dimanche 31 juillet 2022

La Grande Loge des Anciens

Pour le cinquante-troisième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« La date de 1717 ne marque pas l'origine de la Maçonnerie, mais le début de sa dégénérescence, ce qui est bien différent ; ...

« ... de plus, pour qu'on puisse parler d'une utilisation de « résidus psychiques » à cette époque, il faudrait supposer que la Maçonnerie opérative avait alors cessé d'exister, ...

« ... ce qui n'est pas [ le cas ] puisqu'elle existe même encore aujourd'hui [ en 1949 ] dans plusieurs pays, et qu'en Angleterre, entre 1717 et 1813, elle est intervenue efficacement pour compléter certaines choses et pour en redresser d'autres, ...

« ... dans la mesure du moins où cela était encore possible dans une Maçonnerie réduite à n'être que spéculative ; ...

« ... en réalité, le schisme de 1717 n'a été que fait de quatre loges, alors qu'il y en avait encore un bien plus grand nombre d'autres qui n'y ont pas participé. »

« Quand vous dites que les Loges qui n'avaient pas adhéré au schisme « spéculatif » n'ont rien pu faire pour en arrêter ou en redresser les conséquences, il semble que vous ne tenez aucun compte de choses qui ont cependant quelque importance, ...

« ... telle que le rétablissement du grade de Maître, totalement ignoré des gens de 1717, ou l'action de la « Grande Loge des Anciens », dont l'existence indépendante se prolongea jusqu'en 1813. »

Cf. Lettres de René Guénon à Julius Evola du 18 avril et du 13 juin 1949 cités par Slimane Rezki dans le chapitre des Suites [ de ] la mise en œuvre du passeur consacré à la Franc-Maçonnerie (2021)

Notons d'abord qu'en datant le schisme spéculatif de 1717, Guénon ignore – ou feint d'ignorer – son ascendance rosicrucienne que nous datons de 1724 mais qu'on situe aussi en 1723 avec la rupture de l'Ordre druide qui refusera de ratifier le projet de 1717.

Relevons ensuite que la Grande Loge des Anciens qui devrait correspondre ici au rite de York représente pour Guénon une orthodoxie qu'on peut difficilement qualifier d'opérative mais qui interviendrait encore efficacement sur le rite écossais jusqu'en 1813.

Nous ignorons la signification de cette perte d'indépendance qu'il nous signale pour 1813 mais que nous aurions plutôt situé en 1913 par rapport aux corrections qu'elle impose aux échéances périodiques du cycle rosicrucien (3 x 120).

  1604  

  120  

  1724  

  120  

  1844  

  120  

  1964  

  69  

  69  

  69  

  69  

  1673  

  1793  

  1913  

  2033  

Mais la collusion entre les Anciens et les Modernes a pu se faire en deux étapes – d'un siècle à l'autre – allant de l'acceptation à la subordination sans qu'on sache exactement dans leur jeu de dupes qui tient la barbichette et qui fait la chèvre.

La Loge des Anciens semble à la manœuvre mais il semble aussi qu'on lui impose une subordination comme l'indique ensuite la perte de ces périodes de 120 ans qui caractérisent encore les temps apocalyptiques (360) de la mystique protestante.

Puis Guénon confirme ce que nous savions déjà : la subversion finale des idéaux maçonniques par les impératifs de la sociologie positive ne daterait que de 1958 sur l'échelle philosophique des chevaliers Kadosh.

Pour la littérature maçonnique, 1771 et 1783 désignent les cahiers Francken qui corrigent – en anglais – le rite de Perfection sur la base d'un document antérieur – en français – que détient Morin en 1769 mais qui ne date vraisemblablement que de 1762.

Ces documents n'ont aucune antériorité sur le schisme spéculatif de 1717 mais ils précèdent la fondation du Grand Orient de France de 1769 qui s'inscrit dans cette antériorité comme le prolongement de la Grande Loge d'Angleterre de 1724.

Ils font plus sûrement référence à une première loge écossaise établie à Parie en 1732 par la maison royale en exil de la dynastie Stuart qui régnait sur l’Écosse et sur l'Angleterre jusqu'en 1714 et à laquelle se réfère aussi l'historiographie du Grand Orient.

Cf. La monographie de Claude Guérillot sur le trentième degré du Rite Écossais Ancien et Accepté à propos du Kadosh philosophique dans le Rite de Perfection (2004)

Rappelons enfin que l'ère libre de la sociologie positive et les commémorations séculaires de la révolution française (1789) ne sont pas celles du calendrier révolutionnaire (1792) qui rétrograde d'un an l'échéance de 1793 et donc les suivantes jusqu'en 2032.

On peut donc théoriser trois étages sous cet héritage : celui d'une mystique protestante pour la Grande Loge d'Angleterre et celui d'une correction universelle par la Grande Loge des Anciens avec une subversion générale par la sociologie positive.

   

    

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