vendredi 22 mars 2024

La campagne de Samarie

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Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du cinquième jour qui succède à la nuit
au premier mois du Janus :

« Après [ que Jésus se vit refusé l'accès d'un village de Samarie ] le Seigneur désigna encore soixante-dix disciples et les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller. »

« Les soixante-dix revinrent avec joie en disant : « Seigneur, mêmes les démons nous sont soumis en ton nom ». Et Jésus vit Satan tomber du ciel comme l'éclair !

Cf. Luc X 1 et 17 – Certains manuscrits disent « septante-deux » note Thompson. Ce qui est logique s'ils vont « deux par deux » dans les trente-six directions d'un cercle dont Jésus est le centre.

Cette caractéristique dans la modalité du voyage n'est pas sans rapport avec les phases du jour et de la nuit qui rappelle celle des pauvres chevaliers du Temple de Salomon – rappelons que la triade salomonique inclut celles des deux témoins de l'Apocalypse.

La campagne de Samarie dont il ne reste pas grand chose dans les évangiles synoptiques est néanmoins au cœur du récit johannique entre deux séjours à Jérusalem – celui où Jésus exprime sa colère contre les marchands du Temple et celui où il subit sa Passion.

Luc en garde la trace capitale pour la perspective de la prédication paulinienne – rappelons que Paul est un Galiléen qui a acquis la citoyenneté romain à Tarse quand sa famille à fuit l'occupation juive de son pays.

Jean en fait un récit métaphorique qui n'en garde pas moins son caractère central puisque que c'est la Samaritaine qui désaltère Jésus au puits de Jacob tandis qu'il lui promet l'eau vive qui étanche toute soif – cf. Jean IV 1 à 42.

De tout ceci il ne reste rien dans la tradition judéo-chrétienne des premiers évangiles synoptiques si ce n'est – toujours chez Luc – la parabole du bon Samaritain et chez Jean, le reproche ou le soupçon des juifs – cf. Luc X 29 à 37 et Jean VIII 48 et 49 :

« N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé. »

Ce à quoi Jésus qui réfute la seconde proposition se garde bien de répondre à la première en déclarant qu'il honore son Père tandis qu'on le déshonore.

Par rapport à son origine, l'ordre des écritures canoniques marche à l'envers et il ne reste plus chez Luc des deux ans de célébration dionysiaque que l'Année de grâce promise à Israël par Isaïe – cf. Luc IV 17 à 19 pour Isaïe LVIII 6.

Le récit des Nazaréens commence alors par la fin avec le baptême du Christ dans le Jourdain, la descente de l'Esprit Saint et la fondation d'une secte apostolique qui répond à l'échec du projet sadducéen face aux Romains.

Nous ne disons pas que Jésus n'a pas choisit cette issue ou pour le moins qu'il n'y a pas consentit mais sa résurrection n'est peut-être que celle de Lazare qui semble avoir consommé sa rupture avec la plupart d'entre-eux.

La plupart puisqu'il est notable que Jude refuse d'y croire pour une raison qu'on ne s'explique pas tandis que la campagne de Samarie se retrouve au milieu du récit dans un va et vient parfois incongru entre Jérusalem et la Galilée – cf. Luc XVII 11.

D'une certaine façon quand on répartit le récit johannique sur trois ans, on articule une première période de deux ans et une seconde plus théorique d'un an qui correspond à celle des premiers récits. Mais de la première, il ne reste presque rien.

   

    

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