mardi 20 août 2019

Les terres promises et le jardin d'Éden

Pour la sixième semaine sidérale :
  
« Dans les traductions conventionnelles, la terre promise par Yahvé à Abram l'hébreux est dite s'étendre du fleuve d’Égypte – nhr mṣrym – au grand fleuve, le fleuve Euphrate – nhr prt – cf. Gn 15, 18.
  
« Contrairement à l'opinion reçue, je suggérerais que le pays indiqué dans le texte hébreu original comprenait le pays historique de Juda, dans l'Asîr géographique, de la région de Jizan au sud jusqu'à la vallée de l'oued Aḍam, dans l'arrière pays de Lith, au nord.
  
« Le fleuve d’Égypte dans cette promesse, n'est certainement pas le Nil, mais le torrent de l'oued 'Itwad, qui prend sa source près de l'actuel village de Miṣrâmah, dans les hautes terres d'Asîr, et forme l'actuelle frontière entre la région de Jizan et le Rijal Alma'.
  
« Ce pourrait être l'oued Liyad, qui sépare la région de Jizan du Yémen, et où un village nommé Maṣram – mṣrm – se trouve toujours.
  
« Dans la vallée de l'oued Aḍam, qui fait partie de la principale vallée de la région de Lith, se trouve un village nommé Firt – ṕrt – et un autre appelé Farat, ce qui me conduit à suggérer que la promesse de Yahvé à Abram devrait être lue comme suit :
  
« À vos descendants je donnerai ce pays, du torrent de Miṣrâmah ou [ de ] Maṣram jusqu'au grand torrent – h-nhr h-gdwl – le torrent [ de ] Firt ou [ de ] Farat ; celui-ci étant l'oued Aḍam et non le fleuve Euphrate. »
  
[ ... ]
  
« Le pays promis à Abram et à ses descendants hébreux était naturellement inhabité. La promesse de Yahvé dénombra les habitants – dix [ peuples ] [ ... ] [ dont ] les noms [ ... ] subsistent comme nom de lieux dans différentes parties d'Asîr [ ... ] – cf. Nb 15, 19-21 :
  
[ Les Qénites, les Qenizzites, les Qadmonites, les Hittites, les Perizzites, les Rephaïm, les Amorites, les Cananéens, les Girgashites et les Jébuséens.] »
  
[ ... ]
  
« Selon la Genèse, c'étaient les terres de ces [ dix ] anciennes tribus d'Arabie occidentale qui furent promises par Yahvé à Abram et à ses descendants.
  
« Ces mêmes terres étaient aussi comprises dans le territoire promis par Yahvé à Moïse, qui n'était en fait pas plus petit que celui promis à Abram, comme on l'a cru jusqu'à présent, mais au contraire plus grand – cf. Nb 34, 1-12.
  
« Il comprenait le pays de Canaan dans sa totalité, incluant l'Asîr intérieur aussi bien que côtier, ainsi que la région de Taif dans le Hedjaz, des côtes de la mer Rouge au bord du désert d'Arabie centrale. »
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible est née en ArabieLa Terre promise (1985)
  
« Tout ce que nous apprenons [ dans Gn 2, 8-14 ; 3, 24 et 4, 16 ] sur la localisation géographique de l’Éden peut se résumer [ en six points ] :
  
- « [ Premièrement ] l’Éden était à l'Est du pays de l'auteur du texte biblique [ ... ] qui était le pays de Juda, sur la côte d'Asîr.
  
[ « Le Seigneur planta un jardin – gn – dans l'Éden, à l'Est [ ... ]. Un fleuve – nhr – sortait de l’Éden pour arroser le jardin, et il s'y divisait pour former quatre [ têtes ] – r'šym – [ à la place des bras ]. » – cf. Gn 2, 8 et 10. ]
  
- « Deuxièmement, Éden et son jardin étaient situés dans un réseau hydrographique comprenant quatre affluents reconnus, identifiés par leurs noms.
  
[ « Le nom de la première [ tête du fleuve ] est Pishôn – pyšwn – qui coule dans le pays d'Havila – wylh – [ ... ].
  
« Le nom de la deuxième [ tête du fleuve ] est Gihôn – gywn – qui coule dans le pays de Kush – kwš.
  
