jeudi 16 octobre 2025

Le Talisman d'al-Bounî

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du dix-septième jour qui succède à la nuit
au septième mois de la décade :

« Le fameux jour arriva. Je sonnai. L'attente me parut interminable. Je m'apprêtais à sonner de nouveau lorsque la porte s'ouvrit. Une femme – une Mara plus âgée – apparut, la tête ornée d'une couronne de fleurs.

« Sa beauté était tout aussi troublante que celle de sa fille. Comme elle, elle manquait d'aisance, de confiance. Sa gaucherie était emprunte d'une certaine raideur qui conférait à son visage de la froideur en même temps qu'une vraie perfection.

« Les fleurs autour de sa tête démentaient cependant cette austérité.

« Les couronnes de Mara et de ses sœurs étaient moins somptueuses. À l'évidence, il était signifié que la mère portait la couronne royale, les trois filles n'étant gratifiées que du diadème des princesses. »

« C'était un spectacle rare. Il s'est à jamais imprimé en moi. Longtemps après, en contemplant les peintures de Botticelli, j'ai souvent songé à ces quatre femmes.

« En fait, le rapprochement n'était pas tout à fait approprié. Les déesses et les madones de l'artiste appartiennent au monde florentin.

« La pureté des visages et des parures est en sursis, ce qui n'était nullement le cas chez ses quatre grâces courlandaises, beautés nordiques à la fois denses et aériennes, avec un côté indestructible.

« D'un éclat encore fragile, le physique des deux cadettes était conforme à celui de Mara et de la mère, déjà vigoureux et vaguement glaçant. Une somptuosité presque barbare.

« J'ignorais alors que cette [ fête de la ] Saint-Jean dissimule [ le 24 juin ] en fait une vraie fête païenne, le « Ligo ». [ Notre-Dame de Paix et de Concorde ]

« Ce n'est pas un saint chrétien que les Lettons célèbrent mais le dieu solaire. »

[ « Mara est la déesse suprême des anciens Lettons. » ]

Cf. Jean-Paul Kauffmann – Courlande – Trente ans après (2009)

Le « Ligo » divise la première saison en deux – « (36 = 252) / 2 » = « 2 x (18 = 126) ».

« Puisque domine le trois, ... [ 728 = 104 ]

« ... toutes les trois années les hommes t'offriront de parfaites hécatombes. »

Cf. Hymne homérique pour Dionysos : I 11 et 12 sur le second fragment.

Tous les deux ans en comptant par trois entre les célébrations l'année intermédiaire.

À moins que ce ne soit la première saison entre les secondes – (16 + 36) = (112 + 252).

Pourquoi domine le trois s'interroge Jean-Louis Backès ?

Thème hermétique des triades celtiques que le calendrier perpétuel retrouve le troisième jour du mois une fois tous les trois mois : Beltaine (3), Lammas (6) et Samain (9).

Et Imbolc (33) le trente-troisième jour du Janus.

« Les alphabets par eux-mêmes ne sont pas tout ; ils existent aussi et surtout par l'usage que l'on en fait. Al-Bounî – le talismanique musulman – les emploie fréquemment.

« Il utilise une suite de sept caractères à lunettes en correspondance avec les sept lettres arabes [ qui leur correspondent ] par exemple pour constituer une amulette.

« Les sept lettres arabes seront dans ce cas les seules qui ne figurent pas dans les sept versets de la première sourate du [ Noble ] Coran.

« Elles possèdent de ce fait des vertus magiques en elles-mêmes. »

Cf. Gilles Le Pape notant Jean Marquès-Rivière dans Les écritures magiques – Les alphabets magiques en Islam (2006)

Ces vertus magiques rappellent celles des psaumes de la Pénitence et les sept Tours que Guénon attribue au diable qu'il faut sans doute mettre ici en relation avec les cinq ou six lettres finales (°) de la kabbale hébraïque et de l'alphabet arabe :

« Il s'agit des sept Psaumes de la Pénitence. Les Psaumes de la Pénitence dit aussi Psaumes pénitentiels ou encore Psaume de confession dont certains sont devenus éminemment célèbres dans la liturgie ...

« ... comme le « Miserere » ou le « De profondis » que l’Église propose à la méditation des fidèles depuis le VIIe siècle en ayant largement invité à cette pratique dans les ouvrages de piété, ...

« ... [ ils ] sont considérés comme ayant été choisis et sélectionnés par saint Augustin.

« Ils accompagnèrent nombre de cérémonies religieuses au cour des siècles dont évidemment les cérémonies funèbres dont ils constituaient l'essentiel des lectures, ...

« ... présents dans l'office des vigiles précédant la sépulture du défunt, Innocent III ayant décidé de les intégrer au graduel avant matines en période de carême ; ...

« ... ils devaient par ailleurs être récités par le nouveau clerc qui était tonsuré lors de sa prise d'habit correspondant à son admission dans le sacerdoce ...

« ... qui participait d'un authentique rituel de mort à l'ancienne vie charnelle et de renaissance à la vie surnaturelle, ...

« ... pratique qui s'est d'ailleurs perpétuée jusqu'à la suppression de la tonsure dans le mouvement des réformes du concile Vatican II par promulgation du motu proprio « Ministeria Quaedam » [ du ] 15 août 1972 révisant les ordres mineurs, ...

« ... cette décision ayant entraîné par la-même l'abolition du sous-diaconat du moins pour l’Église moderne, celui-ci s'étant maintenu dans les institutions traditionnelles.

« Les Psaumes dits de la Pénitence étaient donc une part essentielle des obligations de lectures religieuses issues de la liturgie de l’Église que Martinès de Pasqually imposait à ses disciples, ...

« ... demandant à ce que les récitations de ces Psaumes soient intégrées aux différentes prescriptions faites aux membres de l'Ordre des chevaliers maçons Élus Coëns de l'Univers. »

Cf. Jean-Marc Vivenza – Martinès de Pasqually et Jean-Batiste Willermoz (1767-1774) Description détaillée par Martinès en mars 1770 d'un rituel de théurgie invocatoire (2020)

« 29 x 12 = 348 » & « 348 + 17 = 365 »

« Σ 17 = 153 »

Fâ °

Djim °

Chin °

Thâ °

Zâ °

Khâ °

Zîn °

23

24

25

26

27

28

29

Thâ

Khâ

Dhâl

[ Ḍâd ]

Ẓâ

Ghayn °

Shîn °

Kaf °

Mem °

Nun °

Pe °

Tsade °

28

   
Pour les lettres arabes, nous suivons la numération occidentale en introduisant la finale orientale (°) devant sa finale : (°) = 1.000.

Dans ces deux cas, le Sheykh al-Akbar ne leur accordent que neuf sphères tandis que les précédentes en ont dix. Celles qui en reçoivent sept composent le mot éternel : « A.Z.L ».

Les lettres qui reçoivent le même nombre de sphères que les finales sont en corrélation avec elles : l'ayn (16) est un Ghayn (27) sans point diacritique et le Chin (21) est un Shîn (28) sans ses trois points diacritiques – lire « Sîn » (21) et « Ṣîn » (28).

La présence du Chin parmi les sept du Talisman d'al-Bounî ne doit sa place qu'à son absence dans la première sourate tels que nous les reproduisons dans l'ordre et avec la transcription qu'on nous propose.

On trouve aussi parmi les lettres arabes un Ḍâd (26) qui ne nous semble pas à sa place puisqu'en l'absence de Ghayn on le retrouve déjà en dix-huitième position où il ne reçoit du Sheykh al-Akbar que huit sphères comme pour le Nûn (14) et le Ṣâd (15).

Ici aussi le Ḍâd (18) est un Ṣâd (15) avec un point diacritique qui précède le Ẓâ (27) en vingt-sixième position tandis qu'avec le Ghayn le Ṣâd occupe sa position initiale en dix-huitième position.

Il résulte de ces déplacements la possibilité d'un doublon sur la dernière position (28) qui entretien un rapport avec le diable contre lequel le Talisman d'al-Bounî et les psaumes de la Pénitence opposent leur vertu prophylactique.

On a quelque chose de similaire avec le Tsade (18) hébraïque qui introduit un déplacement par rapport aux lettres grecques pour les quatre qui précèdent les cinq finales.

Pour parvenir à la trentième mansion synodique, on ajoute à la série des vingt-huit mansions sidérales l'Alif maqṣûra (1°) et le Tâ marbuṭa (22°).

Le premier (1) à la forme du « Yâ » (10) sans ses deux points diacritiques. Le dernier (22) à la forme du « Hâ » (5) avec ses deux points diacritiques.

De même nous avons limité à trente les trente-trois hymnes homériques qui se trouvent en dehors des 720 demeures en mentionnant le premier (I) et les cinq (V) de la partie antérieure du recueil avec les vingt-huit.

   

    

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