vendredi 24 octobre 2025

Les frères de l'école du Nord

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Retour vers la demeure des lettres

Pour la demeure de la deuxième sphère
parmi les neuf sphères célestes de la vingt-et-unième lettre :

« Sîn »

Toute prière dans son acception la plus universelle qui unit la louange à la supplication est entièrement comprise par la prosternation.

Elle n'a que six sortes de mouvement : celui des genoux, celui du tronc, celui du torse, celui du cou, celui des yeux et celui du front.

La prosternation du front est la plus complète car elle nécessite les six appuis alors que les autres n'en demandent que deux si on est debout ou quatre si on est assis.

Les six appuis sont ceux des pieds, ceux des genoux et ceux des mains.

La prière immobile est comme une prosternation sans appui bien qu'elle nécessite toujours une assise sauf dans l'extase et la lévitation.

Elle se pratique aussi en mouvement dans le ralentissement des gestes et la résorption des sens ou au contraire dans l'accélération et l'évitement.

La prosternation des yeux est la plus intime car elle est la plus proche du cœur où s'unissent les flux de la Terre et du Ciel.

Le Prieur du val d'Or nous a enseigné la prosternation du tronc qui nous a toujours paru suffisante si elle est suffisamment profonde.

Celle des genoux semble incomplète quand elle n'invite pas à la prosternation du front sauf quand l'assise se fait sur un siège où le fléchissement de la nuque s'impose.

Le Prieur du val d'Or pratiquait la prosternation des yeux d'une façon très particulière en les levant vers le Ciel.

Ce regard posé au-dessus des choses accomplissait la prosternation de Celui qui la contemple.

Son humilité extrême est une participation rendue nécessaire à toute oblation par la prosternation.

Les prosternations les plus manifestes sont vaines en l'absence du cœur qui sanctifie les salutations les plus ténues.

C'est en effet le cœur de l'âme qui participe au mouvement des réalités les plus subtiles vers lesquelles l'entraîne celui du corps qui se prosterne.

Tout rite n'est que la disposition de ce mouvement des êtres vers leur Source la plus profonde.

Le Sheykh al-Akbar décrit la pérégrination comme une prière en mouvement et la prière comme un pèlerinage immobile.

Une seule prosternation a suffi dans le cimetière où se trouve encore l'église invisible qu'on a cru détruire en l'ouvrant à tous les horizons.

« L'après-midi en compagnie de Gille Guay et de Sorrensen, nous allons rendre visite [ en 1959 ] à Lama Govinda qui habite non loin de là avec sa femme, la photographe parsie Li Gotami. Sorrensen me raconte son histoire :

« Lama Govinda est un érudit qui a appris le pali de façon à étudier les écrits bouddhistes dans le texte.

« Il est d'abord moine bouddhiste à Ceylan puis il est envoyé à Calcuta pour représenter le bouddhisme Hinâyana dans un Congrès international.

« Mais il se convertit au bouddhisme Mahayana. C'est à cette époque que [ Sorrensen ] le rencontre à Shantiniketan.

« Il se fait appeler alors Brahmâcari Govinda. Il part au Tibet vers 1936, est initié au tantrisme et devient lama.

« À son retour, il se marie avec une femme parsie – ce qui est admis en tant que lama mais c'est très mal vu des indiens.

« Il habite la maison du Dr Evans Wentz (+ 1965) [ le rédacteur de la traduction du « Bardo Thödol » de Padmasambhava par le lama Kazi Dawa Samdup ] qui désirait la louer mais à condition qu'aucune femme n'y habite... »

« Lama Govinda nous reçoit assis sur une sorte d'estrade couverte de tapis rouge. Les traits du visage fin, un long bouc bien taillé, les pommettes saillantes, les yeux petits et bridés.

« Il n'est pas très grand et s'exprime en anglais avec un fort accent allemand. La vue sur l'Himalaya est superbe.

« De l'autre côté de la montagne, c'est le Tibet » – me dit-il :

« Autrefois une route très fréquentée y allait mais elle a été fermée depuis l'occupation [ du pays ] par les Chinois. »

« Sa femme – Li Gotami – est une matrone imposante à la voix forte qui intervient à tout propos pour donner son opinion. Elle semble avoir du mal à supporter qu'on ne lui prête pas une attention exclusive.

« Les murs sont couverts de livres. Lama Govinda donne une impression de grande érudition. Il a tout lu, s'intéresse à tout.

