lundi 13 janvier 2020

Le Trismégiste

Pour la trente-deuxième semaine sidérale :
  
En relisant l'étude que le Sheykh abd al-Razzâq Yaḥyâ consacre au bouddhisme et au christianisme dans l’œuvre de René Guénon, il nous apparaît qu'on ne peut pas considérer le bouddhisme comme une forme de l'hindouisme.
  
Que ce soit sous la forme d'une adaptation cyclique ou comme une dégradation générale de la tradition primordiale à l'approche du kali yuga, le bouddhisme apparaît comme une expression orientale de la tradition hermétique.
  
C'est la raison pour laquelle, Guénon n'a jamais pu l'intégrer comme telle en partant du Vedanta et pour laquelle il a fini par l'aborder en la comparant avec le christianisme comme le fait remarquer le Sheykh abd al-Razzâq.
  
Certes, le plérôme des dix avatars de Vishnu permet le cas échéant d'intégrer le Bouddha, le Sceau des prophètes et le Christ de la Parousie à la suite de Sri Krishna en vue d'un renouvellement du manvantara dans la trame du kalpa.
  
Mais c'est aux avatars du Trismégiste qu'il faut comparer le Bouddha ; que ce soit sous la forme originelle de ses divinités – Thot / Hermes / Mercure – ou du point de vue des sagesses prophétiques – Thot / Hénoch / Idrîs.
  
Ou encore sous la forme de ses manifestations successives dont Esculape, le Bouddha ou Quetzalcóatl sont les représentations les plus évidentes pour les deux continents – en Occident comme à l'Orient.
  
C'est à ses triades que nous devons probablement celles du kali yuga – pythagoricienne / chrétienne / akbarienne / amadienne / orientale – où nous retrouvons deux témoins – le Messie et le Sceau des prophètes – parmi les onze sceaux qui les accompagnent.
  
Rappelons que ces deux témoins sont ceux de l'Apocalypse Saint-Jean et que les cinq triades du kali yuga ont ce nombre de sceaux parce que quatre d'entre-eux – Grégoire le Grand / Jésus / Muḥammad / le Sheykh al-Akbar – occupent deux d'entre-elles.
  
Nous avons fragmenté le prisme de leur figure originelle pour chacune des quatre parties du Sous Continent – Pythagore / Zoroastre / Bouddha / Lao-Tseu – mais nous ne l'avons pas établie en dehors de sa première triade – celle de Pythagore.
  
Ces fragments de la figure originelle du kali yuga appartiennent en effet au dvapara yuga où le Bouddha apparaît comme le dernier de ses deux avatars – avec Sri Krishna – dans le plérôme des dix avatars de Vishnu.
  
Ce que nous avons théorisé pour la triade orientale a prit l'apparence du bouddhisme mahâyâna et garde à bien des égards la forme originelle de cette fragmentation ; mais il serait tout fait injuste de ne pas y retrouver les gemmes du mazdéisme et du taoïsme.
  
Il est sans doute impossible de déterminer les manifestations successives du Trismégiste dans son foisonnement originelle et Guénon ne se trompe pas quand il sollicite la figure du Christ pour y retrouver celle du Bouddha.
  
Nous y avons vu des dioscrures – celles de Rimbaud [ et ] Baudelaire pour l'homme aux semelles de vent – là où le Sheykh al-Akbar voit venir vers lui les poètes comme la lumière d'un Soleil qui peut être celle d'Hermès ou celui du Christ.
  
Et d'autres – comme la Pucelle de Domrémy dont les prérogatives ont été mentionnées par Michel Valsan – ce sont saisis d'un bâton pour en faire leur sceptre et leur caducée en admonestant l'impie pour administrer la Justice.
  
Le Sheykh abd al-Razzâq cite à la fin de son étude sur le bouddhisme et le christianisme une note de René Guénon qui résume de notre point de vue tout ce qui précède :
  
« Peut-être faut-il voir là l'origine de la méprise que commettent certains en considérant Buddha comme le neuvième avatâra de Vishnu ; il s'agirait en réalité d'une manifestation en rapport avec le principe désigné comme le Budha planétaire [ Mercure ] ; [ ... ]
  
« [ ... ] en ce cas, le Christ solaire [ le Soleil de Justice ] serait proprement le Christ glorieux, c'est-à-dire le dixième avatâra [ Sri Kalkî ], celui qui doit venir à la fin du cycle. »
  
Curieusement, le Sheykh abd al-Wâḥid omet le Sceau des prophètes dans son plérôme et sa considération désigne pour le Sheykh abd al-Razzâq le Christ historique qu'ils mettent à la place du Bouddha Shakyamuni.
  
Cette omission et cette substitution ne peuvent s'expliquer que par la loyauté de René Guénon à l'égard du Védanta dans un contexte inédit dont Charles-André Gilis fait état dans son opuscule sur la Maison du Prophète :
  
« La pierre d'achoppement est, comme toujours, la multiplicité et la coexistence actuelle des diverses religions et formes traditionnelles, qui est sans précédent. »
  
Pour nous, le Christ historique n'a pas sa place dans la triade orientale et le Sceau des prophètes qui se trouve au centre de la triade akbarienne et à l'origine de la triade amadienne apparaît « à la fin du cycle ».
  
Le Christ historique est à l'origine de la triade chrétienne et de la triade akbarienne ; mais le Soleil de Justice n'est pas le dernier avatar de Vishnu. C'est le retour du premier au début du manvantara – le Mat de Sri Matsya.
  
Le bodhisattva Maitreya qui caractérise le perpétuel devenir du Bouddha, ne correspond pas non plus au « Bouddha du cycle futur » qui désigne le bouddha Amithaba dans la Lumière infinie de Vajradhara – son Esprit / Rûh min Huwa.
  
« L'hermétisme est une tradition d'origine égyptienne, revêtue d'une forme grecque,
et qui fut transmise au monde chrétien par l'intermédiaire des Arabes. »
  
Denys Roman cité par Charles-André Gilis
  
  
  
  

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