mercredi 9 mars 2022

Le Christ en Samarie

Pour le trentième cycle du neuvième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Dans le chapitre qu'il consacre en 1961 au jour de la Pentecôte dans les Actes des apôtres, Van Goudoever évoque la généalogie du Christ dans l’Évangile de Luc.

Nous avons déjà décrypté celle de Matthieu du point de vue des nombres qu'il récapitule dans le dix-septième verset de son premier chapitre – (3 x 14 = 42) :

« Quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David,
quatorze générations depuis David jusqu'à la déportation à Babylone,
quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu'au Christ. »

Nous avons établi qu'il y a autant d'années par génération que de jours par mois (30) et que la somme de ce triptyque – « 42 x 30 = 1.260 » – préfigure les temps accordés aux deux témoins de l'Apocalypse – « 1.260 = 3,5 x 360 » et « 1.260 / 2 = 630 ».

Le nombre des générations dans l’Évangile de Luc (77) est un nombre de septénaires (11) qui rappelle l'importance de ce nombre par rapport à la décade – « 10 + 1 » – et celui du sabbat par rapport aux jours de la semaine – « 6 + 1 ».

Ces facteurs – « 11 » et « 7 » – ne font l'objet d'aucune démonstration ; mais leur produit (77) ne permet pas d'autre combinaison puisse qu'il s'agit de deux nombres premiers.

Par contre, l'introduction à la généalogie du Christ chez Luc est bien celle du règne de David – cf. Luc III 23 et 2 S V 4 :

« Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son ministère ... »

« David était âgé de trente ans lorsqu'il devint roi ... »

« ... quelques remarques peuvent être faites [ ... ] au sujet de la généalogie [ du Christ ] dans l’Évangile de Luc. [ Cf. Luc III 23-38 ]

« Tandis que Matthieu commence [ sa ] généalogie [ avec ] Abraham, Luc la donne dans l'ordre inverse et finit par Adam et Dieu [ en passant par Seth dont c'est la seule mention néotestamentaire. ]

« Décrire Jésus comme un fils d'Adam signifie que sa venue a une signification universelle. Dans la généalogie de Luc, le fils de David n'est pas Salomon – comme dans Matthieu – mais Nathan, le prophète.

« Luc ne mentionne pas les Rois de Juda, comme le fait Matthieu ; à leur place, il donne une liste de noms qui ne nous sont connus par aucune source.

« Si vraiment Luc veut que son évangile soit prêché à la fois aux Juifs et aux Samaritains, il lui faut une généalogie du Christ qui ne soit pas anti-samaritaine comme celle de Matthieu mentionnant tous les Rois de Juda.

« Que Salomon ne soit pas cité dans la généalogie de Luc peut être dû au fait qu'il a bâti le Temple à Jérusalem et fut ainsi [ la ] cause de nombreux troubles entre les douze tribus.

« Le discours d'Étienne, dans les Actes [ des apôtres ], témoigne de la même attitude à l'égard de Salomon : « Ce fut Salomon toutefois qui lui bâtit une maison. Mais le Très-Haut n'habite pas dans des demeures faite de main d'homme. » [ Cf. Actes VII 47-48 ]

« Au lieu d'une liste des Roi de Juda, Luc donne une liste contenant des noms de prophètes et des noms provenant des dix tribus – [ celles ] du Nord. » [ ... ]

Cf. J. Van Goudoever – Fêtes et Calendriers BibliquesLes Fêtes dans les Évangiles et les ActesLe jour de la Pentecôte dans les Actes (1961)

Il ne peut s'agir que du Temple d'Hérode et l'argument d’Étienne à l'encontre de Salomon ne peut être que très secondaire ; mais la remarque sur les rois de Juda reste pertinente.

Le seul fait qu'il y ait deux généalogies démontre qu'il y a au moins deux prédications que les fragments de Pierre dans les Stromates de Clément met dans la bouche du Seigneur :

« Si donc quelqu'un d'Israël veut se convertir et croire en Dieu par mon nom,
ses péchés lui seront remis.

Après douze ans, sortez dans le monde, afin que personne ne dise :
Nous n'avons pas entendu. »

Stromates VI 5 / 43

Si cette recommandation est bien celle du Ressuscité et si sa résurrection a bien lieu en 32 après sa Passion, cette nouvelle orientation dans la prédication commence en 44.

