mercredi 1 janvier 2020

Trois objets magiques

Pour la vingt-neuvième semaine sidérale :
  
« L'arbre, un hêtre énorme, est situé en lisière du Bois Chenu, sur le coteau qui domine la route vers Neufchâteau. À ses pieds, une fontaine.
  
« C'est là, dit-on, que s'est jouée autrefois la fortune des seigneurs du village. Pierre de Bourlémont l'Ancien y rencontra une fée qu'il épousa. Elle lui donna richesse et nombreuse descendance.
  
« Mais il transgressa l'interdit qu'elle lui avait fixé : ne pas la voir le lundi. Pourquoi le lundi ? Notre fée était peut-être bien une morte, puisqu'on priait le lundi pour les trépassés [ ou, au contraire, ne voulait-elle pas mourir ].
  
« La fée disparut alors, en laissant à ses filles trois objets magiques – dont un anneau. Depuis, l'arbre est appelé Arbre aux fées ou Arbre aux dames puisqu'elles y vivent. On peut les y voir parfois et leur adresser des demandes.
  
« Chaque année, une grande fête y rassemble tant les filles du village que les épouses et filles des seigneurs, le dimanche de Laetere (premier dimanche après la mi-Carême), qui est le dimanche des Fontaines.
  
« C'est une fête chrétienne – l’Évangile du jour est celui de la multiplication des pains – et une fête agraire qui vise à protéger et multiplier les récoltes.
  
« On y fait des guirlandes de fleurs pour les pendre à l'arbre, on y mange ensemble et les jeunes dansent en rond autour. C'est un rite de fertilité, attesté dans tout le Nord-Est de la France. »
  
[ ... ] [ l'Arbre aux fées ]
  
« [ Jean Morel ] [ son parrain ] signale aussi que Jeanne allait, plus souvent qu'à son tour, à l'insu de ses parents, à l'ermitage de Bermont. Mais elle ne rencontre, ni sous l'Arbre ni [ sur le Mont ] aucune dame noble réelle [ sic ]. »
  
[ ... ] [ l'Arbre aux fées ]
  
« [ ... ] Ses parents lui avait donné un anneau doré où étaient gravés trois croix et les mots Jésus-Marie [ ou s'agit-il des trois anneaux d'argent ]. Elle le portait à l'index gauche quand elle fut prise à Compiègne [ en 1430 ].
  
« Elle le regardait souvent, surtout quand elle était seule ou allait à quelque fait de guerre. S'agit-il seulement d'un talisman destiné à protéger dans des circonstances difficiles, comme on porte une croix au cou ?
  
« Ou bien, comme le pensèrent les juges, d'un anneau à démon familier, comme ceux que porteraient, un peu plus tard, les saintes vivantes des petites cours italiennes [ il s'agit d'enfermer les esprits dans un cercle qui devait durer un certain nombre d'années ].
  
« Depuis le début du XIVe siècle, on croyait en effet qu'on peut enfermer un démon dans une bague, l'avoir toujours sous la main en somme !
  
« Il était conseillé de choisir un démon multifonction qui prédit l'avenir, aide à sortir de prison, amène des renforts inattendus, vous donne la faveur du roi ou de la Cour ou remporte la victoire.
  
« Le pape Boniface VIII [ 1294-1303 ] avait été le premier à en être accusé, ils s'étaient ensuite multipliés dans tous les procès politiques du XIVe siècle.
  
« La pratique avait évidemment été interdite à plusieurs reprise, tant par la papauté que par l'université de Paris. Pourtant, cet anneau ne déboucha pas sur une accusation que les juges puissent prouver.
  
« C'étaient les Bourguignons qui l'avaient et les juges ne savaient pas trop à quoi il ressemblait. Pouvait-il fonctionner sans son légitime propriétaire ? Ce n'était pas sûr. »
  
[ ... ] [ La magicienne ]
  
« Il est possible aussi que quelques franciscains de Neufchâteau – où les Bourlémonts, seigneurs du village, ont leurs tombeaux – aient été parfois accueillis dans la maison familiale [ de Domrémy ] lors de leurs tournées de prêche.
  
