpent terrassée dans la sphère sublunaire ne doit pas être interprétée sous la figure du dragon en dehors du principe solaire que caractérise le « regard acéré » de l'aigle d'après son étymologie irlandaise.

C'est à l'entrelacs – aux nœuds et aux liens – des circonvolutions du serpent dans les méandres du labyrinthe octogonal qu'on doit réserver les miroitements de l'astre solaire sous leur luminaire secondaire en passant de la lumière au feu :

« Un lien analogique s'établit entre le dragon, le feu et les orages. De ces forces primitives du cosmos en action, le dragon participe directement.

« L'affrontement du saint contre le dragon [ dans le christianisme celte ] a souvent lieu en canicule comme si cette période était l'épicentre temporel du mythe. [ ... ]

« On se trouve vraisemblablement devant un schéma de mythe calendaire : le combat saisonnier contre un principe dévastateur du monde, un dragon caniculaire qui menace d'assécher le monde et de le transformer en terre « gaste ». [ gâtée ]

[ « Dans la conception traditionnelle des Celtes, le dragon ne serait que la forme transitoire d'une divinité polymorphe et qui intervient régulièrement dans le destin du monde et des hommes. [ ... ]

« Les dragons celtes ne sont ainsi que l'aspect provisoire d'une divinité dont l'action continue de s'exercer sur le monde. Par ailleurs, le dragon est certes vorace mais cette voracité s'inscrit dans une logique d'équilibre des forces naturelles et cosmique. » [ ... ]

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Dragon » [ « Un mythe calendaire » ... « Pour le paganisme » ] (2014)

L'ordre druide émanant de la Société des Antiquaires de Londres (1707) a rompu en 1723 avec la maçonnerie anglaise ; juste avant l'échéance rosicrucienne de 5728 qu'elles avaient entrepris d'établir au sein de la Grande Loge dès 1717.

   

    

dimanche 26 novembre 2023

Bestiaire celtique

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« L'un des trois poissons avec le brochet et la lamproie qui pourrait contenir le Graal selon le témoignage de l'ermite – l'oncle maternel de Perceval – dans le Conte du Graal.

« Par ailleurs, le Graal apparaît dans la maison d'un Roi Pêcheur dont la principale occupation est justement la pêche.

« Cela confirme la thèse selon laquelle le Graal avant sa christianisation est un large plat pour [ contenir un poisson ] de grande taille. [ ... ]

« Créature de l'Autre Monde liée aux origines du savoir dans les croyances gaéliques, le saumon est un être primordial homologue du « Vieux de la mer » dans la mythologie grec : il a assisté à la naissance de toutes choses.

« Selon un mythe irlandais, il confère le don de science universelle à Finn qui a mangé accidentellement sa chair – le mythe rappelle celui de Sigurd qui comprend le chant prophétiques des oiseaux après avoir goûté par accident le sang du dragon Fafnir.

[ Ici l'aigle ou le pélican se confond avec le dragon comme le cerf aux cinq cors s'identifie au phœnix ; ce qui permet de faire correspondre le triptyque des animaux primordiaux avec celui des chimères orientales. ]

« Ainsi le saumon est secrètement lié à une tradition originelle des Celtes. En effet dans la mythologie irlandaise, c'est grâce au saumon de science que Finn acquiert intuitivement ses pouvoirs de devin.

« Il aurait dû en être de même pour Perceval devant le Graal. [ ... ] Le jeune homme aurait dû avoir l'intuition de poser les deux questions quasi magiques qui auraient pu guérir le Roi pêcheur.

« Perceval est donc une sorte de Finn inversé : ce dernier possède les réponses secrètes aux question de la vie et Perceval doit deviner ces mêmes questions.

« Le saumon divin celte est donc une nourriture sacrée qui se transposera aisément dans la tradition chrétienne puisse que le poisson – [ « I X Θ Y Σ » ] en grec – est un symbole du Christ depuis [ son origine ] paléochrétienne.

« Chrétien de Troyes a opéré une substitution [ ... ] dans le rituel [ du ] repas sacré : le saumon de science a été remplacé par une hostie ...

« ... mais nul n'a oublié que le Christ est bien désigné [ par ] Saint Augustin comme « ichthys » – poisson en grec – initiale en acrostiche de la formule grecque qui se traduit par cinq mots :

« Jésus Christ Fils [ du ] Dieu Sauveur ».

« Le poisson est l'un des symboles chrétiens primitifs commenté par Saint Augustin. C'est aussi l'un des noms secrets de Dieu.

« Quant au rituel païen qui devait figurer dans la source de Chrétien de Troyes, un texte irlandais [ du Xe siècle ] appartenant au glossaire de Cormac permet d'en retrouver des éléments archaïques incluant un repas sacrificiel avec un saumon. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Saumon » (2014)

C'est Sri Matsya – l'avatara primordial du manvantara – qui contient le Graal au début de sa décade comme totalité de la manifestation cosmique : « 4 + 3 + 2 + 1 ».

Les trois animaux primordiaux

Aigle

Cerf

Saumon

Dragon

Phœnix

Licorne

Les trois chimères orientales

« Comme celle du saumon, la viande de porc est nécessaire à l'exercice de la divination. »

[ Mais il est permis d'en douter puisque Perceval impliqué dans cet exercice de divination échoue dans la quête du Graal. ]

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Sanglier » (2014)

« Unique apparition de cet animal légendaire dans la littérature arthurienne, une licorne vient au secours de Belnain [ dans « Conte du papegaut » ] lorsqu'il a perdu sa femme et se retrouve seul avec son enfant qui vient de naître.

« Elle allaite le petit et son lait possède les mêmes vertus que celui des sirènes : il fait grandir démesurément. Le fils de Belnain devient ainsi le « Géant sans nom ».

« Dans « Tristan de Nanteuil » – un Tristan [ du XIVe siècle ] distinct du neveu de Marc est allaité par une sirène [ et ] devient aussi gros qu'un cheval de Carthage en attendant de grandir encore et de se transformer en homme sauvage. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Licorne » (2014)

« L'irlandais « draic » est un emprunt au latin « draco » – [ le ] « serpent dragon » – qui remonte lui-même au grec « derkomai » – « voir » en soulignant l'intensité du regard employé pour les serpents, l'aigle, la gorgone [ ou ] les guerriers au combat. » [ ... ]

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Dragon » (2014)

Dragon

Ciel

Aigle

Phœnix

Terre

Cerf

Licorne

Eaux

Saumon

« Le symbolisme mythique du serpent est en réalité celui du dragon. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Serpent » (2014)

Aux trois chimères orientales, on ajoute la tortue (2) issue de l'océan primordial mais outre son absence de caractère chimérique elle apparaît comme le second des quatre avataras de Vishnu au Krita yuga avant le sanglier (3) et le lion (4).

Elle n'entre donc pas dans nos considérations qui se limitent ici au poisson (1) quand il échappe à la nasse du Kali yuga avant que la tortue (2) n'apporte la divination.

Il existe par ailleurs une assimilations morphologiques entre le narval et la licorne qui explique des représentations équestres ailée ou cornue.

   

    

samedi 25 novembre 2023

Le cerf blanc

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« Animal clé du bestiaire celtique et arthurien auquel le cerf appartient au même titre que le sanglier ou le saumon.

« Il est considéré comme un animal primordial lié au druide des origines du monde. Les Romains connaissaient cette tradition.

« Selon Pline [ dans son ] Histoire naturelle, la longévité du cerf est un fait avéré.

« Le naturaliste explique que des cerfs de l'époque d'Alexandre le Grand ont été capturés plus de cent ans après la mort du conquérant et qu'on a retrouvé dur eux les colliers d'or qu'Alexandre avait fait placer autour de leur cou. »

« Le cerf est l'une des formes que prennent les divinités puisque les Celtes ne figuraient jamais leurs dieux sous un aspect anthropomorphe.

« Des bas-reliefs gallo-romains [ à Reims ] présentent un dieu-cerf en divinité de l'abondance.

« En Irlande, le devin Tuan Mac Cairill est transformé successivement en cerf, en sanglier, en faucon et en saumon.

« Quant au fils de Finn [ le ] blanc, il s'appelle Oisin [ le ] faon.

« Dans le lai de Tyolet, un chevalier métamorphosé en cerf apparaît au jeune héros. C'est certainement le père de Tyolet.

