jeudi 4 août 2022

Le mystère des acrostiches

Pour le cinquante-quatrième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :
   

« ... ce que nous présageons n'est pas forfanterie
Car nous sommes frères de la Rose-Croix
Nous possédons le Mot de Maçon et la double vue
Les choses à venir nous pouvons les prédire correctement
Et pour peu que nous montrions à quel mystère nous pensons
en bons acrostiches se voit CAROLUS REX. »

Henry Adamson
« The Muses threnodie »
cité par T. W. Marshall dans « History of Perth »
et traduit par André Kervella dans sa Passion écossaise
d'après l'édition posthume de 1638 :

« ... what we do presage is not in grosse
For we be brethren of the Rosie Crosse
We have the Mason Word and second sigth
Things for to come we can forewell arigth
And shall we show what mystery we meane
in fair acrosticks CAROLUS REX is seene. »
   

Cette première mention du Mot de Maçon dans les présages de la Rose-Croix mentionne aussi la double vue pour l'enchaînement de ses deux anneaux de pouvoir autour de 1604 semblables aux temps apocalyptiques de 360 ans.

Les acrostiches carolingiens dont on ne retrouve pas ici le principe indiquent les trois périodes intermédiaires qui sont celles de la sépulture de l'empereur pour l'intronisation d'Otton-le-Grand 120 ans après le partage de Verdun en 843.

L'invention inaugurale de la sépulture impériale est dès lors semblable à celle de Christian Rosenkreutz qui serait mort en 1484 à l'âge de 106 ans dans la fable de 1604.

Le présage rosicrucien sur la maçonnerie spéculative de 1724 est donc bien antérieur à la Grande Loge de Londres de 1717 et même à l'historiographie de la maçonnerie écossaise que Kervella introduit avec la décapitation du roi Charles en 1649.

Mais on ne voit pas qu'on y aurait ferait état d'un mystère à propos de ce roi qui était déjà sur le trône depuis 1625 comme l'historiographe voudrait le faire accroire en repoussant ce présage qui ne pourrait être alors que celui de sa fin tragique.

L'ombre tutélaire du Grand et Parfait Maître Écossais de 1763 apparaît néanmoins comme celle de Jacques VI et I qui règne déjà sur l’Irlande et sur l'Angleterre dès 1603 : elle précède dans les confréries le travail de la prédiction qui pèse sur leur coterie.

« Durant un demi siècle environ, à partir des années 1640, la quasi totalité des hommes connus pour leur appartenance à la franc-maçonnerie – et quelquefois la dévoilant comme telle – sont des fidèles de la dynastie des Stuarts.

« Tel est le fait incontournable qu'il importe de méditer. Leur nombre n'est pas élevé ; il est toutefois assez fort pour autoriser une recomposition valide de leur aventure. Elle est scandée par quatre temps [ qui n'ont rien d'apocalyptique : ]

« Le premier est que les loges apparaissent [ sous le règne du roi Charles ] dans un contexte de tumultes et d'antagonismes.

« Le second est [ qu'après ] l’exécution de Charles 1er et durant la dictature d'Olivier Cromwell, plusieurs fidèles conservent des contacts clandestins pour travailler à la restauration de la monarchie.

« Le troisième est [ qu'une ] fois cette restauration réalisée le 8 mai 1660 en la personne de Charles II – fils du précédent – une dispersion pourrait survenir si les occasions de discordes civiles ne resurgissaient pas ; ...

« ... elles sont provoquées encore pour des motifs politique [ et ] religieux [ où ] la maçonnerie est indubitablement pratiquée par des royalistes proches du catholicisme romain, voire résolument papistes.

« Le quatrième [ temps ] est que le règne de Jacques II qui succède à son frère décédé en février 1685 s'achève vite par la révolution orangiste [ de 1689 ] qui les contraint à l'exil en France.

« Alors – parmi les partisans qui prennent son sillage – plusieurs deviennent les propagateurs des loges continentales. Ce sont eux qui ont jeté les bases de ce qu'on appellera plus tard la maçonnerie écossaise. »

Cf. André Kervalla [ dans son ] Introduction [ à ] la Passion écossaise [ pour les ] Microcosmes [ sous ] le nouveau Salomon (2002)

Si le nouveau Salomon est ici Jacques I – salué comme tel dès 1579 – la date pour la fondation du Temple écossais en Angleterre est son intronisation en 1603. Ce qui la rend pour ainsi dire jumelle avec la fable rosicrucienne de 1604.

Mais entre les sœurs siamoises, la Veuve du grand roi doit composer avec un acteur qui ne dépend ni de l'une ni de l'autre et qui se manifeste dès 1689 avec la révolution orangiste, un siècle avant la révolution française.

Ce qui ne nous permet pas de penser que les régicides et leur réitération – celui de 1793 réitérant celui de 1649 – théorisés à toute fin utile par les Jésuites – avant 1773 – soient imputables à la mystique protestante de 1638.

Cette mystique à bien pu s'enticher du roi Charles mais c'est à l'empereur Charlemagne et au remembrement du Saint Empire Romain Germanique par Otton-le-Grand qu'elle songe en invoquant le mystère de ses acrostiches.

   

    

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