lundi 8 août 2022

La relève

Pour le cinquante-sixième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

L'initiation – au sens anthropologique le plus récurent – désigne l'ensemble des procédures qui interviennent pour séparer les garçons pré-pubères de leur mère et les inscrire dans une classe de leur âge.

Il s'agit d'une seconde naissance qui ne s'adresse qu'aux jeunes gens de leur sexe et il faut considérer l'existence de dix-huit classes d'âge consécutives aux trois âges de l'existence auxquels on n'accède qu'après la décade – « 40 + 30 + 20 = 18 x 5 ».

C'est toujours par rapport aux ennéades qu'il faut considérer les neuf semaines de la vie embryonnaire, les neuf mois de la vie fœtale, les neuf ans de la vie pré-pubère et les nonante ans de l'existence avec ses trois âges – la jeunesse, la maturité et la vieillesse.

L'unité de la décade est donc toujours inclue comme telle dans le stade qui précède chaque étape de cet enchaînement qui sans inclure la vie pré-embryonnaire qui celle de la concupiscence parentale se poursuit avec la pérégrination des ancêtres.

Ce que nous appelons la concupiscence parentale de la vie pré-embryonnaire est ce qu'on désigne comme péché originel quand l'ordre des origines ancestrales est troublé et la pérégrination des ancêtres ne doit pas être confondue avec celles des anciens.

L'ancienneté qui succède à la maturité des adultes ne concerne pas seulement la vieillesse des vivants mais aussi la présence des défunts qui n'ont pas encore achevé leur existence et auxquels il faut accorder notre accompagnement.

La pérégrination des ancêtres et la réintégration des déités dans la myriade poursuivent les ennéades dans les ordres de grandeur qui s'étendent jusqu'à la décade du Vivant qui ne meurt pas – « al-Ḥayy al-Qayyûm » – parmi les millénaires.

C'est à la seconde naissance – celle des garçons à la puberté – que l'église universelle tend à consacrer les sacrements de l'initiation qui désignent ici le baptême, la confirmation et la première communion en faisant fi du genre auquel elle s'adresse originellement.

Seule la confirmation a ici une fonction réellement initiatique caractérisée par l'onction qu'on retrouve dans les sacrements de l'ordre avec la consécration épiscopale des évêques et l'ordination sacerdotale des prêtres.

Les trois sacrements de l'ordre constituent alors une hiérarchie qui succède aux trois hiérarchies célestes des ordres dionysiaques où ils constituent avec eux les douze cieux franchis par la Vierge dans son assomption d'où elle les gouverne.

Le baptême et la communion apparaissent ici comme des rites d'expiation et d'agrégation dans lesquels ont retrouve des bénédictions solennelles qui apparaissent comme un viatique initiatique opérant en dehors des ordres.

Ce viatique initiatique véhicule ce que les communautés gnostiques appellent une consolation dont l'administration reste toujours transmissible en-deçà des ordres par tous les consolés que la hiérarchie identifie aux baptisés.

La solennité des bénédictions nécessite cependant tant que faire ce peut le passage des âges afin que tout un chacun puisse introduire le récipiendaire dans un stade de son existence dont l'initiateur a déjà expérimenté les périls et les grâces.

De même, il serait logique que les sacrements de l'ordre correspondent dans la mesure du possible aux âges de l'existence ; réservant la confirmation aux plus jeunes et la consécration aux plus vieux sous l'ordination de ceux qui sont entre les deux.

On comprendrait alors pourquoi le mariage au contraire du sacre avec lequel il entretient pourtant des affinités ne peut requérir qu'une solennité dont l'onction royale ne peut rehausser l'union sacerdotale qu'à un âge avancé – aux secondes noces en somme.

Une telle solennité nécessite cependant la confirmation qu'on administre aux initiés ; ce dont les gnostiques quand ils se vouent au célibat et à la chasteté on pu se dispenser en ne vivant que sous la grâce des consolés.

C'est au contraire un rappel de cette confirmation sans aucune considération pour la hiérarchie des ordres qu'on administre aux agonisant dans l'extrême-onction quand elle ne s'exprime pas comme la simple consolation qui s'adresse à tous les vivants.

Reste à considérer le baptême du feu qui peut recouvrir bien des choses : la conformation au Christ sous l'emprunte du séraphin d'Amour, le passage d'une cohorte à l'autre par un holocauste, l'initiation sauvage d'une parade amoureuse...

Toutes sortes de choses qui tout en requérant des conditions d’exception ne devraient pas pour autant en ignorer La cause.

« On part Dieu sait pour où – ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonhommes là-bas attendent la relève. »

Aragon – 1956
   


    

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