« Les nombreuses apparitions du cerf blanc de l'Autre Monde dans les lais et récits celtiques se rattachent au même socle mythique. »

« En Gaule, on utilisait des talismans en bois de cerf. Cernunnos – le cornu – est la forme restituée d'un nom de dieu celte représenté avec des cornes.

« Le chaudron de Gundestrup [ un vase cultuel saturé de symboles astraux et mythologiques ] le montre en maître des animaux et doté de bois de cerf.

« Ce dieu cornu est plus vieux que l'ère indo-européenne comme le prouve le cerf dressé sur ses pattes arrières évoquant un chamane déguisé représenté dans la grotte des Trois-Frères à Montesquieu-Avantès [ en ] Ariège.

« Merlin pourrait tenir de Cernunnos puisque sa seule métamorphose animale attestée dans les récits français est celle d'un cerf [ à ] cinq cors [ et ] aux pieds blancs dans les « Premiers Faits du roi Arthur ».

« Après avoir sévèrement condamné les déguisement en cerf lors des mascarades de janvier pour le carnaval, le christianisme relégua ce culte ancestral à la « religion des sorcières » et aux habitants des régions isolées ; ...

« ... le Cornu fut alors assimilé au diable. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Cerf » [ « Une épiphanie divine » et « La corne sacralisée » ] (2014)

Les cinq cors du Cerf blanc sont comme les cinq rayons du phœnix oriental : « 5 x 100 ».

« Dans les lais bretons, la rencontre puis la traque d'un cerf blanc permet toujours à un chevalier de pénétrer dans l'Autre Monde et d'y faire la connaissance d'une fée. »

« Dans le « Perceval en prose » et dans la « Deuxième Continuation », Perceval est prié de rapporter la tête d'un cerf blanc. Une fée lui confie un chien blanc féerique pour l'aider à le retrouver.

« Le cerf blanc est sans doute la métamorphose de la fée elle-même qui prend cette apparence pour attirer son élu vers son monde.

« La couleur blanche signifie à la fois l'appartenance à l'Autre Monde mais également la valeur sacrée et druidique de l'animal.

« Le caractère psychopompe et hermétique du cerf s'explique par l'ancienne sacralité qui s'attache à cette animal chez les Celtes.

« Le thème de la poursuite du cerf blanc se retrouve jusque chez les Ossètes du Caucase.

« Sosryko traque un cerf avant de le voir se métamorphoser en une femme merveilleuse aux ailes d'or. Il croit qu'il s'agit d'une sorcière mais la belle se sent insultée et envoie la « roue de Barsag » pour le tuer.

« L'imaginaire arthurien connaît aussi une version christianisée de cet épisode. »

« Dans la « Quête du Saint Graal » (§ 313 & 314) un cerf blanc conduit par quatre lions apparaît à Galaad et à ses deux compagnons – Perceval et Bohort – en quête du Saint Graal.

« Arrivé dans la chapelle d'un ermitage, le cerf se transforme en homme et les quatre lions respectivement en homme, en aigle, en lion et en bœuf.

« C'est le motif du Tétramorphe de la théologie chrétienne combiné avec le motif hagiographique du cerf christique dans la légende de Saint Eustache.

« La représentation symbolique et animal des quatre évangélistes prend sa source dans la première vision d’Ézéchiel (I 10). La vision est reprise par l'Apocalypse. [ ... ] C'est Saint Jérôme qui a inventé la symbolique animale appliquée aux évangélistes. [ ... ]

« Ces métamorphoses du cerf et des lions font écho à un motif important de la mythologie celtique relatif aux [ trois ] animaux primordiaux et divins des Celtes parmi lesquels le cerf tient [ auprès de l'aigle et du saumon ] une place essentielle. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Blanc » [ « Version païenne » et « Version chrétienne » ] (2014)

   

    

vendredi 24 novembre 2023

La prophétie de l'aigle

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« À deux reprises dans l'Histoire des roi de Bretagne, Geoffroy de Monmouth mentionne de mystérieuses prophéties de l'aigle.

« Pendant qu'on élève les murailles de Shaftesbury, un aigle se met à parler (§ 29). Ailleurs, l'aigle prophétique s'est démultiplié.

