samedi 9 octobre 2021

La langue et le mètre

Pour le treizième cycle du huitième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« La langue et le mètre dit « homériques », si étroitement solidaires que bien des particularités de la première ne peuvent s'expliquer que par les exigences du second, [ ... ]

« [ ... ] étaient certainement déjà fixés lorsqu'ils devinrent avec les premiers poèmes qui portent le nom d'Homère les instruments désormais nécessaires de l'épopée hellénique.

[ ... « cette poésie [ celle du Retour d'Ulysse et du Courroux d'Achille ] est un aboutissement autant qu'un point de départ. » ]

« La tradition qui les avait transmis était-elle d'origine populaire, comme le pense toute l'école analytique, ou se bornait-elle à perpétuer les règles élaborées dans des collèges de prêtres ou de des corporations de chanteurs sacrés ?

[ Mireaux cite Charles Autran et « les origines sacerdotales de la poésie homérique » ou « de l'épopée grecque » chez Homère en 1938. ]

« Quelle que soit sa source, son ancienneté en tout cas paraît certaine.

« Il a fallu longtemps, plusieurs siècles peut-être, pour élaborer et mettre au point les deux outils qui ont permis à plusieurs générations d'aèdes d'édifier le vaste et complexe monument de l'épopée grecque. »

« En raisonnant d'après la seule vraisemblance, on serait donc déjà tenté d'attribuer une date assez basse aux plus anciennes manifestations de cette épopée qui nous soient accessibles. Mais que faut-il entendre par une date basse ?

« Si l'on fait remonter par exemple jusqu'aux temps mycéniens le point d'ébranlement du mouvement poétique qui a abouti à l'épopée, le IXe et même le Xe siècle pourront être considérés comme des époques récentes.

« C'est en définitive dans le texte lui-même qu'il faut essayer de découvrir les indices qui nous permettront [ ... ] d'atteindre à quelques précisions chronologiques.

« [ ... ] Mais il nous faudra élargir notre horizon et jeter nos regards hors de Grèce, [ ... ]

« [ ... ] vers des pays dont l'histoire pendant les premiers siècles du dernier millénaire avant [ l'ère chrétienne ] est relativement bien mieux connue que celle de l'Hellade retombée dans l'obscurité d'une demi-barbarie. »

« Les vieux poèmes du Courroux [ d'Achille ] et du Retour [ d'Ulysse ] contiennent en effet, l'un et l'autre, la mention d'un peuple étranger, celui des Éthiopiens. Cette mention est brève dans les deux cas, mais elle est formelle et indispensable au récit. »

Cf. Emile Mireaux – Les poèmes homériques et l'Histoire Grecque – Homère de Chios et les routes de l'étain – Les Éthiopiens impeccables et la date des premiers poèmes (1948)

Si nous suivons notre hypothèse – celle du peuple des Hébrides qu'on qualifie d'Atlante en Afrique du Nord et qui aurait rejoint les rivages de la mer Rouge vers l’Érythrée – c'est des Hébreux dont il est question.

« Quels sont donc ces Éthiopiens [ aux ] « visages brûlés » chez qui les dieux vont festoyer si volontiers » s'interroge Mireaux.

« Zeus [ ... ] est parti hier pour un banquet [ du côté de l'Océan, chez les Éthiopiens impeccables ] » dit le père d'Achille dans le premier chant de l'Iliade.

Ces Éthiopiens sont « coupés en deux, au bout du monde, les uns vers le levant [ et ] les autres aux couchant » déclare Ulysse en parlant de ce festin dans le premier chant de son Odyssée.

Wilamowitz-Moellendorff paraît insinuer d'après Mireaux que se serait « un peuple mythique analogue aux Abies ou aux Hyperboréens ». Mais pour Mireaux toute l'Antiquité aurait reconnu en eux « les Nubiens [ ... ] du pays de Koush ».

N'est-ce pas précisément les couper en deux : leur donner une origine vers Borée et leur attribuer une localité « entre la première et la cinquième cataracte » dans la vallée du Nil, d’Éléphantine à Napata.

Mais « le misérable Koush » des Égyptiens ne correspondrait en rien aux impeccables Éthiopiens de l'Iliade à une époque si lointaine – celle que la mesure de ses hexamètres et sa langue font aboutir à une date « assez basse ».

Il faudrait donc la ramener vers une période de prospérité du Koush plus récente que Mireaux situe entre 750 et 666 avant l'ère chrétienne en soutenant une diachronie qui écarte l'élément hébraïque de ses registres :

« [ ... ] les années 750 à 666 sont les deux limites extrêmes de la période de grandeur éthiopienne [ mais ] c'est en 725 seulement que la puissance éthiopienne est venue au contact du monde méditerranéenne. »

Dès lors, on ne comprend pas pourquoi les éléments littéraires les plus anciens s'expriment à la fin du VIIIe siècle dans une langue homérique qui devrait remonter deux siècles auparavant s'ils ne racontent pas aussi une toute autre histoire.

   

    

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