jeudi 15 août 2019

Jérusalem et Tirça

Pour la cinquième semaine sidérale :
  
« Le Cantique des Cantiques n'est en aucun cas le seul exemple de l'art populaire des montagnes de [ la province de ] Jizan que l'on trouve dans la Bible hébraïque. Il y en a un autre dans les psaumes attribués aux fils de Corébny qr [ ... ].
  
« [ ... ] Ces fils de Coré étaient une tribu de l'arrière-pays montagneux de Jizan. Leur nom survit ici jusqu'à ce jour dans celui du village de al-Qarah – qr – dans le djebel Faifa, et de al-Qarḥân – qrḥn – dans le djebel Bani Malik, ce dernier nom étant l'équivalent arabe de qrḥym [ ... ] signifiant le peuple de qrḥ ou la tribu qrḥ.
  
« Les textes du Cantique des Cantiques comme je l'ai déjà mentionné ont dû être compilés non pas à l'époque de Salomon, mais sous ses successeurs.
  
« En fait, une preuve suggère que les chants ont dû être rassemblés quelque temps après sa mort et la division du royaume, quand ses descendants régnaient comme rois de Juda à Jérusalem, alors que leurs rivaux, les rois d'Israël, résidaient à Tirça.
  
« Dans le vers qui dit : « Tu es belle [ ... ] comme Tirça, charmante comme Jérusalem [ effrayante comme al-Janâdil » – les montagnes et les collines de l'arrière-pays de Jizan étant vraiment majestueuses dans leur sauvage beauté ] la mention parallèle des deux noms dans une seule phrase indique une reconnaissance de l'égalité de statut entre les deux villes.
  
« Une telle égalité de statut ne pouvait pas exister du temps de Salomon, alors que Tirça n'était qu'un endroit peu connu dans les hauteurs de Ggamid [ ... ] tandis que Jérusalem était la capitale du « Tout Israël ». »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible en ArabieChants des montagnes de Jizan (1985)
  
« Bien que sa capital fût établie à Sichem [ al-Qâsim – qsm – dans l'arrière-pays de Qunfudhah – Jéroboam semble avoir aussi résidé de temps à autre à Tirça, au-dessus d'un lieu appelé Gibbetôn – cf. 1 R 14, 17 et 16, 15.
  
«  Gibbetôn – gbtwn – a dû être l'un des villages de ce qui est aujourd’hui la chaîne de al-Naqabatnqbt – sur les hauteurs de Ghamid. Plus haut au Nord, se trouve un hameau du nom de al-Zîr – zr – qui a pu être Tirça.
  
« Cette région est particulièrement riche en restes archéologiques. Les rois d'Israël, qui ont succédé à Jéroboam, ont établi leur capitale d'abord à Tirça, puis à Jezraël – l'Esdraelon de la Septante grecques – puis [ à ] Samarie, cette dernière [ ... ] étant une ville qu'ils bâtirent eux-même près de Jezraël [ ... ] – cf. 1 R 15, 33 ; 18 , 45 et 20, 43.
  
« Jezraël – yzr' 'l [ ... ] – est sûrement l'actuel Âl al-Zar'î – 'lzr' – en aval de l'oued Al-Ghayl, assez près au Sud-Est de Qunfudhah. D'où il apparaît que la célèbre plaine de l'Esdraelon, loin d'être la dépression séparant la Palestine de la Galilée en Syrie, n'a pu être que l'ancien nom de l'oued Al-Ghayl.
  
« hemer – šmr – propriétaire originel de la montagne sur laquelle Samarie – [ ... ] šmrwn – fut construite, ne fut sans doute pas du tout un individu, mais une tribu dont le nom subsiste en Arabie occidentale jusqu'à aujourd'hui avec les Shimrân – šmrn.
  
« L'actuel territoire des Shimrân comprend l'arrière-pays de Qunfudhah et s'étend à travers l'escarpement et la ligne de partage des eaux jusqu'à l'oued Bishah.
  