« Geoffroy évoque le lac Lomond [ en ] Écosse où se trouvent quarante îles. Sur celles-ci, il y a soixante rochers supportant autant de nids d'aigles :

« Les aigles se réunissaient chaque année pour annoncer en une forte et même clameur les événements prodigieux qui auraient lieu dans le royaume. » (§ 149)

« Or, ces prophéties de l'aigle sont ouvertement attribuées à Merlin par Giraud de Barri.

« Si l'on suit le conte gallois de Math, c'est le dieu Lug métamorphosé en aigle qui grâce à sa chair putréfiée avalée par un devin confère un pouvoir prophétique.

« Selon la mythologie irlandaise, l'aigle appartient avec le saumon et le cerf aux [ trois ] créatures primordiales qui ont été à l'origine du monde.

« Il est de fait détenteur d'un pouvoir initiatique et prophétiques. Éminente créature solaire [ puisque ] l'aigle est le seul oiseau à pouvoir regarder fixement l'astre du jour, l'aigle fait partie de l’héraldique arthurienne. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Aigle » (2014)

Les trois créatures primordiales sont comme les trois chimères orientales, les trois archanges orthodoxes où les trois esseulés – « afrad » – du « tasawwuf » akbarien.

Des soixante rochers aux binômes sexagésimaux : « (10 x 12) / 2 ».

Des quarante îles à la quadrature de la décade : « (1) + (2 x 2) + (3 x 3) + (4 x 4) + (5 + 5) ».

« Les anciens Bretons des îles Britanniques avaient développé un goût prononcé pour la prophétie.

« Toutefois il ne s'agissait pas à proprement parler d'un « genre littéraire » – car anciennement ces prophéties échappaient à l'écriture comme les vaticination des sibylles – mais d'une tradition remontant aux origines du sacré dans la religion celtique.

« La divination est l'art d'entendre les messages venus du monde divin. Elle passe par ce médiateur qu'est le devin qui tient autant de l'homme et de l'animal que de la divinité.

« À l'instar du monde gréco-latin, l'art celtique de la divination était lié à la musique, à la poésie et même à la médecine par les formules et les incantations thérapeutiques.

« C'est pourquoi, ramener le prophétisme breton à un esthétisme poétique est culturellement réducteur.

« C'est l'inverse qui s'est produit en réalité : la poésie telle que nous l'entendons avec ses procédés formels – rimes, allitérations, rythme, etc. – découle des formules et pratiques divinatoires.

« Parole sacrée émanant des divinités et engageant la vie de toute la communauté, la prophétie inscrit l'existence collective dans une dimension cosmique.

« Cette parole est souvent énigmatique ; son hermétisme autorise des interprétation multiples qui entrent en résonance avec les événements historiques : le XVe siècle [ lit ] encore l'arrivée de Jeanne d'Arc dans certaines prophéties de Merlin.

« Lors du conflit entre Breton entre Breton et Saxon à partir des Ve et VIe siècles de notre ère, la prophétie devint l'arme psychologique des Bretons brandie contre leurs envahisseurs.

« Contre le fatalisme de la défaite, elle entretient le patriotisme breton annonçant les victoires futures.

« Rompant avec cette tradition polémique, les romans du Graal cultivent une vision eschatologique que les prophéties de Merlin sont chargées de légitimer.

« Paré d'un prestige quasi biblique, Merlin devient le prophète attitré du monde arthurien et du Graal [ le prêtre d'Avalon ] avec lequel il n'a initialement rien à voir. [ Sauf dans le monde du rêve et de la vision. ]

« Il annonce l'arrivée d'un Messie qui mettra fin à la chevalerie terrestre : Galaad.

« Le langage crypté des prophéties contient des schémas substantiels de récits mythiques usant d'une symbolique animale souvent inspirée du code héraldique ou partageant une rhétorique commune aux rêves et [ aux ] visions. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Prophétie » (2014)

De la dimension cosmique à la Grande année du cycle de l’écliptique : « 360° x 72 ».

   

    

jeudi 23 novembre 2023

Les études celtiques

...

« Il fut un temps glorieux où les « études celtiques » étaient dignement pratiquée en France. Leur légitimité avait été reconnue par l'Académie celtique [ de la Société nationale des Antiquaires de France ] dès l'époque napoléonienne (1804).

« Pour cette dernière, il était clair que la culture française et européenne n'était pas uniquement héritière de Rome et d'Athènes. [ La « civilisation » ] La Gaule était déjà sortie de l'oubli grâce à l'archéologie.

