dimanche 6 novembre 2022

Continuité et ruptures

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« Les synoptiques [ ... ] ont bâti le procès de Jésus comme une fiction théologique, ramassant en une séance solennelle du Sanhédrin – le Grand Conseil d'Israël – les principaux thèmes d'opposition entre les autorités religieuses de son temps et lui.

« La lecture de l'évangile de Jean fait comprendre qu'il n'y a jamais eu de comparution de Jésus devant cette haute assemblée ni de condamnation légalement prononcée par elle.

« La controverse avec le judaïsme – dans sa version pharisienne ou sadducéenne – se déroule en continu. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Historicité des évangiles – Jean : Histoire et symbolisme (2011)

Une controverse en continu est une controverse sans rupture qui estompe la spécificité des uns et des autres : entre Pharisiens et Sadducéens d'abord ; entre judaïsme et christianisme ensuite.

Mais nous tenons là le lien nécessaire entre l'informateur et le narrateur – entre l'Apôtre et le Théologien – entre l'Apocalypse et le Nouvel Évangile du corpus johannique dont nous écartons les deux épîtres du Presbytre – celles de l' Ancien qu'on appelle Marc.

D'un côté le réquisitoire de l'Apôtre contre les sept églises d'Asie mineure fondées par Paul ; de l'autre la Passion du Christ sans comparution ni condamnation jusqu'à l'absurde avec la réhabilitation de Judas – le traître nécessaire à la rédemption.

La fracture originelle passe là où s'invite malgré nous l'auteur du deuxième évangile – celui du secrétaire de Pierre qu'on appelle l'Ancien – qui s'impose ici comme l'annonce primitive aux Judéo-chrétiens.

De l'autre côté du limes, les épîtres de Paul aux églises d'Asie mineure et à ses disciples avec l'évangile de Luc et les actes des deux apôtres bientôt condamné pour les marcionites quand le Nouvel Évangile devient catholique.

La frontière passe alors à l'intérieur même du corpus – entre l'Apocalypse de l'Apôtre et le Nouvel Évangile du Théologien – parce que c'est le propre du catholicisme de vouloir résorber la fracture quand vient le temps du pape Clément.

Vient aussi celui de l'épître aux Hébreux alors même que Josèphe fait entrer le judéo-christianisme dans ses Antiquités et que les Pharisiens organisent le judaïsme rabbinique ; comme s'il fallait se souvenir aussi de quelque chose de plus ancien.

Quelque chose de plus ancien que la prédication de Pierre aux Judéo-chrétiens dont sont faites celle de Jésus aux Nazaréens chez les Samaritains et le témoignage du disciple qu'il aimait dans la maison de Béthanie.

Cette chose, c'est l'Année de grâce promise aux Israélites chez Isaïe et le royaume de Canaan dont Jésus fut l'époux aux noces de Cana – et peu nous importe si ces événements s'inscrivent chez Jean sur une période d'un peu plus de deux ans.

   

    

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