mercredi 25 mars 2020

Les métamorphoses du Cheval blanc

Pour la quarante-neuvième semaine sidérale :
  
Les métamorphoses du Cheval blanc que le légendaire carolingien appelle BAYAR – tantôt dragon tantôt serpent – sont celles du dixième avatar de Vishnu – KALKI – que nous identifions au Sceau des prophètes à la fin des temps – AMMAD.
  
Au Sceau des prophètes plutôt qu'au Sceau de la sainteté universelle – 'ISÂ – dont la parousie est celle du premier avatar – MATSYA – dans le renouvellement des temps qui en fait un nouveau Calife à la suite d’Adam semblable à DÂWÛD.
  
À la suite d'Adam et sur les pas de SETH pour reprendre une expression du Sheykh al-Akbar qui évoque aussi une investiture théorique pour les femmes aux plus hauts degrés de l'initiation mais sans les fonctions initiatiques qui leurs correspondes.
  
Le MAT chevauche BAYAR dans l'imaginaire apocalyptique comme le ROI rocque avec sa TOUR sur le damier dans la courtoisie médiévale où le CHEVAL est lui-même chevauché par les quatre fils AYMON ou par le chevalier BAYAR en personne.
  
Et nous pouvons en dire autant pour l'arcane du FOU qui chevauche ou qui rocque avec celle de MONDE depuis sa position initiale qui est celle du JUGEMENT telles qu'on les retrouvent aussi pour les trois dernières devises de la Prophétie des papes de 1588.
  
Il ne faut donc pas s'étonner si on retrouve sur l’arcane du MONDE les quatre Puissances des Vivants d’Ézéchiel qui président au récit apocalyptique qui les concerne avec la couronne du Laurier qui est celle qu'on donne au vainqueur.
  
Le chevalier BAYAR fait corps avec sa monture mais il faut s'interroger sur le nombre de ceux qui la chevauche qui sont quatre dans la filiation légendaire des fils AYMON et ne sont plus que deux dans la représentation sigillaire de la milice du Temple.
  
Si AYMON semble doté d'une généalogie solaire – celle d'Amon-Râ – les deux cavaliers qui chevauchent pour la milice du Temple ont sans doute la tonsure et l'épée pour attributs – celle du prêtre ou du religieux et celle du chevalier.
  
Dans la prophétie apocalyptique de Saint Jean, le cavalier de l'Apocalypse multiplie ses montures qui prennent alors la couleur de leurs fléaux ; mais la symbolique des nombres est toujours la même pour peu qu'on y reconnaissent le même cavalier – cf. Ap 6, 1-8 :
  
1
Je vis alors l'Agneau ouvrir le premier [ des sept ] sceaux
et j'entendis le premier des [ quatre ] Vivants
dire avec la voix du Tonnerre :
« Viens ! »
2
Je regardai et je vis apparaître un cheval blanc.
Celui qui le montait tenait un arc [ à la main ].
Une couronne lui fut donnée
et il partit en vainqueur pour remporter la Victoire.
3
Quand [ l'Agneau ] ouvrit le deuxième [ des sept ] sceau,
j'entendis le deuxième des [ quatre ] Vivant
dire [ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
4
Et un cheval rouge qui avait la couleur du feu apparut.
Celui qui le montait reçut le pouvoir d'ôter la paix sur la Terre
afin que les hommes s'entre-égorgent [ comme des bêtes sauvages ]
et une grande épée lui fut donnée.
5
Quand [ l'Agneau ] ouvrit le troisième [ des sept ] sceau,
j'entendis le troisième des [ quatre ] Vivant
dire [ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
[ 6 a ]
Je regardai et je vis apparaître un cheval noir.
Celui qui le montait tenait une balance à la main.
[ 6 b ]
Et j'entendis [ la ] voix [ du Tonnerre ] au milieu des quatre Vivants qui disait :
« Une mesure de blé pour un denier [ ou ] trois mesures d'orge [ ... ]
mais ne touche pas à l'huile et au vin. »
7
Quand [ l'Agneau ] ouvrit le quatrième [ des sept ] sceau,
j'entendis le quatrième des [ quatre ] Vivant
dire [ avec la voix du Tonnerre ] :
« Viens ! »
8
Je regardai et je vis apparaître un cheval d'une couleur [ vert ] pâle.
Celui qui le montait avait le nom de la Mort
et le séjour des morts l'accompagnait.
Ils reçurent un pouvoir sur le quart de la terre
pour faire périr les hommes
par l'épée,
par la famine,
par la peste
et par les bêtes sauvages [ qui peuplent ] la terre.
  
Certaines coïncidences permettent de supposer in situ que le Cheval blanc correspond avec le cheval BAYAR : les trois flèches d'une potale de 1783, une chapelle monumentale dédiée à Saint Sébastien, une autre plus modeste à Notre-Dame des Victoires...
  
Cette monture chevauchée par nos quatre cavaliers apparaît comme une métamorphose de la VOUIVRE inscrite dans le paysage mais ne seraient-ils pas que trois pour peu qu'on les identifient au Christ et aux deux larrons sur leurs croix ?
  
Il ne pourrait s'agir alors que d'une perception dégradée par un dualisme moral qui garde toute sa valeur mais qui dénature une image originelle du Pôle et de ses deux Imâms parmi les quatre Piliers du mondes qui sont comme les quatre Tours d'un damier.
  
C'est bien sur le damier que nous plaçons les pièces de notre échiquier à partir du nombre de la Totalité (10) qui inclut le tournoi dans un espace plus restreint ; celui des joutes où le quatrième Pilier garde un pouvoir supplétif par rapport au sommet de sa hiérarchie.
  
Autrement dit, le Pôle et ses deux Imâms avec les quatre Piliers apparaissent sous le nombre de leurs Substituts (7) mais peuvent n'être que quatre du point de vue de leurs suppléances respectives et jusque quatorze compte-tenu de leurs Substituts.
  
Quand les Substituts et leurs Piliers remplissent toute les fonctions hiérarchiques – celles du Pôle et des deux Imâms – ils sont au nombre de onze – ce qui est l'idéal du point de vue des correspondances entre le microcosme (5) et le macrocosme (6).
  
Mais toutes les possibilités entre onze et quatorze qui honorent la spécificité du Pôle et de ses Imâms ont une fonction dans la descente hypostatique de leur substance éternelle vers les réalités perpétuelle et temporelle de leur contingence.
  
Nous devons même considérer cette descente des correspondances idéales dans leurs réalités contingentes comme une forme de perfection dont on ne peut se détourner dès lors qu'elle se manifeste et qu'elle apparaît sur le plan de sa manifestation.
  
Pour les sept qui occupent alors les fonctions effectives de la hiérarchie initiatique, elle se subdivise en deux comme c'est le cas pour le trivium (3) et le quadrivium (4) des arts libéraux où l'Arithmétique occupe le sommet avec le Soleil.
  
Ce sommet doit alors apparaître comme un espace central par rapport auquel s'effectue la montée et la descente des grades qui ne sont plus que trois et où la Musique qui est la plus basse des quatre assure une transition à la base avec le trivium initial.
  
Cette transition est représentée d'un point de vue symbolique par la planète Mars dont le maqâm diurne est occupé par DÂWÛD mais aussi à titre secondaire par Haroun et Yayâ qui assistent Moïse et Jésus dans leurs maqâmat respectifs.
  
Pour les métamorphoses du Cheval blanc et pour le nombre des cavaliers qui le rendent reconnaissable, nous devons nous en tenir à ce qui le caractérise à la fin du XIIIe siècle avec les quatre premiers docteurs de l’Église latine.
  
C'est le siècle de Lutgarde de Tongres (+ 1246) qui avec la manifestation du Cœur de Jésus occupe par rapport au Christ un statut hiérarchique qu'elle partage d'une certaine façon avec celui de François d'Assise (+ 1226).
  
Son accès à la fonctions suprêmes pousse Boniface VIII à la suite de Célestin V dans une définition consubstantielle des premiers doctorats : ceux d'Ambroise de Milan (+ 397), de Jérôme de Stridon (+ 420), d'Augustin d'Hippone (+ 430) et de Grégoire le Grand (+ 604).
  
Célestin V est le pape qui renonce à sa charge en 1294 pour retourner à la vie érémitique ; ce qui met son pontificat en relation avec la renonciation épiscopale de Saint Boniface sur le siège de Lausanne en 1239 et avec celle de Benoît XVI en 2013.
  
Il faut voir cet effacement édifiant des hautes charges cléricales comme une conséquence du charisme exubérant de la fonction initiatique qui les précède avant d'être suppléée par une consolidation doctorale de tout l'édifice ecclésial.
  
Parmi les premiers docteurs de l’Église latine – ceux qui le resteront jusqu'en 1568 quand l’Église catholique s'ouvre à l'orthodoxie orientale et à la scolastique – Grégoire-le-Grand occupe une fonction semblable à celle du Christ qui est celle du Grand Monarque.
  
Et tandis qu'Augustin et Jérôme occupent par rapport au Souverain Pontife une fonction secondaire, le premier des quatre semble investi dès l'origine d'une fonction supplétive en rapport avec le renouvellement cyclique de sa fonction supérieure.
  
Ce que nous voyons dans cette mise en perspective, c'est que cette hiérarchie initiatique qu'elle soit supplétive ou effective doit toujours s'insérer entre deux Pôles – entre le premier témoin de l'Apocalypse et le Sceau grégorien pour Ambroise.
  
Ce que nous voyons également pour la deuxième cohorte, c'est que son renouvellement cyclique s'inscrit dans la perspective pythagorique à partir d'une institution pontificale qui domine la charge impériale.
  
Tandis que la perspective eschatologique de la troisième cohorte les transcende l'une et l'autre dès son origine de telle façon que Grégoire-le-Grand scelle la triade pythagorique et prolonge celle du Christ jusqu'à son terme ultime – celui de sa parousie.
  
Nous reprenons l'étymologie supposée du nom d'Ambroise, d'origine grecque et brodée par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266 que propose Patrick Boucheron :
  
« [ ... ] ambrosius est l'ambre [ ambra ] de Dieu [ syos ] saveur délicieuse et parfum de la nourriture des anges, de même qu'il est ambosia, la nourriture des anges, et ambrosium, céleste rayon de miel [ d'où sa représentation iconographique par la ruche ]. »
  
Cf. Patrick Boucheron (2019) – La Trace et l'Aura. Vies posthumes d'Ambroise de Milan – Une vie et rien d'autre – [ un seul bloc mais trois inventeurs : Ambroise, Augustin et Paulin ]
  
« Avant après Mars régner par bon heur »
  
C. X – 72 / 4
  
  
  

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