« Il fallut toutefois attendre la « Revue celtique » (1870-1934) pour qu'une recherche philosophique celtisante digne de ce nom voie le jour en France – en Angleterre et en Allemagne, elle avait déjà eu droit de cité depuis longtemps.

« Après son extinction, la « Revue celtique » renaît en 1936 sous le nom des « Études celtiques » mais en 2013 la revue [ annuelle ] n'en est qu'à son tome 39 [ sur 77 ] car elle connut des vicissitudes dues au long dépérissement du « celtisme » en France. » [ ... ]

« En 1949 fut fondée la « Société Internationale Arthurienne ». Son objectif était d'étudier la « littérature arthurienne » ainsi que la « matière de Bretagne », l'une étant pour ses fondateurs indissociable de l'autre.

« Pendant au moins deux décennies, cette Société assura le relais indispensable entre les travaux des celtisants et ceux des arthuriens grâce à un bulletin annuel et à des congrès régulier.

« Tout ce qui pouvait servir à faire comprendre le lien ombilical entre le monde arthurien et son socle « breton » y compris gallois et irlandais était privilégié, analysée, signalé. À la mort de Jean Frappier (1974) cette belle interdisciplinarité disparut.

« Celtisants et arthuriens retournèrent chacun dans leur bergerie et les études arthuriennes se contentèrent d'ignorer souverainement les études celtiques [ « ... le lien vivant entre l'univers arthurien et la mémoire celte. » ]

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne – Lire la littérature arthurienne – Petite histoire d'un malentendu : les Celtes (2014)

Toute quête est faite de voies nouvelles hors des sentiers battus.

   

    

mardi 21 novembre 2023

Le maître des abeilles

...

« Quatre cents colonies à nourrir dans ce printemps et cinq ou six millions de citoyennes à gouverner ; dans rien de temps, les essaims vont débourrer : leur courir après, les prendre, les loger, poser les hausses et voilà la grande miellée qu'arrive !

« Alors là, garçon, cinq mille rayons à désoperculer. Tu entends ? Cinq mille ! Et tu crois que je pourrai faire ça tout seul ? Mais la voilà sa licence à ton p'tiot ! ... Son agrégation ? Elle est là : maître des abeilles ! ... »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

Le Maître des abeilles est Celui qui ajoute un jour au jour incomparable de l'équinoxe du Printemps deux fois par Myriade parmi les jours bissextiles :

« 365,25 > 365,24 < 365,242 < 365,2422 »

Véritable « triduum » pascal qu'on attribue par anticipation au Phénix des six mille lunaisons deux fois par Millénium comme on ajoute le Verne des Abruzzes aux Verdoubles des Corbières.

« Eh là ! Eh là ! Dit le Mage. Va-t'en fourrer trop tôt ton nez là-dedans ! Le pollen, ça s'approche sur la pointe des pieds. Avec le sang, c'est la denrée la plus mystérieuse du monde qui tient dans ça structure les secrets de la Vie.

« Faut pas gaspiller ça, garçon ! Faut l'état de grâce ! Faut la main sacerdotale ! »

« Il montra l'auget. « J'ai là du pollen d'aulne. Le Verne des gaulois. C'était même un de leurs arbres sacrés. Pourquoi ? Va savoir. Peut-être parce qu'il tourne à l'eau. Ce qui est sûr, c'est qu'avec le coudrier, c'est le premier pollen pour les avettes !

« Matière à réflexion, hein ! Moi je le guette tous les ans. »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

Comme on guette le Now Ruz au Printemps

du Verne au Rayon Vert

sous la Crosse de Saint Colomban.

« C'est ainsi que commença pour [ lui ] le métier de maître des abeilles : dans l'eau de la chaudière, il jetait les pains de cire naturelle de deux cents grammes environ et entretenait le feu jusqu'à ce que l'eau fut à température voulue.

« Quand les pains de cire étaient de la bonne consistance, il les laminait un à un entre les deux rouleaux. Il en sortait un mince gâteau doré engravé recto verso d'hexagones savants qu'il passait ensuite au massicot pour le calibrer aux dimensions des rayons.

