samedi 26 novembre 2022

La reine du Carmel et la mère du Christ

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« La pécheresse anonyme de Luc est évidemment à identifier avec Marie de Béthanie.

« Que lui reprochait-on dans le village depuis la résurrection de son frère [ Lazare ] et le départ de Jésus ? Mystère.

« En tout cas, elle n'a rien à voir avec Marie de Magdala que Jésus à exorcisée autrefois de sept démons, qui elle même n'a jamais été présentée dans les évangiles comme une pécheresse et encore moins comme une prostituée.

« Bien des confusions ont été faites, soit que l'on ait distingué trois femmes au lieux de deux – Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène, [ Jean ] Chrysostome, Ambroise [ de Milan ], Jérôme [ de Stridon ] – ...

« ... soit qu'on ait voulu n'en voir qu'une – le pape Grégoire le Grand. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Du dernier hiver [ 32 ] au dernier printemps [ 33 ] – L'onction de Béthanie (2011)

Nous ne suivons que le Souverain Pontife en supposant que le grand exorcisme – celui des sept démons – n'a rien à voir chez le Grand Monarque avec l'état d'impureté d'une pécheresse mais au contraire avec celui de la sainteté d'une reine.

L'onction de Jésus par Marie à Béthanie aurait eu lieu chez Simon le pieux que le texte de Marc et de Matthieu désigne comme un lépreux mais que Petitfils nous présente comme un membre de la confrérie des pharisiens.

Présentation qui nous rappelle l'action de Gamaliel II – « docteur de la Loi » et « maître pharisien » – en faveur de Pierre et de Jean qui obtiendra auprès du Sanhédrin la libération des apôtres quelques mois après la mort du Galiléen.

Mais rien n'est clair autour de cette mort où s'enchevêtre l'enthousiasme du didyme qui voudrait mourir avec lui et la résurrection de Lazare qu'on cherche à faire mourir depuis que celle du Christ laisse Thomas incrédule.

Qui meurt et qui ressuscite dans ce drame où Lazare nous apparaît comme le disciple que Jésus aimait et l'apôtre Jean comme celui qui repose sur la poitrine du Seigneur avant que le Théologien du quatrième évangile ne les identifie à l'auteur de l'Apocalypse ?

Petitfils transpose ce nouvel évangile dans son étude historique à partir des reliques byzantines tout en imaginant une source araméenne inconnue qui déploie les fragments synoptiques en-deçà d'un récit qui remonte vers son horizon téléologique.

De cette mort et de la résurrection du Seigneur, Marc ou l'Ancien – donc Pierre – lui aussi comme Jude – le didyme  ne sait rien ou pas grand chose et il en est de même sans doute pour la plupart des Judéo-chrétiens :

« Le livret [ de l'évangile de Marc ] se terminait par la découverte du tombeau vide, comme en témoignent certains manuscrits. [ Cf. Marc XVI 8 ]

« Il a été complété à une date ultérieure par une finale courte [ cf. Codex Sinaïticus et Vaticanus ] et une finale longue, synthétisant les apparitions mentionnées dans les trois autres évangiles. »

[ Ce qui n'en fait pas le texte destiné aux « pagano-chrétiens » de Rome théorisé par Petitfils dans son annexe sur les évangiles synoptiques. ]

La résurrection du Seigneur n'est pas pour autant une interprétation ultérieure élaborée dans la seconde moitié du premier siècle de l'ère chrétienne avec l'évangile de Luc et la prédication paulinienne en Asie mineure.

Elle s'énonce dès l'origine chez Matthieu dans une communauté galiléenne et samaritaine qui bien qu'elle ait des points de contacts avec la source hassidique des réfractaires chez les Pharisiens les plus radicaux reste en marge de la communauté judéenne.

En ce sens, la synthèse johannique ne fait que reprendre le message originel de Matthieu comme l'avait déjà fait Luc avant elle mais en l'inscrivant dans une recomposition du judaïsme semblable au rabbinisme pharisien après les événements de 70.

Compte-tenu de son horizon téléologique, Petitfils reste cohérent en situant la tombe de la mère du Christ à Jérusalem et en la faisant mourir peu de temps après son fils ; mais sans trop s'interroger sur les théophanies de la tradition éphésienne :

« On tiendra pour une légende – malgré les visions mystiques de Catherine Emmerich – le fait que Marie ait suivi Jean l'évangéliste en Asie mineure.

« On montre aux touristes non loin d'Éphèse, au sommet de la colline de Panhaya Kapulu, la maison dite de Marie. Mais chronologiquement, cet exode ne paraît guère concevable.

« Jean n'a quitté Jérusalem que tardivement, peu avant le départ des chrétiens de Jérusalem pour Pella en 66.

« Marie qui n'a fait – selon les Actes – qu'une brève apparition en compagnie des apôtres, était disparue depuis longtemps. On peut supposer qu'elle a survécu de peu à sa mort.

« Le lieu de sa « dormition » est l'église de Gethsémani, d'architecture croisée, au pied du mont des Oliviers.

« Là, les archéologues ont dégagé une crypte au bas d'un escalier de quarante-hui marches.

« À droite se trouve une minuscule chambre funéraire, avec une seule banquette en marbre en marbre, qui semble avoir été particulièrement vénérée depuis le IIe siècle au moins. Elle a été restaurée en 1972. » [ ... ]

« Pour les catholiques, rappelons que le dogme de l'Assomption signifie que Marie est montée corps et âme au Ciel [ à travers les hiérarchies dionysiaques des douze cieux ] sans connaître la corruption.

« Cela ne l'a pas empêchée de passer par la mort comme le pense maints théologiens. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. – La Cène (2011)

   

    

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