dimanche 20 décembre 2020

La voie canopique

Pour le onzième cycle du deuxième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« [ ... ] les génies de la vie et de la mort planaient en ce temps-là sur la ville [ d'Alexandrie ], et proches, quoique séparés par une éternité, ils marquaient de leur sceau le moindre événement.

« Ils rivalisaient à qui l'emporterait, ils inscrivaient le signe de leur toute-puissance dans les statuts de cette société des « Synapothanumènes » [ qui les unissait dans la mort ] [ ... ]

« [ ... ] fondée par Cléopâtre en remplacement de celle des « Amimétobies » [ qui les rendait inimitables ] et dont les membres prenaient l'engagement de vivre et de mourir ensemble.

« La menace constante de la mort aiguillonnait leurs désirs, invitait à consacrer aux joies des sens, aux plaisirs de la table les brefs moments qui leur restaient.

« Peut-être aussi d'ailleurs des représentations religieuses ou ésotériques se dissimulaient-elles derrière ces buts visibles. » [ ... ]

§

« Plus tard, après la catastrophe, de pieux esprits racontèrent qu'au cours de la nuit qui précéda la décision [ « de se maintenir contre la coalition de deux adversaires tels qu'Octave et Cléopâtre » ], [ ... ]

« [ ... ] alors que tout reposait dans la ville [ d'Alexandrie ], un grand bruit s'éleva de cymbales et de chants de fête.

« C'était le cortège de Dionysos qui traversait les rues, sortant par la porte canopique et s'avançant vers l'Orient, vers l'ennemi. Le bruit d'abord lointain s'enfla, éclata sur la ville, puis s'éloigna et tout entra dans le silence.

« On interpréta ce prodige comme signe de l'abandon d'Antoine par le dieu qu'il s'était toute sa vie montré jaloux d'imiter. »

§

« Pas plus que César, Octave ne songea à se dérober au charme de cette ville. Dissimulant pour elle les traits durcis du soldat, il se présenta en ami des Muses.

« Son maître, le philosophe Arius, un Alexandrin, chevauchait à ses côtés. Octave tenait sa main dans la sienne et s'entretenait familièrement avec lui.

« C'était signifier avec discrétion aux Alexandrins le peu de cas qu'il faisait d'eux, mais le cas qu'il faisait de la philosophie.

« Arrivé au gymnase, au lieu même où Antoine, quatre ans auparavant, avait annoncé le partage de l'Asie entre Cléopâtre et ses enfants, et comme s'il voulait effacer à jamais le souvenir de ce néfaste événement, [ ... ]

« [ ... ] Octave annonça à son tour au peuple que la peur avait jeté à ses genoux qu'il entendait n'être prodigue que de sa clémence.

« Pour être mieux compris des Alexandrins, il prononça son discours en grec, bien qu'il ne parlât pas couramment cette langue.

« La noblesse incomparable de cette ville, le respect de son fondateur [ Alexandre de Macédoine ], l'exemple de son père adoptif [ Jules César ] et la gloire qu'il attendait de sa clémence étaient pour lui autant d'invitation à en user à cette occasion. » [ ... ]

§

« [ ... ] Octave fit renverser toutes les statues élevées en Égypte à la gloire d'Antoine [ mais épargna ] un sort semblable aux statues de la reine. »

« La mort de Cléopâtre mettait le point final à une grande période de l'histoire [ celle de l’empire ptolémaïque ]. Une nouvelle ère commençait avec elle, à laquelle César Octave Auguste allait attacher son nom. »

Cf. Oscar de Wertheimer traduit de l'allemand par Adrien F. Vochelle en 1966 – Cléopâtre. Reine des rois Fin d'Antoine et de Cléopâtre

Oscar de Wertheimer rend sensible la Reine des rois qui apparaît comme l’antithèse sur la voie pythagorique de ce que Sayyida Assia représente sur la voie muammadienne.

Cléopâtre apparaît pour Octave comme celle qui a su détourner le deuxième consul – Antoine – de son père spirituel – Jules – d'un dessein originel qu'il a fait sien.

La femme du pharaon apparaît au contraire pour Sayyidina Mûsâ (sws) comme celle qui a su infléchir de façon favorable le cours de son destin.

   

 

    

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