« 12 x 36 »

« Les rognures retournaient à la fonte. »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

« Mais heureux encore qu'ils sont [ les Duverne « qui habitait depuis toujours à la Serrée où poussent les vernes » ] parce que cette ligne-là [ Nation-Dauphine où ils font « des trous dans les tickets de métro » ] est plus souvent dessus que dessous. »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

« Et tourne que tu tourne, il en fit ainsi une centaine par jour. Et cela dura dix jours, ...

« ... après quoi ils passèrent en revue les cinq mille cadres de hausses et remplacèrent les trop vieilles cire par celles – toutes fraîches – qu'il venait de laminer en les fixant dans le cadre au moyen d'une gourmette chaude. »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

« ... Je crois avoir compris [ ... ] que l'abeille ne s'intéresse qu'aux pollens dont la structure [ microscopique ] est hexagonale. »

« ... Le monde hexagonal des abeilles... ! Cela pourrait peut-être venir de la forme de son œil... à moins que... »

« Son œil brillait comme une escarboucle. On sentait qu'il valait mieux pas le distraire de sa méditation. »

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

« Tout cela dans cette belle odeur blonde de cire travaillée alors que les premières abeilles venaient les surveiller en tournant autour d'eux, ...

« ... évitant adroitement de se prendre aux toiles d'araignée que le Mage conservait aux fenêtres pour se protéger des autres insectes.

« Il disait : « Le meilleur piège à mouche – et de bien loin – c'est la toelle d'irangne ! » [ La toile d'araignée ]

Cf. Henri Vincenot – Le maître des abeilles. Chronique [ inachevée ] de Montfranc-le-Haut [ à Dijon, le 26 octobre 1985 ]

« En huit jours ! Tu entends ? En huit jours, des millions d'abeilles. Le Miracle ! »

Je l’entends du sommet de l'Arbre

dans la Lumière d'antan
   

    

lundi 20 novembre 2023

Le chemin des étoiles

...

« Le Maître venait de sortir son équerre et son compas. Il traça dans la poussière du chemin trois circonférences concentriques dont chacune avait un diamètre triple du précédent :

« Le premier cercle – le plus grand – de diamètre « 81 » est le cercle de Keugand, dit-il.

« C'est le chaos où rien n'existe que Dieu. Bon ! C'est de Keugant que le Dieu unique fait sortir les âmes. Ces âmes passent alors dans le second cercle qui est celui d'Abred de diamètre « 27 ».

« C'est le cercle de la vie terrestre où les âmes jouent leur destinée entre le Bien et le Mal et alors selon le choix qu'elles auront fait, elles retourneront dans le premier cercle du néant, celui de Keugand ...

« ... ou bien elles s'élèveront dans le troisième cercle de Gwenwed de diamètre « 9 » – celui de l'ascension suprême auprès de Dieu. C'est la victoire définitive sur la bestialité et les tentations rencontrées dans Abred. »

« Il traça alors les deux diamètres perpendiculaires qui formèrent une croix linéaire et parallèlement de part et d'autre de chacun de ces diamètres.

« Il traça deux droites distantes de 8,5 unités du diamètre correspondant et détermina ainsi une croix dont les branches égales – il insista bien sur égales – avaient dix-huit unités de largeur et délimitaient un carré central de dix-huit unité de coté. »

« De chaque angle de ce carré pris comme centre, le Gallo traça un cercle de 4,5 unité de rayon. Ces quatre cercles mordant à leur base les branches de la croix.

« Il se releva et dit non sans emphase : « Et voilà la croix druidique. »

Cf. Henri Vincenot – Les étoiles de Compostelle (1982)

Nous retranscrivons un passage que Vincenot nous indique dans son « avant-lire » en le présentant comme une résurgence écrite sous la dictée de son personnage principal « à sept cents ans de distance dans le cercle d'Abred. »

« Pourquoi cette rencontre à travers sept siècles » s'interroge l'auteur : « La construction de la Croix celtique engendrée par le cercle de Keugand, le cercle d'Abred et celui de Gwenwed » répond à la question.

« ... dans le cercle de Keugand, les âmes errent dans le chaos où rien n'existe que Dieu puisqu'elles passent ensuite dans le cercle d'Abred qui est le cercle de la vie terrestre où elles prennent corps et joue leur destinée entre le Bien et le Mal. »

« Si elles échouent, elles retournent dans le cercle du Néant pour y attendre que Dieu les fasse sortir à nouveau pour revenir en Abred afin de tenter une autre vie dans un autre corps pour parvenir à mériter la joie suprême d'entrer dans le cercle de Gwenwed ...

« ... et de jouir de la présence constante de Dieu. C'est là la conception druidique de la vie éternelle. » C'est surtout à peu près celle de Schuré que nous avons délaissé et qui reste ici assez confuse.

Tant pour l'existence de Dieu dans le chaos qui apparaît ensuite comme un Néant que par la navette des âmes errantes entre deux mondes où Vincenot finit par se prendre pour la réincarnation de son personnage secondaire recevant la leçon de Gallo.

Et enfin pour le dualisme moral qui détermine l'accès au monde de la félicité suprême où le mal selon toute vraisemblance n'est que l'aspect chaotique des éléments que le démiurge tire du néant dans cette conception aristotélicienne de la dualité.

On voit bien que ce qui se joue ici dans ces concepts et dans la durée de leur résurgence, c'est la vivification du Laurier cathare (1244-1944) et le retour de la pierre du Destin (1292-1992) faisant fit de leur unité sabbatique dans leurs septénaires.

Mais nous n'avons pas de religion sur la question, le septième apparaissant aussi comme le quatrième au centre du septénaire et comme le premier des quatre dans son « quadrivium » quand il redescend à partir de ce sommet.

Il est néanmoins probable que le transit de 1244 visait d'abord l'échéance adventiste de 1844 tandis que la restitution de 1996 envisageait plutôt celle que nous théorisons pour 1992 comme la fin du « manvantara » avant la quadrature de la quarantaine.

« [ Le « monde d'Abred » ] est appelé le « Cercle des migrations » parce que les âmes humaines y traversent une série indéterminée d'existences successives entrecoupées par de longs intervalles d'existences spirituelles avant d'atteindre à leur perfection. »

Cf. Édouard Schuré – L'âme celtique et le génie de la France à travers les âges – Les étapes occultes de l'âme française – Les origines et le Moyen âge – La Religion et la Philosophie des druides (1921)

Bayard a reproduit la figure géométrique de Vincenot dès 1961 avec les mêmes nombres qu'il attribue ici à Paul Bouchet :

« La Croix celtique est [ ... ] inscrite dans un combiné de trois cercles dont chacun est le triple de l'autre en rapport avec les nombres « 9 » « 27 » et « 81 ». Ces trois cercles de la Vie universelle sont définis dans les triades bardiques :

- Le cercle de Keugant : cercle vide où nul Être ne peut subsister hormis Dieu lui-même ; ni les vivants ni les morts n'y accèdent et Dieu seul peut le franchir.

- Le cercle d'Abred: cercle de la Fatalité, du Destin inéluctable où chaque nouvel état, chaque existence nouvelle naît de la mort conditionnée par la précédente. Et celui là, l'homme la traverse.

- Le cercle de Gwenwed : cercle de la Béatitude, le monde Blanc où chaque état dérive et naît de la Vie. « Et celui-là, l'Homme la franchira un jour. »

« Paul Bouchet a ainsi reconstitué la Croix celtique et il a donné des proportions à ces trois cercles qui en réalité se décomposent à leur tour en d'autres triades. » Bayard fait ici référence à un ouvrage d'Ambelain.

Cf. Jean-Pierre Bayard – Le monde souterrain – La Terre, sang minéral : Figure 2 (1961) [ et ] Richard Ambelain – Au Pied des Menhirs – Essai sur le Celtisme (1945)

Quoi qu'il en soit de ces proportions et de leurs décompositions, rappelons que nous avons interprété leurs cercles comme autant de figures représentant le carré (10²) du Damier, l'octogone du Labyrinthe et le cercle du Pentagone.

Il est vrai que l'aspect chaotique du premier cercle dans un espace où chaque case trouve sa place dans l'alternance des polarités a plutôt le caractère labyrinthique d'un échiquier où chaque pièce ne maîtrise que le mode de déplacement qui lui est propre.

Les méandres de leur Labyrinthe ne sont que les circonvolutions du Serpent qui protège la Pierre descendue du Ciel. On est loin des calculs savants du Maître de Jehan.