samedi 18 mars 2023

La toise du Tau

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Dans la hiérarchie des lettres arabes, les lettres du Fiat et du Vivant sont accompagnées sous la représentation hiératique des voyelles d'une lettre qu'en l'absence de signe diacritique nous interprétons comme celle qui agit sur le « Tawḥid » de l'Imam.
   

  « Alif »  

  «  »  

  « Wâw »  

  « Nûn »  

  « Kâf »  

  « Ḥâ »  

  «  »  

   
Autrement dit, il s'agirait d'une équivalence du Tau grec qu'on retrouve au centre des chrismes carolingiens ou sous la anse du Rho (100) et dont la valeur numérique peut paraître incertaine.

Incertaine puisque son pied sépare en deux avec sa toise celles de l'Alpha (1) et de l'Oméga (800) là où le Tau (300) dont le pied se confond avec la hampe du Rho (100) sépare de la même façon celle du Khi (600).

Mais c'est l'Upsilon (400) tracé de même à partir de la hampe du Rho (100) par les branches supérieures du Khi (600) qui marque la valeur médiane de l'Oméga (800) dont les extrêmes sont comme pendues par des éclairs à sa potence.

Ces médianes – celle du Tau (300) et celle de l'Upsilon (400) – nous indique comme sur une horloge à la fois le sacre carolingien (800) et la succession des cohortes (600) de la Semaine qu'un Digamma (6) vient parfois confirmer avec ses Gamma (2 x 3).

Le signe de la puissance impériale emprunte le sens grégorien de sa rouelle où les initiales du chrisme forme les rayons du cadran (6) pour lui donner sa nouvelle envergure à partir des limites apocalyptiques que le Christ reçoit de l'alphabet grec.

Rappelons que le Digamma (6) se compose de deux Gamma (3) dont les angles forment un carré ou – en s'opposant – la moitié d'une croix gammée qui s'arrondit pour ressembler à un Serpent dont les anneaux peuvent alors former un cercle d'une valeur équivalente.

Saint François ne reprend que le Tau de cet assemblage pour en faire l'arme de son ordre de mendiants et sa signature ; comme en témoigne une historiographie franciscaine qui s'inscrit dans ce prolongement :

« Le Tau avait – sur tous les autres signes – sa préférence [ déclare Thomas de Célano : ] c'était la seule signature qu'il utilisait en finale de ses lettres et il en peignait l'image sur les murs de toutes les cellules ».

« Le signe Tau était celui qu'utilisait saint François pour signer ses lettres chaque fois qu'il avait à envoyer un message soit par obligation soit par charité. »

« Ce signe Tau avait toute la vénération et toute la dévotion du saint [ nous dit Bonaventure : ] il en parlait souvent pour le recommander et il le traçait sur lui-même avant de commencer chacune de ses actions ».

« La preuve la plus irréfutable et la relique la plus émouvante [ précise Vorreux ] est le Tau tracé de la main même de François – sa pauvre main stigmatisée [ par le Séraphin ] – au bas du texte de la Bénédiction pour frère Léon. »

« Le bienheureux François [ note ce dernier ] écrivit de sa main cette bénédiction pour moi, frère Léon. De sa main aussi il traça le signe Tau et la tête ».

« Et la tête ». Ces mots sont important [ estime Vorreux. ] En effet le pied du Tau repose sur un visage assez grossièrement dessiné.

« Un coup d’œil peut-être un peu trop rapide a induit certains interprètes à y voir, qui une fleur, qui la montagne de l'Alverne, qui le Golgotha [ avec la tête d'Adam ] sur laquelle aurait coulé – selon la légende – le sang du Christ crucifié. »

[ Ou encore – note Vorreux – celle d'un Sarrazin où le Tau sortirait de la bouche du Sultan – al-Malik al-Kamil – avec une esquisse de la Terre Sainte ; ce qui est de loin l'interprétation la plus singulière pour ce qui nous intéresse.

Mais Vorreux lui préfère avec un certain bon sens celle du Père de Rieden qui voit plus simplement dans ce visage celui de frère Léon. ]

Cf. Damien Vorreux – Un symbole franciscain. Le Tau – Armoiries et signature de saint François (1977)

Le Tau est pour saint François un signe d'authenticité pour sa mission et pour ce qui nous concerne l'une des quatre fondations du monde dans une symbolique du quaternaire universel – celle de la quatrième cohorte aux deux tiers de la nuit en l’occurrence.

Au quatrième concile du Latran, le pape Innocent III évoque Ézéchiel marquant d'un signe le front de ceux qui gémissent devant les abominations et identifie cette marque à un signe de Croix dont la lettre grecque aurait pu inspirer François et le Séraphin.

Mais n'est-ce pas plutôt François qui inspire le pape dans le sermon du 11 novembre 1215 et la lettre « Shin » (300) de la Toute-Puissance d'el-Shadday que les Juifs tracent en hébreu à titre prophylactique sur leurs « tephillin ».

Et bien sûr – sur ces phylactères – rien ne ressemble à un signe de Croix et le graphisme du « Tav » (400) en hébreu n'y saurait rien changer. Une sémiotique qui s'impose au pontife est interprétée ici sur un nouvel horizon – celui de la toise du Tau.

Le Tau est littéralement ce qui porte la toise et la toise un instrument de mesure entre deux limites. C'est la limite du chrisme que le Séraphin est venu inscrire dans la chaire du saint sur la Verne en 1224 – pour ceux qui savent compter.

« La rencontre – historiquement certaine – de saint François avec les Antonins en 1210 peut donc être considérée comme une cause importante, sinon même comme la première impulsion ayant entraîné sa vénération pour le signe Tau. »

Cf. Damien Vorreux – Un symbole franciscain. Le Tau – Les influences directes : le quatrième Concile du Latran [ et ] Les frères de Saint Antoine Ermite (1977)

   

    

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