« En tout cas, l'anneau que les parents de Jeanne lui offrirent, peut-être pour ses douze ans – la majorité selon le droit canonique – porte une devise franciscaine – Jésus-Marie. »
  
[ ... ] [ Pauvre ou riche ]
  
« Jeanne, elle-même, est pénétrée de spiritualité franciscaine. Dans sa jeunesse, elle s'est confessée aux franciscains de Neufchâteau. Elle utilise les noms conjoints de Jésus-Marie au début de ses lettres, elle en marque son étendard.
  
« Et c'est encore le nom qui figure sur l'anneau que lui ont donné ses parents et qui sert, selon les juges, à faire des enchantements. »
  
[ ... ] [ L’internationale franciscaine... ]
  
« L’étendard de Jeanne pouvait faire l'objet de rumeur du même genre. Les juges le soupçonnaient d'avoir porté une image astrologique – c'était en fait un Christ des derniers temps entouré de deux anges – accompagnée de caractères – en fait Jésus-Marie.
  
« Tout cela passait pour idolâtre et œuvre du démon. Et l'usage que Jeanne en avait fait n'était pas meilleur. Elle avait paradé avec lui au sacre.
  
« Et, pis, elle aurait fait tourner l'extrémité du drapeau autour de la tête du roi pour lui porter chance ou rendre heureux son règne futur.
  
« Curieux, nos juges voulurent encore savoir si l'étendard fonctionnait toujours, porté par un simple page. Et si Jeanne portait une autre bannière – il visaient celle du roi Charles évidemment – lui transmettait-elle en la touchant les mêmes pouvoirs magiques ?.
  
« Jeanne répondit qu'elle aimait dix fois mieux sa bannière que son épée ; à Reims, il était normal que le drapeau, ayant été longtemps à la peine, soit à l'honneur.
  
« Mais ses descriptions de l'objet – dont elle affirmé dans d'autres circonstances l'origine céleste – restèrent floues et elle dit ne pas en connaître le sens. De toute façon, l'étendard était aux mains du duc de Bourgogne et les juges ne le virent pas. »
  
[ ... ] [ La magicienne ]
  
« Même devenue chef de guerre, Jeanne reste prioritairement aux yeux des siens une prophétesse.
  
« Les armes qu'elle porte lui viennent de Dieu, qu'il s'agisse de l'épée miraculeuse de Fierbois [ celle de Charles Martel ] ou de l'étendard dont sainte Catherine et sainte Marguerite ont dicté la forme.
  
« Ce drapeau protège ceux qui l'entourent et assure la victoire. Jeanne sait comment et où attaquer. Nulle défaite n'est possible avec elle. Les Armagnacs l'ont cru. »
  
[ ... ] [ Un cas à part ]
  
« [ Les juges ] ne vont pourtant pas poursuivre [ leur procès en sorcellerie ]. Sont-ils si sûr que les vieilles volent à califourchon sur des animaux noirs ou sur les esprits du vent ou, plus tard, montées sur des balais – cela après 1435 – pour se rendre au sabbat ?
  
le bâton de Jeanne [ ou celui d'Esculape ] ne put donc être utilisé en ce sens –
  
« En 1440, le Champion des Dames propose en effet une controverse d'actualité : oui ou non les sorcières volent-elles ?
  
« Deux allégories s'affrontent. C'est à Lourd Entendement – l'idiot – qu'il confie la thèse du oui et à Franc Vouloir – le cerveau bien formé – qu'il confie celle du non. »
  
[ ... ] [ La sorcellerie en question ]
  
Cf. Colette Beaune (2008) – Jeanne d'Arc, vérités et légendesUne pauvre bergère ? / Mandatée par Dieu ?Manipulation ou complot ? / Putain ou sorcière ?
  
l'Anneau d'Or
600
Jhésus
Maria
120
120
120
360
les trois anneaux d'argent
  
  
  
  

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