La prédication aux Hébreux – celle de Matthieu – s'adresse avant tout aux Juifs ; la prédication aux Païens – celle de Luc – inclut les Samaritains.

Les Samaritains sont « dans le monde » parmi les nations et les Juifs, parmi les tribus dont il ne reste plus que ce reliquat et les yéménites – ceux de Benjamin.

La prédication de Pierre dont les Stromates de Clément nous donne connaissance s'adresse aux Israélites.

C'est celle de Marc que les Actes des apôtres identifient à Jean l'Ancien, l'auteur de deux épîtres qu'on distingue du Théologien – cf. Actes XII 12 :

« ... [ Pierre ] se rendit à la maison de Marie, la mère de Jean, surnommé Marc,
où une assemblée s'était réunie et priait. »

C'est celui qu'on retrouve dans la première épître de Pierre depuis Babylone et à Jérusalem auprès de Pierre et Jacques dans l'épître de Paul aux Galates – cf. 1 P V 13 et Ga II 9 où Pierre se fait appeler Céphas :

« [ la vraie grâce de Dieu ] qui est à Babylone, élue comme vous, vous salue,
ainsi que Marc, mon fils. »

« ... reconnaissant la grâce qui m'avait été départie,
Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes
nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion ... »

Paul évoque un partage des tâches : à lui, la conversion des Païens – les « non circoncis » – à Pierre, celle de la Circoncision – les « circoncis ».

Mais Pierre dans les Stromates de Clément évoque plutôt un passage entre deux époques ; si bien qu'il est probable qui faille supposer que ce passage ait succédé à un tel partage et au séjour de Pierre à Babylone.

Par circoncis, il faut donc entendre les Israélites en général et en particulier ceux de l'arrière pays avec toutefois un sens moins général que celui qui nous adressons aux Hébreux par référence à l'usage d'un dialecte araméen de culture hébraïque.

Si les Samaritains n'entrent dans l'équation qu'avec Luc à l'occasion d'une parabole qui leur doit son nom – celle du bon Samaritain – sa résultante chez Jean est considérable et caractérise l'universalité du message – cf. Luc X 30-37 et Jean IV 7-29.

À tel point que « les Juifs » chez Jean le reproche au Christ en l'accusant même d'être l'un d'entre eux, habité par un démon – cf. Jean VIII 48.

Nous suivons l'ordre canonique des évangiles – la Bonne Nouvelle d'Isaïe :

1 - la prédication de Matthieu aux Hébreux – celle des Ébonites et des Nazaréens

2 - la prédication de Marc aux Israélites – celle de Pierre 1 et de Jean l'Ancien

3 - la prédication de Luc aux Païens – celle de Paul dans les Actes des apôtres

4 - la prédication universelle de Jean – celle du Théologien qui inclut les Samaritains

Il semble toutefois que le Théologien réécrit l'évangile du disciple que Jésus aimait en l'attribuant à Jean – l'Apôtre à qui ont attribue aussi l'Apocalypse des deux témoins.

De même, on devrait aux Samaritains la reconnaissance des deux témoins sous le titre de Nazir qui qualifie leurs disciples de Nazaréens par ailleurs fort peu « judéo-chrétiens ».

Le Noble Coran qui s'en prévaut réfute en partie l'apport du Théologien pour ne citer que Jésus – 'Isâ ibn Maryam – Jean le Vivant – Yaḥyâ qui désigne le Baptiste – et Jude Thomas – Dhû'l-Kifl qui désigne le didyme du Christ sous de multiples noms en Orient.

L'imbroglio est total en ce qui concerne l'identité du disciple que Jésus aimait – Lazare le ressuscité ou l'apôtre Jean fort probablement ; si ce n'est Jésus lui-même ou ce didyme particulièrement incrédule.

Les deux épîtres de Pierre nous montre ce que les Stromates de Clément nous démontre : le passage du Prince des apôtres d'une prédication à l'autre autour de l'évangile de Marc tels que nous les présentent les deux généalogies – celle de Matthieu et celle de Luc.

Quant aux Pharisiens, on ne trouve nul part leur hostilité à la royauté du Christ sur Canaan mais leur réserve quant à l'identité d'un second témoin qu'ils se représentent comme un dernier prophète par ailleurs rigoureusement annoncé par l'Apocalypse.

   

    

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