« Il m'interroge sur les chances de De Gaulle de rétablir la paix en Algérie. Il raconte beaucoup d'histoire et d'anecdotes. Il a séjourné en Tunisie autrefois et y a étudié les transports mystiques de la secte des « Aïnou Laoussa »... [ ... ]

« La conversation continue sur Guénon pour lequel Lama Govinda a beaucoup d'admiration. Je promets en prenant congé de lui envoyer des livres de Guénon qui l’intéressent et qu'il ne peut se procurer en Inde. »

Cf. Daniels Roumanoff – Candide au pays des Gourous – A la recherche d'un maître – Almora : la colonie des européens – Lama Govinda : un bouddhiste érudit (1990)

« En bouquinant sur les quais un jour de l'an de grâce 1814 [ 9696 pour le système templier de l'Ordre d'Orient : « Le système observait deux computs. Celui des Convents partait de 1118 – année de la fondation de l'Ordre du Temple [ ... ]

« Les Maisons d'initiation ajoutaient 9.000 ans au chiffre ainsi obtenu ». ] [ Fabré-Palaprat ] dénicha et acheta pour vingt-cinq francs un manuscrit grec sur vélin intitulé Evangelicon.

« C'était une version du Quatrième Évangile précédée d'une sorte d'introduction et de commentaire qui portait le nom de Leviticon.

« L'aspect du manuscrit dans lequel les versets évangéliques étaient séparés par des triangles ne pouvait manquer d'attirer l'attention d'un maçon, même dissident ; ...

« ... le texte fit à l'acquéreur l'effet d'une révélation. Dans cet leçon de l'évangile de saint Jean tout ce qui présentait un caractère surnaturel était soigneusement passé sous silence ; ...

« ... le récit se terminait avec le chapitre XIX dont le dernier paragraphe rapporte la mise au tombeau ; ...

« ... les chapitre XX et XXI qui relate la résurrection du Christ et ses apparitions répétées à Marie-Madeleine et aux disciples étaient purement et simplement supprimé.

[ Le Forestier ne nous dit pas où commence cette version et si le Prologue s'y trouve. ]

« D'autre part des interpolations attribuait à l'apôtre favori un rôle éminent comme successeur du Messie qui disait aux autres apôtres pendant la veillée sur le mont des Oliviers : « Jean sera votre père jusqu'à ce qu'il viennent me retrouver au paradis. »

[ Interpolation de Jean XXI 22 et 23 : « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne ... » à partir de laquelle les frères supposent l'immortalité du disciple.

L'apôtre favori identifié à l'apôtre Jean désigne en réalité le bien-aimé disciple que Jésus aimait tel que le récit johannique l'identifie à Lazare qui une fois ressuscité pouvait en effet avoir des raisons aux yeux des frères de ne plus mourir jusqu'à la parousie.

L'apôtre Jean dans le récit de la Passion est donné comme le Fils de la Vierge qu'on pourra toujours identifier à l’Église et c'est Simon-Pierre sous le nom de « Céphas » en araméen qui est désigné comme le Père des fidèles – « Abben ».

Il y a là une rivalité dans la succession du Sauveur qui pourrait bien apparaître comme le prototype d'une représentation trinitaire où l'Esprit Saint serait identifiable à la Mère de Dieu dont la langue syriaque conserve le genre.

Par ailleurs, la fin de l'Evangelicon nonobstant cette interpolation correspond bien évidemment à celle que Jean l'Ancien donnait à l’Évangile de Marc que les actes de Luc et la première épître de Pierre identifie au Fils du Prince des apôtres.

Ce qui laisse entendre que le Théologien du Prologue et de la première épître johannique aurait complété l'évangile du bien-aimé disciple que Jésus aimait là où celui de Marc s'arrêtait en reprenant cinquante ans plus tard le canevas de la tradition synoptique. ]

« Il importe peu [ à Le Forestier ] de savoir [ ... ] si le manuscrit remontait aux XIe, XIIIe ou XVe siècles, s'il avait été l’Écriture Sainte des hérésiarques bulgares nommés « Bogomiles », ...

« ... si son auteur était le moine grec Nicéphore qui avait voulu faire une synthèse des doctrines soufies et chrétiennes ou s'il avait été simplement fabriqué au XVIIIe siècle [ vers 1775 ] par un adroit faussaire.

[ « Matter y voit l’œuvre d'un faussaire moderne et affirme que « les caractères dans lesquels il est écrit ne laissent pas le moindre doute sur sa récente origine ». ]

« Il suffit de noter que cette trouvaille fit connaître à Fabré-Palaprat la religion secrète johannite mais sous un aspect tout différent de celui qui avait séduit les Maçons mystiques et particulièrement les Frères de l'école du Nord, ...

« ... ceux-ci attendaient une révélation surnaturelle par une apparition de l'apôtre saint Jean – l'Evangelicon était au contraire l'expression d'un christianisme rationaliste [ que Le Forestier date du XVIIe siècle ] d'esprit voltairien. »

Cf. René Le Forestier – La Franc-maçonnerie templière et occultiste aux XVIIIe et XIXe siècles – Les épigones (1970)

   

    

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