Pour la quarante-sixième semaine sidérale :
« Il
faut bien, quand on étudie d'anciennes croyances et leur évolution,
s'arrêter un moment devant les piliers cosmiques, les colonnes du
ciel.
« En
employant le terme de « firmament » on a, par
l'étymologie, une idée de solidité – firmus = ferme –
mais il nous a été assez répété que les Gaulois craignaient –
et d'autres également – que la voûte céleste ne leur tombât sur
la tête.
« Très
précisément, selon Strabon [ + 20 ] c'est ce que dirent à
Alexandre [ - 323 ] ceux parmi eux qui de Gaule, avaient émigré [
après la guerre gallo-romaine contre la Macédoine ] dans les
Balkans et jusqu'en Asie mineure [ en Galatie ] [ et ] [ en Galilée
]. »
« Quoi
de mieux, matériellement, pour soutenir une voûte que des piliers
et colonnes ? Le difficile était d'en fixer l'emplacement.
« Homère
met en œuvre le géant Atlas, mais en dehors d'une vague
localisation herculéenne au détroit de Gibraltar, il est question
avec Hésiode, plus vaguement encore, de colonnes à l'extrémité
de la terre, devant l'antre de la nuit
[ à l'Ouest ].
« Beaucoup
plus tard, Tacite [ + 120 ] prétendait que ces colonnes était
conservées au pays des Frisons. Plus que les Gaulois, les peuples du
Nord restèrent fidèles à ces conceptions si l'on s'en rapporte à
des parties anciennes de l'Edda :
« [
... ] le soutien ici est fourni par le frêne Yggdrasil dont les
trois racines plongent au plus profond de la terre, mais son pied est
rongé par un dragon, ce qui provoquera le crépuscule des dieux
et la fin du monde.
« Eginhart
parle, pour sa part, de pierres colossales appelées hirmensul
que Charlemagne fit renverser. Selon Dion Cassius, il en existait au
pays des Chérusques, dans la foret de Teutoburg. Hirmensul se
traduit le mieux par longue pierre – colonne – du soleil. »
« En
soi, l'idée première de la colonne – architecturale chez les
Crétois, les Égyptiens, les Assyriens et d'autres – doit dériver
de l'arbre et de la poutre [ le chevron comme meuble héraldique ].
Le frêne de l'Edda est l'image primitive et le mythe à
l'état pur.
« L'image
physique vient tout naturellement à l'esprit et, sans rien
sacraliser, bien sûr, La Fontaine décrit le chêne « de qui
la tête au ciel était voisine – Et dont les pieds touchaient à
l'empire des morts. »
« Avec
les colonnes cependant, on est passé de la fiction à l'adjuvant.
Les humains ont aidé le ciel à se maintenir et d'un Hirmensul
chez les Germains, on passe aux cols des Alpes avec des columnæ
Solis ou columnæ
Jovis.
« Les
Grecs se sont distingués entre tous par les colonnes de leurs
temples. Du mythe, les piliers sacrés sont passés au symbole [ et
de la monade à la décade ]. Mais de la divinité s'est attachée à
ces colonnes portant la statue d'empereur romain auguste. »
« La
Gaule, sous les aspects qui lui sont propres, a été fidèle,
au-delà des menhirs hérités, au principe de la colonne sacrée.
« C'est
sur des colonnes qu'à l'époque romaine, elle a dressé ses statues
du cavalier à l'anguipède,
en fait d'un Jupiter en majesté s'élevant au ciel, monté sur un
cheval qui prend son élan sur les épaules d'un géant à queue de
serpent. [ ... ] »
Cf. Henri Dontenville – Histoire
et géographie mythiques de la France – Éclat et déclin de
l'Apollon gaulois – Les soutiens du firmament (1973)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire