lundi 20 mars 2023

Les résurrections du Phœnix

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Admettons qu'Innocent III quand il s'exprime au quatrième concile du Latran n'en sache pas plus que Tertullien au début du troisième siècle de l'ère chrétienne sur Ézéchiel et sur sa marque propitiatoire au quatrième verset de son neuvième chapitre.

Il ne sait pas non plus de quoi est fait le signe de Caïn dans le cinquième chapitre de la Genèse ou la marque de la bête dans le treizième chapitre de l'Apocalypse et le prophète vétérotestamentaire ne lui en dit pas d'avantage.

Les questions que nous nous posons concerne la Science des lettres et la Crucifixion : pourquoi l'Imam du Tawḥid considère-t-il cette science comme éminemment chrétienne et pourquoi le Noble Coran semble nier la crucifixion du Christ – S 4 V 157 et 158.

Certes nous avons supposé que cette négation était celle de la mort du Messie sur la Croix au profit de son élévation vers Dieu avec pour corollaire une résurrection réservée à sa parousie. Mais la Science des lettres introduit une alternative à sa préfiguration.

Nous supposons que le pape interprète et qu'il voit sur les fronts la croix d'un « Tav » hébreu semblable à un Tau grec qui serait pour un Juif une marque d'infamie – celle à laquelle un bon Chrétien s'identifie quand il glorifie les armes de la Passion.

C'est pourquoi nous n'y voyons que le « Shin » de la Toute-Puissance d'el-Shadday que tout Juif inscrit sur ses « tephillin » et dont la valeur numérique (300) est celle d'un Tau que le « Tav » (400) augmente d'une centaine.

Lucien de Samosate dans le « Procès des lettres » imagine dès la fin du deuxième siècle que le Sigma grec (200) se plaint devant un tribunal de la linguistique d'être évincé par un Tau qui s'impose à la prononciation hellène de sa phonétique.

Ce qui semble la cause du déplacement des nombres à partir du « Tsadé » (90) dans l'alphabet hébreux entre le « Pe » (80) qui correspond au Pi (80) et le « Qof » (100) au Qoppa (90) en précédant le Rho (100) qui correspond au Resh (200).

Le poète Ausonne à la fin du quatrième siècle donne encore au Tau son image homérique dans un vocabulaire nautique qui le compare au mât et à la vergue d'un bateau où Paulin de Nole introduit dès le début du siècle suivant le sens chrétien du pal et de la poutre.

Jérôme de Stridon qui remonte le temps, lui donne déjà la forme d'une croix chez les Hébreux d'autrefois et chez les Samaritains où il se maintient jusque là ; ce qui n'est guère probant pour l'hébreu carré où Vorreux le compare à une sorte de portique.

Mais ce qui n'est guère vrai pour l'hébreu carré l'est pourtant pour le phénicien sous la forme d'une croix de Saint-André qui se présente à nous comme un Khi grec (600) semblable à celui des chrismes carolingiens.

Et si le Khi (600) au-delà du « Tâv » (400) n'a aucune correspondance en hébreu, c'est que le phénicien n'est pas toujours comme on peux le croire à partir d'une historiographie frelatée une forme archaïque de l'hébreu biblique.

C'est ce que nous indique la tradition synoptique du Nouveau Testament quand le Christ enjoint à ses disciples de se charger de leurs Croix alors que sa Passion ne donne encore aucun autre sens à son injonction.

On peut croire alors que ce verset fut ajouté à posteriori au récit pendant sa rédaction mais nous croyons au contraire que son attribution au Messie est authentique et rend réellement compte de sa mission.

Nous ne savons pas en définitif si le Christ a été crucifié mais nous savons qu'il s'identifie à la seconde cohorte du Phœnix pour ce que l'Imam du Tawḥid appellerait le premier tiers de la nuit et que dans son bestiaire le Phœnix est une chimère phénicienne.

C'est ce que la Science des lettres nous indique : si quelqu'un veut venir à Sa suite qu'il renonce à lui-même et qu'il prenne sa Croix chaque jour pour le suive – cf. Mt XVI 24 et Marc VIII 34 avec Luc IX 23.

À ces considérations graphiques et phonétiques, Vorreux ajoute une symbolique numérique où nous retrouvons ce que nous avions déjà lu chez Raoul Auclair à propos de la Prophétie des papes : « Iêsous » = « 888 » et « Tau » = « 300 ».

Ce qui permet à Origène de donner aux trois cents coudés de l'Arche de Noé le sens homérique d'un symbole qui se trouve alors avec sa vergue et son mât au centre la Croix et lui donne – ce que Vorreux ne voit pas – le nombre du Khi (600).

C'est avec le bois de la Croix dit encore un hymne du XIIIe siècle que fut fabriquée l'arche salvatrice de Noé – « Ligno crucis fabricatur / Arca Noé qua salvatur » – dans une imagerie poétique sans chronologie qui devrait nous sauver des déluges.

Les 318 serviteurs d'Abraham ont pour Ambroise et le Pseudo-Barnabé la même ambivalence du sens qu'ils associent aux initiales du Christ : « IH » pour « Iêsous » et « 18 » pour le Iota grec (10) et son Êta (8).

Ce qui donne au Saint Nom de Jésus son sens primitif sans pour autant défaire la complémentarité des lettres « I » et « S » qui apparaissent autour de leur échelle « H » avant qu'elle ne disparaisse dans celui des Rédemptoristes – « IS » et « $ ».

Le mât de l'Arche, l'échelle du Saint Nom et le Tau de la Croix ont ici la même fonction symbolique sans que la crucifixion ne soit nécessaire à l'explication du sens originel des symboles – celui des résurrections du Phœnix.

Vorreux note que le « S » du Saint Nom fut d'abord un « C » avant de passer du grec au latin en perdant son Sigma alors que ce graphisme en latin retranscrit encore une fois celui du Khi (600) mais pas celui du Sigma – « Σ » (200).

Il s'agit donc bien d'accorder la valeur du Iota (10) qui supporte la toise du Tau (300) à celle de l'Êta (8) dans une symbolique des 318 compagnons d'Abraham qu'on identifie alors aux pères d'une l'église fondée par le concile de Nicée en 325.

Puis resurgit la forme originelle du symbole : celle du Khi (600) précédée d'un Iota (10) où les anneaux de la lettre « S » vient travestir les Gamma (3) de son Digamma (6) pour se regrouper autour de l'Êta (8).

Vorreux donne une date plus ancienne que le concile de Nicée pour cette exégèse patristique avec celle du Pseudo-Barnabé qui remonterait au début du IIe siècle ; mais c'est bien dans l'esprit d'Ambroise de la définir dans un sens plus étroit.

Et par conséquent, Vorreux date de cette époque là – dès le deuxième siècle – un trigramme « IHC » qu'il nous présente pourtant comme second par rapport à « IH » (18) avec le passage au « S » du quatrième siècle.

De toute évidence cette chronologie ne tient pas et il faut sans doute dater ces variables du siècle où elles apparaissent avec sa légende conciliaire en redéfinissant le sens de tout ce qui lui précède.

Pour autant, Vorreux repousse la formule encore plus récente du « Iesus Hominum Salvator » et celle du « y » grec avec la consonne surmontée d'un crucifix sur sa haste (h) ou sur sa barre (H) depuis 1427 à l'instigation du pape Martin V.

Quant au verset de l'Apocalypse où les mendiants voient François comme un ange, il s'adressait dès l'origine à la venue d'un second témoin – le Grand Monarque ou le Sceau des prophètes – et de toute évidence il lui convient :

« Je vis un ange qui montait du côté du soleil levant
et qui tenait le sceau du Dieu vivant. »

Apocalypse VII 2
   

    

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