mercredi 4 mars 2020

Les soutiens du firmament

Pour la quarante-sixième semaine sidérale :
  
« Il faut bien, quand on étudie d'anciennes croyances et leur évolution, s'arrêter un moment devant les piliers cosmiques, les colonnes du ciel.
  
« En employant le terme de « firmament » on a, par l'étymologie, une idée de solidité – firmus = ferme – mais il nous a été assez répété que les Gaulois craignaient – et d'autres également – que la voûte céleste ne leur tombât sur la tête.
  
« Très précisément, selon Strabon [ + 20 ] c'est ce que dirent à Alexandre [ - 323 ] ceux parmi eux qui de Gaule, avaient émigré [ après la guerre gallo-romaine contre la Macédoine ] dans les Balkans et jusqu'en Asie mineure [ en Galatie ] [ et ] [ en Galilée ]. »
  
« Quoi de mieux, matériellement, pour soutenir une voûte que des piliers et colonnes ? Le difficile était d'en fixer l'emplacement.
  
« Homère met en œuvre le géant Atlas, mais en dehors d'une vague localisation herculéenne au détroit de Gibraltar, il est question avec Hésiode, plus vaguement encore, de colonnes à l'extrémité de la terre, devant l'antre de la nuit [ à l'Ouest ].
  
« Beaucoup plus tard, Tacite [ + 120 ] prétendait que ces colonnes était conservées au pays des Frisons. Plus que les Gaulois, les peuples du Nord restèrent fidèles à ces conceptions si l'on s'en rapporte à des parties anciennes de l'Edda :
  
« [ ... ] le soutien ici est fourni par le frêne Yggdrasil dont les trois racines plongent au plus profond de la terre, mais son pied est rongé par un dragon, ce qui provoquera le crépuscule des dieux et la fin du monde.
  
« Eginhart parle, pour sa part, de pierres colossales appelées hirmensul que Charlemagne fit renverser. Selon Dion Cassius, il en existait au pays des Chérusques, dans la foret de Teutoburg. Hirmensul se traduit le mieux par longue pierre – colonne – du soleil. »
  
« En soi, l'idée première de la colonne – architecturale chez les Crétois, les Égyptiens, les Assyriens et d'autres – doit dériver de l'arbre et de la poutre [ le chevron comme meuble héraldique ]. Le frêne de l'Edda est l'image primitive et le mythe à l'état pur.
  
« L'image physique vient tout naturellement à l'esprit et, sans rien sacraliser, bien sûr, La Fontaine décrit le chêne « de qui la tête au ciel était voisine – Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. »
  
« Avec les colonnes cependant, on est passé de la fiction à l'adjuvant. Les humains ont aidé le ciel à se maintenir et d'un Hirmensul chez les Germains, on passe aux cols des Alpes avec des columnæ Solis ou columnæ Jovis.
  
« Les Grecs se sont distingués entre tous par les colonnes de leurs temples. Du mythe, les piliers sacrés sont passés au symbole [ et de la monade à la décade ]. Mais de la divinité s'est attachée à ces colonnes portant la statue d'empereur romain auguste. »
  
« La Gaule, sous les aspects qui lui sont propres, a été fidèle, au-delà des menhirs hérités, au principe de la colonne sacrée.
  
« C'est sur des colonnes qu'à l'époque romaine, elle a dressé ses statues du cavalier à l'anguipède, en fait d'un Jupiter en majesté s'élevant au ciel, monté sur un cheval qui prend son élan sur les épaules d'un géant à queue de serpent. [ ... ] »
  
Cf. Henri Dontenville – Histoire et géographie mythiques de la FranceÉclat et déclin de l'Apollon gauloisLes soutiens du firmament (1973)
  
  
  
  

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