« Le nom de la troisième [ tête du fleuve ] est [ le Tigre ] – dql – qui coule à l'Est de [ Assur ] – 'šwr. La quatrième [ tête du fleuve ] c'est [ l'Euphrate ] – prt » – cf. Gn 2, 11, 13 et 14. ]
  
- « Troisièmement, le jardin – gn – d’Éden – 'dn – s'étendait en aval d’Éden, arrosé par un cours d'eau qui coulait hors – y' – d’Éden [ cf. Gn 2, 10 ].
  
[ «  Le jardin biblique d’Éden était-il un bois sacré – un lieu de culte pour l'adoration d'un dieu de la vie et d'un dieu de la connaissance – avant de devenir le jardin de Yahvé ? Les preuves toponymiques dont on dispose vont certainement dans ce sens. [ ... ] » ]
  
- « Quatrièmement, le jardin était associé à deux arbres ayant une signification particulière, l'un étant l'arbre de vie – yym – et l'autre l'arbre de la connaissance – d'h.
  
[ «  Quant à l'arbre de vie et à l'arbre de la connaissance dans le jardin, ils étaient certainement des arbres sacrés voués aux dieux locaux anciens.
  
« L'actuel village de Âl iyah – 'ly – sur l'oued Bishah, porte toujours le nom [ oublié ] d'un dieu de la vie [ al-ayy ] d'Arabie occidentale [ ... ]
  
« L'actuel village de Âl Da'yah – 'l d'y – dans les montagnes à l'Ouest de l'oued Bishah, a gardé aussi jusqu'à ce jour le nom [ oublié ] d'un dieu de la connaissance [ du bien et du mal ] [ al-aqq ] d'Arabie occidentale. » ]
  
- « Cinquièmement, deux chérubins [ des prêtres ] – krbym – furent mis en faction à l'Est du jardin d’Éden pour garder l'accès de l'arbre de vie – cf. Gn 3, 24.
  
[ « Au Sud-Est de l'oued Bishah se trouve l'oasis de al-Qarban – qrbn. Il [ pourrait ] s'agir des chérubins postés à l'Est du jardin d’Éden après qu'Adam et Eve eurent été bannis. Dans le contexte de cette histoire [ ... ] le mot – h-krbym – [ pourrait ] signifier les prêtres. » ]
  
- « Sixièmement, à l'Est de l’endroit où se trouvait Éden s'étendait le pays de Nod – nwd – cf. Gn 4, 16.
  
[ « À l'Est du confluent de l'oued Bishah, dans les environs de l’Éden biblique, se trouve un pays de Nod [ ... ]. C'est la bande de désert pastoral brulé qui sépare l'intérieur [ de ] l'Asîr de l'Arabie centrale.
  
« Au-delà de ce pays de Nod, il n'y a rien qu'une désolation sans fin – soit un désert de pierres, soit l'étendue morte de l'Empty Quarter – cf. Philby in Arabian Highlands (1952). » ] »
  
[ ... ]
  
« On peut en déduire que le jardin d’Éden était dans une région d'oasis bien arrosées, entre le pays de Juda, en Asîr côtier, et une région intérieure appelée nwd.
  
« Il paraît évident à la lumière d'une identification des quatre fleuves d’Éden que cette région n'ait pu être que le bassin de l'oued Bishah :
  
« 1. Le Pishôn pyšwn – coulant dans le pays d'Havila – wylh – où il y a de l'or. C'est aujourd'hui l'oued Tabâlah, le plus occidental des affluents du Bishah. L'oued tient son nom actuel de l'une des nombreuses oasis jalonnant son cours.
  
« Son nom biblique subsiste dans celui du village de Shûfân – šṕn – près de sa source, dans les hauteurs de Nimas. [ ... ] Havila [ ... ] est l'actuel l'actuel awâlah – wlh – dans les hauteurs de la région de Ghamid, au Nord de Nimas. [ ... ]
  
« 2. Le Gihôn – gywn – coulant dans le pays de Kush – kwš. C'est le cours principal de l'oued Bishah, comme on l'appelle aujourd'hui, l'un de ses principaux affluents s'appelant toujours l'oued Jûḥân – ǧḥn.
  
