mercredi 2 mars 2022

Mouloud et Magal

Pour le vingt-septième cycle du neuvième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Dès 1952, Mohammed Maïga [ le successeur du cheikh Aboubakr Sawadogo à Ramtoulaye ] institue la célébration du Mouloud [ l'anniversaire de la naissance du Sceau des prophètes ].

« Cette fête devient le lieu de convergence des fidèles. Le nouveau cheikh Mohammed Maïga promeut le Mouloud au cours de tournées de prédication. »

Cf. Felice Dassetto, Pierre-Joseph Laurent et Tasséré Ouédraogo – Un islam confrérique au Burkina Faso. Actualité et mémoire d'une branche de la Tijâniyya – La phase fondatrice et la consolidation de 1917 à l'époque contemporaine – Succession du fondateur et redéfinition de la légitimitéCheikh Mohammed Maïga ou l'institution d'une dynastie (2013)

« En janvier 1914, [ Ahmadou Bamba ] appela les adeptes à se joindre à lui pour le « gamou » – commémoration du « mawlud », anniversaire de la naissance du Prophète Muammad.

« Les sources françaises estiment à quatre mille le nombre des disciples qui participèrent à cette célébration. En 1917, vingt mille mourides se rassemblèrent à Al-Mubaraka pour le gamou. »

Toutefois, c'est le Magal qui s'impose à Touba – la ville sainte des mourides – où l'on célèbre l'exil d'Ahmadou Bamba au Gabon depuis son décès (1827) sur une recommandation du Cheikh qui date de 1912 quand il le célébra à Diourbel.

Le modèle prophétique du Magal pour le cheikh Ahmadou Bamba est celui de l'Hijra à Yathrib en 622 qui fonde la datation de l'ère islamique huit ans avant le pèlerinage de l'Adieu.

Cf. Cheikh Anta Babou – Le Jihad de l'âmeAhmadou Bamba et la fondation de la Mouridiyya au SénégalLent cheminement vers l’accommodationLa création d'un espace mouride dans le Baol colonial [ ou ] au cœur de la « dâr al-kufr » : Al-Mubaraka (2011)

La Mouridiyya est une branche de la Quadiriyya fondée à Bagdad au XIe siècle par Abd'l Qadir al-Jilani. La Tijâniyya est issue de la Khawatiyya qui trouve son origine dans le modèle prophétique vers 610 avec la retraite du prophète sur le djebel an-Nûr.

« Dans l'hagiographie [ du ] cheikh Aboubakr [ Sawadogo ], signalons qu'enfant déjà, il se distinguait des autres par son refus de participer aux rituels faisant référence aux ancêtres et aux pratiques qui leur sont liées [ ... ].

« Au début du XXe siècle, c'est avant tout à la société coutumière mossi et à certaines de ses pratiques sociales et culturelles que la Tijaniyya tente de s'opposer. » [ ... ]

« Le cheik Aboubakr [ Sawadogo ] opère une rupture radicale face aux coutumes mossi et manifeste une certaine opposition vis-à-vis du pouvoir colonial. » [ ... ]

Cf. Felice Dassetto & Cie – Op. Cit. – Conclusion (2013)

Le Mouloud et le culte des ancêtres opèrent ici des ruptures entre la société coutumière et les voies initiatiques d'une doctrine en recomposition où la spiritualité et la religion se coordonnent.

Par doctrine, nous voulons dire « ad-Dîn » comprenant « al-Bâiniyya » wa « aẓ-Ẓâhiriyya » et par voies initiatiques, les « turuq » entre la « aqqiqa muammadiyya » et la « Shari'a islamiyya » dans les domaines de la spiritualité et de la religion.

La divinisation des déités qui réintègrent la myriade d'al-ayy dans le culte des ancêtres et la confusion entre l'élévation des ancêtres et l'accompagnement des anciens à travers les limbes sont des motifs de réprobation qui nous paraissent légitimes.

Mais jusqu'où celle qu'on adresse au culte des saints ou des prophètes dans le cas d'un cheikh l'est-il tout autant si les uns et les autres se sont montrés conformes à leur modèle canonique ou prophétique aux yeux de leurs adeptes et de leurs disciples ?

Il est naturel d'accompagner les anciens, il est légitime d'élever les ancêtres et il est recommandable de vénérer nos maîtres ; ceux qui voudraient nous en dissuader ne se sont donné qu'eux-même pour maître et pour maître celui de leur seule passion.

Le Mouloud se célèbre le 12 du mois de Rabi' El Awwal au troisième mois de l'année.

   

    

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