« Samarie était sûrement l'actuel village de Shimrân, dans l'arrière-pays de Qunfudhah, un peu plus haut que Âl al-Zar'î ou Jezraël. Shimrân s'élève effectivement sur une montagne. »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible en Arabie – Israël et la Samarie (1985)
  
« La capitale de Salomon – Jérusalem – a dû se situer quelque part [ entre Beersheba – sur le site de l'actuel village de Shabâ'ah – šb'h – dans les hautes terres d'Asîr, près de la ville de Khamis Mushait – et Dan – sous le nom du village de Danâdinah, dans les basses terres de Zahran, au sud de l'oued Aam ] plus vraisemblablement là où se trouve aujourd'hui un obscur village nommé Âl Sharîm – 'l šrym – près de la ville de Nimas, le long de la crête du Sarat d'Arabie occidentale. » [ ... ]
  
« Après la mort de Salomon, son royaume du Tout Israël fut divisé entre ses descendants, qui continuèrent à régner à Âl Sharîm comme rois de Juda ; une autre lignée de monarque se baptisèrent à l'évidence rois d'Israël.
  
« En fin de compte, ces derniers établirent leur capitale [ à ] Samarie – [ ... ] šmrwn – que j'ai identifiée comme le village de Shimrân – šmrn – dans les basses terres de la région de Qunfudhah, en bas du Sarat.
  
« Depuis leur capitale, les rois d'Israël contrôlaient unterritoire qui allait jusqu'aux régions nord du territoire qui allait jusqu'aux régions nord du territoire de Juda jusqu'à la région de Taif. »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible en Arabie – Jérusalem et la cité de David (1985)
  
« Le trait distinctif de l'Asîr est une bande de hautes terres appelées Sarat – al-Sarât – d'une hauteur de mille sept cents à trois mille deux cents mètres, formant la bordure occidentale du plateau arabe du Nadjd, entre Taif et la frontière du Yémen.
  
« Au Nord de Taif, le plateau arabe s'achève par les montagnes basses et les collines du Hedjaz, qui s'élèvent entre mille deux cents et mille cinq cents mètres.
  
« Au Sud de Taif, il s'arrête cependant de manière plus abrupte avec ce que l'on appelle l'escarpement d'Arabie occidentale.
  
« C'est une dénivellation d'environ cent mètres, de quatre-vingts à cent vingt kilomètres de la côte de la mer Rouge à l'intérieur des terres, s'étendant à quelque sept cents kilomètres de Taif au Nord et se perdant dans les hautes montagnes du Yémen du Sud.
  
« Le Sarat atteint son point culminant au-dessus de cet escarpement près de Abhâ [ dans la province d'Asîr ] ; plus au Sud, l'escarpement disparaît peu à peu à quelque distance de la ville de Dhahrân – ahrân al-Ǧanûb.
  
« Au Nord, le Sarat s'arrête à Taif, à l'Est de La Mecque, relié vers [ le ] 21° Nord à la chaîne du Taif. »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible en ArabieLe pays d'Asîr (1985)
  
« Un jour, l'archéologie confirmera peut-être cette identification de la Jérusalem biblique à l'actuel village de Âl Sharîm, dans les hautes terres de Nimas.
  
« Il est pourtant certain que la Cité de David, qui est aujourd'hui Umm amdah – 'm mdh – dans le Rijal Alma', n'était pas la Jérusalem que nous croyions mais une autre ville.
  
« Comme je l'ai mentionné plus haut, la Cité de David fut construite comme forteresse pour garder les accès méridionaux du royaume de David.
  
« Âl Sharîm, la Jérusalem de David, n'était pas seulement une forteresse de montagne, mais occupait une position centrale entre l'oued Aam et, au Nord, la région de Taif, au Sud, le Rijal Alma', puisque le territoire du royaume s'étendait entre les deux zones.
  
« Elle était donc idéalement adaptée pour servir de capital à David. Il faudrait aussi noter que la localisation de la ville le long de la grande route principale à l'Est de l'escarpement d'Asîr la relie en plusieurs points aux pistes de caravanes vers l'Est aussi bien qu'à la piste côtière vers l'Ouest.
  
« Cette grande route existe encore aujourd'hui comme principal axe de communication dans la région. Une fois établi dans cette Jérusalem, David ne régna plus seulement sur Juda, mais sur « Tout Israël » comme le fit après lui son fils, Salomon – cf. 2 S 5, 5. »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible en Arabie – Jérusalem et la cité de David (1985)
  
« David était âgé de trente ans lorsqu'il devint roi
et il régna quarante ans :
  
À [ Khirbân – brwn – dans la région de Majaridah ]
il régna sur Juda sept ans et six mois
  
et à [ Âl Sharîm – 'l šrym – près de la ville de Nimas ]
il régna trente-trois ans sur Tout Israël et sur Juda. »
  
II Samuel 5, 4 et 5
  
  
  

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