« Cet oued est situé entre Khamis Mushait et Abha, où se trouve aussi un village du nom de Âl Jâḥûn – ǧḥn. Le nom actuel de l'oued Bishah vient du village [ qui porte son nom ] près de la jonction des principaux affluents du système [ hydrographique ] [ ... ]
  
« 3. Le dql, traditionnellement considéré comme le Tigre mésopotamien. [ ... ] Aujourd'hui, [ son ] nom subsiste dans celui du village de Âl Jadal – ǧḥdl – dans les hauteurs de Sarat 'Abidah, où l'on trouve les hautes eaux de l'oued Tindaḥah.
  
« Sarat 'Abidah est situé au Nord-Est de Khamis Mushait, et l'oued Tindaḥah rejoint le cours principal de l'oued Bishah au Nord de Khamis Mushait. À l'époque biblique, l'oued Tindaḥah a dû s'appeler dql, d'après le nom du village où il prend sa source. [ ... ]
  
« 4. Le prt, traditionnellement pris pour l'Euphrate, n'a pu être que l'actuel oued Khârif, qui sort des hauteurs de la région de Tanumah, au Nord d'Abhâ, et qui est l'un des principaux affluents de l'oued Bishah.
  
« Son nom biblique – prt – a dû venir du nom d'un village situé près de sa source, appelé aujourd'hui al-Tafrâ' – ṭṕr. [ ... ]
  
[ ... ]
  
« Selon le récit de la Genèse, le fleuve – nhr – de l’Éden se divisait en quatre grands cours – r'šym – dans les environs de l’Éden et de son jardin.
  
« En réalité, le r'šym biblique subsiste dans le nom de l'oasis de Rawshan – rwšn – situé près de l'endroit où l'oued Tabâlah – le Pishôn – se jette dans le cours principal de l'oued Bishah.
  
« À une courte distance en amont de Rawshan le long de l'oued Tabâlah, se trouve une autre oasis nommée 'Adanah – dn – portant jusqu'à aujourd'hui le nom biblique d’Éden – 'dn.
  
« L'oasis de Junaynah – ǧnyn – ne se trouve pas loin en aval de Rawshan, irrigué par les eaux qui coulent de 'Adanah. Cela peut sembler mystérieux mais c'est lui : le jardin d’Éden, pas moins, et subsistant sous son nom. »
  
[ ... ]
  
« Il faut remarquer [ ... ] que le Coran ne parle pas d'un jardin de l’Éden, mais de jardins de l’Éden, au pluriel, et aussi de fleuves, pas d'un seul fleuve, coulant sous eux. [ ... ]
  
« Un texte raconte [ al-Isrâ' ] que la plupart des gens dirent à Mohammed qu'ils ne voulait pas reconnaître sa mission religieuse à moins qu'il ne pût démontrer qu'il avait à sa disposition un jardin de palmiers et de vignes avec des rivières coulant à flots – cf. S 17 V 90 et 91.
  
« Dans un autre texte [ al-Furqân ] des gens se demandaient comment Mohammed pouvait prétendre être un prophète alors qu'il mangeait de la nourriture ordinaire, circulait sur les marchés et n'avait pas de jardin particulier pour lui fournir sa nourriture – cf. S 25 V 7 et 8.
  
«  Nous ne connaissons directement qu'un seul de ces jardins sacrés de l'ancienne Arabie occidentale, dont le jardin d’Éden biblique et ses chérubins sont le prototype. Il existait encore dans les premières du VIIe siècle [ après ] J.-C.
  
« C'était le jardin du grand prêtre Maslamah de Yamamah, monothéiste arabe, contemporain mais non disciple de Mohammed . Il s'appelait Ḥadîqat ar-Raḥmân [ le Miséricordieux ] ar-Raḥmân – rḥmn – étant le nom du dieu unique dans certains cultes monothéistes pré-islamique. [ ... ] » – cf. S 17 V 110.
  
Cf. Kamal Salibi – La Bible est née en ArabieUn voyage à l’Éden (1985)
  
« Invoquez Allâh ou invoquez ar-Raḥmân.
Quel que soit le Nom par lequel vous L'invoquez,
Il porte les plus beaux noms. »
  
al-Isrâ' – le Voyage nocturne
  
  
  

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