jeudi 10 mars 2022

Les Luminaires

Pour le premier cycle du dixième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Dès le premier chapitre de l’Évangile de Luc, on trouve quelques indications chronologiques [ dont ] nous pouvons déduire [ ... ] que Luc place l'époque de la conception d’Élisabeth et celle de Marie exactement à six mois d'intervalles ; [ ... ]

« [ ... ] par conséquent, les naissances de Jean et de Jésus ont lieu, elle aussi, à six mois d'intervalle.

« Cela signifie que l'époque des conceptions et celle des naissances, forment quatre « points » dans l'année, situés à égale distance l'un ans des autres, à trois mois d'intervalle.

« Il y a quelque raison de supposer que ces indications chronologiques sont en fait des indications de calendrier. Elles étaient considérées comme telles dans l'église primitive.

« La naissance de Jésus fut fixée au solstice d'hivers, celle de Jean, au solstice d'été ; l'Annonce à Marie le 25 mars [ ... ] et l'annonce à Zacharie le 25 septembre [ ... ].

[ Le 10 des mois de Nissan et de Tishri pour le calendrier israélite où elles se retrouvent au premier et au septième mois de l'année en mars et en septembre. ]

[ Il est évident que cette fixation à partir des solstices date de la commémoration du « Sol invictus » par l'empereur Constantin qui tout bienfaiteur qu'il fut pour l'église chrétienne ne fut jamais chrétien avant de se convertir à l'arianisme dans son agonie.

L'église primitive fête la naissance charnelle du Christ à l’Épiphanie du 6 janvier en l'identifiant avec son Baptême à une naissance spirituelle qu'elle commémore à Bethléem comme une maternité de la mère de Dionysos.

Clément d'Alexandrie en indiquant le 17 novembre manifeste son désaccord avec cette identification mythologique mais ne remet pas en cause celle du Baptême qui initie le ministère publique du Christ. ]

« Cependant Luc ne donne aucune indication au sujet d'une telle année liturgique. Il a certainement considéré Jésus et Jean comme deux « antipodes » dont les naissances devaient être commémorées à deux jours situés aux deux pôles opposés de l'année.

« Dans cet Évangile, Jean-Baptiste n'est pas tant le précurseur de Jésus que son contraste. Jean prêche le Jugement, Jésus proclame l'Année de Grâce du Seigneur.

[ L'évangile qui est annoncé comme une Bonne Nouvelle dans la prophétie d'Isaïe. ]

« Jean est le dernier prophète de « l'Ancienne Alliance ». Le ministère de Jésus marque le début d'une ère nouvelle. [ ... ] » [ ... ]

« Le terme « antipode » ne suggère pas seulement un contraste, mais aussi une relation, même une parenté. Jean et Jésus sont comme des frères jumeaux, mais en même temps ils sont la « contre-partie l'un de l'autre ».

« L’Évangile de Jean exprime le rapport entre Jésus et Jean-Baptiste de la façon suivante : « Il faut que lui – Jésus – grandisse et que moi – Jean-Baptiste – je décroisse ». Les termes « croître » et « décroître » rappellent les phases de la lune.

« On peut comparer Jésus à la lune qui croît, Jean à la lune qui décroît. Peut-être que l’Évangile de Jean exprime leur relation en termes « lunaires » et Luc en termes « solaires ».

« Luc situe les naissances de Jean et de Jésus aux deux pôles opposés de l'année. »

Cf. J. Van Goudoever – Fêtes et Calendriers Bibliques – Les Fêtes dans les Évangiles et les Actes – Les naissances de Jean et de Jésus dans l’Évangile de Luc (1961)

Peut-être que Jean adopte des termes lunaires parce qu'il relativise l'Année de Grâce du Seigneur qui structure la tradition synoptique des trois premiers évangiles.

Il la relativise parce qu'elle se prolonge sur deux ans avec les trois mois (1/4) qui s'étendent de l’Épiphanie à Pacque telle qu'elle se reproduit à trois reprises dans son récit :

- Celle de la Purification du Temple où Jésus chasse les marchands du parvis

- Celle de la Transfiguration du Seigneur sur le Tabor entre Moïse et le prophète Élie

- Celle de la Crucifixion de l'Agneau pascal en vue du royaume de Dieu

Van Goudoever associe la Purification du Temple à l'Entrée triomphale du Messie à Jérusalem et déplace la Transfiguration qu'il interprète comme une préfiguration de l’Ascension du Christ ressuscité.

La Transfiguration qui se manifeste en Galilée est alors le lieu de la Multiplication des pains distribués aux cinq et aux quatre mille.

Il va sans dire que cette préfiguration est tout à fait recevable et qu'elle s'accompagne d'une Multiplication des pains qui serait alors comme celle du rite eucharistique ; mais la théophanie du Tabor reste au cœur du récit johannique :

Une Grande Lumière s'est levée sur la Galilée.
Sa Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne L'ont pas reçue.
Mais pour les enfants de Dieu, Elle est Lumière sur Lumière sans contrechamp.
Dieu est la Lumière du Ciel et de la Terre.

[ Cf. Mt IV 6 et Jn I 5 et 12 + Cr S 24 V 35 ]

   

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire