samedi 4 septembre 2021

Le set et le Bund

Pour le vingt-neuvième cycle du septième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« [ Jules-Marcel ] Monnerot n'a pu mieux faire que [ ... ] comparer [ les Surréalistes ] à une secte gnostique, en ce qu'il voulaient embrasser la totalité du savoir [ ... ]

« [ ... ] et qu'aussi bien ils ont été souvent tentés – mais tentés seulement – de former une société secrète, préparant l'avènement d'une nouvelle révolution. »

Cf. L'introduction au Surréalisme d'Henri Béhar et Michel Carassou (1984)

Mais Monnerot décline la secte en lui préférant le « set » comme agrégation « fondée sur des affinités électives » :

« Le « set » surréaliste n'est que la réalisation imparfaite, tremblée, manquée d'une Forme idéale, d'un « Bund » – au sens où Bund s'oppose à la fois à « Gesellschaft » [ société contractuelle ] et à « Gemeinschaft » [ société consanguine ].

« Le « set » surréaliste en dépit des apparences semble n'avoir jamais eu une structure plus forte que celle des cénacles littéraires les plus connus du XIXe siècle, groupe de l'Atheneum ou deuxième cénacle [ romantique ] de l'Arsenal. [ autour de Nodier ]

« Il a, pendant longtemps, incessamment renouvelé ses membres à l'exception de quatre, va-et-vient qui a marqué la littérature française contemporaine.

« Le « set » n'est à aucun moment parvenu au degré de concentration stable d'un « Bund ».

Cf. Jules-Marcel Monnerot – La Poésie moderne et le sacré (1945)

« À l'exception de quatre » : André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault. Jacques Vaché mort en 1919, c'est Paul Éluard le quatrième. Soupault rompant en 1926, c'est Benjamin Péret dès 1920.

Les quatre adhèrent au parti communiste en 1927 et à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires en 1931. Aragon rompt en 1932 avec le Surréalisme et Breton est exclu du parti communiste et de son organe en 1933.

Quelque chose passe – le Secret – d'Aragon à ses chantres – Ferrat et Ferré – à partir d'Elsa : une mathématique que Ferré qualifie de « bleue » et Thiéfaine de « souterraines » comme une résultante de sa poétique.

Puis de Ferré à ses thuriféraires – Thiéfaine et Lavilliers – et depuis Pétrarque à Capdevielle – Avignon (1946) dans le Nouveau Crève-Cœur : « C'EST ICI LA VILLE D'ELSA » comme Muḥyî'd-Dîn écrit « C'EST ICI LE MAQÂM MUḤAMMADIEN ».

Pour la validité du témoignage [ écrit le Sheykh al-Akbar ] il faut il faut au-moins deux témoins mais pas plus de quatre.

La vitalité du secret passe ici par la rupture avec les agrégats qu'elle emprunte en les irriguant jusqu'au cataclysme théorisé par Daumal en 1930 : Aragon pour le « set » et Ferré pour le « Bund ».

Sans doute – pour Laure – Elsa ne fut que la Diane française ; mais pour la chanson d’Eurydice et à travers ses chantres et ses thuriféraires, une Vierge amazone et la Première beauté tombée du Ciel. Et toi fille verte, de mon spleen.

   

    

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