jeudi 17 octobre 2019

Houn-Toun et Houang-Ti

Pour la dixième semaine sidérale :
  
« L'empereur de la Mer du Sud s'appelait Chou [ Par-ci ] – celui de la Mer du Nord s'appelait Hou [ Par-là ] – celui du Milieu s'appelait Houn-Toun [ Tohu-Bohu ].
  
« De temps à autre, Chou et Hou [ Par-ci et Par-là ] se rencontraient chez Houn-Toun [ Tohu-Bohu ] et celui-ci les recevait fort civilement.
  
« Ils se demandèrent comment lui rendre la pareille et se dirent : Tous les hommes ont sept trous pour voir, entendre, manger et respirer, lui n'en a pas un seul.
  
« Nous allons les lui percer. Ils lui en firent un chaque jour [ de la semaine ] et le septième jour, Houn-Toun [ Tohu-Bohu ] mourut. »
  
Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre VII – Rois et Empereurs – J. F. Billeter (2010)
  
« L'Empereur Jaune [ Houang-Ti ] se rendit un jour au Nord de la Rivière rouge, escalada le Mont K'oun-Loun et du regard embrassa le Sud.
  
« De retours chez lui, il s'aperçut qu'il avait perdu sa perle obscure [ ad-durrat Jawharat al-Kamal ].
  
« Il chargea Connaissance d'aller la retrouver, mais ce fut en vain. Il envoya Vue Perçante, mais elle revint bredouille. Il envoya Dispute, qui ne la trouva pas plus.
  
« Il envoya finalement Sans Rien [ al-aqq bi al-aqq ] qui la retrouva. Étrange – se dit-il – que ce soit Sans Rien qui l'ait retrouvée ! »
  
Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre XII – Ciel et Terre – J. F. Billeter (2010)
  
« Ne pas [ ... ] connaître [ la Voie ] est profond [ dit Sans Commencement ] la connaître est manquer de profondeur. Ne pas la connaître, c'est être dedans, la connaître, c'est être hors d'elle. » [ ... ]
  
« La Voie est inaudible, ce que tu entends n'est pas elle. Elle est invisible, ce que tu vois n'est pas elle. On ne peut pas parler d'elle, ce dont on parle n'est pas elle.
  
« [ ... ] Ce qui produit les formes n'a pas de forme. La Voie ne correspond à aucun nom. »
  
« [ ... ] Quelqu'un qui répond quand on lui demande ce qu'est la Voie, ne sait pas ce qu'elle est. On a beau lui poser des questions, on n'apprendra rien.
  
« Sur la Voie, il n'y a aucune question à poser, aucune réponse à donner. Celui qui pose malgré cela des questions pose des questions spécieuses et celui qui répond quand même se place hors d'elle.
  
« Quelqu'un qui se place en dehors pour répondre à des questions spécieuses, celui-là ne verra pas l'univers qui est autours de lui, il ne connaîtra pas la grande source qui est au-dedans.
  
« Il ne s'élèvera pas au-dessus du Mont K'oun-Loun, il n'évoluera jamais dans le grand vide. »
  
Cf. Tchouang-Tseu – Chapitre XXII – Sagesse sans va-t-au Nord – J. F. Billeter (2010)
  
  
  
  

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