jeudi 6 janvier 2022

Les spiritualistes

Pour le quinzième cycle du neuvième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Rappelons que la création de l'agrégation date du règne de Louis XV, et qu'elle avait pour but le recrutement de professeurs laïcs à la suite de l'expulsion des jésuites, [ ... ]

« [ ... ] dont une des activités principales était de diriger les établissements secondaires de l'enseignement, comme le célèbre collège Louis-le-Grand à Paris.

« Un édit de 1766 annonçait la constitution d'un corps de soixante agrégés, un tiers destiné à l'enseignement des belles-lettres, un tiers à la grammaire, un tiers à la philosophie.

« En interdisant les membres des congrégations au concours, on s'assurait la laïcisation d'un enseignement qui relevait jusque là des prêtres formés par les facultés de théologie. »

« Après bien des avatars rythmés par la succession des régimes politiques, on peu dire que l'agrégation moderne de philosophie date vraiment de 1830, année où elle est prise en main par Victor Cousin.

« L'enjeu idéologique et politique est alors évident, puisque Cousin s'efforce de recruter des agrégés adeptes de la doctrine officielle, le spiritualisme, dont il est le pontife.

« 1848 souffle un air de liberté, momentané, sur le concours. Ernest Renan lui doit peut-être d'être reçu premier l'année même de la révolution de Février ; [ ... ]

« [ ... ] en revanche, Hippolyte Taine, qui passe pour le plus intelligent de sa promotion de l’École normale, est collé en 1851, les conservateurs ayant repris le pouvoir.

« Après le coup d’État, le nouveau ministre de l'instruction publique, Hippolythe Fortoul, décide d'en revenir à deux agrégations, une des lettres et une des sciences ; [ ... ]

« [ ... ] il ne s'agit d'ailleurs plus de concours mais de simples examens, fondés sur les programmes des lycées.

« L'agrégation de philosophie est supprimée, tout comme l'agrégation d'histoire ; l'enseignement de la philosophie lui-même, d'où sont exclus les professeurs protestants et israélites, est limité à la logique. »

« Les chose changent d'abord sous l'Empire libéral, avec Victor Duruy, puis sous la IIIe République victorieuse. L'Université française prend alors son essor.

« La France napoléonienne avait confié aux grandes écoles la formation des élites ; la République, consciente du retard français, organise un véritable enseignement supérieur, des lettres et des sciences, dont la Sorbonne nouvelle doit devenir le symbole.

« La faculté des lettres prépare donc au concours de philosophie rétabli depuis 1863. Le rôle du professeur de philosophie se dégage nettement durant les années 1880, qui sont celles de la laïcisation de l'enseignement.

« La IIIe République est accusée par la droite catholique de chasser Dieu des écoles ; les adolescents [ sont * ] livrés aux mains de ce médiateur dangereux des philosophies matérialiste, nouveau clerc, éventuel gourou : le maître de terminale. »

Cf. Michel Winock – Le siècle des intellectuelsLes années BarrèsLes mauvais maîtres (1997) [ * Nous supprimons le conditionnel. ]

« La charge la plus dure contre le professeur de philosophie est alors en cours de publication ; elle va traverser [ à partir de 1897 ] les trois volets du Roman de l'énergie nationale de Maurice Barrès ... » [ ... ]

« Le kantisme apparut à l'opposition nationaliste  [ après 1870 ] comme une seconde invasion germanique dont les républicains se faisaient les complices. » [ ... ]

Cf. Michel Winock – op. cit. Ibidem (1997)

   

    

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